Charles Enderlin, correspondant à Jérusalem de France 2 de 1981 à 2015, a publié le message suivant sur sa page Facebook : « Je viens de terminer la lecture de l’excellent livre « Mauvais juif » de Piotr Smolar. Avec parfois des accents de pamphlétaire, il décrit l’Israël tel qu’il l’a vécu pendant son séjour en qualité d’envoyé spécial. De fait il a été un des meilleurs correspondants du Monde ces dernières décennies. Surtout en décrivant la dérive messianico-identitaire du pays, la lente descente aux enfers du conflit avec les Palestiniens. Ce que de nombreux envoyés spéciaux évitent d’évoquer. Les chaines de télévision françaises, par peur des réactions du Crif et des autres éléments de la communauté… Ni TF1 ni France 2 n’ont décrit l’effondrement de la démocratie israélienne au cours de ces dix dernières années. Donc, merci Piotr ! »
Ce n’est pas une surprise pour les soutiens de la cause palestinienne, dont nous sommes. Il est des sujets que « de nombreux envoyés spéciaux évitent d’évoquer ». L’explication de l’éminent confrère pointe ce que nous pourrions qualifier de pression paralysante, émanant essentiellement du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Mais quid alors du droit des citoyens à l’information, fondement de la démocratie ? Et que relaie le Crif de façon obsessionnelle ? La propagande sioniste. Donc Enderlin nous explique que les télés françaises cachent à leurs spectateurs la réalité par crainte des réactions (doit-on lire représailles ?) d’une institution aux ordres de la hasbara ! [ הסברה : explication ou éclaircissement en hébreu, appellation de l’appareil gouvernemental de propagande]
Difficile dans ce cas d’ouvrir les yeux de l’opinion sur ce qu’on nomme souvent de façon parfaitement impropre « conflit israélo-palestinien », quand il s’agit en réalité de l’oppression d’un peuple par une armée d’occupation, objectivement. Mais cela, on ne le dit pas trop sur les télés françaises – ni les radios, ni les grands médias en général. Ça ne ferait pas plaisir au Crif, pensez!
Mais au fond, de quoi ont peur les journalistes soumis à la pression paralysante du Crif, qui les empêche de dire la vérité ? Que pourrait contre eux le Crif ? Les faire licencier ? Auraient-ils même peur pour leur intégrité physique, connaissant les énergumènes de la Ligue de défense juive, qui a ses entrées au Crif ? La question est posée du pouvoir d’influence de ce groupe de pression, qui véhicule la parole de Tel Aviv, sur l’information en France.