Voici les archives du mois de décembre 2010 du Kiosque permanent de plumedepresse, notre revue de Web pluri-quotidienne accessible au prix de deux euros par mois. Abonnez-vous pour janvier en cliquant sur le kiosque ci-dessus !
31 décembre 2010
Bonne année ?
23 h 59 – Accrochez-vous, 2011 ne sera pas meilleure que 2010, courage et résistance, camarades ! Et bonne année quand même à tous nos abonnés.
30 décembre 2010
Quand les UMPistes méprisent leurs électeurs
20 h 10 – Ça y est, Jean-Marie Cavada a enfin démissionné ! Décision saluée sur son blog par le Conseiller municipal du 12ème arrondissement Alexis Corbière (PG) : « M. Jean-Marie Cavada qui avait conduit la liste UMP-Nouveau Centre lors des élections municipales de 2008 dans le 12ème arrondissement a décidé de démissionner de son mandat de Conseiller de Paris il y a quelques jours. Il s’est aperçu qu’il ne pouvait être député européen et Conseiller de Paris en même temps. A la bonne heure, mais il a mis du temps à ouvrir les yeux devant l’évidence. Depuis un an et demi, je ne l’avais jamais revu aux séances du Conseil d’arrondissement du 12ème. Lors de la campagne électorale, il avait pourtant déclaré qu’il resterait même si il était battu. Le 13 mars 2008, entre les deux tours de l’élection, dans le journal gratuit 20 Minutes, il avait déclaré : «Je veux être un Conseiller de Paris ou d’arrondissement actif, que ce soit dans l’opposition ou dans la majorité bien entendu !». Chacun appréciera. (…) Il avait pourtant promis durant la campagne électorale municipale : « je siègerai, avec ma colistière, même dans l’opposition, durant toute la mandature.» Précisément, Mme Christine Lagarde était cette colistière et la numéro deux de la liste (soutenue par l’UMP) qu’il conduisait. Elle aussi a été élue au Conseil de Paris, et ne siège pratiquement jamais dans cette instance. De plus, depuis mars 2008, elle n’a participé à aucun Conseil d’arrondissement du 12ème. Je me suis plusieurs fois exprimé pour lui faire savoir que je trouvais cette situation peu digne. Par respect pour les électeurs, et également de la démocratie, Mme Christine Lagarde devrait s’inspirer de l’attitude de M. Cavada et démissionner à son tour. » Mais le pire dans tout ça, c’est que l’électeur de droite, quoi qu’il arrive, n’a pas d’état d’âme : il fait où on lui dit de faire. Et ce méprisable cancrelat s’en fiche que les gens qu’il a élus le méprisent ouvertement comme des Cavada ou Lagarde palpant l’indemnité sans daigner faire un quelconque effort pour la mériter. Il revotera UMP la prochaine fois sans hésiter.
Non aux tests ADN généralisés !
10 h 57 – La justice s’acharne sur un syndicaliste CGT, proteste L’Humanité : « Cette année, Philippe Galano, a été licencié avec trois autres syndicalistes des Autoroutes du Sud de la France (ASF) pour avoir « organisé » une manifestation piétonne sur l’autoroute à la hauteur de Perpignan Nord. Cette action était menée contre la privatisation des autoroutes et contre le projet Fillon sur les retraites… Suite à cette décision, des militants avaient envahi la direction d’ASF. Pour ces faits, qualifiés de « séquestration », Philippe Galano a été condamné par la cour d’appel de Montpellier à trois mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende en septembre 2009. Les lois sur la sécurité intérieure, instaurées par Nicolas Sarkozy entre 2005 et 2007, élargissant les tests ADN à presque toutes les infractions, imposent à Philippe Galano, condamné en 2009, un test ADN. « J’ai été convoqué par un officier de police judiciaire, j’ai refusé trois fois. Une procédure a ensuite été lancée pour refus de prélèvement. Je m’oppose à cette dérive dangereuse pour les libertés, je vais me retrouver fiché au même titre qu’un délinquant sexuel ou qu’un vulgaire bandit ! » Avec la loi Loppsi 2 ou la mise en commun des fichiers d’empreintes génétiques des 27 pays européens, ce syndicaliste serait fiché partout en Europe. De son côté, Pierre Gosnat, député communiste du Val-de-Marne, a déposé une proposition de loi à la commission des Lois de l’Assemblée Nationale, en septembre 2010, pour interdire les tests ADN aux militants syndicaux. « Le procès de Galano doit faire comprendre l’intérêt de ce texte et inciter son examen par les députés ». Pierre Gosnat viendra soutenir le syndicaliste à Perpignan. De nombreux élus et des syndicalistes de différentes organisations seront également présents. Si Philippe Galano est condamné, avec ses antécédents judiciaires, il craint que sa peine de sursis ne soit transformée en prison ferme. » Le procès a finalement été reporté au 17 mars. Outre le fait que cette proposition de loi communiste n’a évidemment aucune chance d’aboutir, tant les UMPistes au pouvoir sont acharnés à instaurer un fichage généralisé des citoyens, interdire les tests ADN pour les syndicalistes ne va pas assez loin ! Au départ, ces prélèvements ne devaient concerner que les délinquants sexuels, ce qui peut se concevoir, mais l’élargissement à « presque toutes les infractions » imposé par ce Pouvoir liberticide est scandaleux. Il faudra bien qu’un gouvernement de gauche digne de ce nom abroge tout ça (entre autres) !
28 décembre 2010
Ces voeux de Sarkozy que vous ne verrez pas…
22 h 50 – Avec notre déménagement demain, nous ne garantissons pas de pouvoir mettre en ligne autre chose avant jeudi, mais goûtez donc cette vidéo délectable, concoctée par le Front de gauche, montrant l’improbable confession de Nicolas Sarkozy. Eh non, dans la réalité, il va continuer à asséner au peuple les coups les plus durs, pour le plus grand bénéfice de ses amis du Medef et du Cac 40. Mais l’espace d’un instant, on a eu envie d’y croire… A déguster en ligne ici.
27 décembre 2010
Le Sida peut-être guéri, mais pas la bêtise du gouvernement !
23 h 59 – Brice Hortefeux a encore fait des siennes ! « Laissez-moi vous indiquer l’origine de ce dispositif. J’ai reçu, il y a quelques mois, un courrier de l’épouse d’un gendarme mordu par une personne peut-être contaminée. Je ne puis, bien sûr, vous communiquer les termes de la lettre mais si vous l’aviez eue entre les mains, vous n’auriez pas pu ne pas vous poser la question », a-t-il expliqué à l’Assemblée nationale, pour justifier un amendement à la Loppsi 2 permettant d’obtenir un dépistage forcé à toute personne ayant commis sur un dépositaire de l’autorité publique des « actes susceptibles d’entraîner sa contamination par une maladie virale grave ». Tollé des associations de lutte contre le Sida : « Etape supplémentaire dans l’escalade sécuritaire nauséabonde dont le gouvernement a fait sa marque de fabrique, ce texte fleure bon l’ignorance et la stigmatisation », proteste Aides. En effet, une morsure ne peut absolument pas causer de contamination ! Hortefeux et tous les députés UMPistes ayant voté cet amendement sont donc des abrutis. Mais pour rester sur ce sujet, une bonne nouvelle : Des chercheurs allemands déclarent un patient « guéri » du Sida, annonce Reuters : « Des chercheurs allemands qui avaient pratiqué une greffe de moelle osseuse pour traiter la leucémie d’un patient séropositif ont déclaré ne plus déceler chez lui aucune trace du virus du Sida. (…) Près de quatre ans après la greffe, le patient ne présente plus aucune trace du virus qui ne semble pas se cacher dans un endroit quelconque de son corps (…). L’équipe de Schneider a suivi le patient en effectuant des prélèvements dans son côlon, son foie, sa moelle épinière et son cerveau. Ils y ont recherché des traces du virus qui peut être difficile à détecter tant qu’il n’infecte pas activement des cellules. Tous ces organes sont de possibles « réservoirs » où le VIH peut se cacher pendant des années avant de se manifester à nouveau lorsque le patient arrête la prise de médicaments antirétroviraux. Les médecins ont constaté que le patient semblait avoir un système immunitaire fonctionnant parfaitement et paraissant génétiquement identique aux cellules du donneur et non à celles du système immunitaire du patient. L’équipe de Schneider n’a relevé nulle part de traces de VIH. » Ne nous emballons pas outre mesure néanmoins : « La greffe de moelle réclame la destruction préalable des cellule immunitaires défaillantes du patient – processus en soi très délicat – avant la greffe provenant d’un donneur présentant des caractéristiques sanguines et immunitaires pratiquement identiques à celles du malade. De longs mois de convalescence sont nécessaires, le temps que la greffe prenne et que le système immunitaire du patient se reconstitue. « C’est peu commode et cela peut provoquer la mort », observe le Dr Robert Gallo de l’Institut de virologie humaine de l’université du Maryland. C’est peut-être une guérison (…) on ne le saura pas avec certitude avant le décès de la personne et des analyses poussées de tissus post-mortem. » Les chercheurs allemands eux-mêmes restent prudents : « Les professeurs Gero Hutter et Thomas Schneider, qui ont mené l’opération, ont prévenu que ce type de greffe ne pourrait devenir une norme pour soigner les séropositifs ». Avec toutes ces réserves, on peut tout de même espérer qu’il soit possible de guérir du Sida. Mais notre pronostic est inverse concernant l’existence d’un traitement efficace contre la bêtise gouvernementale ! En tout cas pas tant que ne sera pas vaincu par la médecine le « syndrome du larbin » affectant la grande majorité des électeurs de droite.
Grenelle de l’environnement et photo-voltaïque : le gouvernement a fait n’importe quoi !
22 h 45 – Nathalie Kosciusko-Morizet est-elle compétente ? C’est la question que pose Sarkofrance dans son billet du 22 décembre dernier : « Mardi 21 décembre sur France info, Nathalie Kosciusko-Morizet justifiait les 3 mois de moratoire prononcés à l’encontre des installations photovoltaïques : le gouvernement a en effet choisi de suspendre les aides publiques aux projets photovoltaïques de plus de trois kilowatts crête (KWc) jusqu’en mars prochain. Seuls les projets «dans la file d’attente» sont concernés. NKM a apporté deux explications : primo, une «bulle spéculative» se serait développée sur la filière, avec la création de produits financiers ad hoc. Secundo, 90% des équipements installés seraient d’origine chinoise. Or, expliqua la ministre, elle n’a pas trouvé de moyens légaux pour favoriser les fabricants français. «90 % des panneaux installés en France viennent de Chine (…) On n’a pas été assez strict sur les critères d’intégration au bâti. (…) Or ces panneaux produisent 1,8 fois plus de CO2 qu’un panneau fabriqué en France.» Cette affaire illustre l’impréparation, voire la désinvolture, avec lesquelles le gouvernement Sarkozy travaille : on lance un dispositif « vert » potentiellement coûteux en aides publiques, on s’autocongratule de l’incroyable effort écolo, et on découvre, quelques mois plus tard qu’il faut tout stopper car on plombe les comptes d’EDF et on subventionne l’importation d’équipements étrangers polluants, importation contre laquelle on ne peut rien en vertu des engagements de libre-échange… On appelle cela de l’incompétence. »
26 décembre 2010
11 septembre : Fox News relaie les doutes
23 h 59 – La chaîne présente ses excuses à ceux qu’elle traitait de « conspirationnistes ». L’article est paru le 23 novembre dernier dans le quotidien suisse Le Courrier mais il nous avait alors échappé : « La presse suisse (et internationale) emboîtera-t-elle le pas à Fox News, ces prochaines semaines ? [La réponse est non ! NdA] Depuis une dizaine de jours, les conclusions de la commission d’enquête sur les attentats du 11 septembre 2001 sont remises en question au-delà du cercle habituel des sceptiques. Proche de la mouvance Tea Party, donc de l’opposition la plus dure au gouvernement Obama, la chaîne de télévision Fox News vient de consacrer plusieurs émissions à un spot diffusé depuis quelques semaines sur les grandes chaînes états-uniennes. C’est la première fois qu’un média de la «grande presse» donne une telle visibilité aux critiques de la thèse officielle, qui, rappelons-le, a été établie durant la présidence de George W. Bush. Le spot (payant) qui fait rebondir la controverse, souligne que plus de 1200 ingénieurs et architectes sont aujourd’hui convaincus que l’écroulement du WTC 7, le troisième gratte-ciel – haut de 186 mètres – tombé à New York sept heures après les tours jumelles, ne peut pas avoir été causé par les incendies qui y ont fait rage et par l’affaiblissement de ses structures. De nombreux proches des victimes, filmés en gros plan, réclament la vérité au nom des disparus. Fox News leur a redonné la parole, s’excusant de les avoir traités pendant des années de «conspirationnistes». La thèse officielle, présentée en 2008 pour la tour numéro sept, résistera-t-elle au vaste courant d’opinion qui revendique, depuis des années, une nouvelle enquête, sérieuse et exhaustive, visant à lever les doutes qui perdurent autour des attentats du 11-Septembre ? Et, à terme, cette flambée pourrait-elle déboucher sur un nouveau Watergate ? (…) Survivant de la première tour jumelle à avoir été percutée par le Boeing 767 d’American Airlines, Willy Rodriguez est l’un des plaignants potentiels. La commission officielle, qu’a contrôlée du début à la fin un proche du président Bush, Philip Zelikow, a écarté son témoignage, quand bien même le président Bush l’avait reçu en héros à la Maison-Blanche. Juste avant l’impact du premier avion, Willy Rodriguez a été «soulevé du sol», tout comme un autre employé qui était avec lui à ce moment-là, au sous-sol de la tour, par une très forte explosion. Une explosion que l’un et l’autre ont située en dessous d’eux, aux environs du sixième sous-sol. «Tiens, ça n’est pas coordonné !» se dit-il quelques secondes plus tard, lorsqu’une seconde explosion retentit tout en haut de la tour. » Nous avons trouvé une vidéo, en ligne ici, où Rodriguez raconte son histoire.
Le grand soir épingle Le Monde
7 h 48 – Tremblement de terre pour les tenants de l’idéologie libérale triomphante : l’espérance de vie a reculé aux Etats-Unis ! Et Le Monde de s’inquiéter d’un « Phénomène rarissime » : « La durée moyenne de la vie est de 77,8 ans, soit 1,2 mois de moins qu’en 2007. Une donnée en apparence peu spectaculaire, mais très significative : c’est la première fois qu’un tel recul est constaté depuis 1993. Depuis 1970, l’espérance de vie des Américains augmentait en moyenne de 2,6 mois par an. L’explication du phénomène tient exclusivement à un accroissement de la mortalité chez les plus de 85 ans ». Tiens, l’Amérique laisse crever ses vieux. Le grand soir commente : « L’article compare l’espérance de vie aux USA à celle d’autres pays dont deux pays du continent américain (dirigés par la droite) : le Chili (où l’on vit un an de plus) et le Costa-Rica (deux ans de plus) ». Or« D’après la Banque mondiale, on vit désormais un an de plus à Cuba qu’aux USA alors qu’on y mourait environ 6 ans plus tôt quand le peuple insulaire expédia son dictateur chez l’Oncle Sam. Au bout d’un demi-siècle de blocus pimenté d’attentats, de sabotages et d’une tentative d’invasion armée, l’île «du crocodile vert» offre à sa population de vivre 15 ans de plus qu’en 1960, et plus longtemps que les riches citoyens de son belliqueux voisin. » Mais de cela, nulle mention dans le papier du journal d’Eric Fottorino*. Explication du Grand soir : « La règle d’airain à laquelle le «journal de référence» (sic) ne déroge JAMAIS est la suivante : écrire uniquement à charge sur Cuba ». Touché !
*Fottorino a récemment été mis à l’écart du directoire et ses jours sont désormais comptés à la tête de la rédaction.
25 décembre 2010
Mediator : demandez l’addition !
08 h 00 – Les chiffres sortent dans L’Alsace : « Une note confidentielle de l’Unocam, qui réunit les fédérations d’assurances et mutuelles complémentaires, révèle que le Mediator, ce médicament utilisé comme coupe-faim qui aurait fait de 500 à 2000 morts, a coûté 423 millions d’euros en dix ans à la Sécurité sociale et aux complémentaires santé. Les experts de l’Unocam estiment que «l’assurance maladie a dépensé 324,89 millions d’euros au titre du remboursement de ce médicament», selon le quotidien Aujourd’hui en France. L’addition réglée par les mutuelles et assurances se monterait, elle, à 98,71 millions d’euros. Les experts de l’Unocam s’étonnent de «l’octroi par les autorités d’un taux de remboursement de 65%, en totale inadéquation avec le niveau de service médical rendu (SMR) qualifié d’«insuffisant» par l’autorité de santé.» Ben oui, c’est étonnant. Ou pas, quand on connaît les liens de Servier avec Sarkozy !
Par ailleurs, Jean-Daniel Flaysakier, rédacteur en chef adjoint à France 2, spécialiste des questions de santé, s’indigne sur son blog dans un billet explicitement titré Mediator : on mutualise les dépenses mais on privatise les bénéfices : « La prise en charge intégrale par l’Assurance Maladie des personnes ayant pris du Mediator pose, au moins, deux questions : pourquoi est-ce à chacun d’entre nous d’assurer des dépenses liées à une série de défaillances et d’erreurs souvent évitables ? Pourquoi, aussi, ne pas impliquer le fabricant dans ces dépenses ? (…) le Médiator va générer, malgré son retrait du marché, des coûts indirects conséquents. Visites chez le médecin puis échocardiographies. Cet acte est coté près de 100 euros, 95, 60 euros exactement. Des centaines de milliers de personnes sont théoriquement concernées par le conseil d’aller voir un médecin et de faire des examens complémentaires. On va donc imposer des dizaines de millions d’euros de dépenses supplémentaires à notre système déjà bien malade. Une goutte d’eau, certes, face au déficit colossal de la branche maladie. Mais, en même temps, on restreint certaines prestations pourtant utiles pour des personnes faibles ou malades. Ces dépenses indirectes liées à la prescription de Mediator sont le résultat dans au moins un tiers des cas, voire 40 %, d’une prescription dévoyée d’un médicament déjà peu utile dans son indication principale. Des médecins ont triché, prescrivant ce produit comme anorexigène, c’est-à-dire comme coupe-faim. Ces médecins n’ont pas respecté les règles. Ils ont prescrit sur des ordonnances usuelles, alors que les ordonnances pour diabétiques sont dites ‘bi-zones’, parfaitement distinctes d’une ordonnance classique. Elles n’auraient pas dû faire l’objet d’une délivrance en pharmacie ni d’un remboursement par les Caisses primaires. On peut savoir qui a prescrit dans les trois dernières années et qui, donc, a triché. La défaillance des pouvoirs publics est assez évidente pour qu’on ne s’y attarde pas. Mais ces pouvoirs publics ont choisi de demander à chacun d’entre nous qui cotisons pour l’Assurance Maladie de prendre en charge ces dépenses supplémentaires. Pourquoi ne pas avoir prendre les sommes nécessaires sur des ressources budgétaires autres, notamment en les imputant en
partie sur le remboursement du bouclier fiscal, par exemple ? Populiste ? Oui, mais j’assume. Enfin, il est impensable d’imaginer que Servier ne soit pas concerné dans ces dépenses. (…) Dans le cas du Mediator, Servier aura engrangé pendant plus de trente ans les bénéfices de ce médicament et, quand on finit enfin par se rendre compte du désastre, on ne demande rien à ce laboratoire. Comment la CNAM et les mutuelles peuvent-elles accepter cela ? Des médecins qui trichent, un laboratoire pharmaceutique qui nie l’évidence, un pouvoir politique qui se défausse sur le système de protection sociale, voilà une nouvelle illustration de cette France éternelle qui accumule les scandales sans jamais en tirer les leçons. »
24 décembre 2010
Notre conte de Noël : Tristan et les licornes
12 h 15 – Le fils de l’universitaire Michel Mendès France et petit-fils de Pierre Mendès France répond sur Twitter à notre dernier libelle concernant le 11 septembre, Ultime frontière du tabou médiatique. A travers son message, nous voici en lien cosmique avec le grand PMF, tout le plaisir est pour nous. Mais le moins que l’on puisse dire est que son journaliste blogueur de petit-fils, chroniqueur occasionnel sur France Culture comme dit Wikipédia, n’y va pas par quatre chemins pour exprimer son désaccord. Lisez plutôt.
Ou comment, en une phrase – Twitter oblige -, déconsidérer avec mépris des centaines de chercheurs tout à fait sérieux, des témoins de bonne foi et d’une façon générale tous ceux qui osent interroger les « bizarreries » de la version officielle, dûment amalgamés aux nombreux dingues qui – c’est vrai – hantent aussi (forcément) les rangs des cyber truthers. « Ridicule », l’épithète est oiseuse. Les très étranges éléments négligés par une enquête particulièrement partiale, dictée par l’administration Bush dont la propension au mensonge est avérée par ses fausses armes de destruction massive irakiennes, ne sauraient être débattus dans les médias : pour TMF, il faudrait gober tout cru et dans le moindre détail ce que nous ont raconté cette bande de cyniques et criminels manipulateurs, le FBI en tête, qui a systématiquement refusé d’explorer les pistes reliant les délits d’initiés aux terroristes, liens pourtant existants, avec le rôle trouble d’une famille nommée Ben Laden par exemple… Si l’on ose seulement suggérer que dans le rapport de la Commission d’enquête fédérale se trouvent a minima un paquet de bobards, on est « ridicule ». Avec la comparaison qui tue : on est aussi ridicule que si l’on croit en l’existence des licornes ! En fait, Monsieur Mendès France nous traite d’autorité de parfaits abrutis ! Ce sera très dur de vivre avec ça mais après tout, au moins, ça nous aura donné un si joli titre, digne d’un conte de Noël : Tristan et les licornes.
Le labo du Mediator, « client historique » de l’avocat Sarkozy
10 h 13 – Turbulences en vue à l’Elysée : « Si Nicolas Sarkozy souhaite la « transparence la plus totale » dans le traitement du dossier du Mediator, comme il l’a affirmé, mercredi 22 décembre, « [il] devra peut-être opérer quelques ruptures », avance Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne. Interrogé par Le Monde.fr, ce député, qui dénonce depuis plusieurs mois la dangerosité du médicament, évoque en effet les liens entre Jacques Servier, fondateur et PDG des laboratoires Servier, qui commercialisaient le Mediator avant son interdiction, et l’avocat d’affaires que fut le chef de l’Etat. » Il fait allusion aux révélations que résume Le Monde : « Dans un article publié jeudi 23 décembre (ici en payant), Libération explique qu’en tant qu’avocat d’affaires, M. Sarkozy a travaillé « pour le compte de Servier, à l’époque un tout petit labo français ». L’actuel président de la République devient ensuite « le conseil du laboratoire en matière de droit des sociétés et de droit de l’immobilier ». Le quotidien cite un « proche du chef de l’Etat » qui qualifie Servier de « client historique » de Nicolas Sarkozy. Des liens qui s’inscrivent dans la durée : selon Libération, à « la fin des années 90, début 2000, Jacques Servier vient consulter Sarkozy au sujet de son projet de fondation ». Une fondation saluée neuf ans plus tard, lorsque Nicolas Sarkozy remet les insignes de la grand-croix de la Légion d’honneur à Jacques Servier. A cette occasion, il déclare : « Vous avez fait de votre groupe une fondation ; Raymond [Soubie, ancien conseiller de M. Sarkozy à l’Elysée] et moi, on y a joué un rôle. » Une relation gênante lorsqu’on sait que le gros Bertrand, en tant que ministre de la Santé, a maintenu en 2006 le Mediator sur la liste des médicaments remboursés, alors que les autorités sanitaires attiraient son attention sur son inefficacité thérapeutique. Il a refusé sur France Inter d’expliquer cette décision, comme le détaillait notre long article publié sur plumedepresse canal historique. Etait-ce parce qu’elle lui était dictée par le chef de l’Etat ?
23 décembre 2010
Gérard Filoche : « le but est de supprimer le Smic »
23 h 59 – Pourquoi n’augmente-t-on pas les salaires dans ce pays, bon sang ? En commençant, pour l’urgence sociale et son effet d’entraînement, par le plus bas d’entre tous, le salaire minimum ! Alors qu’il faut rendre du pouvoir d’achat aux pauvres pour ne pas asphyxier l’économie toute entière : il sera aussitôt dépensé et donc réinjecté. Au lieu de quoi leurs politiques d’austérité ne vont qu’aggraver la crise (systémique). Augmenter le Smic, donc. Mais qu’avancent le Medef et ses larbins politique de l’UMP pour refuser cette juste augmentation ? « Le prétexte serait de ne pas pénaliser l’emploi ou la hiérarchie des salaires, parce que le Smic serait tropcontraignant, trop élevé, etc., résume Gérard Filoche sur son blog. C’est évidemment faux puisque que les cotisations sociales des employeurs ont baissé de 40 à 14% depuis 1993. La moyenne de nos salaires, non seulement, n’est pas trop élevée, mais elle est dans la moyenne de ceux de l’Union européenne. Dans un pays comme l’Espagne ou les salaires sont plus bas, il y a davantage de chômage, dans les pays scandinaves ou les salaires sont plus élevés, il y en a moins. Ce sont les pays les plus pauvres qui ont des durées du travail plus élevées. » Revenons à la question de départ : augmenter le Smic. La France en a-t-elle les moyens ? Sans aucun doute pour le leader socialiste, qui dégaine une belle batterie de chiffres : « Selon une étude du cabinet Proxinvest, diffusée le 14 décembre, le salaire des patrons du Cac 40 était en 2009 de 3,06 millions d’euros en moyenne, stock-options comprises, soit 191 fois le Smic annuel. Avec Liliane Bettencourt, François Pinault, Bernard Arnault, etc. l’Hexagone est le 3ème pays des millionnaires, avec 2,2 millions de millionnaires, soit 9% du total mondial. Selon le Rapport 2010 sur la richesse mondiale de l’Institut de recherche de Crédit Suisse, la richesse par adulte en France a triplé entre 2000 et 2007. Alors que 0,5% de la population possède 35.6% des richesses mondiales, les Etats-Unis sont en tête avec une richesse évaluée à 54 600 milliards de dollars, devant le Japon (21 000 milliards de dollars), la Chine (16 000 milliards de dollars) et la France est la première nation européenne (4ème rang) avec 12 100 milliards de dollars, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les profits, pendant la crise financière et économique mondiale ont «amputé de moitié la croissance mondiale des salaires en 2008 et 2009», d’après un rapport du Bureau international du Travail (BIT) publié le 15 décembre. (…) la masse salariale des entreprises, en 2008, ayant baissé de 9,9%, en 2009 en plein cœur de la crise, les dividendes ont progressé de 3%. » Donc si l’on suit bien, la France est objectivement un pays riche et le refus d’augmenter les salaires sanctionne l’injustice de la (non) redistribution des richesses. Et au lieu du fameux coup-de-pouce annuel, que jamais Sarkozy n’a accordé depuis qu’il fut élu président des riches, pour Filoche, le but de la droite est carrément de supprimer le Smic ! « Le 28 février 2010, à Blois, Fillon s’était autocritiqué d’avoir cautionné sous le gouvernement Raffarin une hausse trop rapide du Smic et depuis 5 années, il réappauvrit donc sciemment les plus bas salaires. C’est un choix délibéré, comme ce fut le cas aux USA sous les présidences Reagan et Bush, d’organiser le déclin du Smic. Le but est de le supprimer comme le Medef le préconise. L’opération est masquée, mais elle se déroule inexorablement ». On est vraiment mal barré.
BHL attaqué pour diffamation
23 h 20 – « Ce nouveau rapprochement rouge-brun qui voit les crânes rasés du Bloc identitaire fricoter, sur le dos des musulmans de France, avec tel ancien du Monde diplo, Bernard Cassen », fustige, monté sur ses grands cheveux, Bernard-Henri Lévy dans Le Point. Manque de bol pour le philosophe médiatique, c’est Pierre Cassen, l’ancien trotskyste qui a viré jusqu’à l’extrême droite des excités du saucisson de Riposte laïque, et Bernard Cassen, effectivement ancien du Diplo mais aussi co-fondateur d’Attac, n’a absolument rien à voir dans cette histoire. Alors, furieux, il annonce qu’il va porter plainte. « Bernard Cassen a également adressé un mail à Eric Fottorino, en temps que membre du directoire du groupe Le Monde, pour lui signaler « les élucubrations d’un membre de votre conseil de surveillance », racontent les Inrockuptibles. « Seul mon nom et ma qualité au Monde Diplomatique correspondent à la réalité. Tout le reste est une fabrication pure et simple. […] On aurait cependant attendu de M. Lévy, qui a très souvent signé dans le quotidien, qu’il respecte les normes minimales de la profession, et tout particulièrement celles inscrites dans la « Charte d’éthique et de déontologie du groupe Le Monde », balance Cassen. Mais la déontologie et Lévy… Nous sommes certes le 23 décembre mais nous ne croyons plus au père Noël !
22 décembre 2010
Le délinquant de l’Intérieur à nouveau attaqué en justice : Hortefeux, jamais deux sans trois ?
20 h 56 – Lu sur Métro : condamné à deux reprises par la justice comme nous le rappelions il y a peu, « Brice Hortefeux est de nouveau visé par une plainte. Julien Bayou, jeune élu Europe Ecologie – Les Verts et membre de plusieurs collectifs tel que Jeudi Noir, a déposé une plainte auprès du Parquet de Paris contre le ministre de l’Intérieur. Il accuse ce dernier « d’entrave à la justice » et « atteinte à son indépendance » après ses propos sur la condamnation de sept policiers de Bobigny, le 10 décembre dernier. Des peines de six mois à un an de prison ferme avaient été prononcées à leur encontre. Les policiers avaient menti en accusant un automobiliste d’avoir renversé l’un d’eux. [Il risquait de ce fait la perpétuité, et il a été ensuite tabassé pour faire bonne mesure, NdA] Dans les faits, lors d’une course poursuite, le policier avait été percuté par la voiture de ses collègues. Brice Hortefeux avait jugé les condamnations « disproportionnées ». « J’estime que ces propos jettent publiquement le discrédit sur la décision de justice du tribunal de Bobigny (…), que ces commentaires sont de nature à exercer des pressions en vue d’influencer le jugement de la cour d’appel » de Paris qui doit rejuger ces policiers, a indiqué Julien Bayou. On a un membre de l’exécutif, ministre responsable des forces de l’ordre de surcroît, qui a pris le soin de faire écrire un communiqué de presse, de le relire et l’approuver, puis de confirmer ses propos deux jours plus tard. » Durant l’affaire, un jeu de déclarations s’était engagé entre le ministre de la Justice, Michel Mercier, qui avait rappelé à l’ordre Brice Hortefeux et l’intéressé, qui avait réitéré ses propos sur I-télé en les confirmant, les revendiquant et les assumant. François Fillon avait alors mis terme à la discorde, jugeant les délits commis par les policiers « injustifiables. » Faisons confiance à la justice de notre pays : le procureur de Paris, qui décidera en toute indépendance vis-à-vis de son pouvoir hiérarchique gouvernemental de classer ou pas la plainte, est ce cher Jean-Claude Marin, bien connu des plumonautes…
Jacob et Copé : si on n’a plus le droit de mentir…
19 h 15 – Ah ils sont beaux nos Récho et Frigo ! Nous vous avions laissé hier sur une « saloperie parlementaire » UMPiste, nous voici de retour avec le même sujet mais une autre affaire et de nouveaux protagonistes : « C’est un suicide politique en direct ! » tonitrue Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne et héraut de « Debout la République », visant Christian Jacob et Jean-François Copé. « Le nouveau président du groupe UMP à l’Assemblée et son prédécesseur ont tenté de s’opposer à l’incrimination de la fausse déclaration de patrimoine par un député », résume Rue89. Stupéfiant dans le style magouilleur décomplexé ! « Pourtant soutenu par le désormais secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, son amendement a été sévèrement contesté par les députés UMP qu’il est censé diriger. Il faut dire que la raison de son dépôt demeure pour beaucoup un mystère. Dans l’état actuel du droit, un député qui oublie de faire sa déclaration de patrimoine est sanctionné ; pas celui qui en fait une, mais fausse. Pour y remédier, la commission des lois de l’Assemblée a ajouté le 8 décembre un article au projet de loi organique relatif à l’élection des députés : le député qui omet « sciemment » de déclarer une partie de son patrimoine ou fournit « une évaluation mensongère » pourra se voir infliger par la Commission pour la transparence financière de la vie politique (CTFVP) 30 000 euros d’amende, une peine d’inéligibilité et deux ans de prison.« C’en est trop pour Pif et Gadget ! « Tollé dans les rangs de l’opposition, mais aussi de la majorité. Suspension de séance et réunion de crise du groupe UMP. Un compromis est au final trouvé : l’infraction est maintenue, mais expurgée de la peine de prison. Sans que la polémique ne soit éteinte pour autant. » En effet. « Le Nouveau Centre s’est dit partout scandalisé. Et même quelques députés UMP ont osé exprimer tout haut leur malaise, à l’image du villepiniste Jean-Pierre Grand : « C’est politiquement maladroit et naturellement dévastateur. Le peuple ne comprend pas et moi non plus. Ça crée la suspicion. C’est d’une telle stupidité que c’est choquant ! » Allons bon. Voilà que le Nouveau centre se scandalise, on aura tout vu. « Certes, devant le tollé suscité, ils ont été obligés de céder partiellement, mais ce n’était donc pas la question de la prison qui était contestée par Christian Jacob et Jean-François Copé ; c’était bien celle de la création d’une nouvelle infraction, de l’incrimination du mensonge. » Ben quoi, si on n’a plus le droit de mentir… « Lire ce commentaire « off » de François Fillon, rapporté ce mercredi par Le Canard enchaîné : « Hallucinant ! A se demander si Copé n’a pas omis quelque chose dans sa déclaration de patrimoine et veut se protéger. Après l’histoire de sa rémunération d’avocat, ça fait vraiment petits arrangements entre
amis. » Ça flingue entre les dignitaires du royaume de la Sarkozie ! Synthèse du député René Dosière, apparenté socialiste spécialisé dans les dépenses de l’Elysée et du gouvernement : il accuse le patron de l’UMP de « freiner des quatre fers à chaque fois que l’on parle de transparence. » Sur la radio de service public, il a même supposé en substance que Copé préférait qu’on ne regarde pas de trop près son propre patrimoine, pour ne pas qu’on se rende compte qu’il a gagné beaucoup d’argent, peut-être parce qu’il a justement… gagné beaucoup d’argent ! En attendant, toute l’histoire n’est pas finie : un vote sur l’ensemble du texte interviendra le 12 janvier à l’Assemblée.
21 décembre 2010
Billet exclusif réservé à nos abonnés
Magouille : sous couvert de « clarification », le Sénat veut quasiment légaliser la prise illégale d’intérêt !
16 h 08 – Regardez-moi cet air jovial et sympathique, cette belle moustache à l’allure si « terroir »… On lui donnerait le bon dieu sans confession, à ce brave Bernard Saugey, sénateur UMP de l’Isère. Pourtant, comme nous sommes ici sur le Kiosque, dans l’intimité du Club des plumonautes, nous pouvons l’écrire sans (trop de) crainte d’un procès : ce type-là est l’auteur d’une véritable crapulerie ! Le 14 décembre dernier, comme le rapporte le site Les mots ont un sens (LMOUS), les sénateurs ont réintroduit un amendement déjà voté le 24 juin dans le cadre d’une loi intitulée « Simplification et amélioration du droit » – tu parles d’une amélioration ! Mais « Ce texte très attendu par les élus n’est toujours pas inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Il est donc nécessaire de rappeler au gouvernement qu’il y a urgence », explique son collègue Jacques Mézard, tandis que Saugey déclare en souriant, fier de son bon coup : « Je ne peux m’opposer à une proposition de loi dont j’étais l’auteur ! » De quoi s’agit-il ? D’une loi « visant à clarifier le champ des poursuites de la prise illégale d’intérêt ». Tiens donc ! En l’espèce, la simple substitution d’une formule par une autre : « Au premier alinéa de l’article 432-12, les mots : «un intérêt quelconque» sont remplacés par les mots : « un intérêt personnel distinct de l’intérêt général. » Le sénateur socialiste Richard Yung, naïf* (?), prend alors la parole : « La proposition de loi va dans le bon sens. J’ai cependant encore une hésitation. Qu’est-ce qu’un «intérêt personnel distinct de l’intérêt général» ? » Réponse de Saugey : « Vous l’avez votée le 24 juin ! Elle revient parce que le texte, voté ici à l’unanimité, n’a pas été inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. On ne sait pas ce que veut dire en droit un «intérêt quelconque». Nous utilisons une sorte de subterfuge pour accélérer l’adoption de la loi… » Eh oui, voté à l’unanimité, PS compris… Quant à la réponse « juridique » de Saugey, c’est n’importe quoi : un« intérêt quelconque », c’est un intérêt quel qu’il soit. En quoi la formule « intérêt personnel distinct de l’intérêt général » serait-elle plus pertinente, juridiquement parlant ?
En réalité, le remplacement d’une formule par une autre obéit à des motivations inavouables, détaillées par un précédent article de LMOUS : « La prise illégale d’intérêt sanctionnant l’appauvrissement de la collectivité, le délit peut donc être constitué sans enrichissement personnel ! Si l’élu tire bénéfice de son acte, l’on parlera alors de corruption passive. Nuance de taille. (…) « L’effet de cette loi serait donc de dépénaliser les situations ou l’élu favorise un tiers avec qui il n’a pas de lien personnel. Favoriser son épouse, son fils ou son beau-frère resterait puni, mais plus, par exemple et au hasard, le fait de faire en sorte qu’une partie des fonds publics que l’on gère favorise son parti politique » affirme Maître Eolas. (…) L’on se permettra d’ajouter que cette nouvelle rédaction laisse aussi le champ libre à l’enrichissement personnel qui ne se ferait pas au détriment de l’intérêt général. Exemple : si un maire bénéficie des largesses d’une entreprise privée concomitamment en affaire avec sa commune, l’élu pourra toujours arguer que sa collectivité n’y a rien perdu, voire qu’elle y a gagné, pourquoi pas. Aussi simple. » La position du nouveau garde des Sceaux tient en un mot que lâche Michel Mercier, au nom du gouvernement : « Favorable ». Précisons que Saugey, qui endosse la paternité de cette loi ouvrant la porte à toutes les magouilles, et notamment au financement occulte des partis politiques, a été élu en mars dernier membre de la cour de Justice de la République, qui juge les ministres accusés de délits commis dans le cadre de leurs fonctions. Cour devant laquelle pourrait se retrouver Eric Woerth, justement soupçonné de… prise illégale d’intérêt ! L’ancien ministre peut dormir tranquille, avec des juges de l’acabit du sénateur de l’Isère, si motivé à couvrir ses petits copains qu’il a pondu une loi sur mesure. Le compte-rendu du Sénat se termine ainsi : « L’amendement n°57 rectifié bis est adopté. L’article 114, modifié, est adopté. L’article 115 est adopté. » Voilà, c’est fait. A l’Assemblée nationale de jouer, à présent. Comptez sur nous pour vous en reparler quand elle s’avisera de faire passer ce texte scandaleux !
*Sur son blog, Richard Yung consacre un article à cette loi, sans mentionner son volet concernant la prise illégale d’intérêt. Nous l’y avons interpellé, notre commentaire est en ligne mais il n’y a pas répondu.
Une société du Cac 40 sur quatre ne paie pas d’impôt : hold-up sur les finances publiques
11 h 59 – Alors que le gouvernement n’a que la réduction des déficits publics à la bouche et a engagé dans cette optique une politique d’austérité sans précédent, il réduit drastiquement les dépenses tout en refusant comme toujours de s’attaquer réellement au problème de l’insuffisance des recettes : l’inique bouclier fiscal est par exemple maintenu, de même que l’aberrante défiscalisation des heures supplémentaires – dans une conjoncture de chômage de masse ! C’est dans ce contexte que le Journal du dimanche a publié le 19 décembre une enquête sur l’imposition des grandes entreprises françaises, ainsi résumée par Libération : « Une entreprise sur quatre cotée au CAC 40 a échappé en 2009 à l’impôt sur les bénéfices en France ». Le quotidien cite quelques exemples emblématiques : « Total, malgré un bénéfice mondial de plus de 8 milliard d’euros, n’a pas eu à débourser un seul centime dans l’Hexagone. Même chose pour Danone, Suez, Essilor ou Saint-Gobain. Si cela surprend, c’est en fait légal, «ces sociétés ne font qu’appliquer le code des impôts», comme l’explique le JDD. En théorie, le taux de l’impôt est à 33% sur les bénéfices, mais il existe de nombreux dispositifs fiscaux pour passer entre les mailles du filet. Selon le rapport du Conseil des prélèvements obligatoires, publié en octobre, les entreprises épargnaient 66,3 milliards d’euros en 2009 contre «seulement» 18,5 milliards en 2005, grâce aux différents régimes et niches. Les sociétés du CAC 40 seraient donc taxées en moyenne à 8% sur leurs profits, contre 22% pour les PME, qui ne maîtrisent pas forcément toutes les subtilités du code des impôts. (…) Au final, entre le report illimité des pertes, l’intégration fiscale, la déductibilité des intérêts, le régime fille-mère, la «niche Copé», qui exonère les cessions de participation à long-terme, ou le crédit impôt-recherche, la plupart des entreprises s’y retrouvent, aux dépens de l’Etat français. » Intéressant d’observer la réaction du ministre du Budget, François Baroin : il « estime qu’aujourd’hui l’impôt sur les sociétés est devenu «un impôt de chagrin.» Nous parlerions plutôt pour notre part d’un hold-up sur les finances publiques perpétré avec la complicité de nos dirigeants ! Baroin compte-t-il pour autant agir ? Nous n’y croyons pas un instant, tant ce pouvoir a constamment prouvé à quel point il pratique une politique au service des intérêts du Medef. Et qu’en dit justement le syndicat patronal représentant ces grandes entreprises ? Alors que son discours ressassé ad nauseam fustige les « charges accablantes qui plombent la compétitivité », comment va-t-il justifier le défaut total d’imposition d’une société du Cac 40 sur quatre ? On vous le donne en mille : en se plaignant en substance des… « charges accablantes qui plombent la compétitivité » ! Lisez les termes précis repris par Libération : « Pour le Medef, ces nombreuses niches fiscales sont une juste compensation aux trop nombreuses taxes sur les sociétés ». Vous avez bien lu : « une juste compensation » qui permet à 25% des entreprises françaises faisant le plus de profit d’échapper carrément à l’impôt ! Pour mémoire, les sociétés du Cac 40, dont les patrons ont perçu en moyenne l’an dernier 173 fois le Smic, ont dégagé en 2009 près de 50 milliards d’euros de profits et elles ont doublé ces mêmes profits au 1er semestre 2010.
20 décembre 2010
Hortefeux et les policiers condamnés de Bobigny : la négation de l’Etat de droit
23 h 02 – Sous le titre de La forfaiture ou le mépris répété des lois les plus intimes de la République, Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, signe un Point de vue au vitriol dans Le Monde : « Selon la justice quelques policiers construisent de toutes pièces un dossier qui risque d’envoyer un homme en prison pour des années, cet homme aurait été de plus, c’est un comble, victimes de sévices. Ils sont condamnés à de la prison ferme. Et voici que le ministre de l’intérieur, le préfet, des syndicats de policiers hurlent. Non contre ces hommes qui ont trahi, de la manière la plus grave qui soit, la confiance de la nation mais contre les galeux qui ont rendu cette décision : les juges. (…) En l’espèce, et sous réserve de ce que dira la Cour d’Appel, ce qui est en cause, c’est probablement le fait le plus grave que l’on puisse reprocher à un homme ou une femme détenteur des pouvoirs de police : travestir sciemment la réalité afin de se protéger et d’obtenir la condamnation d’un innocent. C’est tout l’édifice de la morale publique, de la légalité républicaine et de l’état de droit qui se fissure. Tout simplement parce que le lien de confiance disparaît, parce que la sûreté des citoyens n’est plus garantie. Que des syndicats ne comprennent pas cela, même s’ils sont légitimes à exprimer leur exaspération face à leurs conditions de travail, est déjà d’une exceptionnelle gravité. Le plus difficile et le plus long à mettre en œuvre sera de reconstruire la confiance entre la police et la population. De cet uniforme fait pour attiser la crainte, aux pouvoirs démesurés qui lui a été confiés en passant par la mise en coupe réglée d’une hiérarchie qui doit tout à ses maîtres politiques, l’on est loin de la force publique « instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ». Que ces manifestations déplacées trouvent le secours d’un préfet et d’un ministre de l’Intérieur touche aux fondements de la démocratie. Si l’on avait besoin de la confirmation que les plus hautes autorités politiques sont prêtes à nier les règles de tout Etat de droit, voici qui l’atteste. Ce mépris répété des lois les plus intimes de la République a un nom : la forfaiture. Sa force n’est que politique mais il amène à poser la question de la légitimité d’un pouvoir, certes élu, mais sans éthique et sans principes. Le ministre de l’Intérieur devrait donc démissionner et il ne le fera pas. Là est bien la preuve que notre démocratie n’en est plus tout à fait une. »
Luc Ferry et Marine Le Pen : la philosophie de droite est un humanisme !
06 h 50 – Stupéfiant dialogue sur LCI entre le philosophe et ancien ministre de droite Luc Ferry et le journaliste Jacques Julliard (depuis peu à Marianne, après 32 ans au Nouvel Observateur) : « Moi, après tout, j’ai pas plus contre Marine Le Pen que contre Besancenot. Au fond, je veux dire… c’est pour moi à peu près équivalent, bon », ose Ferry. Contradiction de Jacques Julliard : « Ah, moi, je dirais pas ça… Mais allez-y, d’accord ». Ferry reprend : « Enfin moi j’aime mieux Marine Le Pen ». Julliard éclate de rire. Croit-il alors à une plaisanterie ? Las, Ferry ne plaisante pas du tout : « Mais bon, peu importe, peut-être que vous aimez mieux Besancenot mais moi je crois qu’elle est plus raisonnable », poursuit-il. « Raisonnable », Le Pen ? « A peu près équivalent », Le Pen et Besancenot ? Entre celui qui réclame plus de justice sociale grâce à une meilleure répartition des richesses et celle qui veut mettre dehors les immigrés et propage la haine de l’autre, ce grand humaniste de Luc Ferry préfère la seconde. Vive la droite !
18 décembre 2010
Enseignement privé : pour l’UMP, pas de laïcité qui tienne !
23 h 59 – La fondation Terra Nova a publié le 17 décembre une longue note consacrée au budget de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui montre à quel point les services de Valérie Pécresse manipulent les chiffres de façon insincère pour faire croire à une augmentation miraculeuse des crédits. De cette démonstration très technique, à lire en intégralité ici, nous avons retenu la partie consacrée à une augmentation bien réelle celle-là : « Sur l’enseignement privé : la réponse de la ministre ne conteste pas l’augmentation de 50% en 4 ans des crédits de l’enseignement supérieur privé ! Depuis 2009, cette augmentation inédite d’un secteur très particulier a été justifiée par la contractualisation avec les établissements. Cet argument n’est pas recevable. Outre le fait qu’une contractualisation peut très bien se faire à moyens constants, les derniers documents budgétaires continuent de promettre le démarrage de cette politique mais aucun état d’avancement de la signature de ces contrats ne figure dans les documents budgétaires. A ce stade, un constat s’impose : l’augmentation très importante des crédits est réalisée sans contrepartie de la part de ces établissements, au moment même où les besoins financiers sont sans précédent concernant les autres établissements relevant du public. » Comme nous l’évoquions déjà dans l’une de nos Brèves du 9 décembre (à consulter plus bas sur cette même page), voici comment les hypocrites défenseurs de la laïcité de l’UMP ne la soutiennent que lorsqu’il s’agit de stigmatiser l’islam, tandis qu’ils continuent de façon scandaleuse à favoriser les catholiques !
Collomb fait expulser des Roms sous la neige
23 h 25 – « Le problème dans lequel s’est mis le président de la République c’est qu’aujourd’hui on ne va plus pouvoir procéder à aucune expulsion parce que c’est devenu une affaire pratiquement de droit européen et international, déclarait en septembre dernier ce bon Gérard Collomb, maire de Lyon solférinien de tendance strauss-kahnienne. S’il vous plait, Monsieur le président, ne stigmatisez pas des populations comme cela, c’est le meilleur moyen de ne plus pouvoir ensuite intervenir. Aujourd’hui, on va se trouver dans une situation plus difficile que celle qui existait auparavant. Nous, par exemple, on a une procédure qui vise une expulsion sur un terrain d’environ une centaine de Roms, j’espère qu’on va (pouvoir) mener dans le cadre des procédures les choses jusqu’au bout. » Mais aujourd’hui, la pression médiatique est heureusement retombée sur le dossier rom, aussi peut-il se faire plaisir : d’après Rebellyon, aucune autre source ne reprenant pour l’heure l’information, « ce vendredi matin, sous la neige, ce sont une soixantaine de personnes européennes, originaires de Roumanie, qui ont été jetées à la rue par Gérard Collomb, merdelyon. En effet Collomb venait de prendre un arrêté pour «menaces à la salubrité publique». (…) L’argument c’est qu’ils utilisent des cheminées existantes dans le bâtiment qu’ils occupent depuis octobre au 19, rue Laure Diébold dans le 9ème arrondissement. Ce bâtiment, sans électricité, est abandonné depuis plusieurs années et est voué à la démolition. Les cheminées fonctionnent normalement, de plus il y a de grandes fenêtres et de grands couloirs donc pas de risques d’asphyxie. » L’expulsion a été exécutée par la police « sous la neige ». Gérard Collomb : encore un nom qui fait honneur au parti « socialiste ».
17 décembre 2010
Julian Assange : un « viol » plus que douteux
19 h 04 – Imaginez que vous soyiez victime d’un viol dans la nuit du 13 au 14 août par un certain Julian. Ecririez-vous le lendemain sur Twitter : « Julian veut aller à une fête aux écrevisses, quelqu’un aurait-il deux billets disponibles pour ce soir ou demain ? » Et le surlendemain, depuis la fête en question, soit alors que vous êtes précisément avec votre violeur : « Je suis assise dehors (…) avec les gens les plus cool et les plus intelligents du monde, c’est génial ! » ? Ce sont pourtant deux messages postés sur le réseau social par l’une des deux jeunes femmes qui accusent Julian Assange, le créateur de WikiLeaks, de viol ! « Le lendemain du dépôt de plainte le 20 août, les deux messages ont été effacés de Twitter – mais pas du blog personnel de Mlle A., qui les aspire et les affiche automatiquement. Ils disparaitront du blog plusieurs jours plus tard, après que des internautes ont remarqué leur présence et posé des questions à ce sujet sur un forum », explique Le Monde. Cette affaire sent le coup monté à plein nez : WikiLeaks empoisonne les autorités américaines, qui rêvent de mettre la main sur son responsable pour le faire juger du chef d’espionnage. Cette double plainte pour viol – en réalité un peu particulière, puisque les deux femmes étaient consentantes pour un rapport sexuel mais avec préservatif, or Assange n’en a pas utilisé, ce qui lui vaut l’accusation de « viol » par la justice suédoise – tombe sacrément à pic. En résistance surveillée en Angleterre, le trublion redoute plus que tout une extradition aux Etats-Unis via la Suède… En attendant la suite des événements, le témoignage de la « victime » Melle A. apparaît en tout cas largement sujet à caution.
Hortefeux à nouveau condamné par la justice
18 h 26 – Et de deux ! Un record du monde : dans aucune autre démocratie, un ministre de l’Intérieur, poste qui le place à la tête de la police et en fait donc le garant du respect de la loi, n’a été… condamné par la justice, à deux reprises qui plus est, tout ça sans démissionner ! Eh bien le triste Brice Hortefeux permet à la Sarkozie de réussir cette prouesse. Après sa condamnation de juin dernier pour « injure raciale » – c’est l’affaire des « Auvergnats » (sic) -, voilà donc l’âme damnée de Sarkozy sanctionnée une seconde fois par un tribunal, cette fois pour « atteinte à la présomption d’innocence » : en marge de l’affaire Woerth-Bettencourt, « Interrogé sur les conditions dans lesquelles David Sénat [membre du cabinet de la ministre de la Justice d’alors, Michèle Alliot-Marie, NdA] avait été identifié par les services du contre-espionnage comme source possible du Monde, le ministre avait répondu qu’ «un haut fonctionnaire, magistrat, membre de cabinet ministériel, ayant donc accès à des documents précisément confidentiels, alimentait, selon ces sources, vérifiées, un journaliste sur des enquêtes». Ces propos «sont attentatoires à la présomption d’innocence de David Sénat», selon le jugement dont l’AFP a obtenu une copie. » Remarquez, il a de qui tenir : alors ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy n’avait-il pas déclaré : « On a arrêté Yvon Colonna, l’assassin du préfet Erignac » ? Le berger de Cargèse aurait dû porter plainte… Cette condamnation d’Hortefeux survient quelques jours à peine après qu’il s’est rendu coupable d’un autre délit, sanctionné par le code pénal : « le fait de chercher à jeter le discrédit publiquement sur une décision juridictionnelle dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance est constitutif d’un délit puni de plus de 6 mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende« (article 434-25). L’Humanité rappelle le contexte : « Sept policiers jugés à Bobigny pour avoir menti et accusé à tort un homme, ont été condamnés vendredi à des peines de 6 mois à 1 an de prison ferme ». Précisons que l’homme en question risquait, de ce fait, la perpétuité ! Et comment Hortefeux a-t-il réagi ? « Sans naturellement méconnaître la nature des faits qui ont été reprochés aux policiers, ce jugement, dans la mesure où il condamne chacun des sept fonctionnaires à une peine de prison ferme, peut légitimement apparaître, aux yeux des forces de sécurité, comme disproportionné ». Ce qui a fait écrire
à Roger-Gérard Schwartzenberg, président d’honneur du Parti radical de gauche : « Il serait souhaitable que le ministre de l’Intérieur respecte la Constitution et le code pénal. Critiquer publiquement le jugement rendu par le tribunal de Bobigny enfreint le principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs, qui interdit à l’exécutif de s’immiscer dans le fonctionnement de l’autorité judiciaire ». Si Hortefeux était jugé pour ce propos, il encourrait donc une troisième condamnation… Un délinquant multirécidiviste, en somme. « Auparavant, il y avait un jurisprudence qui voulait qu’un ministre mis en examen démissionne. Aujourd’hui, on peut être ministre de l’Intérieur et être deux fois condamné, et être inamovible à ce gouvernement », a réagi le porte-parole du PS, Benoît Hamon. Ça se passe comme ça en Sarkozie !
L’illustration La honte nationale provient de Sarkozyland.
16 décembre 2010
Dans notre rubrique Ferme ta gueule !, Robert Ménard
19 h 52 – L’ancien responsable de Reporters sans frontières, Robert Ménard, après un sujet consacré à l’assassin d’Anne-Lorraine Schmitt, a cru bon de déclarer, en direct sur I-Télé (vidéo ici) : « Parfois on regrette qu’il y ait pas la peine de mort, hein ! » Réplique immédiate – et exemplaire – du journaliste Julian Burgier, très sec : « Je ne suis pas d’accord avec vous, Robert ». Et l’autre d’insister : « Ouais mais quand même… » Le co-animateur lui cloue alors le bec : « Rien ne justifie qu’on enlève la vie, à mon sens. Merci Robert. » Ce Ménard est vraiment un sombre connard triste sire.
Israël cause « la pire humiliation nationale pour les États-Unis »
18 h 34 – Connaissez-vous Christopher Hitchens, chroniqueur américain à Vanity Fair et journaliste associé à la Hoover Institution de Stanford, Californie ? En voilà un qui n’a pas peur d’appuyer là où ça fait mal, y compris sur des sujets sensibles comme le conflit israélo-palestinien. Lisez plutôt cet extrait de son article Kissinger est définitivement une ordure (rien que ce titre !), publié par Slate : « le Premier Ministre Benjamin Netanyahou [est] dépendant d’une coalition qui [a] offert des portefeuilles ministériels à des partis politiques aux idéologies délirantes. J’ai donné les exemples d’Israel Beytenou, le groupe ultra-nationaliste dirigé par le Ministre des Affaires Étrangères Avigdor Lieberman, ainsi que Parti orthodoxe religieux du Shass, mené spirituellement par le détraqué Rabbi Ovadia Yossef. Les membres de ces groupes ont beau être «fanatiques», ils n’en sont pas moins à la tête de ministères stratégiques, y compris ceux gérant le processus d’«implantation». Depuis mes derniers écrits à son sujet, Rabbi Yossef a encore accaparé l’attention en attribuant la responsabilité des catastrophiques feux de forêt dans le Nord d’Israël aux Juifs qui ne respectent pas le Shabbat comme il faut. Et le ministre de l’Intérieur du pays, un membre du Shass du nom d’Eli Yishaï a refusé les équipements anti-incendies venant d’organisations chrétiennes, de peur qu’ils n’en profitent pour détourner les Juifs vers le culte du nazaréen. Ce sont des hommes avec une telle mentalité qui se sont vus proposer une aide américaine de 3 milliards de dollars, plus toute une gamme de soutiens diplomatiques, en échange de la suspension pendant un mois de la construction de nouvelles implantations, un non-gel qui n’impliquait même pas Jérusalem ! Et ils l’ont refusé parce qu’il n’était pas encore assez bien pour eux. Il est difficile de dire où se trouve la pire humiliation nationale pour les États-Unis : dans la méprisable offre initiale ou dans son méprisant refus. »
Vive l’impôt !
09 h 50 – Très intéressant article signé Sylvain Gouz sur Rue89, sous le titre de Les prélèvements obligatoires qui seraient trop élevés, un faux alibi : « Voilà donc lancée l’esquisse de l’amorce d’un début de réforme fiscale en France, avec le groupe de travail installé il y a peu par le Premier ministre. Objectif : réfléchir à la suppression concomitante du bouclier fiscal et de l’impôt sur la fortune et à l’introduction éventuelle d’un nouvel impôt -car l’opération doit être neutre pour les finances publiques. Pas question d’augmenter les impôts puisque -argument suprême- les prélèvements obligatoires sont déjà trop élevés dans notre pays, nous dit-on. C’est à ce dernier «canard» qu’il faut tordre le coup. D’abord parce que selon les dernières comparaisons disponibles auprès de l’OCDE, la France n’est pas «la championne du monde» des prélèvements, comme le laissait entendre récemment le président de la République : parmi les pays développés, notre pays se place au cinquième rang derrière le Danemark, la Suède, la Belgique et la Norvège, à peine devant l’Italie et l’Autriche… Peut-on prendre les pays du nord comme des modèles en matière de relations sociales, mais les oublier lorsqu’on parle des prélèvements ? (…) ces impôts et ces cotisations sociales ne tombent pas dans un puits sans fond. La quasi-totalité -aux gaspillages près- est redistribuée sous forme de services publics (des routes, des écoles, des hôpitaux…), pour ce qui concerne les impôts, nationaux ou locaux, et de prestations (famille, santé, vieillesse…), pour ce qui est des cotisations sociales. Il s’agit ainsi pour les Français de financer des services, sans doute rendus obligatoires, mais surtout « collectifs ». En ce sens, la part de ces « financements collectifs » dans la richesse produite peut aussi être considérée comme un marqueur du développement d’une société. Et donc «vive les prélèvements obligatoires !» (…) A dire vrai, le fond de l’affaire n’est donc pas dans le montant du total des différents impôts, taxes, cotisations et autres primes diverses, obligatoires ou non mais bien plutôt dans leur impact sur la redistribution des revenus et des richesses. Redistribution à laquelle la gauche comme la droite (de Mitterrand «trop d’impôts tue l’impôt» à Sarkozy) se sont refusé à toucher précisément au nom de ces sacro-saints prélèvements obligatoires. » Voilà bien souligné le vrai problème de notre pays – pas la burqa, ni les musulmans qui prient dans la rue, ni l’identité nationale : la redistribution des richesses. Et nous avons un long chemin à parcourir en la matière puisque, comme l’écrit Sylvain Gouz : « rappelons que la France se situe au 21ème rang (sur 29 pays développés) pour la part de l’impôt sur le revenu – le seul progressif – dans la richesse nationale ». Voilà aussi pourquoi il faut se battre contre une soi-disant TVA « sociale », quand cet impôt-là, justement, en ce qu’il frappe de la même façon riches et pauvres, sans tenir compte de leurs ressources, est profondément antisocial ! L’illustration ci-dessous, piochée chez SarkozyNews, est parfaite pour conclure :
15 décembre 2010
Blogueur invité à déjeuner à l’Elysée, Eric Dupin est naïf ou se fout de notre gueule ?
19 h 07 – « Nicolas Sarkozy a convié à déjeuner, jeudi 16 décembre, le gratin de l’Internet français afin de redorer sa net-image à l’approche de l’élection présidentielle. Ce déjeuner est « le premier d’une série de rencontres informelles », détaille à Nouvelobs.com la secrétaire nationale de l’UMP en charge du Numérique, Laure de la Raudière. « Ce n’est pas une grand-messe de l’Internet français, mais plutôt une réelle volonté du président de rencontrer les net-entrepreneurs afin d’échanger et de débattre. » Parmi les invités confirmés, trois blogueurs : Eric Dupin (Presse-citron), Nicolas Vanbremeersch (dit « Versac »), et Maître Eolas (Journal d’un avocat). Un quatrième a décliné l’invite : « J’ai longuement hésité, mais finalement j’ai refusé, explique Korben. La politique ce n’est pas mon truc, et je ne voulais pas rentrer dans le jeu de cette opération de communication à l’approche de la présidentielle. » Votre serviteur eût été convié – mais il est loin d’être assez gratiné, avec ses 1500 visiteurs quotidiens ! – qu’il ne se serait pas plus déplacé : à quoi bon parler à ce type ? Rien que lui serrer la main… Mais ce qui est hilarant, c’est la réaction d’Eric Dupin, qui déclare : « Il ne s’agit pas d’un simple coup de com. Je pense que Sarkozy est ouvert à la discussion. Il sait qu’Internet va être déterminant pour 2012, et il a besoin d’avoir de bons contacts avec ceux qui représentent le web français. Mais bien sûr que ce déjeuner peut lui servir à redorer son image sur Internet. » Sarkozy ouvert à la discussion ? D’où notre titre : Dupin est naïf ou se fout de notre gueule ?
Le chanvrier suisse, au 111ème jour de grève de la faim, va-t-il mourir pour la cause ?
17 h 42 – « Etre confronté à Bernard est aujourd’hui un choc. Le choc de voir un vieillard qui a perdu 37 kilos ! Il dort presque 23 heures sur 24 », confie aux Inrockuptibles un ami qui lui rend visite chaque semaine au quartier carcéral des Hôpitaux universitaires de Genève : Bernard Rappaz en est à son 111ème jour de grève de la faim. « Condamné en appel en 2008 à 5 ans et 8 mois de prison pour «violation grave de la loi sur les stupéfiants, blanchiment d’argent et gestion déloyale aggravée», Bernard Rappaz est un activiste écologique qui s’est lancé dans la production industrielle de chanvre dans les années 90, alors que la Suisse vit une grande période de tolérance. Le vent tourne au début des années 2000 et Bernard Rappaz se retrouve alors dans le collimateur des autorités du conservateur canton du Valais, qui multiplient les motifs de poursuites pour arriver à leurs fins. » Son comité de soutien tire la sonnette d’alarme : « Il en va de la vie ou de la mort d’un homme. Chaque seconde qui passe est une seconde de trop. Le Comité international de soutien à Bernard Rappaz rappelle que celui-ci a été condamné en vertu de procédures d’accusation critiquables, relevant manifestement de l’acharnement judiciaire. Il est enfermé aujourd’hui, pour une peine de cinq ans et huit mois de prison ferme, alors que les actes qui lui sont reprochés correspondent à une période de tolérance de la culture du chanvre en Suisse – et ne relèvent certainement pas du grand banditisme comme on veut le faire croire au public. Les divers délits mineurs qui ont été ajoutés à son acte d’accusation, tels un excès de vitesse ou une erreur de déclaration comptable, montrent bien l’intention de condamner à tout prix un homme qui n’aura eu le tort que de symboliser un moment de liberté. » Le chanvrier, qui se définit comme un prisonnier politique, a reçu le soutien de personnalités comme Jean Ziegler, vice-président du Comité consultatif du conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, les eurodéputés écologistes José Bové et Daniel Cohn-Bendit, Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe écologie-Les Verts, Laurent Mucchielli, sociologue au CNRS, l’évêque Monseigneur Gaillot ou encore l’artiste Kiki Picasso. Une pétition appelant à sa libération est en ligne.
14 décembre 2010
Dans notre rubrique Ferme ta gueule !, Luc Chatel
18 h 29 – Le ministre de l’Education nationale s’est-il voulu désopilant ? Toujours est-il que Luc Chatel a déclaré ce matin sur France Inter : « les lycéens de France ont parfois plus de 35 h de cours, ce sont bien les seuls à travailler plus de 35 h en France ! » Sous couvert de plaisanterie, nous y voyons surtout l’occasion de marteler une fois de plus la mensongère propagande de la droite qui veut que les Français soient feignants et qu’il soit indispensable de travailler plus. Renvoyons donc notre guignol au site du ministère du Travail : « Selon l’enquête Emploi en continu de 2008 [dernière en date], la durée hebdomadaire moyenne de travail des salariés à temps complet tous secteurs et toutes tailles d’entreprises confondus était de 39,3 heures en moyenne. »
Et un syndicat sauva l’honneur policier
17 h 35 – Il s’agit de la CGT, qui publie aujourd’hui le communiqué suivant : « Le vendredi 10 décembre 2010 des policiers en service manifestaient devant le TGI de Bobigny contre un jugement condamnant sept policiers pour dénonciation calomnieuse et faux en écriture publique. Il est inadmissible dans une démocratie de voir des policiers en service et en uniforme manifester devant un tribunal républicain contre une décision de justice. Il est inadmissible de lire et d’entendre des commentaires qui comparent sur une même échelle les actions condamnables des policiers et celles des délinquants. Il ne faut pas non plus raviver des tensions entre les magistrats et les policiers qui utiliseront les voies de recours à leur disposition. Il n’est pas question de cautionner les faits commis par ces policiers qui déshonorent la profession et ce dans un secteur déjà extrêmement sensible qu’est la Seine-Saint-Denis. Cette manifestation spontanée exprimait un malaise grandissant dans une corporation qui pâtit de l’utilisation politique des deux institutions qui doivent être exclusivement au service des citoyens. » Messieurs, chapeau… heu, képi !
L’après-Sarkozy selon Fakir
14 h 07 – Le nouveau Fakir est dans les kiosques – et nous ne saurions trop vous conseiller d’en faire l’emplette. A signaler notamment dans ce numéro, l’analyse du fondateur du journal, François Ruffin, sur l’après-Sarkozy : « L’équation politique du moment se résume, pour moi, en trois points, écrit-il. 1) Nous débarrasserons-nous de Sarkozy et de sa clique par la rue ? Sauf basculement miracle (mais mieux vaut ne pas compter sur les miracles), non : malgré une forte poussée, cet automne, le gouvernement n’a pas reculé sur les retraites, on est donc très loin de sortir le président hors de l’Elysée avec des piques au cul. Alors, on s’en débarrassera par les urnes.
2) La gauche de gauche sera-t-elle en état de l’emporter ? Sauf basculement miracle (mais mieux vaut, etc.), non : qu’elle s’unisse déjà un peu, qu’elle cesse ses divisions stériles, qu’elle constitue un contrepoids à gauche du PS, qu’elle fasse élire quelques députés aux législatives, bref, qu’elle soit à la hauteur de la situation historique, et ce sera déjà énorme. Alors, que ça nous plaise ou non, c’est le candidat socialiste qui, au second tour, représentera l’alternative.
3) Peut-on compter sur les socialistes ? Sauf illumination miracle (mais mieux vaut, etc.), on ne peut pas trop rêver de ça : que la bande à Aubry non seulement préservera nos acquis, mais nous accordera des conquêtes – sociales et écologiques. 1981, 1997, etc. nous l’ont appris, une élection ne suffit pas. Cette méfiance est générale chez les militants du pays. Alors, dès leur entrée en fonction, la rue – par des grèves, des blocages – devra pousser les ministres aux fesses. Leur mettre, d’entrée, le couteau sous la gorge. Je n’aperçois guère d’autres chemins vers un mouvement, pas seulement défensif, mais offensif, victorieux. Avec un peu de bonheur à la clé. » Nous sommes d’accord : voter au premier tour pour le Front de gauche, se résigner ensuite à accorder notre suffrage au candidat socialiste au second et lui mettre enfin la pression dès son élection pour le forcer à appliquer une politique de gauche. Reste que la possible présence de DSK nous pose un sérieux cas de conscience : si l’élection devait opposer l’homme du Fouquet’s à celui du FMI, qui se demande en outre tous les matins comment être utile à Israël, vacciné pour avoir voté Chirac contre Le Pen, notre choix actuel serait de voter… blanc.
13 décembre
Le gouvernement encourage les fraudes patronales à la baisse sur les salaires
22 h 52 – Une fois de plus, les bras nous en tombent : « Les entreprises qui ne répercutaient pas la revalorisation du Smic dans leur grille salariale ne seront pas sanctionnées en 2011, annonce Le Monde. Le gouvernement a décidé de reporter cette sanction ultérieurement compte tenu de la diminution du nombre des réfractaires. Dans un rapport qui sera remis mardi aux partenaires sociaux, dont l’AFP a obtenu une copie, le ministère du Travail relève que « l’amélioration de la situation » justifie un « report » de la mise en œuvre de la sanction, qui prend la forme d’une diminution des réductions de charges pour les entreprises. Le ministère du travail estime que seules 12% des entreprises n’ont pas répercuté la revalorisation du Smic dans leur grille salariale en 2009, contre 50% en 2008. Dans les branches réfractaires les employeurs versent, comme la loi les y oblige, le Smic aux salariés en bas de l’échelle, mais leurs collègues juste au-dessus dans la grille salariale ne bénéficient pas de la revalorisation. » Outre que ne pas sanctionner revient à encourager ce type de pratiques – descendues de 50% des entreprises (une sur deux : mais où va-t-on ?) à 12%, gageons qu’elles remonteront ainsi en flèche l’an prochain ! -, nous sommes pour le moins perplexe devant la justification avancée. En quoi « l’amélioration de la situation » autoriserait-elle à ne plus sanctionner les contrevenants ? Parce qu’ils sont moins nombreux, on les absout ? Mais où est la logique ? Une fois de plus, le gouvernement se moque du monde. Ah oui, c’est le gros Bertrand qui tient désormais le ministère du Travail… Il fallait s’en douter. Mais il y a Fillon au-dessus, et Sarkozy… Qu’ils s’en aillent tous ! Au fait, on vous a précisé que l’augmentation annuelle du Smic, comme chaque année depuis l’élection du président des riches, sera strictement limitée à l’obligation légale, sans que nos gouvernants consentent au moindre « coup de pouce » ? C’est chose faite.
Illustration : Actualité droit du travail
Montpellier : les socialistes, meilleurs ennemis de la gauche
12 h 27 – Communiqué de presse courroucé du Parti de gauche de l’Hérault publié par Hérault Tribune : « Lors du dernier conseil d’agglomération de Montpellier, le nouveau président, Jean-Pierre Moure, investi par le Parti socialiste, a appelé à voter et faire élire pour la vice-présidence Pierre Dudieuzere, maire UMP de Vendargues, contre René Revol, maire PG de Grabels. Le Parti de gauche 34 condamne une telle attitude d’alliance entre le président PS de l’Agglo et l’UMP. Il s’adresse à la Fédération socialiste de l’Hérault et donc au Bureau national du PS, puisque la Fédération est sous tutelle, pour qu’elle désavoue le Président de l’Agglomération de Montpellier. Il demande à toutes les personnalités de se prononcer clairement. On ne peut pas d’un côté dire qu’on s’oppose à Nicolas Sarkozy et à sa politique, et de l’autre gouverner une collectivité avec ses représentants. La clarté politique doit être faite. Lors des prochaines élections cantonales, nous attendons des responsables socialistes qu’ils prennent l’engagement de se désister pour les candidats Front de gauche, si ceux-ci arrivent en tête de la gauche. C’est une condition pour que le Front de gauche prenne le même engagement. » Ajoutons pour la bonne bouche que l’hereux nouveau vice-président UMP, Pierre Dudieuzere, a été condamné par la justice en 2002 pour corruption, trafic d’influence et recel d’abus de biens sociaux, ce qui nous permet d’à nouveau enfourcher l’un de nos chevaux de bataille : inéligibilité à vie pour les politiques convaincus de ces délits !
Le joyeux Noël de Brice Hortefeux
09 h 14 – Les abonnés à la liste de diffusion de Réseau éducation sans frontières ont reçu hier dans leur boîte un message glaçant (en ligne ici) : « Dans 15 jours, ce sera Noël, fête entre toutes des enfants et des parents, pour beaucoup. Joie, bisous, cadeaux, émerveillement des tout-petits. Pourtant, pour un certain nombre d’enfants, Noël 2010 aura le goût de l’amertume, des larmes et de la souffrance. Pas pour des coups du sort inévitables, la maladie, la mort. Mais par la volonté délibérée d’un homme, Nicolas Sarkozy, qui dans l’espoir de remonter dans les sondages estime de son intérêt d’afficher le nombre d’expulsions à pratiquer dans l’année. Or, à en croire la Voix de son maître, le ministre de la Rafle, du drapeau et de la circulation routière hivernale, les chiffres prévus pour 2010 ne seraient pas atteints. Il faut donc expulser, expulser, expulser. (…) Aux yeux de Monsieur Hortefeux, les comptes sont vite faits : dix expulsions valent bien vingt-deux enfants de quelques mois à 14 ans qui pleurent leur père ou leur mère un jour de Noël. Cette façon de faire de la démagogie en méprisant les dégâts provoqués sur les enfants et les parents utilisés comme victimes expiatoires est inadmissible. Elle déshonore ceux qui en décident mais aussi ceux qui, par cynisme, imbécilité politique ou soumission à leur maître la mettent en œuvre. Brice Hortefeux est au premier rang de ceux-là, probablement pour chacune des trois raisons. Nous lui souhaitons donc de passer un excellent Noel en famille et d’avoir à ce moment-là une pensée pour les gamins dont il bousille non seulement Noël mais aussi toute l’enfance. » Tout commentaire est superflu.
11 décembre 2010
22 h 59 – Billet exclusif pour le Club des plumonautes
Jeannette Bougrab, opportuniste manipulatrice sans scrupules ?
C’est en tout cas ainsi qu’elle apparaît si l’on se fie à ce que raconte la policière Sihem Souid, désormais suspendue par sa hiérarchie pour manquement à son devoir de réserve. En effet, l’auteure du livre à succès Omerta dans la police, dénonçant le racisme et le machisme en vigueur au sein des forces de l’ordre, « accuse Jeannette Bougrab de servir ses intérêts politiques et d’avoir été placée à la Halde [Haute autorité de lutte contre les discriminations, NdA] pour fermer l’institution », relaie Rue89. Pour comprendre toute l’affaire, il faut remonter à 2009, lorsque Sihem Souid saisit la Halde pour discrimination : « La policière, alors suspendue pour avoir transmis des documents confidentiels sur la Paf [Police de l’air et des frontières, au sein de laquelle elle travaille] à un journaliste, est réintégrée. Pour elle, la Halde s’est prononcée en sa faveur. Mais à l’époque, ledit avis n’est pas publié. En avril 2010, Louis Schweitzer quitte la Halde. L’UMP Jeannette Bougrab le remplace. Sihem Souid a le sentiment d’être baladée, on lui annonce la publication de l’avis pour juillet, puis pour septembre, mais rien. La jeune femme se sent flouée : «Je commençais à avoir des doutes vu son comportement sur certains dossiers, comme celui de la circulaire des Roms. Je me suis dit qu’elle allait mettre le mien de côté, vu qu’il concernait la police, donc l’Intérieur, donc le gouvernement.» C’est dans ce contexte que survient une anecdote tout à fait édifiante : « En septembre, les deux femmes se rencontrent au cours d’une soirée à l’ambassade des Etats-Unis. Tous les ans, quelque cinquante personnalités d’origine maghrébine sont reçues rue du Faubourg Saint-Honoré pour un repas de rupture du jeûne du ramadan. Sihem Souid raconte : «Je lui ai demandé des explications sur mon dossier qu’elle connaissait très bien. Elle me dit : « Oui, il y a eu discrimination sur votre dossier, je vais vous recevoir, ne vous inquiétez pas, la Halde est derrière vous. » Elle a dit ça devant plein de monde, des journalistes vont témoigner pour moi. Mais elle ne m’a jamais rappelée et je n’ai jamais reçu l’avis. Je m’inquiétais mais je ne pouvais pas attaquer Mme Bougrab sans savoir quelle était la décision prise par la Halde.»
Et puis le 19 novembre, coup de théâtre lors de l’émission de France 2, Semaine critique : « Elisabeth Lévy, chroniqueuse, lit l’avis rendu par la Halde sur l’affaire. La demande de Sihem Souid est rejetée. Cette dernière l’ignorait et l’apprend en direct. Quelques jours après l’émission, Sihem Souid déposera plainte contre X pour «violation du secret professionnel» et «recel.» La policière accuse : « J’ai demandé à Elisabeth Lévy à la fin de l’émission si elle pouvait me donner la décision. Elle m’a dit : « secret de sources ». Mme Bougrab la lui a donnée ! Ça ne va pas se passer comme ça, elle ne me l’a pas envoyée parce qu’elle ne voulait pas que je l’attaque dans les médias avant qu’elle soit nommée secrétaire d’Etat. » Pour elle, sa suspension est directement liée à son action en justice : « Ça fait deux mois que je passe dans les médias, que j’attaque Sarkozy et la politique gouvernementale du chiffre, et c’est seulement après mon passage sur Semaine Critique que je suis suspendue. Quatre jours après l’émission, ma chef de service, très énervée, m’a fait auditionner des heures sur l’attaque au droit de réserve. Pourquoi ? Parce que j’ai porté plainte contre la secrétaire d’Etat. Je pense que Mme Bougrab a dû saisir le préfet ou le ministre de l’Intérieur… » Quel rôle exact Elisabeth Lévy a-t-elle joué ? Elle nie que ce soit Bougrab qui lui ait fourni l’avis et dit ignorer qu’il n’avait pas été notifié à Souid. Mais confessons que nous accordons une confiance modérée à la vipère du magazine réactionnaire et islamophobe Causeur.
La policière, expliquant sa défiance envers Jeannette Bougrab, a mentionné l’affaire des Roms : quelle institution mieux que la Halde pouvait-elle défendre cette population en butte aux discriminations ? On pouvait déjà nourrir de sérieux doutes sur l’UMPiste placée à sa présidence en l’entendant, en septembre dernier, se déclarer « pas choquée » par les expulsions dont ils furent victimes cet été. Mais il y a pire, si c’est possible, comme le relève Bakchich : « depuis l’arrivée de Jeannette Bougrab, plus aucune délibération de la Halde, les décisions de son collège suite à une saisine de victime de discrimination, n’a porté sur la question des Roms ou des gens du voyage. A titre de comparaison Bakchich a recensé que sur les trois premiers mois de l’année 2010, pas moins de six délibérations sur vingt-neuf avaient statué sur ces questions. Mais comme chacun a pu le constater, depuis le mois de mai, les discriminations à l’encontre des Roms et des gens du voyage ont miraculeusement cessé. Discrimination dans l’accès au logement, à la scolarisation, à l’accès au droit de vote… Pschitt. Plus rien. (…) «Les dossiers sur les Roms et les gens du voyages sont volontairement écartés. On les place au-dessous de la pile où ils commencent à s’accumuler», raconte un cadre de la Halde. » Et le magazine satirique de livrer la scandaleuse explication : « J’ai eu le cabinet de Fillon, ils ne veulent pas qu’on parle des Roms et des gens du voyage». Lancée en mai dans un couloir par Jeannette Bougrab, présidente de la Haute autorité pour la lutte contre les discriminations, peu après son arrivée à la tête de l’institution, la phrase a évidemment choqué. Pour nombre d’agents c’était le signe, pas même dissimulé, de la mise sous tutelle par le gouvernement d’une administration jugée trop indépendante. Prendre ses consignes à Matignon lorsqu’on dirige une autorité administrative indépendante, et surtout lorsqu’il s’agit d’enterrer des plaintes, voilà qui fait désordre mais n’a visiblement pas contrarié la nouvelle présidente. » De là à déduire que son entrée au gouvernement vaut récompense pour son zèle de larbin sarkozyste… Alors, Bougrab est-elle une opportuniste manipulatrice sans scrupules ? Nous vous laissons le soin de trancher.
10 décembre 2010
Alimentation : la vente directe illégale
23 h 59 – C’est un entrepôt situé dans le Lot-et-Garonne, « à proximité du rond-point de la route de Villeneuve-de-Marsan, sur la commune de Mazerolles », précise Sud Ouest. Dans ce local « sommairement aménagé » se sont installés en mai 2009 des producteurs locaux, afin de pratiquer la vente directe de fruits, légumes et viande bio « à des prix défiant toute concurrence ». «C’est le seul moyen que nous avons trouvé pour nous en sortir», explique Éric Forestier, dont la propriété située en Marmandais était en redressement. «Plutôt que de faire les couillons ici, on serait mieux sur nos exploitations, c’est notre vrai boulot. Pourtant sans ça, je ne sais pas où je serais aujourd’hui.» La solution, vaille que vaille, pour des agriculteurs ne parvenant plus à survivre du fruit de leur travail. Et les consommateurs ? Ils sont ravis : « En un an et demi, les « couillons » se sont fait une belle clientèle. Certains jours, le petit hangar ne désemplit pas. (…) «Vous avez vu la qualité de ces produits ? Vous avez comparé les prix ?», interroge Bernadette qui vient régulièrement depuis Saint-Sever. » Tout va-t-il alors pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Bien sûr que non : « Ce succès a évidemment créé des remous dans le paysage commercial alentour. Plusieurs magasins ont porté plainte pour concurrence déloyale. Les services de l’État ne rigolent pas non plus. La Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) estime que la réglementation concernant les espaces de vente n’est pas respectée. La Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) assure dans le même temps que les règlements en matière d’urbanisme sont transgressés. La préfecture a donné aux agriculteurs lot-et-garonnais jusqu’au 1er décembre pour quitter les lieux. Or ils sont toujours là. Le parquet de Mont-de-Marsan a donc été saisi et décidera des suites à donner. Probablement une expulsion. «J’attends qu’on vienne passer les menottes à des agriculteurs qui essaient de sauver leur peau, lance Éric Forestier. On en fait moins pour certains supermarchés.» Suivez son regard en direction de la rocade. Les agriculteurs lot-et-garonnais ont pris un avocat et alerté leur syndicat, le Modef. Ils ont également fait signer une pétition qui a récolté 2 500 signatures en une quinzaine de jours. «Tout le monde doit gagner sa vie», râle une cliente et voisine. «On veut tuer les petits maintenant. Le producteur, il doit se défendre», rajoute encore Bernadette. «C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer»,
résume Simon, un voisin habitué des lieux. Et c’est rarement le pot de terre qui gagne dans ces cas-là. » L’on songe alors au texte pompeusement baptisé « Loi de modernisation de l’économie » (LME), surnommé « Loi Michel-Edouard » tant il est conçu sur mesure pour la grande distribution, qu’on fait par ailleurs semblant de tancer pour ses marges indécentes tout en lui laissant généreusement la bride sur le cou. Et l’on se dit qu’il ne sera pas facile de sortir de ce modèle de société de consommation à outrance, ultra-normé, dans lequel nous sommes aujourd’hui bel et bien enfermés.
Nouvelle victoire de Siné et camouflet pour Val
17 h 24 – Nous avions clairement pris position en faveur du caricaturiste Siné, accusé d’antisémitisme par Philippe Val, alors patron de Charlie Hebdo, qui avait saisi ce prétexte pour se faire bien voir de l’Elysée – Siné avait attaqué le prince Jean – et virer le vieil anar (relire Siné-phile, juillet 2008). La justice s’est prononcée sur l’affaire une première fois en février 2009, ce que nous avions alors commenté ainsi (extrait) : « Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter, avait écrit Siné. Le parquet (encore lui !) a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est Arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! » Claude Askolovitch, le journaliste néo-sarkoziste, avait alors crié à l’antisémitisme, accusation suivie par Laurent Joffrin de Libération, Alexandre Adler du Figaro et Bernard-Henri Lévy d’un peu partout : jolie brochette ! Siné avait eu beau faire valoir que c’était l’arrivisme de Jean Sarkozy qu’il dénonçait et qu’il aurait écrit la même chose s’il avait envisagé de se convertir à l’islam pour épouser la fille d’un émir, rien n’y avait fait. Le triste Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, qui a consciencieusement entrepris de saborder l’ex-brûlot soixante-huitard pour en faire un journal politiquement correct et néo-conservateur, assoiffé de gloriole personnelle, pour s’assurer un rond de serviette d’intellectuel médiatique – il chronique sur France Inter ! [Mieux, il en est désormais le patron] -, a licencié le vieux Siné et la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) lui a intenté un procès en sorcellerie « incitation à la haine raciale ». « La lecture de ces chroniques, on ne peut pas la faire en faisant abstraction de l’hebdomadaire dans laquelle elles ont été publiées, avait déjà estimé le procureur, réclamant la relaxe. Charlie Hebdo est un journal satirique, on est sur le terrain de la provocation ». Le président du tribunal de Lyon, Fernand Schir, l’a suivi : « Le tribunal considère que (Siné) s’est autorisé à railler sur le mode satirique l’opportunisme et l’arrivisme d’un homme jeune, engagé sur la scène politique et médiatique. Il ne creuse pas le préjugé antisémitisme ». Le jugement se permet même le luxe de se moquer ouvertement de Philippe Val, en reprenant à son compte la phrase qu’il avait prononcée à l’occasion du procès des caricatures de Mahomet : « Le crime est dans l’œil de celui qui lit » ! Voilà les choses remises à leur place et les accusateurs renvoyés dans leurs vingt-deux mètres, pour filer la métaphore rugbystique. »
Après l’accusation infamante d’antisémitisme, restait à juger le licenciement. Voilà qui est fait depuis deux jours, comme le résume 20 minutes : « Siné obtient gain de cause. Licencié de Charlie Hebdo en juillet 2008 pour des propos jugés antisémites envers Jean Sarkozy, le dessinateur vient de voir le tribunal de grande instance de Paris lui donner raison. La cour a en effet estimé mercredi que la société éditrice de Charlie Hebdo avait rompu abusivement le contrat de collaboration qui la liait depuis seize ans avec le caricaturiste. «Il ne peut être prétendu que les termes de la chronique de Maurice Sinet sont antisémites, ni que celui-ci a commis une faute en les écrivant», a-t-elle estimé dans son jugement. » Siné offre davantage de détails dans son communiqué de presse : « Aucune faute ne peut être reprochée à Siné souligne à plusieurs reprises le jugement. Le tribunal reproche également à Charlie hebdo l’absence de préavis et la «façon d’annoncer à un collaborateur que le contrat liant les deux parties a cessé» (la lettre de rupture est arrivée bien après l’annonce de la fin de la collaboration de Siné dans le journal)… Les éditions rotatives sont donc condamnées à verser 40 000 euros de dommages et intérêts au dessinateur et à publier en Une du journal sur un bandeau de 15 cm le communiqué judiciaire suivant : «Par jugement du 30 novembre 2010, le tribunal de grande instance de Paris a condamné la société Les Editions Rotatives, société éditrice du journal Charlie Hebdo, à payer à M. Maurice Sinet dit Siné la somme de 40 000 euros à titre de dommages et intérêts pour rupture abusive de leur collaboration à la suite de la parution de la chronique de Siné dans le numéro du 2 juillet 2008» et ce sous astreinte de 2 000 euros par numéro non conforme. » Pour la bonne bouche, ce dernier extrait du jugement, en forme de doigt d’honneur adressé à Val : « Ce motif [l’antisémitisme] ne peut être retenu comme un motif valable de la rupture d’autant que ce texte a été soumis à la relecture du directeur de publication qui ne peut faire valoir sa propre erreur qu’il ne reconnaît que comme une simple négligence, à savoir ne pas avoir relu le texte qui lui est soumis ce qui est l’essentiel de sa mission de directeur de publication, pour reprocher au seul journaliste une éventuelle faute. » Ça fait du bien par où ça passe !
9 décembre 2010
A vous de juger : les lâches de l’UMP ouvrent un boulevard à Marine Le Pen
19 h 54 – L’émission d’Arlette Chabot A vous de juger, à 20 h 45 sur France 2, a pour invitée principale la future présidente du Front national, Marine Le Pen. Et qui donc croyez-vous que l’UMP envoie, pour débattre avec elle ? Rachida Dati ! Nous vous le prédisons sans crainte : il va y avoir du sang sur les murs du plateau ce soir, et ce sera celui de l’eurodéputée. Nulle comme elle est, elle va se faire complètement démonter par l’habile leadere d’extrême droite. Nous sommes prêt à faire notre mea culpa si les choses se déroulent autrement, mais l’issue du match nous paraît vraiment courue d’avance. Or, avec la montée de la popularité de Le Pen dans les sondages, il est quasiment criminel pour l‘UMP de lui offrir ainsi l’opportunité de briller à moindres frais. Alors pourquoi ? La réponse est simple (et dans notre titre) : par lâcheté. Justement parce que la future candidate à la présidentielle du Front national est capable de déstabiliser son interlocuteur, il ne se trouve pas un seul leader d’envergure du parti présidentiel pour oser l’affronter. Hortefeux ? Il le pourrait, lui qui incarne si « bien » l’extrême droite du sarkozysme. Mais laissez tomber : Patrick Cohen, le journaliste qui anime la tranche matinale de France Inter, a révélé qu’il ne voulait pas même être confronté aux… questions des auditeurs ! Et Jean-François Copé, lui qui rêve d’être demain (en 2017) calife à la place du calife, qu’on présente volontiers comme le nouvel homme fort du parti ? Aux abonnés absents. Remarquez, le défaut de courage est inscrit dans les gênes de la Sarkozie au plus haut niveau de l’Etat : il suffit de voir comment le président se coupe systématiquement de la population dans ses déplacements, s’entourant uniquement de militants UMPistes quand est organisée une réunion publique, et comment il refuse de répondre aux questions des journalistes, hormis lorsqu’il les choisit, ne sacrifiant aux conférences de presse qu’à l’étranger, lors des sommets internationaux, quand il ne peut vraiment pas y couper… Mais voilà : avec cette armée de lâches qui préfère envoyer au casse-pipe une incompétente notoire plutôt que se mettre en danger individuellement, Le Pen va pouvoir se présenter en alternative crédible pour l’électorat protestataire. Nombreux, avec un Sarkozy à moins de 30% de popularité. En vérité, si l’on excepte Arlette Chabot (!), la seule vraie ennemie de la pasionaria frontiste ce soir sera elle-même. Puisse-t-elle se laisser emporter par son outrance pour dévoiler au grand jour sa nocivité potentielle. Mais c’est pas gagné.
L’UMP fête l’anniversaire de la loi sur la laïcité par de nouveaux cadeaux à l’enseignement privé !
17 h 55 – Il y a 105 ans jour pour jour, l’Eglise était officiellement séparée de l’Etat français. Avec une légère anticipation, la droite a fêté cet anniversaire à sa manière : « dans la nuit de mardi à mercredi, la majorité UMP du Sénat a ainsi adopté un amendement au projet de budget 2011, écrivent François Cocq (Parti de gauche) et Francis Daspe (Agaureps-Prométhée, association militant pour la laïcité), co-auteurs d’une tribune publiée par Marianne2. Celui-ci était proposé par le désormais célèbre sénateur Carle qui, en 2009, avait déjà fait assouplir le financement des écoles primaires privées par les collectivités locales. Cette fois, il s’agit de soustraire à l’enseignement public l’équivalent de 250 postes supplémentaires (soit 4 millions d’euros) pour les reverser à l’enseignement privé. (…) le 19 octobre, la présidence de l’Assemblée nationale a enregistré une proposition de loi présentée par 81 députés UMP allant dans le même sens. Elle vise à exonérer les écoles privées sous contrat d’association de la taxe foncière sur les propriétés bâties. Les collectivités territoriales et les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre peuvent en décider ainsi pour peu que le propriétaire des bâtiments concernés en fasse la demande avant le 1er janvier. Cet avantage est consenti au motif spécieux que «les écoles privées sous contrat d’association rendent des services extrêmement appréciables aux communes», car «elles permettent aux collectivités territoriales d’être dispensées de lourdes charges», notamment «dans un certain nombre de communes dépourvues d’établissements publics». Outre la part de tartufferie induite par un tel raisonnement, cette loi entérine un renoncement à rendre effective la loi républicaine indiquant que «toute commune doit être pourvue d’au moins une école élémentaire publique». Pire, ces dispositions favoriseront puissamment la transgression de la loi en contribuant à réduire à peau de chagrin le service public d’éducation. Il s’agit là d’un nouveau financement déguisé de l’enseignement privé dont la charge reposera au final sur les contribuables. »
Glissons jusqu’à la conclusion, limpide : « Il convient de dénoncer cette nouvelle attaque contre le principe intangible de laïcité. Par ce biais et par la suppression de la carte scolaire qui l’accompagne, les libéraux souhaitent instituer un vaste marché des établissements publics et privés au nom de la sempiternelle concurrence libre et non faussée. De l’École de la République, nous glisserions vers une école à la carte débarrassée de l’exigence de l’intérêt général et de la nécessité de mixité sociale. Plus que jamais, au nom de l’égalité devant l’éducation que sont en droit d’attendre tous les élèves, l’urgence est de réaffirmer l’impératif que les fonds publics aillent exclusivement à l’école publique. Nous appelons en outre, conformément au serment de Vincennes prononcé par le camp laïque le 19 juin 1960, à l’abrogation de la Debré de 1959, qui fait office de véritable concordat sans en porter le nom, en assurant le financement public des écoles privées. » Nous aussi !
La France plus libérale que l’Angleterre et les Etats-Unis : merci Sarkozy !
15 h 25 – Notre Phrase du jour est tirée d’une tribune publiée dans Le Monde par le député Jérôme Cahuzac, président (PS) de la Commission des finances de l’Assemblée nationale : « La crise financière a montré qu’un modèle fondé sur l’endettement des ménages pour pallier un trop faible pouvoir d’achat n’est pas viable. Tant que les revenus du travail sont aussi faibles, le système socio-fiscal doit redistribuer les richesses produites au profit de ceux qui ne vivent, mal, que de leur travail et non les désavantager au profit des détenteurs des plus gros patrimoines. La fiscalité du capital représente 8% des recettes en France, contre 11% aux Etats-Unis, et 12% en Grande-Bretagne. Il semblerait donc que nous ayons quelques marges de manoeuvre au profit des salariés. » Titre de son article : La réforme de l’imposition va encore alléger la fiscalité des plus aisés. Pour qui connaît le président des riches, c’est le contraire qui serait étonnant !
8 décembre 2010
Besson contre WikiLeaks : la justice tranche, le ministre est ridicule
20 h 58 – Nous vous en parlions ici-même le 3 décembre (voir plus bas Le retour de Besson-le-terrible). L’épilogue (provisoire ?) de l’histoire nous est livré par Le grand soir, sous la signature de Théophraste R., se précisant entre parenthèses « féroce critique théâtral », auteur d’un court autant que drôlatique billet : « Au guignol ce soir (farce en 5 actes d’Eric Besson). Acte 1. Eric Besson, ministre en charge du numérique : «Il n’est pas acceptable» que le site de révélations de documents secrets [WikiLeaks, NdA], «considéré comme criminel» par les Etats-Unis, puisse continuer d’être hébergé en France, par OVH, depuis Roubaix. «L’Etat a son mot à dire…». Acte 2. Eric besson demande à ses services de trouver les moyens d’interdire l’hébergement du site d’information en France. Acte 3. La justice refuse de se prononcer sur le caractère illicite du site qui n’est donc pas interdit. Acte 4. Le ministre déclare : «Personne n’a demandé l’interdiction du site et notamment pas moi». Acte 5 (qui n’a rien à voir). Dans un dessin humoristique, un cambrioleur essaie de dissimuler dans son dos une échelle de 3 mètres et répond à un policier : «L’échelle ? Quelle échelle ?» (Sifflets, lancers de tomates. Le public sort en se demandant s’il en reste encore beaucoup des comme lui au PS ou s’ils sont tous à la mangeoire). »
Quand Sarkozy déclare vouloir « s’occuper d’Internet » pour 2012…
18 h 32 – Le gouvernement veut censurer les appels à manifester sur Facebook, titrait Numérama vendredi dernier : « Le ministère de l’Intérieur et l’ancien secrétariat d’Etat à l’Economie numérique ont contacté Facebook pour lui demander de supprimer les appels à manifestations non déclarées auprès des préfectures, et pour identifier plus rapidement les auteurs ». A l’origine de cette démarche, une question écrite posée par le député UMP Martial Saddier : « Plusieurs lycéens ont organisé une grève, répondant à un appel lancé notamment de façon anonyme via le réseau social Facebook. Au cours de cette manifestation, une jeune fille a été très grièvement brûlée au visage alors qu’elle se trouvait à proximité d’un feu allumé par deux autres lycéens », rappelait-il, demandant au gouvernement « quels moyens pourraient être mis en oeuvre afin de pouvoir identifier plus facilement les auteurs de tels messages sur Internet, notamment au sein des établissements scolaires ». Quel rapport entre le fait qu’une jeune fille ait été blessée et celui que l’appel à manifester soit passé par Facebook ? Gagné : il n’y en a aucun. Mais tout est bon, pour un pouvoir aussi impopulaire, quand il s’agit de museler la contestation. « En réponse, le gouvernement révèle qu’un « contact a été pris avec Facebook par le ministère de l’Intérieur et par le secrétariat d’État chargé du Développement de l’économie numérique, afin de mettre en place des procédures pour rappeler les règles en vigueur, pour éventuellement supprimer les appels à une manifestation illicite, et pour en identifier les auteurs », rapporte Numérama, qui précise : « Le droit de manifester étant reconnu en France, le terme « manifestation illicite » ne peut viser que celles qui n’ont fait l’objet d’aucune demande d’autorisation préalable en préfecture, ce qui est le cas de l’énorme majorité des appels à manifester lancés sur Facebook. » En réponse, un groupe de protestation s’est créé sur… Facebook : « Contre la volonté du gouvernement, du ministère de l’Intérieur et du secrétariat d’État chargé du Développement de l’économie numérique qui veulent censurer les appels à manifester sur Facebook, énième tentative d’infantilisation du citoyen, DECLARONS-NOUS EN MANIFESTATION PERMANENTE !!! et faites tourner !!! »
Le Journal du dimanche reprend l’information de Numérama en la réactualisant : « Le remaniement étant passé par là, il est difficile de savoir où en est cette éventuelle coopération avec Facebook. Le cabinet d’Eric Besson, nouveau titulaire du portefeuille de l’Economie numérique, joint par le JDD.fr, indique que le ministre n’a pas eu le temps de se pencher sur le sujet. Reste ce propos du président de la République, rapporté le 7 octobre dernier par Le Point, qui peut donner un indice. Selon l’hebdomadaire, Nicolas Sarkozy a l’intention de « s’occuper d’Internet » en vue de l’élection de 2012. » De sombres présages planent décidément sur la liberté d’expression sur le Web, et singulièrement pour des sites au franc-parler comme votre « blog sabre au clair » !
Retraites : 4,3 millions d’euros de propagande aux frais du contribuable !
14 h 12 – « Matignon a détaillé le coût de la campagne de communication du Service d’information du gouvernement (SIG) » sur la (contre) réforme des retraites, rapporte le magazine Challenges : en tout, 4,3 millions d’euros ! Ce coming out indécent fait suite à une question écrite sur le sujet posée par la députée socialiste Delphine Batho, qui dénonce à raison une « propagande politique ». « Il faudrait rajouter à ces dépenses le coût des 26 millions de dépliants pédagogiques sur la réforme envoyés depuis fin novembre aux Français. Enfin, le SIG s’est aussi fendu de quelques sondages afin de suivre l’état de l’opinion publique. Montant total de la facture: 411 519 euros. L’Ifop, la société dont Laurence Parisot est actionnaire et vice-présidente, se taille la part du lion avec 367 387 euros », ajoute Challenges. Normal : la présidente du Medef ne se présente-t-elle pas comme la « marraine » de cette réforme ? « Réussissons une réforme juste », nous a matraqués jusqu’à la nausée le gouvernement dans la presse, sur les télés et les radios, cette campagne de publicité mensongère s’ajoutant aux contre-vérités distillées jusqu’à plus soif par les dirigeants de l’UMP dans ces mêmes médias, cette fois dans leurs tranches de désinformation d’information. 4,3 millions d’euros aux frais du contribuable pour nous faire avaler la couleuvre et prendre des vessies pour des lanternes… Et malgré tout ça, 70% des Français ont bien compris que le Medef et ses larbins du gouvernement nous volent les deux plus belles années de nos retraites pour garantir leurs salaires et profits obscènes. Qu’ils s’en aillent tous !
7 décembre 2010
Espionnage à l’Audiovisuel extérieur de la France : Ockrent change de version
14 h 28 – Rassurez-vous, la « reine Christine » prétend toujours n’être pour rien dans l’affaire d’espionnage des dirigeants de l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF), structure chapeautant France24, dont nous vous parlions dans notre billet du 2 décembre. Elle est confortée dans cette thèse par sa collaboratrice, Candice Marchal, qui affirme avoir agi pour son propre compte. Sauf que le motif qu’elle avance ne tient pas, comme l’explique Emmanuel Berretta du Point : « Loin d’elle la volonté de s’ingérer dans la vie privée des douze dirigeants de l’AEF, a-t-elle prétendu. Son espionnage serait donc mû par la peur de ne plus faire partie des effectifs, la crainte d’être évincée… L’explication rencontre toutefois une limite : Candice Marchal travaille à France24. Les informations la concernant se situent à France24, et non à l’étage de l’AEF, le holding de contrôle… » Quant à Ockrent, jusqu’alors, elle se défendait ainsi : « Je ne suis pour rien dans cette affaire. Il est absurde de penser que le numéro deux du groupe fait de l’espionnage », a déclaré Mme Ockrent aux Echos, démentant tout lien avec la salariée incriminée et évoquant des « insinuations intolérables. » Nous interpellions alors la directrice déléguée : « Nous, on veut bien, mais si elle nie «tout lien avec la salariée incriminée» alors qu’Emmanuel Berretta, auteur de l’article du Point, présente celle-ci comme sa «plus proche collaboratrice», il y a comme un problème ! » Ockrent s’en est aperçue, puisqu’elle précisait hier : « Candice Marchal est de longue date une de mes collaboratrices, sans être la plus proche et la plus directe. S’il s’avère qu’elle a mal agi, je condamnerai avec la plus grande fermeté son action, car ce serait une trahison, autant vis-à-vis de l’entreprise que de moi-même, qui l’ai emmenée là, au même titre que d’autres collaborateurs de France 3. » Alleluïa, voilà donc qu’elle retrouve la mémoire. Il faut préciser qu’entretemps, Berretta avait ajouté un détail : « Parmi les éléments retrouvés, un courriel échangé entre Candice Marchal et Christine Ockrent donne la mesure de leur relation. La collaboratrice informait sa patronne de ce qui se disait sur elle quand elle avait le dos tourné… Une vraie relation de confiance. » Encore un effort et Ockrent nous expliquera comment elle réagit au fait que « Thibault de Robert de Lafregeyre, le prestataire informatique entendu par la police, est un vieux copain du couple Ockrent-Kouchner. La destruction de 900 000
données avant de rendre ses ordinateurs au groupe fait peser de lourds soupçons sur lui », rapporte Marianne – journal contre lequel Ockrent annonce porter plainte. Plus que « de lourds soupçons » : Marchal a admis qu’il lui avait remis les codes d’accès, ce qui fait de lui son complice. Et qui a recommandé l’embauche de cet ancien collaborateur de longue date de Bernard Kouchner ? La même qui a recruté Candice Marchal. Les deux protagonistes de cet espionnage véritablement industriel (2,5 millions de fichiers retrouvés sur l’ordinateur de Marchal !) ont donc été choisis par Ockrent. Mais sans doute que Thibault de Robert de Lafregeyre, s’il s’avère qu’il a mal agi, aurait alors lui aussi commis une trahison autant vis-à-vis de l’entreprise que de la directrice déléguée… On n’est jamais si bien trahi que par les siens ?
Et en plus ils s’en vantent !
11 h 50 – On a beau les connaître, les UMPistes, ils parviennent tout de même encore à nous surprendre par leur degré de cynisme. Nous sommes ainsi tombé à la renverse en découvrant cette dépêche de Reuters : « Le rapporteur de la Commission des finances de l’Assemblée, l’UMP Gilles Carrez, chiffre à 8,9 milliards d’euros pour 2010 le coût de la réforme de la taxe professionnelle (TP) contre 3,9 milliards initialement prévu ». Bien plus du double qu’annoncé au départ par le gouvernement donc, pour une réforme scandaleuse : asséchant les finances des collectivités locales, elle va les forcer à la rigueur alors que, et c’est le site du gouvernement qui l’écrit : « Les collectivités sont le premier investisseur public. Elles réalisent près de 70% de l’investissement public. Leurs dépenses dans ce domaine étaient, hors remboursement de la dette, de 40,8 milliards d’euros en 2003. Cette part est à la hausse, puisque les dépenses estimées pour 2006 s’élèvent à 50,94 milliards d’euros et sont prévues pour 2007 à 56,67 milliards d’euros. L’importance croissante de cette part s’explique notamment par les désengagements successifs de l’État (déclassement de voirie, transferts de compétences…). » Voilà par conséquent notre bon Carrez qui avoue que cette réforme aura un coût exorbitant pour les finances publiques. Va-t-il alors faire profil bas ? Que nenni : « Pour le rapporteur de la Commission des finances de l’Assemblée, la réforme de la TP « apparaît donc comme un allègement historique de la pression fiscale pesant sur les entreprises » comparable à celui des baisses cumulées d’impôt sur les sociétés (IS) adoptées entre 2000 et 2009. » Comme si elles avaient besoin de cela : pour l’année 2010, le montant des exonérations de cotisations patronales atteint déjà… 31,5 milliards d’euros ! Voilà comment l’UMP s’applique consciencieusement à ruiner l’Etat (au profit des grandes fortunes du Medef, qui applaudit) – pour se plaindre ensuite qu’il n’a plus d’argent et imposer la réduction des dépenses publiques. Et en plus, ces voleurs osent s’en vanter !
Les bons calculs de Sanofi-Aventis : argent public + profits records + licenciements
09 h 23 – « Très clairement, cette annonce est scandaleuse et nous sommes dégoûtés de cette direction, fulmine Thierry Bodin, coordinateur CGT au sein de Sanofi-Aventis. Il ne se passe pas six mois sans qu’il y ait l’annonce d’un plan de suppressions de postes chez Sanofi ». Il appelle pouvoirs publics et élus à intervenir « pour dénoncer une entreprise qui touche des dizaines de millions d’euros de crédits impôt recherche, qui vit grâce à l’assurance-maladie et qui supprime des postes au nom de la seule rentabilité ». Le groupe a annoncé la suppression de 575 emplois dans sa branche commerciale, « son troisième plan de ce type en quatre ans dans le même secteur », précise l’AFP, respectivement de 927 puis de 504 postes. Cerise sur le gâteau, le laboratoire a engrangé en 2009 des profits parmi les plus importants du Cac 40 : 5,3 milliards d’euros. Elle est pas belle la vie des actionnaires ?
6 décembre 2010
La propagande de l’ennemi de classe
19 h 11 – Cette phrase nous avait échappé : « La vérité est qu’il faudra bien se résoudre un jour ou l’autre à la douloureuse destruction massive des dettes… Pas un désendettement homéopathique et circonstancié ; un vrai, un lourd, signifiant une terrible contraction de toutes les finances publiques , de la consommation, des retraites, des allocations, des salaires ; liste non exhaustive. » Son auteur est Philippe Dessertine (dans Le Figaro du 22 février 2010), universitaire au CV long comme le bras (entre autres directeur de l’Institut de haute finance). Rappel : les dettes publiques ne sont pas dues à l’augmentation des dépenses – comme l’expliquent les « Economistes atterrés » – mais à la baisse des ressources, causée par des politiques constantes de réduction d’impôts et d’exonérations massives de cotisations pour les entreprises. Et aussi par le fait que le traité de Maastricht a privé les banques centrales des Etats soi-disant souverains du droit de battre monnaie, les forçant à emprunter à des institutions financières privées, pour le plus grand bénéfice de ces dernières et au détriment de l’intérêt général. A la dette, il faut donc ajouter ses juteux intérêts, et la machine s’est emballée jusqu’à asservir les peuples, trahis par leurs gouvernants aux ordres de la finance. Mais ce système ne fait pas que des malheureux : les actionnaires et dirigeants des grosses entreprises, ceux des banques et institutions financières ainsi que les classes les plus favorisées de la société voient leur richesse augmenter. Question : pourquoi le peuple, nullement responsable de la dette et doté de maigres ressources, paierait-il la note de façon à ce que toujours les mêmes continuent de se gaver ? Cela, tout éminent enseignant chercheur qu’il soit, Dessertine ne pourra jamais le justifier. Parce que c’est un choix politique. Celui de quelques-uns au détriment de l’immense masse des autres. C’est toute l’injustice de la politique de classe menée par la droite et les sociaux-démocrates. Un système qu’il faudra bien, un jour, mettre cul par-dessus tête.
Une « télévision publique indépendante » : la bonne blague du sénateur UMPiste
14 h 07 – « Le Sénat a adopté dimanche un amendement au projet de budget pour 2011 qui supprime totalement la publicité sur France Télévisions à partir de 2016 », annonce une dépêche Reuters, modèle de pluralisme puisqu’elle cite en tout et pour tout le communiqué de la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat (à majorité UMPiste), le rapporteur de ladite Commission (du Nouveau Centre, satellite de l’UMP) et son président, Jacques Legendre (UMP), qui « estime que cette décision montre l’engagement des sénateurs en faveur « d’une télévision publique indépendante, libérée des contraintes du financement commercial et des exigences des annonceurs, d’une télévision publique qui affiche clairement sa différence et ses ambitions culturelles. » Libérée des pressions des annonceurs, certes, mais « indépendante » ? Il fallait oser ! Avec la nomination du président de l’ORTF France Télévisions directement par Nicolas Sarkozy, voilà que son financement dépendra exclusivement de l’Etat. C’est beau, l’indépendance selon l’UMP.
Du business de plumedepresse à celui de Garou…
11 h 05 – Démarrons cette nouvelle semaine avec des nouvelles du Club des plumonautes : grâce à Chantal, abonnée depuis ce matin à 6 h 26 précisément (merci et bienvenue à elle !), vous êtes désormais 50 membres tout rond. C’est la parabole de la bouteille : à moitié pleine si l’on considère que le Kiosque payant n’a ouvert qu’il y a 6 jours et que ce total est déjà sympathique ; (plus qu’) à moitié vide si l’on rappelle le but de l’opération : permettre à votre serviteur, au chômage, de vivre grâce à ce blog. On est évidemment dans cette perspective très loin du compte. Pas de découragement néanmoins : sur le plan de l’épanouissement personnel – ô combien important ! -, nous sommes en tous points ravi de ces rendez-vous pluri-quotidiens avec vous, chers plumonautes, et animer ce Kiosque est un vrai bonheur. On continue donc avec enthousiasme et c’est bien le moins que nous puissions faire, ne serait-ce que pour nous montrer digne de la confiance de nos 50 abonnés – d’autant qu’un certain nombre d’entre vous avez souscrit… pour un an !
En parlant de Top 50 (transition qui tue !), profitons-en pour délivrer un carton jaune au chanteur Garou, dans la catégorie charity show-business : « Mêler la promotion de son album à celle des Restos du coeur, c’est ce qu’a tenté lundi l’entourage de Garou sur BFMTV. Le chanteur devait venir pour parler des Restos du coeur, qui débutent leur campagne d’hiver. Garou fait en effet partie de la troupe des Enfoirés. Mais son attaché de presse a posé ses exigences. «Il voulait que le temps de Garou à l’antenne soit consacré à 50% aux Restos du coeur, et à 50% à son nouvel album, qui sortait le jour même», raconte pour Next Thomas Sotto, présentateur de l’émission Le QG de l’info. Une demande qui est très mal passée du côté de BFMTV. «Thomas était choqué que, pour un événement censé représenter la générosité des artistes, on en arrive à de telles négociations», raconte Myriam Ferrus, chargée de caler les invités pour l’émission. «Finalement, j’ai annulé sa venue, poursuit Thomas Sotto. Avec une actualité sociale pas facile, comme la mort d’un SDF de froid, je me voyais mal après deux minutes de journal dire : «Et alors Garou, vous avez écrit une chanson sur votre rupture avec Lorie ?». (…) Pourtant Thomas Sotto assure qu’il était prêt à évoquer le nouveau disque de Garou : «J’ai essayé de négocier, je voulais bien parler de son album en fin de journal, et même annoncer les dates de concert, mais l’attaché de presse ne voulait rien entendre. Je ne suis pas un chevalier blanc, je sais comment les choses se passent, les artistes font toujours un peu leur promo à travers les Restos du coeur, mais là, c’est le mélange des genres qui était gênant. (…) Du coup nous avons annulé aussi la diffusion d’un sujet people, tourné sur Garou la semaine dernière. Mais je n’ai rien contre l’artiste, je ne sais même pas s’il était au courant de toutes ces négociations. » Dans cette hypothèse dont nous voulons bien lui faire crédit a priori, un conseil à Garou : qu’il change d’attaché de presse !
5 décembre 2010
« L’alternative à la con » de Gérard Longuet
14 h 07 – Nous avoir volé nos deux plus belles années de retraite ne leur suffit évidemment pas. A présent, c’est à la durée du travail qu’ils entendent s’attaquer, remettant sur le tapis la question des 35 heures. A la manoeuvre, Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat et vice-président des Réformateurs, l’aile libérale du parti : « Il faut travailler plus pour le même prix », assène-t-il, en zélé larbin du Medef, avant que d’ajouter : « Ou on sort de l’euro ou on sort des 35 heures, mais on ne peut pas avoir les deux ». Gérard Filoche, encore lui, commente sur sa page Facebook : « Le problème du slogan de Gérard Longuet : « Ou on sort de l’euro ou on sort des 35 heures », il ne s’en rend pas compte, c’est que la majorité, des millions de salariés vont répondre : « On sort de l’euro ». Si on donne ainsi le choix entre l’Union européenne libérale et l’Europe sociale, c’est ça qui va l’emporter. Nous, on défend l’euro ET les 35 h : contre la BCE [Banque centrale européenne, NdA] et les libéraux, c’est la seule issue sinon l’UE est morte ». Quant à l’amie Agnès Maillard (Le Monolecte), elle se gausse : « Moi aussi, je vais tourner à l’alternative à la con : on garde Sarko ou le Smic ? » A votre avis ?
Comment l’Union pour une Minorité de Privilégiés, constamment, s’applique à faire la politique des riches
13 h 06 – Piochée sur la page Facebook du camarade Gérard Filoche, cette édifiante constatation : « Les députés UMP ont maintenu l’abattement de 15% sur les cotisations sociales des employeurs de domestiques (dépense de 460 millions). Mais ils ont supprimé cette année encore l’abattement fiscal sur les indemnités journalières des accidentés du travail (« économie » de 350 millions). Question de classe. »
4 décembre 2010
A nous deux Guigou !
21 h 25 – « Est-ce à une partie de billard à trois bandes que nous assistons : les balladuriens, les chiraquiens et les jospino-strausskaniens (bandes organisées) ?, interroge le blogueur Koszayr, qui tient boutique chez Mediapart, en ouverture d’un billet titré Pourquoi le silence des socialistes ? Nous connaissons le jeu des premiers acteurs que dévoilent avec maëstria nos deux Fabrice [Arfi et Lhomme, co-auteurs d’un livre sur le sujet et enquêteurs maison de Mediapart, NdA]. Mais rien sur les derniers pourtant aux affaires entre 1997 et 2002. Pourquoi Dumas a-t-il validé les comptes de campagne de Balladur, pour quelle contrepartie ? Pourquoi les Alain Richard [à l’époque ministre de la Défense, NdA] et autre parlementaires socialistes se taisent ? Pourquoi le silence assourdissant des ex-membres du gouvernement Jospin 1997-2002 (Budget, Armée, Affaires étrangères) sur cette affaire, hier et aujourd’hui ? Soit ils n’ont rien vu et c’est grave, soit ils se taisent et cela l’est encore plus ! Pourquoi en effet a-t-il fallu attendre que Chirac, revenu aux affaires en 2002, commence à faire le ménage dans les rétro-commissions et règle quelques comptes au passage ? Pendant cinq ans, qu’ont fait les jospino-strausskaniens ? » Le blogueur conclut en évoquant le jeu du « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette »… Une autre blogueuse de Mediapart, Ambre, se manifeste alors, dans le fil de discussion sous l’article, expliquant avoir lu le nom d’Elisabeth Guigou dans un article sur l’affaire Karachi et que se passe-t-il ? « Mon commentaire [a été] dépublié à la demande de l’avocat d’Elisabeth Guigou », proteste-t-elle, remettant le couvert en publiant un billet rappelant la source. Et cette dernière est très explicite, non en ce qui concerne l’affaire Karachi mais celle des frégates de Taïwan. Bakchich, puisque c’est de ce site qu’il s’agit, a en effet publié les cahiers de Gérard-Philippe Menayas, l’ancien directeur financier des Constructions navales, qui écrit : « La presse ne parle que des financements balladuriens, alors que nous savions tous que la redistribution était beaucoup plus large. Droite et gauche, nombre d’élus français étaient financés par Thales et la DCNI, très oecuméniques, depuis le début des années 90 ».
Et Bakchich balance ensuite : « À propos du contrat des frégates, les cahiers Menayas révèlent que «l’un des principaux bénéficiaires […] serait Édouard Balladur. L’autre, Élisabeth Guigou, grâce à un système élaboré de prêts adossés.» Tiens donc. Et l’avocat de l’ancienne ministre de la Justice voit rouge lorsqu’on l’évoque sur le Web ! Il n’en faut pas plus pour inciter votre serviteur à s’en faire l’écho. D’abord sur le Kiosque, en ballon d’essai réservé à nos abonnés, mais sans doute bientôt « en clair » : vous nous connaissez, ce ne sont pas les menaces et les procès* qui nous font peur quand il s’agit de dévoiler la vérité ! C’est d’ailleurs sans doute aussi pour cela que vous nous avez accordé la confiance de souscrire à ce Kiosque…
* Référence, pour les récents plumonautes, à celui que nous a intenté l’ex substitut du procureur de Toulouse, Marc Bourragué, que nous avions mis en cause pour son comportement dans l’affaire Allègre, procès dont nous sommes sorti victorieux !
3 décembre 2010
Pour vous chers plumonautes abonnés, un vrai billet bonus, parce que vous le valez bien 😉
Le retour de Besson-le-terrible
18 h 31 – Depuis quelque trois semaines qu’il n’était plus en charge de la Persécution des étrangers et de l’Identité nationale-sarkozyste, il s’était fait un peu oublier dans son nouveau ministère, celui de l’Industrie et l’Economie numérique. Mais voilà qu’Eric Besson signe son grand retour : « On ne peut héberger des sites internet qualifiés de criminels et rejetés par d’autres Etats en raison d’atteintes qu’ils portent à leurs droits fondamentaux », vitupère-t-il. Allons bon. De quels « autres Etats » parle-t-il ? Quand même pas ceux où règnent d’odieux islamistes, horrifiés par la seule vue d’une femme non-voilée ? Dans ce cas, nombre de sites français encourraient son courroux et sa censure ! Mais tout de même, on est en France… Ah mais non, nous n’y étions pas du tout : on nous souffle dans l’oreillette que les « autres Etats » en question sont… Unis. Eh oui, Hillary Clinton s’est fâchée toute rouge et les autorités américaines ont sommé l’hébergeur de WikiLeaks de jeter ce site à la rue virtuelle, ce qu’Amazon s’est empressé de faire. Et du coup, WikiLeaks avait trouvé cyber asile dans la patrie des droits de l’Homme (rires), chez OVH, hébergeur français. Mais selon Éric Besson, WikiLeaks « met en danger les relations diplomatiques, mais aussi des personnes qui se pensaient légitimement protégées par le secret diplomatique ». En conséquence de quoi a-t-il pris sa plume et écrit au vice-président du Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies : « Je vous demande de bien vouloir m’indiquer dans les meilleurs délais possible quelles actions peuvent être entreprises afin que ce site internet ne soit plus hébergé en France et que tous les opérateurs ayant participé à son hébergement puissent être dans un premier temps sensibilisés aux conséquences de leurs actes, et dans un deuxième temps placés devant leurs responsabilités ».
Et Le Point de commenter : « Le gouvernement cherche donc des pistes légales pour faire fermer l’hébergement de WikiLeaks chez OVH. Si le projet de loi Loppsi 2 doit permettre à l’exécutif de contrôler Internet sans l’intervention d’un juge, ce texte n’est pas encore adopté et la tâche pourrait donc être complexe. » On mesure bien ici le contenu liberticide de Loppsi 2 : une fois la loi adoptée, le gouvernement sera en mesure de censurer tout site qui lui déplairait sans autre forme de procès. « Cerise sur le gâteau : une partie des sites officiels du gouvernement (adresses en .gouv.fr) seraient hébergés par… OVH », précise l’hebdomadaire. Mais on n’est pas aux Etats-Unis et le prestataire français ne se laisse pas faire : « OVH veut que la justice se prononce, pas l’exécutif. (…) L’entreprise lilloise a saisi le juge des référés « afin qu’il se prononce sur la légalité de ce site sur le territoire français » et parce que « ce n’est pas au monde politique ni à OVH de décider la fermeture d’un site ». Une décision judiciaire favorable à WikiLeaks pourrait être une véritable épine dans le pied du gouvernement, dont les relations avec les États-Unis ne manqueraient pas d’être entachées. Une décision conforme aux volontés du gouvernement ouvrirait, quant à elle, une dangereuse brèche dans la liberté d’expression sur Internet telle qu’elle existe aujourd’hui. » C’est Le Point qui l’écrit ! Et du côté de Numérama, on observe : « Le ministre qui a pour charge de protéger les libertés numériques demande donc expressément qu’elles soient violées ». Mais oui, ça se passe comme ça en Sarkozie !
L’illustration sur Loppsi provient de la Quadrature du Net.
Faillite des banques : l’exemple islandais
10 h 36 – C’est notre Phrase du jour, prononcée par le président islandais Olafur Grimsson dans une interview accordée à Bloomberg Television : « La différence [avec l’Irlande, NdA] c’est qu’en Islande, nous avons permis que les banques fassent faillite. C’étaient des banques privées et nous n’y avons pas injecté d’argent pour leur permettre de continuer. L’Etat n’a pas endossé la responsabilité de la faillite des banques privées. L’Islande s’en porte beaucoup mieux que chacun pouvait s’y attendre. Jusqu’à quel point pouvons-nous demander à des personnes ordinaires – fermiers, pêcheurs, enseignants, docteurs, infirmières… – d’assumer sur leurs épaules le poids de la faillite des banques privées ? Ce sera maintenant la question brulante dans beaucoup de pays européens. » Absolument !
Nouveau record d’impopularité pour Sarkozy
07 h 35 – Commençons la journée avec une bonne nouvelle, ce n’est pas si souvent : il comptait « reprendre la main » par la séquence du remaniement après celle des retraites mais, trois semaines plus tard, le verdict est cruel pour le président de la République : « La cote de popularité de Nicolas Sarkozy tombe à 24% de bonnes opinions en décembre selon un sondage TNS-Sofres pour le Figaro-magazine, son score le plus bas dans ce baromètre depuis son élection en 2007″. Et ceux qui ne lui font pas confiance sont toujours 71%. Un petit bonheur ne venant jamais seul, François Fillon baisse aussi, à 35% de bonnes opinions contre 59% de mauvaises. Moins réjouissant, « Parmi les personnalités que les sondés souhaitent voir jouer un rôle plus important à l’avenir, le socialiste Dominique Strauss-Kahn arrive en tête avec 47% ». Il n’est pas de bonheur sans tache.
2 décembre 2010
« Révolution Cantona » : Paul Jorion en parle ce soir chez Taddéi
22 h 10 – C’était l’un des billets du 11 octobre, en plein mouvement des retraites auquel nous nous étions associé par une grève du zèle : La révolution selon Eric Cantona était le titre de l’article. Depuis, l’idée a continué à faire son bonhomme de chemin : la vidéo où l’ancien footballeur formulait sa proposition a été visionnée plus de 500 000 fois, un groupe s’est constitué sur Facebook et une date est désormais fixée pour « tous ensemble aller retirer notre argent des banques » : le 7 décembre. Christine Lagarde s’est fendue de la méprisante déclaration suivante : « Chacun son métier : il y en a qui jouent magnifiquement au football, je ne m’y risquerais pas, je crois qu’il faut intervenir chacun dans sa compétence ». Pour ce qu’elle montre de compétence, justement, la ministre de l’Economie ! Baudoin Prot, directeur général de BNP Paribas, a lui aussi réagi : « La recommandation de retirer les dépôts est totalement insécuritaire, complètement contraire à ce qui peut assurer le fonctionnement de l’économie ». Complètement idiot : Cantona ne veut pas du tout « assurer le fonctionnement de l’économie », il veut au contraire l’effondrement du système ! Prot avoue donc qu’il est dans le vrai,
compte tenu de son objectif. Alors, que peut-il se passer le 7 décembre ? Pour faire le point sur la question, Frédéric Taddéi a eu la bonne idée d’inviter à son émission Ce soir ou jamais l’économiste belge Paul Jorion, dont le blog est passionnant en ce qu’il éclaire crûment toutes les vicissitudes du capitalisme financier. Bref, à 23 h 10, allumons la télé sur France 3, son intervention risque d’être très intéressante.
Au tribunal demain : relaxe pour les 4 de Tours !
17 h 29 – « Baleiniers ! Ces chasseurs de mammifères marins, pour arriver à leurs fins, s’en prenaient parfois aux baleineaux pour attirer à eux « les parents baleines ». Cette technique de chasse aux enfants a eu son heure de « gloire » pendant une des périodes les plus sombres de notre histoire contemporaine. Les nervis de Vichy ont en effet utilisé les enfants pour pouvoir aider à la déportation de ces derniers et de leurs parents. Il semblerait que certains fonctionnaires préfectoraux, particulièrement zélés, s’inspirent de nouveau de la chasse à la baleine » : pour ce texte, quatre militants de Réseau éducation sans frontière comparaissent demain devant le tribunal de Tours, à la suite d’une plainte pour diffamation déposée par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux. Ils risquent jusqu’à 45 000 euros d’amende. L’une d’entre eux, Chantal Beauchamps, s’explique sur Rue89 : « En février dernier, la préfecture et l’inspection académique ont exercé des pressions pour qu’une directrice d’école maternelle remplisse le fichier Base élèves, dans lequel se trouvent toutes les informations concernant les familles des enfants scolarisés. Nous avons organisé une conférence de presse et diffusé un communiqué dans lequel nous émettions des soupçons sur les méthodes du gouvernement. Faire appel au fichier Base élèves est bien commode. Nous avons fait référence à des cas similaires en Guyane et en Ille-et-Vilaine : là-bas, un papa chinois
sans-papier a été retrouvé trois jours après l’inscription de son fils à l’école. » La socialiste Yvette Ferrand, secrétaire fédérale aux droits humains, s’y connaît en pratiques vichystes, elle qui préside une association de recherche sur la shoah, et elle apporte son soutien aux quatre militants : « J’apporterai des éléments historiques qui prouveront qu’il est possible de comparer l’action du gouvernement avec celle de Vichy », promet-elle. Une pétition circule pour réclamer leur relaxe. Pour autant que nous puissions en juger, celle-ci paraît probable. Mais la plainte d’Hortefeux représente une insupportable tentative de harcèlement judiciaire pour faire taire les militants qui dénoncent les scandaleuses pratiques du ministère de la Persécution des étrangers, des préfectures et de la police dans la chasse aux quotas d’expulsés.
Le domicile de Royal « mis à sac » : les barbouzeries continuent ?
12 h 23 – Si vous avez lu notre récente prise de position à l’égard de la présidente de Poitou-Charentes se présentant à l’investiture socialiste, vous savez que nous ne sommes pas précisément proche des idées de Ségolène Royal. C’est un euphémisme : entre la main tendue aux centristes, ex parfaits collaborateurs du pouvoir sarkozyste, l’entourloupe de la retraite à 60 ans mais avec 41 annuités et sa proposition d’un ticket présidentiel qu’elle formerait avec Dominique Strauss-Kahn, nous rechignons singulièrement à envisager qu’elle puisse représenter la gauche aux présidentielles. Néanmoins, ça ne nous empêche pas de dénoncer de possibles opérations d’intimidation dont elle serait victime. « Une première visite [au domicile de Ségolène Royal] avait déjà eu lieu en décembre 2006, rappelle Libération. Et une deuxième dans la nuit du 27 au 28 juillet 2007, au cours de laquelle un ordinateur avait été dérobé. La même nuit, un autre portable était volé au bureau d’un de ses proches. Par ailleurs, pendant la campagne présidentielle, deux autres ordinateurs avaient été dérobés dans son entourage politique : chez sa conseillère Sophie Bouchet-Petersen, en février 2007, et un mois plus tard chez son assistante. » Avec la « mise à sac » du logement de la présidente de Poitou-Charentes du 27 juin 2008, ça fait trois. Ce qui commence à faire beaucoup », écrivions-nous en juillet 2008. Depuis l’annonce d’une nouvelle « mise à sac » de son domicile de la région parisienne survenue hier après-midi, les « coïncidences » s’accumulent ! « Les deux chambres de ses filles ont été retournées, les tiroirs ont été vidés et les vêtements et les objets personnels ont été éparpillés. Le ou les cambrioleurs auraient également tenté de s’introduire dans la chambre de l’élue socialiste qui s’est déclarée il y a deux jours candidate aux primaires socialistes », raconte l’agence AP. Qui précise que, « Selon les premières constatations, rien n’a été volé » : de plus en plus étrange… Est-il besoin de rappeler le contexte de l’épidémie de vols de portables parmi les journalistes et les accusations du Canard enchaîné et de Mediapart de l’espionnage dont ils sont l’objet ? Il semble bien qu’en Sarkozie se confirme le grand retour des barbouzes.
Le Club des plumonautes s’agrandit !
11 h 28 – La nouvelle est tombée sur nos téléscripteurs dans notre boîte mail à 10 h 51 exactement : grâce à David (bienvenue à lui !), le Club des plumonautes va pouvoir organiser son… premier match de rugby ! Vous êtes en effet désormais 30 membres à avoir manifesté votre soutien et votre confiance en vous abonnant au Kiosque. Merci à vous.
La Halde en danger, suite : quand l’ancienne présidente prenait ses instructions directement du gouvernement
11 h 08 – A la suite du communiqué de Martine Billard dont nous vous parlions hier, s’alarmant de la disparition programmée de la Halde, nous avons opéré une petite recherche. Si la co-présidente du Parti de gauche s’inquiétait que le Premier ministre ait le dernier mot concernant les nominations des adjoints aux défenseurs des droits, il y a d’excellentes raisons, comme l’explique Bakchich : « J’ai eu le cabinet de Fillon, ils ne veulent pas qu’on parle des Roms et des gens du voyage». Lancée en mai dans un couloir par Jeannette Bougrab, présidente de la Haute autorité pour la lutte contre les discriminations, peu après son arrivée à la tête de l’institution, la phrase a évidemment choqué. Pour nombre d’agents c’était le signe, pas même dissimulé, de la mise sous tutelle par le gouvernement d’une administration jugée trop indépendante. Prendre ses consignes à Matignon lorsqu’on dirige une autorité administrative indépendante, et surtout lorsqu’il s’agit d’enterrer des plaintes, voilà qui fait désordre mais n’a visiblement pas contrarié la nouvelle présidente. De fait, depuis l’arrivée de Jeannette Bougrab, plus aucune délibération de la Halde, les décisions de son collège suite à une saisine de victime de discrimination, n’a porté sur la question des Roms ou des gens du voyage. A titre de comparaison Bakchich a recensé que sur les trois premiers mois de l’année 2010, pas moins de six délibérations sur vingt-neuf avaient statué sur ces questions. Mais comme chacun a pu le constater, depuis le mois de mai, les discriminations à l’encontre des Roms et des gens du voyage ont miraculeusement cessé. Discrimination dans l’accès au logement, à la scolarisation, à l’accès au droit de vote… Pschitt. Plus rien. En interne, les juristes sont un peu moins présomptueux. «Les dossiers sur les Roms et les gens du voyages sont volontairement écartés. On les place au-dessous de la pile où ils commencent à s’accumuler», raconte un cadre de la Halde. Que le gouvernement ait décidé dès le mois de mai de museler la Haute autorité sur le sujet, voilà qui jette en tout cas un éclairage intéressant sur l’embrasement de cet été contre les Roms. Loin d’être un coup de chaud d’un président aux abois, il semble au contraire que l’idée d’un plan concernant les Roms ait vu le jour au lendemain des régionales. » Jeannette Bougrab, qui a déshonoré l’institution dans l’affaire des Roms, s’est vue récompensée par un poste au gouvernement. Vive la Sarkozie !
1er décembre 2010
La Halde menacée de disparition
22 h 37 – La co-présidente du Parti de gauche, Martine Billard, sonne l’alerte dans un communiqué publié aujourd’hui : « Le gouvernement UMP a décidé d’avancer à marche forcée vers la disparition de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), créée en 2004 suite à la mobilisation conjointe des associations luttant contre diverses discriminations (à raison de l’origine, la religion, le sexe, l’orientation sexuelle et l’identité de genre, le handicap ou l’état de santé) et les organisations syndicales. En effet, le Défenseur des droits créé par la loi organique suite à la révision constitutionnelle de juillet 2008, englobe le périmètre d’intervention couvert aujourd’hui par la Halde. De plus, ce matin en commission des lois, un amendement du rapporteur a encore limité l’indépendance de cette nouvelle autorité. Il refuse que la nomination des adjoints aux Défenseurs des droits soit validée par un avis conforme des commissions compétentes de chaque assemblée, comme cela était prévu initialement. C’est donc le premier ministre qui aura le dernier mot ! La création de la Halde était pourtant une avancée majeure pour élaborer une vision globale des discriminations à combattre dans la société et dans notre droit : un projet exemplaire pour notre idéal républicain. En confirmant la disparition de la Halde, le Gouvernement UMP donne visiblement des gages au Front national dont la vice-présidente Marine Le Pen appelait dernièrement à cette disparition. La France sera ainsi à la traîne par rapport à de nombreux autres pays européens qui ont su mettre en place de telles autorités indépendantes reconnues par tous au-delà des clivages politiques. »
Ouverture officielle du Kiosque : Sarkozy, nous voilà !
12 h 25 – « Je ne peux être là que pour deux mandats, pas plus », a confessé Nicolas Sarkozy, censé ne pas « dévoiler » sa candidature à l’élection à la prochaine présidentielle avant… l’automne 2011. A en croire les témoins, des élus du club – ne riez pas – de « la droite sociale », créé par Laurent Wauquiez, « Si certains n’avaient pas encore compris, c’est plus que clair désormais. Il est bel et bien candidat en 2012 ». Message personnel au citoyen Sarkozy, du citoyen plumedepresse : « alors tu pars pour deux mandats, hein, ça y est, jusqu’en 2017 ! C’est ça, cours toujours, mon lapin ». Il ajoute : « Quand on est à l’Elysée, on prend des coups », pauvre chou. Après c’est plus tranquille. On fait la dolce vita. » Après, tout ce qu’il voudra, mais après, ça commence dès 2012. La campagne est ouverte officiellement sur plumedepresse : Sarkozy ne passera pas deux fois !
Beau et triste récapituatif de 2010, et qu’attendre de 2011? hélàs, encore pire! J’espère de nouvelles manifestations populaires pour cette nouvelle année, que tous les endormis se réveillent et montrent de quoi ils sont capables (suis-je rêveuse ou utopiste, à vous, camarades, de me le montrer)? Allons, tous ensemble, courage!!!
J’ai lu ailleurs que la fresque sera reprise sur un wagon Emmaus qui stationne à un endroit encore plus visible que ne l’était le mur communal.
[…] dénoncions il y a peu dans notre Kiosque (aux dates du 9 et 18 décembre) les subventions accordées par l’Etat-UMP à […]
[…] dénoncions il y a peu dans notre Kiosque (aux dates du 9 et 18 décembre) les subventions accordées par l’Etat-UMP à l’enseignement […]
[…] Nous souhaitions l’an dernier (le 13 décembre) un joyeux Noël à Brice Hortefeux, alors en charge, suivant Réseau éducation sans frontières (RESF) que nous reprenions, du ministère « de la Rafle, du drapeau et de la circulation routière hivernale » : « Aux yeux de Monsieur Hortefeux, les comptes sont vite faits : dix expulsions valent bien vingt-deux enfants de quelques mois à 14 ans qui pleurent leur père ou leur mère un jour de Noël. […]
[…] Nous souhaitions l’an dernier (le 13 décembre) un joyeux Noël à Brice Hortefeux, alors en charge, suivant Réseau éducation sans frontières (RESF) que nous reprenions, du ministère « de la Rafle, du drapeau et de la circulation routière hivernale » : « Aux yeux de Monsieur Hortefeux, les comptes sont vite faits : dix expulsions valent bien vingt-deux enfants de quelques mois à 14 ans qui pleurent leur père ou leur mère un jour de Noël. Cette façon de faire de la démagogie en méprisant les dégâts provoqués sur les enfants et les parents utilisés comme victimes expiatoires est inadmissible. Elle déshonore ceux qui en décident mais aussi ceux qui, par cynisme, imbécilité politique ou soumission à leur maître la mettent en œuvre. Brice Hortefeux est au premier rang de ceux-là, probablement pour chacune des trois raisons. Nous lui souhaitons donc de passer un excellent Noël en famille et d’avoir à ce moment-là une pensée pour les gamins dont il bousille non seulement Noël mais aussi toute l’enfance. » Hélas rien ne change dans l’ignominie. […]