Juil 072020
 

L’accord de libre-échange entre UE et Mercosur, criminel pour le climat, fait désordre face aux engagements environnementaux de l’escrologiste. Alors Macron, devant la Convention citoyenne pour le climat, assure le 29 juin que les négociations sont « stoppées nettes ». Mais l’on apprend le 2 juillet par la bouche du haut-représentant de l’UE qu’elles viennent de s’achever, couronnées de succès. Make the foutage de gueule great again.

Pointo comme Pinocchio…

Décidément, Emmanuel Macron ne peut pas s’en empêcher. Lundi 29 juin, Sa Menterie Effrontée l’assure devant les membres de la Convention citoyenne sur le climat : les négociations pour l’accord de libre-échange avec le Mercosur sont « stoppées net ». Ouf ! Pas de crainte à nourrir donc, l’UE ne s’unira pas au Mercado común del sur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). On l’a échappé belle, à croire 265 associations et organisations internationales qui publient le même jour une lettre ouverte : « L’accord UE-Mercosur implique l’aggravation de la destruction de l’environnement et de la crise climatique par l’expansion de l’exportation de voitures et l’extension des monocultures et des pâturages. La production de viande et de soja continue à accélérer la destruction de la forêt humide amazonienne, du Cerrado et des forêts tropicales sèches du Chaco, qui sont essentiels pour la stabilisation du climat mondial et pour la biodiversité. L’accord va récompenser ces pratiques. » C’est déjà énorme, mais ce n’est pas tout. La lettre ouverte dénonce également comme conséquence à l’accord « l’augmentation des violations des droits de l’Homme en toute impunité, notamment la violence physique et l’expulsion de petits cultivateurs et des populations autochtones de leurs terres. De nombreux dirigeants indigènes et défenseurs de l’environnement des pays du Mercosur ont été assassinés, dont cinq au seul Brésil entre novembre 2019 et avril 2020. Sous le gouvernement du président Jair Bolsonaro en particulier, les violations des droits humains contre les minorités, les membres de l’opposition, ainsi que le démantèlement des droits des travailleurs se multiplient. En concluant un accord commercial avec des gouvernements qui promeuvent des politiques répressives et de pillage, l’UE récompense les violations des droits humains, en contradiction flagrante avec ses propres valeurs démocratiques. »

N’en jetons plus ? Si, las : l’accord « va augmenter la souffrance animale et porter préjudice aux chaînes de production locales d’aliments. L’UE exige un meilleur bien-être animal et est dotée de normes sanitaires supérieures à celles du Mercosur, ce qui rend la production agricole plus coûteuse au sein de l’UE. Au lieu de renforcer les règles du Mercosur, cet accord va permettre un plus grand accès aux viandes bon marché sur les marchés européens, créant de la sorte une pression à la baisse sur les prix à la production agricole des deux côtés de l’Atlantique. L’augmentation des exportations de viande, l’intensification des cultures de soja et de canne à sucre, soit comme aliments exportés dans l’UE pour l’élevage, soit comme carburants, vont intensifier la destruction de l’environnement, l’utilisation d’OGMs, d’antibiotiques et de pesticides, et la pollution accrue des sols et des eaux. En outre, de nombreux pesticides utilisés dans le Mercosur sont interdits dans l’UE. » Il faut décidément à tout prix empêcher la conclusion de cet accord ! Comptons donc sur le président, s’il dit que les négociations sont « stoppées nettes ».

Make the foutage de gueule great again

Patatras : en ce même 29 juin, l’association Attac décrypte la conférence de presse devant la Convention et dément déjà l’assertion présidentielle : « Deux autres mesures emblématiques des politiques de rupture qu’il faudrait mettre en œuvre ont été écartées par Emmanuel Macron. Les 150 membres de la Convention proposaient que le Ceta, l’accord de commerce entre l’Union européenne et le Canada, ne soit pas ratifié et qu’il soit renégocié. Ce n’est pas l’option retenue par Emmanuel Macron : le Ceta va continuer à s’appliquer alors que le processus de ratification n’est toujours pas achevé. Par ailleurs, Emmanuel Macron a indiqué qu’il «avait stoppé net les négociations avec le Mercosur». C’est inexact puisque des négociations sur la finalisation du texte ont encore eu lieu ce printemps et que l’Allemagne en a fait une priorité pour les six mois de présidence de l’UE qu’elle va exercer à compter de ce 1er juillet. » Aïe.

Et puis le coup de grâce, relevé par Reporterre et asséné le 2 juillet par Josep Borrell Fontelles, le haut-représentant de l’UE pour les affaires étrangères.

Il se félicite de la finalisation des négociations de l’accord entre l’UE et le Mercosur. Autrement dit, les négociations étaient tellement « stoppées nettes » le 29 juin qu’elles sont achevées le 2 juillet! Et maintenant ? « Après plus de vingt ans de négociations, c’est donc un accord complet (…) qui sera soumis dans les semaines à venir «aux prochaines étapes de délibération requises au sein de l’UE avant sa signature et son entrée en vigueur», selon un communiqué de presse de la délégation permanente de l’UE au Paraguay (pays qui a la présidence tournante du Mercosur). Les pays du Mercosur et l’Allemagne (…) souhaitent que cela aboutisse d’ici à la fin de l’année 2020. »

Au fait, avez-vous entendu, vu ou lu quelque chose à propos de ce flagrant grand écart entre l’affirmation présidentielle et la réalité ? L’Usine nouvelle a certes publié un papier le 2 juillet avec cet intéressant paragraphe : « Le président français Emmanuel Macron a annoncé en août dernier qu’il s’opposait au projet de traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur en reprochant à son homologue brésilien, Jair Bolsonaro, de lui avoir « menti » sur ses engagements écologiques. Il a répété lundi qu’il s’opposait à la signature de tout accord avec les pays ne respectant pas l’Accord de Paris sur le climat. » Ce qui explique le titre de l’article : Le Mercosur veut sceller l’accord avec l’UE malgré la résistance de Paris. Faux ! Le Mercosur ET l’UE veulent sceller l’accord : la « résistance de Paris » n’a pas empêché le haut-représentant européen de se réjouir publiquement (en espagnol) que les négociations soient terminées et couronnées de succès ! Et ce n’est par conséquent même pas non plus qu’ils « veulent sceller l’accord », il est scellé ! Alors quoi ? Macron est-il vraiment hostile à cet accord mais tout le monde s’en fout personne n’en a cure ? Entend-il tout mettre en œuvre pour empêcher qu’il n’entre en vigueur ? En a-t-il seulement les moyens ? Ou tout simplement se moque-t-il une fois de plus du monde ? Biffez les mentions inutiles.

Partagez cet article

 Laisser un commentaire

Vous pouvez utiliser ces tags et attributs HTML: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

(requis)

(requis)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.