Partout, de plus en plus, tout le temps. Mise en orbite sur les chaînes d’infos par pléthore d’éditorialistes d’extrême droite, la parole raciste décomplexée diffuse son ignoble prosélytisme. Encouragée au plus haut niveau de l’État par une indécente course à l’échalote xénophobe, à qui se vantera le plus de vouloir renvoyer les réfugiés à la mer, où ils meurent déjà par dizaines de milliers. Avec un bouc-émissaire réputé responsable de tous nos maux par tous ces cerveaux monomaniaques ou manipulateurs : l’islam, les musulmans.
La haine des musulmans, poison violent de la société, écrit Jean-Luc Mélenchon sur son blog le 12 juillet : « Les actes de haine et agressions contre des musulmans ont augmenté de 52% cette année. (…) Cette semaine encore, des tags grossiers ont souillé les murs d’un centre de formation d’Imams dans le sud du pays. Nos amis étaient parmi les gens venus dire sur place leur indignation contre la haine et leur solidarité avec la liberté de conscience des croyants. » En effet, le Parti de Gauche des Bouches-du-Rhône et les insoumis de Martigues, Istres, Port-de-Bouc, Port-Saint-Louis et Marseille étaient présents au rassemblement devant La Maison de la lumière, Dar Ennour, à Martigues, dont les murs ont été maculés de façon insupportable.
Sur un autre mur, « Arabes dehors » et « Charles Martel » avec une croix celtique
La haine s’affiche sur nos murs. On appréciera le niveau intellectuel des graffitis. Ce n’est pas la société pour laquelle nous nous battons. « A Martigues comme ailleurs, l’extrême droite n’imposera pas sa vision séparatiste de la société, réagit Frédéric Grimaud, adjoint France insoumise au maire de Martigues. Nous, on est ensemble ! » On commence par des inscriptions insultantes et l’on continue en allant mitrailler les fidèles, comme à Christchurch ? Les prédicateurs de haine de la sphère médiatique porteront une lourde responsabilité.
De droite à gauche, Katia Yacoubi, candidate LFI aux départementales à Marseille, Frédéric Grimaud, adjoint LFI au maire de Martigues, Myriam Ghedjati, candidate LFI aux départementales à Arles, Olivier Bonnet, co-secrétaire départemental du Parti de Gauche, et Philippe Sénégas, candidat LFI aux départementales à Istres.
Nous dénonçons le climat islamophobe soigneusement entretenu au sein de la classe politique française à la fois par le Rassemblement national, Les Républicains, La République en marche et une partie du PS, autour du Printemps républicain. Quand on précipite des millions de gens dans la misère et la précarité et qu’on force les travailleurs à mourir à la tâche à force de reculer l’âge de la retraite, tandis que la fortune de l’ensemble des 500 Français les plus riches aaugmenté de 30% depuis juillet 2020, pour atteindre 953 milliards d’euros, l’instrumentalisation de la haine du musulman fait une parfaite diversion. Mais attention aux pyromanes : en jouant avec les braises de la xénophobie peut s’allumer la guerre civile.
Comme depuis le début de la crise sanitaire, l’absence totale de concertation avec les élus locaux pousse à des prises de décisions qui manquent de discernement, qui manquent de graduation et qui auront des conséquences catastrophiques pour l’économie locale et bien au-delà. Et comme on ne prend pas le temps de discuter avec les maires et donc de discuter avec moi, je considère que l’État n’a pas besoin des moyens publics de la commune. Par conséquent, je ne demanderai pas aux agents de la police municipale de faire respecter ces décisions. Le Préfet et la police nationale devront assumer cette position. »Gaby Charroux (lire son communiqué entier) est le maire (PCF) de Martigues, 49 000 habitants, commune des Bouches-du-Rhône englobée dans la Métropole Aix-Marseille Provence (de force, la création de ladite Métropole représentant un cas d’école de déni de démocratie). Après une valse hésitation durant la journée entière du lendemain des annonces du président de la République instaurant le couvre-feu, 90 des 92 communes de la Métropole (les 2 autres sont hors des Bouches-du-Rhône) sont finalement concernées – contre l’avis du représentant local de l’État – mais pas des maires du territoire, puisqu’on ne leur a pas demandé leur avis.
L’intransigeance aveugle bête et méchante l’a finalement emporté
Gaby Charroux explique ainsi sa décision de ne pas impliquer la police municipale dans le contrôle du couvre-feu : « Que le confinement nocturne soit une étape supplémentaire décidée pour les villes qui sont dans les zones d’alerte maximale, cela peut s’entendre. Mais, comment expliquer que la Ville de Martigues qui avait et respectait les mesures de restriction imposées, passe tout d’un coup à une situation extrême ? Comment peut-on imaginer que des petites villes comme Mimet ou des villes moyennes comme Martigues soient traitées comme Marseille ou Aix ? » Il mentionne Mimet, 4 550 habitants : qu’en dit le maire de cette commune ? « Enfermer les Provençaux des petits villages la nuit n’a aucun sens ». France Bleu relaie son propos : « Le président de l’union des maires des Bouches-du-Rhône est très en colère depuis que l’on sait que 90 communes de la métropole d’Aix-Marseille sont concernées par le couvre-feu. Georges Cristiani estime qu’il n’y a aucune raison d’instaurer cette règle pour les petites communes. » Argument du maire (sans étiquette) ? « Aller enfermer les Provençaux des petits villages forestiers la nuit n’a aucun sens lorsqu’on entasse les gens dans les transports en commun tous les matins et tous les soirs. » Cristiani s’exclame aussi dans La Provence : « Comment pouvez-vous expliquer aux habitants d’un village où il n’y a pas de cas qu’ils doivent rester chez eux ? » C’est Ubu roi.
Je prends acte de la décision du président de la République d’instaurer l’état d’urgence et le couvre-feu dans les grandes villes françaises, dont Aix-en-Provence, Marseille et Paris. La situation sanitaire continue de se dégrader de façon très inquiétante et il fallait agir vite », déclare Martine Vassal, reprise par La Provence. La double présidente du Conseil départemental et de la Métropole Aix-Marseille Provence ne dit pas un mot sur le stupéfiant silence du chef de l’État à propos de la situation du système de santé, dont il est comptable. Ni bien-sûr sur l’absence de mesures pour les entreprises – en bonne affidée du Medef -, non plus que pour les établissements d’enseignement, pourtant foyers de contamination numéros 1 et 2 : « les entreprises hors établissements de santé restent parmi les types de collectivités les plus représentées pour la survenue de clusters (25%), puis le milieu scolaire et universitaire (21%) », annonce Santé publique France. Mais le pire de la déclaration de la LR marseillaise reste ce qui est en caractères gras ci-dessus, « La situation sanitaire continue de se dégrader de façon très inquiétante et il fallait agir vite ». Il se trouve que nous avons un peu travaillé sur la situation sanitaire de Marseille. Rappelons que la cité phocéenne, 871 103 habitants en 2020, représente en réalité un bassin de vie (une aire urbaine) de 1 million 744 000 âmes. C’est l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM) à qui échoit de soigner tout ce monde, forte de 4 hôpitaux et 3 400 lits. Eh bien voici le tableau Covid mis à jour quotidiennement :
Il y a donc aujourd’hui 157 patients Covid hospitalisés en tout et 45 en réanimation pour une aire urbaine de 1,7 millions d’habitants. Et c’est la panique ! Faut-il que l’hôpital soit à ce point à bout de souffle – ballot quand il s’agit de contrer une affection pulmonaire – pour que moins de 50 lits de réanimation occupés obligent à un… couvre-feu ! Mais ça ne gêne pas Martine Vassal. Pire, elle poursuit sa déclaration en appelant à « l’union sacrée pour préserver nos libertés ». Gonflé : on oblige les gens à ne plus bouger de chez eux à 21h pour « préserver nos libertés » ? Orwell avait tout prévu. Mais « l’union sacrée » ? Emmanuel Macron en appelait justement lui aussi à cette « union sacrée », en mars dernier. C’est toute la communication gouvernementale, du reste, qui tient en cette formule. Pour faire oublier sa gestion calamiteuse de la pandémie, les macronistes invoque la mobilisation de tous, l’unité nationale, censée défendre de toute critique. Vassal relaie donc complaisamment la propagande du pouvoir. Notez que ce n’est pas surprenant : n’appelait-elle pas, pour les élections municipales à Marseille avant de s’y faire ridiculiser, éliminée au premier tour dans une circonscription toujours remportée dès le 1er par sa majorité avant elle, à un «large rassemblement»autour d’elle, incluant LREM, pour faire front face au RN, en position de force à Marseille », comme le rapportait en juin Libération? Au lieu de quoi les marcheurs ont voulu partir seuls, sanctionnés d’un score humiliant (1,53%), et ce n’est pas le RN qui a emporté la mise mais l’écologiste à la tête d’une alliance de gauche, Michèle Rubirola et son Printemps marseillais.
Rubirola, justement, que dit-elle de ce couvre-feu ? « Comment ne pas être en colère ?, proteste la doctoresse de profession dans La Provence. Six semaines de couvre-feu, c’est dramatique. Ces mesures venues d’en haut frappent au mauvais endroit au lieu de s’occuper de l’hôpital public qui ne va pas bien on préfère généraliser. On sait que le problème est plutôt dans les transports en commun et les restaurants d’entreprise, on tape à côté de la plaque. » Entre Vassal et Rubirola, il n’y a décidément pas photo.
Nous, on en a assez qu’on nous impose les choses d’en haut. On nous a imposés la Métropole, ça suffit!
Martine Vassal, 11 mai 2017, actuellement présidente de… la Métropole. Ce n’est pas le vent qui tourne, c’est Martine !
Résumé des épisodes précédents :battue dans son propre secteur à Marseille (où l’ancien maire Jean-Claude Gaudin était élu chaque fois au premier tour) par une novice en politique lors des élections municipales, autrice d’une campagne complètement délirante et éclaboussée par le scandale des procurations frauduleuses, Martine Vassal a d’abord voulu être tout de même candidate au fauteuil de maire, à la faveur du fameux troisième tour, le vote des conseillers municipaux nouvellement élus. Bien que distancée de huit points sur l’ensemble de la ville, Madame-je-n’ai-pas-de-figure avait osé déclarer : « Je n’ai pas perdu, ce soir il n’y a pas de majorité à Marseille ». En effet, par le jeu du nombre de conseillers accordés par chaque secteur de la ville, le Printemps marseillais, coalition écologiste-gauche, ne disposait que d’une majorité relative. Puis Vassal s’est finalement retirée au profit d’un vieux barbon UMPiste de 75 ans, Guy Teissier, au passé d’extrême droite et ayant eu maille à partir avec la justice pour des propos racistes. Même pas élu maire de secteur ! Mais en cas d’égalité, son âge lui eût valu de l’emporter… Ou comment tenter de confisquer le vote du peuple en le spoliant de la victoire du Printemps marseillais. Mais la manœuvre a échoué : la sénatrice ex PS (Vallsiste) élue des quartiers nord – elle réclamait qu’on y envoie l’armée ! -, Samia Ghali, elle aussi soupçonnée de procurations frauduleuses, a monnayé son appui à l’écologiste Michèle Rubirola contre un poste de deuxième adjointe. Exit la droite à Marseille. Mais qu’à tout cela ne tienne : Vassal vint d’être réélue ce matin présidente de la Métropole !
« Martine Vassal, actuelle présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence, a officiellement annoncé sa candidature à sa propre succession, à Pélissanne, entourée entre autres du maire de la commune, des présidents des conseils de territoires du pays d’Aix, salonais, Istres Ouest Provence, et du représentant de l’Union des maires des Bouches-du-Rhône », annonce made in marseille. « Avec le soutien de Maryse Joissains, la Balkany provençale, menacée d’inéligibilité, et farouche adversaire… de la Métropole », résume Le Ravi. Joissains a en effet vu sa condamnation par la Cour d’appel cassée pour vice de forme… Un nouveau procès aura lieu et elle reste donc sous le coup d’une accusation de « détournement de fonds publics » et « prise illégale d’intérêt ». Notons enfin, parmi les autres soutiens de Vassal-la-moisie, celui de l’inénarrable François Bernardini, condamné pour sa part dans le passé pour « ingérence, détournement de fonds publics, abus de confiance et abus de biens sociaux » et actuellement toujours visé par une enquête du Parquet national financier pour « association de malfaiteurs en vue de commettre des délits de prise illégale d’intérêts, de trafic d’influence par personne chargée d’une mission de service public ». Et tout de même réélu au premier tour maire d’Istres. La politique comme on l’aime ! La droite a la majorité à la Métropole : Vassal est passée. Qu’importent l’honneur et la décence.
Acculée par l’affaire des procurations frauduleuses qui prend un tour franchement sordide et les sondages qui la donnent perdante, la présidente LR du Département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille Provence, candidate à la mairie de la cité phocéenne en héritière de l’inamovible Jean-Claude Gaudin, invente la fable improbable d’un « coup d’État » de « l’ultra gauche ».Prends tes pilules, Martine !
L’ultra gauche est en passe de prendre Marseille, la 2e ville de France. Donc les équipes de Mélenchon sont aux portes de la ville. On est en train d’essayer de créer un climat – mais y’a pas que pour cette raison, hein ! -, un climat qui est en vérité… Bon, je vais oser le mot : un coup d’État. L’ultra gauche est en train de faire un putsch à la cubaine ou à la vénézuélienne sur Marseille.
Martine Vassal, 17 juin 2020
Les bras nous en tombent. De quoi Martine Vassal parle-t-elle exactement ? En quoi consisterait ce « coup d’État » ? Relisez posément : c’est « un climat » qu’« on est en train de créer » (qui est ce « on » ?) qui constitue le terrifiant « coup d’État » qu’élucubre – osons un néologisme – la représentante de la droite bucco-rhodanienne. Sur quoi s’appuie-t-elle ? Nous n’en saurons rien puisqu’elle n’apporte aucune précision. Le journaliste de La Provence lui a-t-il posé la question ? On imagine que oui, tant l’affirmation est énorme. Mais sans doute a-t-elle refusé de répondre. Et pour cause : Vassal serait bien en peine de s’expliquer. En l’occurrence, le « coup d’État » consiste seulement à l’empêcher d’être maire de Marseille !
Les insoumis s’amusent bien sur les réseaux sociaux.
Le même jour, la candidate LR accorde un autre entretien à Sud radio où elle élucubre derechef : « Les Marseillais ne veulent pas de l’ultra gauche à Marseille, ils ne veulent pas d’un pantin. Parce que c’est quoi, Madame Rubirola aujourd’hui ? C’est le fantôme de Monsieur Mélenchon qui traîne derrière. » D’autant plus gonflé que le député insoumis n’a apporté son soutien au Printemps marseillais, coalition de gauche, écologiste et citoyenne dont Michèle Rubirola (Europe Écologie-Les Verts, EELV) est la tête de liste, que le 7 juin, et encore de façon on ne peut plus mesurée ! Et sans l’avoir soutenue au 1er tour.
En réalité, la France insoumise (LFI) marseillaise s’est déchirée à l’occasion de cette élection. S’il y a bien des insoumis candidats pour le Printemps marseillais (dont Sophie Camard, la suppléante de Mélenchon) – et nous avons l’honneur d’en compter plusieurs parmi nos camarades -, présenter l’ancien double candidat à la présidentielle comme le marionnettiste qui tire les ficelles et décide de tout en sous-main est proprement invraisemblable. Le Printemps marseillais réunit PS et PC – Vassal dit toujours « les socialo-communistes », parce que « socialistes », tout seul, ça ne fait vraiment peur à personne ! -, collectifs citoyens (dont ceux qui se sont formés suite à la catastrophe de la rue d’Aubagne, symbole de la gestion Gaudin, criminelle à force d’être antisociale) et certains insoumis. EELV y est allée au 1er tour de sa liste propre – Rubirola était alors dissidente dans sa volonté de rassembler, lire par exemple Malgré une tête de liste écologiste au Printemps marseillais, EELV veut aller « jusqu’au bout » -, avant de se rallier après son score de 8,94%, loin derrière les 23,44% de Rubirola (Vassal a fait 22,32%). Voilà donc ce qu’est le Printemps marseillais et prétendre que Mélenchon en est le vrai candidat est grotesque.
Mais Vassal voit le député de Marseille comme l’épouvantail rêvé pour remobiliser l’électorat de base de la droite, d’où son absurde tentative de le faire passer pour le vrai candidat caché. Elle dit du reste textuellement dans Le Figaro : Mélenchon est « le vrai candidat du Printemps marseillais».
Et derrière Mélenchon, cette fameuse ultra gauche (dont il serait le chef). Le délire de Vassal monte encore d’un cran : « On a aujourd’hui un enjeu colossal sur Marseille ; aujourd’hui sur Marseille, l’ultra gauche est ultra violente, poursuit l’affabulatrice sur Sud radio. On a un quartier qui s’appelle La Plaine. Ce quartier-là… Les habitants, les commerçants n’en peuvent plus. Toutes les semaines, il y a des émeutes. La police, elle prend… elle est à bout, la police. On demande des effectifs de police.On veut que cette ville, ce soit la plus belle ville, excusez-moi, de France et du monde, parce qu’on y croit. Parce que cette ville, elle a tous les atouts pour réussir. Maison veut pas des casseurs. On veut pas de l’ultra gauche. (…) Alors oui, les Marseillais sont des révolutionnaires. Et là, on va montrer qu’on n’est pas dupes et on ne va pas se faire voler l’élection. C’est un coup d’État de Mélenchon. Moi, je dis non au coup d’État de Mélenchon ! » Mais prends tes pilules, Martine !
Il n’y a évidemment, pas plus qu’un fantasmatique coup d’État, d’émeutes à La Plaine chaque semaine. Imaginez bien que vous en auriez entendu parler ! Mais un mouvement citoyen de contestation par les habitants d’un projet d’aménagement de… la mairie Gaudin, dont Vassal est la représentante adoubée par le vieux sénateur LR. L’histoire du « coup d’État » et de « l’ultra gauche » qui mettrait Marseille à feu et à sang n’est qu’une pathétique diversion. D’abord parce que le dernier sondage donne Rubirola à 35% et Vassal à 30. Ensuite parce que le scandale des procurations frauduleuses prend de l’ampleur et un tour de plus en plus sordide.
Alors qu’une enquête à propos de procurations frauduleuses pour le camp de la droite était déjà ouverte, on apprend que les équipes de Vassal auraient fait voter au 1er tour 51 résidents d’un Ehpad, dont certains ne sont absolument plus en possession de leurs capacités intellectuelles.« La semaine dernière, L’œil du 20H montrait qu’une candidate de la liste LR à Marseille proposait d’obtenir une procuration sans passer par le commissariat. Nos équipes révèlent à présent que lors du premier tour des élections municipales, des électeurs ont voté par procuration à la place des résidents d’un Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) qui ne les connaissaient pas. Les familles des personnes âgées, pour certaines malades d’Alzheimer, sont sidérées », dévoile France 2. Qui ajoute que des procurations ont été établies sans pièce d’identité – ce qui est parfaitement illégal. « Les listes d’émargement font apparaître parmi les mandataires de ces pensionnaires les noms de plusieurs proches de Julien Ravier [le maire LR des 11 et 12e arrondissements], dont son directeur de cabinet, un élu ou encore la directrice générale des services de sa mairie », précise 20 minutes. Le gratin. Bien-sûr, Ravier prétend n’être au courant de rien et a demandé à son directeur de cabinet de « se mettre en retrait » de la campagne. Et Vassal ? Au courant de rien non plus. Jusqu’à qui l’enquête parviendra-t-elle à remonter ? Quoi qu’il en soit, le discrédit et l’opprobre sont désormais jetés sur la candidate LR. D’où son discours de semi-démente, pour reprendre une formule adressée par Mélenchon à Marine Le Pen. Et il est vrai que Vassal se couvre du même niveau de ridicule. Voilà où en est aujourd’hui la droite marseillaise. Et que vive le Printemps marseillais !
Insondable inventivité des crânes d’œufs de la Macronie : il y eut en ouverture, pendant le confinement, l’inoubliable auto-attestation dérogatoire, délice d’absurdité. Vint ensuite, en phase 1 du déconfinement, les dérogations accordées pour l’ouverture des plages avec leur nouveau concept que le monde entier, sûrement, nous envie : la « plage dynamique ».
Nous allions vous proposer de nous poser un peu pour réfléchir à cette question, mais voilà que, justement, nous n’en avons pas le droit. En tout cas pas sur une plage. Qui donc a-t-il le premier utilisé cette expression (impropre : ce n’est pas la plage qui est dynamique) ? Des élus locaux landais, selon le Huffington post (avec l’AFP). Pour contrer la décision gouvernementale de fermeture des plages jusqu’au 1er juin. Formulation reprise par l’Assemblée nationale. Et en quoi donc la « plage dynamique » consiste-t-elle ? « La plage doit être fréquentée d’une façon « dynamique », répond LCI. C’est-à-dire que ceux et celles la fréquentant doivent y marcher, y courir ou y glisser selon les pratiques mais jamais n’y stationner. » Notons au passage que l’on a le droit de pratiquer le yoga, comme le précise France bleu. Interdiction de la bronzette, donc, sauf dans la position du lotus !
Bon, la « distanciation sociale », on comprend. Ne pas se coller les uns aux autres pour éviter la contamination par la Covid-19. Du reste, 4 m2 par personne sont requis sur les plages. Mais quid de cette immobilité qui est proscrite ? Risque-t-on davantage de propager le virus, ou de l’attraper soi-même, si l’on ne bouge pas ? Le virus est-il si lent qu’il ne parvient pas à se fixer sur un organisme dès lors que ce dernier est en mouvement ? Brisons-là avec ces élucubrations qui tentent d’apporter une justification sensée à l’obligation de « plage dynamique ». Et passons à un ton plus colérique : qu’est-ce que ça peut leur foutre en quoi est-il donc gênant que l’on pose une serviette sur la plage ?
La Macronerie est bien le règne d’Ubu-roi. A-t-on seulement tout vu dans ce domaine ? Nous n’en mettrions pas notre main au feu, même si la « plage dynamique » place haut la barre. En attendant, dès demain, 2 juin, serons-nous enfin débarrassés de cette interdiction idiote ? Eh bien non ! Même si la règle n’a globalement pas été observée, en tous les cas dans les Bouches-du-Rhône d’où nous témoignons, mais qu’on était de fait à la merci d’un excès de zèle local, elle n’est pas encore caduque : c’est le préfet qui continue à décider. Et qui pourrait donc, théoriquement, continuer à pourchasser les poseurs de serviettes, terroristes sanitaires de nos plages.
Jean-Michel Apathie, David Pujadas, Christophe Barbier et Pascal Praud