En matière de mensonges, le ciel sait si la concurrence est rude en Sarkozie, avec le président de la République lui-même en champion toutes catégories. Nous en tenons chronique jour après jour sur ce site depuis plus de quatre ans – avant même la funeste élection donc – et une recherche sur Google du mot « mensonge » sur plumedepresse retourne quelque 283 résultats ! Il est vrai qu’ainsi que nous l’écrivions en septembre 2007, avec force exemples à l’appui, utilisant une novlangue rappelant le sinistre 1984 de George Orwell, la clique au pouvoir a érigé le mensonge en véritable système de gouvernement. Mais parmi tous ces bonimenteurs, l’un d’entre eux mérite une palme particulière, avec Eric Woerth naturellement : Eric Besson,
figure caricaturale du traître, dont le ralliement même à Nicolas Sarkozy représente le plus spectaculaire retournement de veste politique de ces dernières années, avec une impressionnante dose à la fois de cynisme, d’hypocrisie et d’opportunisme (relire à ce sujet Besson-la-honte et Un dernier mot à Monsieur Eric Besson). On se souviendra également avec quel aplomb il a nié le délit de solidarité envers les sans-papiers, le qualifiant de « mythe ». Mais c’est dans l’affaire des Roms, s’il en était besoin, qu’il donne enfin sa pleine mesure.
Partons de la résolution votée par les eurodéputés le 9 septembre dernier, que le communiqué publié sur le site de l’assemblée résume par le titre La France et les autres Etats membres doivent suspendre immédiatement les expulsions de Roms : le parlement s’y déclare « vivement préoccupé par les mesures prises par les autorités françaises et les autres Etats membres » et « rappelle que les expulsions collectives violent le droit européen car elles constituent une discrimination fondée sur la race. Dans une résolution adoptée ce jeudi, les députés regrettent en outre la rhétorique « provocatrice et discriminatoire » de certains décideurs politiques ». Cette vive condamnation venait, rappelons-le, après le cinglant communiqué publié par la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (Ecri), un organe du Conseil de l’Europe : « Ces dernières semaines, des déclarations politiques de responsables de haut rang ainsi que des actions menées par le gouvernement ont stigmatisé les Roms migrants. Ceux-ci sont présentés collectivement comme auteurs d’infractions pénales et sont en particulier caractérisés comme seuls responsables d’abus de la réglementation européenne en matière de liberté de circulation. Une politique fondée sur des expulsions forcées et des mesures ’incitant’ à quitter la France ne peut fournir une réponse durable. L’antitsiganisme, qui constitue une forme particulière du racisme, devrait être combattu de manière efficace dans tous les pays européens ». Avant l’Ecri avaient protesté, excusez du peu, la presse internationale, l’ONU, le pape et l’église catholique de France, ainsi que les anciens Premiers ministres de droite, Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin. Et des manifestations avaient réuni à travers toute la France quelque 100 000 personnes le 4 septembre dernier. Face à cette déferlante « droit-de-l’hommiste », Besson, droit dans ses bottes, allait répétant que « La France n’a pas de leçons à recevoir », attitude virile n’étant pas sans rappeler un Vladimir Poutine par exemple, comme lorsque notre ministre de la Persécution des étrangers déclare, cité par Le Nouvel Observateur : « Le Parlement européen est sorti de ses prérogatives et nous n’avons bien évidemment pas à nous soumettre à un diktat politique ». Mais Besson argumente, aussi, et c’est là que ça se gâte : « La France applique scrupuleusement le droit communautaire et elle respecte scrupuleusement la loi républicaine française. La France n’a pris aucune mesure spécifique à l’encontre des Roms. Les Roms ne sont pas considérés en tant que tels mais comme des ressortissants du pays dont ils ont la nationalité. » Aïe, combien de mensonges dans ces trois phrases, ami plumonaute ? Bien vu : trois ! Mais il ne suffit pas de l’affirmer, ce n’est pas le genre de la maison. Réfutons méthodiquement, faits et sources à l’appui. « La France applique scrupuleusement le droit communautaire », sauf que les expulsions collectives sont proscrites. Besson prétend qu’il ne s’agit que de « retours volontaires », mais voyons de plus près
comment ça se passe, concrètement, sur le terrain, avec Maître Norbert Clément, qui a défendu sept Roms devant le tribunal contre l’Etat, interviewé sur le site du Monde : « Jeudi matin, ils sont réveillés à 6 heures par les autorités et placés en garde à vue pour le simple motif d’avoir occupé le terrain d’autrui. Ils restent près d’une demi-douzaine d’heures au poste, avec leurs enfants, et quand ils sortent et qu’ils reviennent sur le terrain où étaient construites leurs habitations de fortune, tout est détruit. Ils sont alors certains de devoir quitter le territoire prochainement. » Retours volontaires, hein ?
En réalité, malgré ce qu’en disent les Tartuffe – et nous visons aussi, outre Besson, le sinistre Brice Hortefeux -, il s’agit bien d’expulsions collectives, comme l’expliquait dès novembre 2007 un article du quotidien suisse Le Courrier, repris par Le grand soir : « La police parisienne a été chargée cet automne d’une mission particulière : prendre possession des bidonvilles tsiganes, pour procéder à des expulsions collectives. Vaste travail, car les Roms seraient entre deux et trois mille en Ile de France, estime le collectif RomEurope, qui a recensé l’ouverture de trente-trois campements en 2006 rien que pour le département de Seine-Saint-Denis. Les interventions ont lieu au petit matin. Premièrement, les forces de l’ordre « sécurisent » les lieux, afin d’éviter des fuites. Ensuite, les « candidats » au départ sont priés de monter dans des bus. Ils voyageront d’une traite aux frontières de la Roumanie ou de la Bulgarie. Enfin, les campements sont réduits en morceaux, afin que d’autres Roms ne viennent pas les occuper. Le gouvernement de Sarkozy a fixé des objectifs chiffrés en matière d’expulsions d’étrangers. Et les Roms constituent un réservoir dans lequel il est facile de puiser, puisqu’ils vivent en communauté, dans des camps situés loin des regards ; derrière des panneaux de chantier, sous des autoroutes, dans des friches industrielles. En 2006, « quelque six mille des vingt-quatre mille personnes expulsées du territoire étaient des Roms », a rappelé au gouvernement la députée verte Alima Bumediene-Thiery, qui s’inquiète de cette « chasse aux Roms ». Depuis janvier 2007, les Roumains et les Bulgares sont devenus des citoyens européens. La France a donc dû trouver un dispositif adapté à cette situation originale, où l’on doit pousser dehors des ayant droit à la libre circulation. « La police arrive avec des Ordres de quitter le territoire français (OQTF) déjà signés, explique Coralie Guillot, coordinatrice du projet rom de l’association France Parada. Les Roms ont le choix entre l’interpellation ou le départ dit humanitaire. » (…) « Ce procédé est complètement illégal. L’aide au retour ne peut se réaliser qu’après une enquête sociale et l’élaboration d’un dossier », relevait il y a peu dans Le Parisien un membre du Groupe d’information et de soutien des immigrés. Michèle Mezard, du collectif RomEurope, déplore que « la police [fasse] pression pour que les gens signent. » Oui, mais c’était en 2007, objecterez-vous peut-être. Allons-y donc pour une description de la situation actuelle,
dénoncée le 4 septembre dernier par le docteur Philippe Rodier, responsable de la mission Roms de Médecins du monde, cité par Le Figaro : « Cet été, on a eu droit à une véritable déclaration de guerre qui s’est traduite par la destruction systématique des lieux de vie. De la précarité, on est passé à une situation de survie. Quand on écrase votre cabane ou votre caravane au bulldozer, on passe au hangar, quand on vous en expulse, on se retrouve au jardin public, et quand on vient y détruire votre tente, on finit sur un matelas posé à même le trottoir », a ajouté Philippe Rodier, dénonçant des « pressions policières incessantes » et un racisme désinhibé par le discours du gouvernement. « Nos équipes ont entendu des choses très dures sur les familles, on a été très gravement insulté », a-t-il dit, pointant aussi la détresse sanitaire des Roms, dont l’espérance de vie est inférieure à 60 ans, avec une mortalité infantile quatre fois supérieure à celle de la population française. » Voilà ainsi comment la France se conduit vis-à-vis des Roms. La honte et le dégoût se mêlent.
« La France applique scrupuleusement le droit communautaire », tente donc Besson. Raté ! C’est le Conseil de l’Europe qui l’affirme, la condamnant dans un rapport de son Comité des ministres du 30 juin 2010, que nous citions déjà dans notre billet du 6 septembre dernier : « un texte de loi concernant les aires d’accueil destinées aux Gens du voyage a été adopté en 2000 (loi n° 2000-614 du 5 juillet 2000 relative à l’accueil et à l’habitat des Gens du voyage, dite « Loi Besson »). Ce texte fait obligation aux communes de plus de 5000 habitants de se doter d’un plan prévoyant l’implantation d’aires permanentes d’accueil pour les Gens du voyage. Néanmoins, le Comité relève également qu’à ce jour, la loi n’a été suivie d’effet que dans une minorité des communes visées. Le Comité constate que la mise en oeuvre insuffisante de la loi précitée a pour conséquence d’exposer les Gens du voyage à l’occupation illégale de sites et à des expulsions au titre de la loi de 2003 pour la sécurité intérieure. Le Comité relève que, selon le mémorandum du Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe rédigé à la suite de sa visite en France en 2008, il y a une carence des places disponibles. » Si les Roms occupent par conséquent des terrains de façon illégale, c’est que les communes françaises « bafouent les lois de la République » (formule avec laquelle le minable Eric Ciotti accusait les Roms, voir le billet en lien plus haut, NdA), en refusant en l’occurrence de mettre à leur disposition des aires d’accueil comme elles en ont pourtant le devoir. Avec la complicité des préfets, si prompts, le doigt sur la couture du pantalon, ces méprisables, à expulser les Roms à tour de bras parce que Sarkozy-le-fourbe et son âme damnée Hortefeux le leur ordonnent. La loi Besson précitée (pas celle d’Eric, ne rêvons pas, de Louis Besson, ministre de Jospin) leur donne le pouvoir de contraindre les communes à aménager des aires d’accueil. En dix ans, un seul l’a fait. Le rôle des préfets n’est-il pas de faire respecter la loi ? Ça dépend laquelle, dirait-on. Le Conseil de l’Europe « rappelle également que « les Etats parties doivent s’assurer que les procédures d’expulsion soient d’une part justifiées, d’autre part exécutées dans des conditions respectant la dignité des personnes concernées, enfin assorties de solutions de relogement » (FEANTSA contre France, réclamation n° 39/2006, décision sur le bien-fondé du 5 décembre 2007, §163). La loi doit également préciser les modalités de procéder à l’expulsion indiquant par ailleurs « les moments dans lesquels elles ne peuvent pas avoir lieu (nuit ou hiver), définir des voies de recours juridiques, offrir une assistance juridique à ceux qui en ont besoin pour demander réparation en justice, et assurer une indemnisation en cas d’expulsion
illégale » (CEDR contre Italie, réclamation n° 27/2004, décision sur le bien-fondé du 7 décembre 2005, §41). » Inutile de préciser que la France ne remplit aucune de ces obligations ! « Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe a constaté dans son mémorandum que la question des expulsions est particulièrement problématique et plonge les familles dans un climat de crainte. « Ces expulsions sont souvent caractérisées par le recours à des méthodes brutales, au gaz lacrymogène et à la destruction de biens personnels ». A la suite de certaines expulsions, la Commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS) a conclu à des actes de violences injustifiés et disproportionnés. Le Comité constate que les Gens du voyage ont, lors de ces expulsions, été victimes de violences injustifiées. » On voit bien, applaudi par le Conseil de l’Europe lui-même, le scrupuleux respect du droit communautaire !
« La France respecte scrupuleusement la loi républicaine française », prétend aussi Besson. Qui autoriserait donc les « méthodes brutales » et les « actes de violence injustifiés et disproportionnés » ? En outre, si la loi était respectée, pourquoi donc le tribunal administratif de Lille a-t-il annulé, mardi 31 août, sept arrêtés de reconduite à la frontière visant des Roms expulsés jeudi d’un terrain à Mons-en-Barœul (Nord) ? Réponse du Monde : « Il a appuyé sa décision sur un arrêt rendu par la cour d’appel de Versailles en juillet 2009, selon lequel l’occupation illégale d’un terrain communal ou privé « ne suffit pas à caractériser l’existence d’une menace à l’ordre public. » Fondés sur ce motif de « trouble à l’ordre public », les arrêtés d’expulsion pris par la préfecture à l’encontre de quatre Roms de Roumanie ont été annulés vendredi. L’annulation de trois arrêtés d’expulsion supplémentaires a été annoncée mardi : « Saisi de sept requêtes distinctes demandant l’annulation des arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière prononcés à l’encontre de ressortissants roumains,(…)le magistrat a décidé d’annuler les décisions contestées », a indiqué le tribunal dans un communiqué. « La préfecture avait à nouveau invoqué le trouble à l’ordre public comme motif, y ajoutant cette fois un motif de salubrité, mais le tribunal administratif de Lille a une nouvelle fois confirmé la jurisprudence de vendredi », a déclaré Me Norbert Clément, l’avocat des sept Roms. La préfecture a décidé de ne pas faire appel de cette nouvelle décision d’annulation. Selon MeClément, « la messe est dite. Cette nouvelle décision, prise par un magistrat différent de vendredi, constitue un coup d’arrêt aux démarches de la préfecture pour faire reconduire des familles entières de Roms à la frontière en invoquant le trouble à l’ordre public. » Besson peut bien se draper dans toute la dignité dont il est capable, l’affaire est entendue : la France ne respecte ni le droit communautaire, ni même la loi française, encore moins « scrupuleusement ». Et l’avocat, qui anime par ailleurs Déblog, « blog de droit des étrangers », d’accuser : « Actuellement en France, selon les préfectures et le gouvernement qui s’en vantent, environ 20% des Roms reconduits dans leurs pays d’origine le sont dans le cadre d’une reconduite forcée. Selon moi, la moitié de ces reconduites forcées sont illégales. Plus particulièrement celles qui interviennent dans le cadre d’arrêtés portant reconduite à la frontière. Je suis persuadé que la plupart de ces arrêtés sont signés pour des motifs qui n’en sont pas. Mes clients auraient très bien pu traverser en dehors du passage piéton ou fumer une cigarette dans un espace public : ce sont des « troubles à l’ordre public » du même ordre que l’occupation illégale d’un terrain. Au lieu de leur coller une amende, on décide d’aller beaucoup plus loin, je dirais même 2 000 kilomètres plus loin, et de les reconduire dans leur pays. C’est stupide et contraire au terrain juridique. Les préfets qui prennent ces décisions le savent, mais se disent : « Ce n’est pas grave, de toute façon, ils n’ont que 48 heures pour contester, et après ça la décision devient définitive et non révoquable ». La contestation des APRF doit en effet avoir lieu dans les deux jours, sinon c’est foutu. C’est alors la course contre la montre. Parmi les sept Roms qu’on a pu sauver, on a fait des recours, samedi, huit minutes avant l’expiration du délai. Si nous avons réussi, c’est que les associations se sont immédiatement occupées d’eux, notamment pour leur trouver des logements provisoires, même si certains dorment encore aujourd’hui dans des voitures. Et surtout, elles ont pu les accompagner dans la procédure de contestation au tribunal administratif. Les Roms auraient sinon eu des difficultés à faire valoir leurs droits seuls, sans avoir de connaissances suffisantes en français et tout en devant s’occuper de leurs problèmes matériels immédiats. Mais je suis certain que dans d’autres cas, des dizaines de Roms ont été expulsés de force sans avoir eu la possibilité légitime de contester ces décisions illégales. » Nous vous parlions de Déblog, voici un extrait d’un de ses billets, en date du 28 août dernier, titré La chasse aux Roms : « Jusqu’alors, lorsqu’un membre de la communauté Rom occupait illégalement un terrain communal ou privé, il en était expulsé par l’huissier ou la police, et l’affaire s’arrêtait là. Mais depuis le discours présidentiel du 30 juillet 2010
au bistrot du commerce à la préfecture de Grenoble, la chasse aux Roms est ouverte. Par excès de zèle, afin de « mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms », les préfectures s’attachent maintenant non seulement à expulser du terrain les personnes qui l’occupent illégalement, mais également à les expulser du territoire où elles résident légalement. Toute l’astuce consiste, à chaque réquisition de la force publique par le propriétaire des lieux, à lui envoyer la Police de l’Air et des Frontières (Paf) Vous avez demandé un garde-champêtre ? On vous expédie Expulsator ! Réquisitionnés le 24 août 2010 à l’aube pour prendre en charge des » nomades » dans un sous-bois de Villeneuve d’Ascq, le petit coeur des gros durs de la Paf vacille. Face à eux : cinq adultes, dont une femme enceinte, et sept enfants. En Roumanie, les revenus mensuels de ces familles oscillent entre 30 €, avec trois enfants à charge, et 160 €, avec deux enfants. Ils n’ont pas de voitures de forte cylindrée – d’ailleurs, personne n’a de véhicule. Et aucun n’a volé de poule. Leurs cahutes ont été bâties avec des matériaux de récupération. Et la préfecture relève avec gourmandise qu’ils vivent « de surplus de poubelles » (sic). Tout ce beau monde est placé en garde à vue pour » occupation illégale d’un terrain sans droit ni titre « . Cette infraction ne constitue qu’une simple contravention de » petite voirie « , tout au plus sanctionnée par la peine d’amende prévue à l’article R.116-2 du Code de la voirie routière. Pour ces faits somme toute mineurs, le parquet ne trouve rien à redire au fait que la Police de l’Air et des Frontières place en garde à vue des familles entières pendant une demi-douzaine d’heures. Ni ne remarque que l’intérêt essentiel de cette manoeuvre est de donner du temps à la préfecture pour préparer les décisions de reconduite à la frontière. A la grande frayeur des Roumains, à la fin de leur garde à vue, leurs passeports et cartes d’identité sont confisqués. Il s’agit manifestement d’une voie de fait, l’article L.611-2du CESEDA n’étant pas applicable. Interrogée par la presse, la préfecture démentira avoir jamais confisqué les papiers. Sans blague ! Et elle va sans doute démentir leur avoir remis un accusé de réception des papiers confisqués ? » Qu’elle est belle, la France de Sarkozy, Besson, Hortefeux et les autres, zélés préfets et policiers !
Nous n’en avons pas encore fini avec les mensonges de Besson. « La France n’a pris aucune mesure spécifique à l’encontre des Roms. Les Roms ne sont pas considérés en tant que tels mais comme des ressortissants du pays dont ils ont la nationalité », osait-il affirmer, avant que ne soit dévoilée la circulaire de la honte, à laquelle nous consacrions une grande partie de notre billet d’hier, Racisme décomplexé à l’UMP. Cette dernière donne pour ordre aux préfets et policiers de cibler prioritairement les Roms, cas flagrant de discrimination ethnique contraire à la fois au droit communautaire et à notre Constitution. Besson avait donc, là encore, menti. Interrogé là-dessus, il réagit de façon pitoyable : « Eric Besson a affirmé ce lundi sur France 2 qu’il n’était « pas au courant » de la circulaire du ministère de l’Intérieur du 5 août aux préfets ciblant expressément l’évacuation de campements de Roms, relate L’Express. « Je n’en étais pas destinataire et je n’en avais donc pas en connaître », a assuré le ministre de l’Immigration. » Et ? Qu’en pense-t-il ? La condamne-t-il ? « Le ministre de l’Immigration s’est refusé lundi à tout autre commentaire sur cette circulaire, renvoyant la balle «au directeur de cabinet» du ministre de l’Intérieur, précise Le Parisien. Toutefois, il a assuré que «le concept de minorités ethniques est un concept qui n’existe pas chez nous.» Ben voyons ! « Concernant prioritairement les Roms », dit la circulaire : n’est-ce pas une minorité ethnique ? Même remarque entre parenthèses pour l’inénarrable Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’Union de Menteurs Populistes, jamais en retard dès qu’il s’agit d’aligner les contre-vérités et grand expert en foutage de gueule, cité lui aussi par Le Parisien : «les Roms ne sont en aucun cas ciblés. Cette circulaire cible les «campements illicites» de Roms, ce qui n’est pas la même chose. Et comme le président de la République l’a dit lui-même dans son discours de Grenoble il y a les Roms en situation légale, et là il n’y a rien à dire. Et il y a ceux qui sont en situation illégale et dans ce cas là le devoir de l’Etat c’est de faire respecter les lois de la République et de démanteler les campements illicites», a-t-il divagué. Ça mérite bien notre rubrique Ferme ta gueule ! La circulaire ne parle que des camps illicites et ordonne de démanteler « en priorité ceux des Roms », à quatre reprises désignés, de préférence à d’autres campements illicites. Et « les Roms ne sont en aucun cas ciblés » ? Il faut arrêter de prendre les Français pour des cons, Lefebvre ! Glissons sur Xavier Bertrand, Secrétaire général du parti, qui « assume tout à fait » cette circulaire, parce qu’elle est « la traduction de notre politique » – une politique raciste, donc – mais qui, par contre, avoue : ce qui «me choque, c’est l’hypocrisie du Parti socialiste, l’hypocrisie de ces associations de bien pensants». Il décroche le pompon ! Le ministre de l’Intérieur nous pond une circulaire objectivement et incontestablement discriminatoire, désignant nommément une ethnie, et ce sont les réactions du PS et des « associations de bien pensants » qui sont choquantes ? Mais qu’a donc fait la France pour mériter d’être dirigée par ce ramassis d’haïssables abrutis manipulateurs et haineux ? Nous nous apercevons avoir décerné un peu vite le pompon à Bertrand. Il revient en réalité à Besson, notre héros du jour : en prétendant ne pas avoir été au courant de l’existence de la directive de la honte, il mentait une nouvelle fois ! « Un représentant du ministre de l’Immigration Eric Besson était présent à la réunion du 4 août place Beauvau où a été élaborée la circulaire ciblant expressément les Roms pour les reconduites à la frontière, affirme Le canard enchaîné dans son édition à paraître mercredi 15 septembre, rapporte Le Nouvel Observateur. Une convocation par email a été adressée à Lucien Guidicelli, conseiller d’Eric Besson, avec un double à sa secrétaire, selon le journal qui publie en fac-similé l’en-tête de l’email. La convocation a été envoyée le 3 août à 11h21 par le conseiller chargé de la sécurité au cabinet du ministre de l’Intérieur. » Précisons que ce Lucien Guidicelli n’est rien moins que le directeur adjoint du cabinet du ministre ! Et que dit alors Besson, pris la main dans le sac ? Il ment encore, indécrottable : « Je ne veux polémiquer avec personne, mais je persiste et signe : ni mon cabinet ni moi-même n’avons été saisis du projet de circulaire du 5 août » (dans Le Monde). Et ton directeur adjoint, il a séché ? « Le canard enchaîné publie un fac-similé de ce courriel annonçant la première réunion de la « cellule de coordination nationale de lutte contre les campements illicites », précise L’Express. Diable, ça a l’air vraiment important, mais peut-être Guidicelli avait-il piscine ? Mystère : Besson ne se donne même pas la peine d’expliquer pourquoi il continue à prétendre ne pas avoir été au courant alors que son deuxième plus proche collaborateur était convié. Symptomatique : quand on en arrive à un tel niveau de mensonge, enfermé dans sa logique de dénégation à tout prix – comme ce « pauvre » Woerth -, on ne se soucie même plus d’être crédible. En attendant, voilà la clique qui nous gouverne et jette un opprobre mérité sur la France.
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Merci pour l’info : c’est un plumonaute super fidèle en plus ! Que ce qui appartient à César soit donc rendu à Lutopick 😀
Merci pour la précision. 😉
[…] This post was mentioned on Twitter by Olivier Bonnet, Esprits Libres. Esprits Libres said: RT @OlivierBonnet: #Roms : les cinq mensonges d’Eric #Besson http://www.plumedepresse.net/?p=482 […]
vous voyez tout en noir… faites plutôt comme moi, pensez positif : http://calebirri.unblog.fr/2010/09/09/merci-monsieur-sarkozy-avec-vous-je-comprends-tout/
courage, les consciences vont bien finir par s’éveiller… le peuple supporte bien les arnaques, mais mal les menteurs
Mouais… Il supporte tellement mal les menteurs, ce peuple, que Super Menteur a été réélu à 82 pour cent…
N’oubliez pas qu’il y avait le borgne en face…
@ Olivier: et qui nous assure que Marine ne sera pas là ?
Ça me plairait bien, que Sarkozy soit évincé du second tour par Le Pen 😀
C’est quand même bien la honte cette politique sécuritaire « anti-Roms »… Même la communication gouvernementale est pitoyable à ce sujet ! Mais les « mensonges », c’est encore pire. Venant d’un ministre « félon », cela n’est guère étonnant.
Merci M. Bonnet pour cet article éclairant.
Je m’étais moi-même amusé de ce problème de communication avec cette histoire de circulaire (http://motditblog.blogspot.com/2010/09/mot-dit-du-jour-23.html) mais plus les jours passent, moins j’ai envie de rire…
J’en profite pour vous féliciter pour la qualité de votre site. Je viens assez régulièrement consulter vos écrits mais c’est la première fois que je poste un commentaire.
Ainsi donc, il existe encore des journalistes engagés en France ! Longue vie à Plumedepresse, M. Bonnet.
Pierre
Merci 🙂
Mensonges et leur corollaire : la dénégation hystérique pour seul « argumentation ». Ils sont pitoyables, mais hélas ils ont le pouvoir… de nuire
Paradoxalement on peut se sentir rassuré actuellement : la totale indignité de l’actuel chef de l’Etat français éclate enfin au plus grand jour, aux yeux de tous. Car enfin c’était le même bonhomme en mai 2007 ou durant la campagne présidentielle… A cette époque, ceux qui énonçaient le vrai se faisaient communément taxer d’anti-sarkozystes primaires !
« Le sarkozisme ou le mensonge érigé en système » : difficile de faire tenir davantage de vérité en aussi peu de mots. Et cela ne fait que se confirmer un peu plus chaque jour !
De nouveau, un excellent article, et conséquent. Bravo.
Précision: si tu regardes d’un peu plus près, Dazibaoueb annote que le logo Union des Menteurs Populistes est de moi: http://www.lutopick.fr/blog/index.php/post/2009/02/20/19-Mars-2009 ;o)
Oups! je viens de m’apercevoir que le premier commentaire apporte la précision. Autant pour moi.
Désolé, j’avions pas vu.
Echange « très violent » entre Sarkozy et Barroso sur les Roms.
Le président français Nicolas Sarkozy et celui de la Commission européenne José Manuel Barroso ont eu jeudi lors du sommet européen un « échange très violent » au sujet des renvois de Roms, a indiqué aux journaliste le Premier ministre bulgare, Boyko Borissov.
http://www.lepoint.fr/societe/echange-tres-violent-entre-sarkozy-et-barroso-sur-les-roms-16-09-2010-1237191_23.php
@ Olivier
Un sarko qui a brulé ses petites ailes menbraneuses de desmodus à la flamme dévorante du FN , défait sur sa droite au 1er tour par une Marine Lepen qu’il aurait lui meme dopée par sa politique absurde et suicidaire cela devient de plus en plus probable !
Bonjour !
Rien de surprenant à voir que le mensonge est devenu la norme, la vérité l’exception, dans ce gouvernement de gangsters. Ce qu’il y a de terrible, c’est que l’on trouve encore des français qui soutiennent ce gang de barbares et leur gourou alors qu’ils ruinent l’image et l’avenir de ce pays. Lire billet sur l’affrontement avec l’UE, lien ci-dessous.
http://www.alert2neg.com/article-nicolas-sarkozy-cette-tache-de-honte-et-d-indignite-sur-le-drapeau-francais-57163244.html
Le bouclier fiscal, dispositif phare et très contesté de la présidence Sarkozy, a coûté l’an passé 679 millions d’euros à l’Etat, et bénéficié à près de 19.000 contribuables, dont les plus fortunés ont empoché des chèques de plusieurs centaines de milliers d’euros.
En bas de l’échelle, les 9.789 contribuables les moins aisés ont obtenu une restitution de 559 euros en moyenne chacun.
A l’opposé, les 1.169 les plus fortunés ont empoché un chèque du Trésor de 362 126 euros en moyenne. Ceux-là se sont partagés 423,32 millions d’euros, soit plus de 62 % de l’enveloppe totale.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hResKVNKdbuOAv_yofsR34LIxxnw
au bal des menteurs et de l’estomac, une citation extraite du blog de maître Eolas
Le ministre de l’intérieur n’a pas de mots assez durs pour critiquer cet état de fait : “Avoir quasiment l’assurance de ne pas effectuer sa peine de prison, quand on est condamné à moins de deux ans, est un dispositif parfaitement inadmissible pour les citoyens et totalement incompréhensible pour les policiers et les gendarmes” (cité par LePoint.fr).
Juste un petit problème : cette limite de deux ans pour l’aménagement a été mise en place par ce même gouvernement, il y a moins d’un an (avant, c’était seulement les peines inférieures ou égales à un an) : Loi n° 2009-1436 du 24 novembre 2009 dite loi pénitentiaire, article 84.
Rappelons à Brice Hortefeux que quand cette loi était encore devant le parlement, le ministre de l’intérieur s’appelait Brice Hortefeux, et que c’est donc à lui qu’il faut s’en prendre si une loi parfaitement inadmissible pour les citoyens et totalement incompréhensible pour les policiers et les gendarmes a été votée.
Sur ce point, je serai d’accord avec Brice Hortefeux : c’est inadmissible, la démission s’impose.
Excellent ! Merci 🙂
[…] […]
[…] aux préfets d’évacuer « 300 campements (…) d’ici trois mois, en priorité ceux des Roms ». L’audience se déroule aujourd’hui à 13h30, devant la 17ème chambre du tribunal de […]
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