
Nous signalions dans notre billet d’hier que Gérald Darmanin, incroyablement toujours ministre de l’Intérieur, avait commis un parjure lors de son audition devant l’Assemblée nationale. « Premier mensonge lorsque le ministre de l’Intérieur parle de l’agression de Michel Zecler par des policiers, résume Libération. Darmanin assure que les policiers et la préfecture n’avaient pas d’images de l’agression avant leur diffusion par Loopsider, jeudi 26 novembre. «Le ministre de l’Intérieur, le préfet de police, le directeur général de la police nationale, n’ont pas eu accès à des images. Ces images, elles ont été mises en ligne par le site informatif», indique-t-il. Une version contredite par le journaliste de Loopsider mais également par le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. Dimanche, lors d’un point presse, ce dernier avait indiqué que les vidéos de l’agression avaient été saisies et exploitées par les policiers dès le lundi 23 novembre, soit deux jours après les faits et trois jours avant la mise en ligne par Loopsider. »
Vous avez noté l’expression « premier mensonge », c’est donc qu’il y en a un autre : « Deuxième mensonge lorsque Gérald Darmanin évoque le cas d’un autre policier pas franchement raccord avec les valeurs de la République. «L’un de mes premiers gestes en tant que ministre de l’Intérieur a été de ne pas garder dans la police un agent qui avait porté un écusson qui rappelait le IIIe Reich», assure-t-il. Sauf que non. Comme l’a souligné une journaliste de Mediapart, Darmanin avait simplement suspendu la promotion de ce CRS qui, avant l’intervention du ministre, devait être promu brigadier-chef. Le ministre s’en était d’ailleurs vanté sur Twitter. «Conformément à ce que j’ai demandé au Directeur général de la police nationale, cet agent ne sera pas promu», avait-il indiqué le 30 juillet. Une légère différence, donc. Le CRS avait en revanche été suspendu 15 jours en 2015 pour avoir porté l’insigne de la 12e Panzer SS – un blason qui fait un peu plus que «rappeler le IIIe Reich».

Alors ? L’ article 434-13 du code pénal prévoit que « le témoignage mensonger fait sous serment devant toute juridiction (…) est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende ». Dans le contexte de l’affaire Cahuzac, célèbre mensonge d’un ministre devant la représentation nationale, une doublette UMP voulait en 2013 créer un délit de parjure. Le Monde rétorquait alors : « Un responsable politique est déjà passible de poursuites s’il est avéré qu’il a menti en témoignant, sous serment, devant une commission d’enquête parlementaire, à l’Assemblée comme au Sénat. » Renvoyant à cet article 434-13. Cinq ans d’emprisonnement donc pour Gérald Darmanin ? Chiche !