« Le décret qui permet d’appliquer la loi visant à lutter contre l’absentéisme scolaire en suspendant les allocations familiales est paru dimanche au Journal officiel, annonce La dépêche. «En cas d’absentéisme scolaire, au moins quatre demi-journées sur un mois, le directeur de l’organisme débiteur de prestations familiales est tenu de suspendre, sur demande de l’inspecteur d’académie, le versement de la part des allocations familiales dues au titre de l’enfant», stipule t-il. Dans un communiqué commun, le Ministre de l’Éducation nationale (Luc Chatel, NdA) et la ministre des Solidarités Roselyne Bachelot soulignent que la publication du décret «montre l’engagement continu du gouvernement pour favoriser la responsabilité des parents d’élèves et leur implication dans la scolarité de leur enfant». Selon eux, la suspension des allocations familiales constitue «l’ultime recours» dans le dispositif de lutte contre l’absentéisme scolaire. Luc Chatel assurant qu’il s’agissait d’une simple amélioration d’une mesure qui existe depuis 1959 et que la politique contre l’absentéisme scolaire était «globale et équilibrée». L’un des objectifs requis étant soi-disant d’améliorer le dialogue entre les parents d’élèves et les autres membres de la communauté éducative. Sur le sujet, les avis sont très partagés. Comment répondre aux élèves en plein désarroi, alors que les Rased (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté, NdA) sont en voie de disparition, et que de plus en plus les moyens manquent à l’éducation nationale, avec des suppressions de postes s’interrogent les associations de parents d’élèves. »
Voilà bien nos Tartuffe gouvernementaux : ils prétendent s’inquiéter des élèves en difficulté mais ne savent manier que le bâton et détruisent par ailleurs consciencieusement, avec un cynisme confondant, la structure éducative conçue pour justement aider les jeunes en décrochage ! Un Appel national pour la défense des Rased a ainsi été publié le 25 janvier dernier, signé par 11 syndicats et associations : « Avec plus de 2200 postes de personnels des Rased supprimés en deux ans, de nombreux postes restés vacants, et la désorganisation par la « sédentarisation » de leurs enseignants, de nombreux élèves n’ont plus accès aux aides spécialisées. De plus, la baisse drastique du nombre de départs en stage de formations spécialisées ne permet même pas d’assurer le renouvellement de ces professionnels prenant leur retraite. Malgré ses affirmations de maintien des Rased, démenties par les faits, le ministère prive les élèves, les écoles, les familles et les enseignants de toute réponse spécialisée que ce soit pour la prévention ou la remédiation des difficultés. A la prochaine rentrée, la situation du service public d’éducation va encore s’aggraver avec une nouvelle vague de suppressions : 9000 postes en moins pour 8300 élèves supplémentaires pour le seul premier degré. Pourtant, les conclusions des différentes enquêtes nationales et internationales montrent que le nombre d’élèves en difficultés ne diminue pas, et que les inégalités s’accroisssent. Dans ce contexte, les Rased sont à nouveaux menacés par cette politique d’austérité et ne pourront plus exercer leurs missions de prévention et de remédiation des difficultés sur tout le territoire, faisant payer un lourd tribut aux élèves les plus fragiles et à leurs familles. » « C’est pas grave, on n’a qu’à leur supprimer les allocs, à ces sales pauvres ! », répondent en substance nos ministres, qui méritent une belle paire de claque.
Guy Queytan, secrétaire du comité du Parti de gauche de la 13ème circonscription des Bouches-du-Rhône, se charge de la leur administrer sur le blog du PG 13, sous le titre d’Ils ont osé ! : « Jusqu’à présent les familles en difficultés devaient faire face aux coupures d’eau, de gaz, d’électricité, à la visite des huissiers, à la gourmandise aveugle de leur banque, aux difficultés pour se loger, se chauffer, se vêtir , se nourrir, et enfin à l’absence d’un pouvoir d’achat pourtant promis par le candidat Sarkozy en 2007. Et bien, les Ministres de l’ Education Nationale (Luc Chatel) et des Solidarités (Roselyne Bachelot) signataires du décret 2011-89 du 21 janvier 2011, publié ce lundi au journal officiel, ont décidé d’en rajouter ! Les manants de la France d’en bas, habitués à courber l’échine, peuvent bien supporter cette nouvelle épreuve n’est-ce pas ? Au diable les réflexions consistant à chercher à comprendre pourquoi l’absentéisme se développe et si notre système scolaire nécessite de profondes réformes, inutile d’aller voir ce qui se passe derrière les volets clos de ces cités infâmes où s’entassent parfois dans quelques mètres carrés des familles nombreuses déjà en situation de survie et parfaitement ignorées par une oligarchie bien pensante, saupoudrée comme des
baronnes d’un autre temps hautaines, méprisantes et autistes. (…) Le Député UMP Ciotti (à l’origine du texte, NdA), élu cumulard, commence le travail, une Assemblée bienveillante et un Sénat somnolant valident, puis une ministre des Solidarités (on ne rit pas) enfonce le clou avec la complicité irresponsable d’un collègue du gouvernement ayant pourtant en charge l’Education Nationale et donc le devenir de la Nation ! Au fait M. le Député Ciotti, quand une famille ne perçoit pas d’allocation familiale, avec un enfant par exemple, que fait-on ? (…) On ponctionne directement le Smic du père de famille ? On impose une surtaxe à la maman lorsqu’elle fait ses courses chez Aldi ? »
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Et quand un député est absent de l’assemblée, on lui sucre ses indemnités parlementaires ?
Et à la troisième absence, on le suspend au réverbère.
Que Madame Bachelot soit consternante de médiocrité, ce n’ est pas nouveau. Loi du 5 mai 2009. Les médecins généralistes pourront envoyer en détention des personnes en hôpital psy. sans leur consentement et sans deuxième avis médical. En ce qui concerne ces suppressions d’ allocations familiales, oui c’ est le baton pour faire, de force, entrer les jeunes dans ce qui est conçu comme le droit chemin. 4 1/2 journées par mois et le directeur a pouvoir de suspendre les alloc de la famille concernant son élève. Faut voir s’ il ne considérera pas 1/2 h de retard, « retourne chez toi », comme 1/2 journée d’ absence. Se justifier, toujours se justifier. Objectif réel. Faire du bénéf sur le dos des plus démunis. Monter les enfants contre les parents. Privatiser le public. Faire des écoles de riches.
mince loi mai 2010.
Il y a quand même un sacré mélange dans cet article:
– le Rased ne concerne que le primaire (de la maternelle au CE2)
– l’absentéisme touche surtout les adolescents (collège et lycée)
– l’obligation de scolarité ne concerne que les enfants de 6 à 16 ans donc pas de « suppression » pour les élèves de 16 ans et plus !
– cette possibilité existe depuis longtemps mais n’est pratiquement jamais appliquée et c’est par effet d’annonce qu’on pond une nouvelle loi pour redéfinir ce qui existe déjà !
– cette « suppression » ne touche que les familles qui touchent des allocs « familiales » (le reste n’est pas touché: alloc jeune enfant, logement, parent isolé, RSA etc.) donc celles qui ont au moins 2 enfants de moins de 20 ans (s’il n’y en a qu’un ou si c’est le « petit dernier », il n’y a rien a supprimer) et de plus elle ne touche que la partie correspondant à l’enfant « fautif » (pas de suppression de ce qui correspond aux autres enfants) donc ça relativise
– cette « suppression » n’est en fait qu’une suspension : si l’enfant « revient » en cours, l’ensemble des allocs « supprimé » est reversé à la famille
– le coup des « familles nombreuses entassées dans quelques mètres carrés » m’agace au plus haut point ! qui a permis cela ? et d’abord s’agit-il de familles françaises inconscientes qui « font des enfants » sans avoir les moyens de les élever ? ou de familles immigrées arrivées là grâce au regroupement familial ? ou encore de « sans papiers » donc d’illégaux ?
Bref, je trouve cette loi stupide et absolument pas « pédagogique » mais pas pour les même raisons que vous ! Moi, je suis pour une réforme profonde de l’école (de la maternelle au lycée), de ses programmes, de sa pédagogie et de la discipline nécessaire (arrêtons la garderie, le maternage, le passage automatique dans la classe supérieure et les rustines qui vont avec -rased, soutien, aides généralisées- et enseignons du contenu solide !). Mais ça, ça demande une véritable volonté politique (et aller à contre-courant de ce qui se fait à l’E.N. depuis quelques décennies) et du temps de réflexion (alors que la durée de présence d’un ministre de l’EN excède rarement 2 ans) au contraire des dernières réformes (suppression samedi matin, mastérisation, suspension des allocs etc.).
J’aime bien la réponse de Claribelle. Elle dénonce les oublis orientés, les approximations de l’article.
Mais c’est toujours la même chanson sur ce blog…L’engagement politique supplante l’analyse clairvoyante et la raison n’a pas sa chance face aux archaîsmes cérébraux de la gauche radicale et bien pensante, « propre sur elle », rémanente sur Plume de Presse.
La loi sur la suppression des allocations dans certains cas et pour certaines personnes ne changera effectivement rien. Je sais trop les motivations des élèves absents (je suis prof en ZEP) : Tout d’abord il s’agit presque toujours d’enfants de familles monoparentales où la mère débordée par sa progéniture adolescente n’a plus aucune prise sur elle… les enfants feront de toutes façons uniquement ce qu’ils veulent y compris de zapper l’école. On pourra priver la mère de quelques euros, cela ne changera pas la situation. Ensuite, les traffics en tous genres ont pris une telle ampleur que les élèves du collège sont mieux habillés et mieux pourvus en matériel multimédia que mes propes enfants.. « Alors, pensez donc !!! 100 euros d’alloc…on rigole ». Et s’ils restent dans ces quartiers c’est pour la situation stratégique liée à ces traffics. Les clients sont là, les « logisticiens » sont là, et puis on est si bien entre potes !
Que l’on soit de gauche ou de droite, il y a la réalité des faits et les « convaincus » de la gauche humaniste feraient bien de secouer leurs convictions aux fenètres de leurs maisons. Ils retrouveront peut-être un esprit d’analyse en s’attachant plus aux faits qu’à un sentiment généreux mais dévoyé. Leurs larmes « rondes et salées » ne sont pas émouvantes et leurs sacro-saintes convictions un robinet d’arrèt aux idées.
Je ne suis poutant pas de droite mais j’aime la vérité et la clarté !
Je ne comprends pas : qu’est-ce que vous reprochez exactement à cet article ?
l’ analyse clairvoyante à neunoeil ,on connait : c’est la faute aux étrangers .
Si vos gamins sont fringués comme des sacs, c’est la faute aux dealers , ça coule de source aussi 🙂
Dans tous les thèmes qui sont soulevés dans ce blog, il y a effectivement, parfois, un certain « parti-pris » mais il faut garder la ligne de conduite en accentuant s’ il le faut les côtés négatifs des réformes qui ne manqueront pas de prendre le dessus. Faut faire éclater ce gouvernement avant qu’ il ne fasse éclater la classe moyenne. Faut dénoncer tous azimuts et mettre l’ accent (même s’ il est trop aigü) sur les risques qu’ il fait encourir à une grande majorité de la population.
Mon gamin (cinq ans) possède une très, mais vraiment une très belle bibliothèque. Un copain, un peu vert devant les rayonnages, me dit qu’il n’a pas les moyens d’en faire autant pour sa fille. Alors je lui explique que les vide-greniers proposent des tapées de livres à très bas prix. Suffit de trier le bon parmi la drouille ou le mauvais état… Et je donne trois livres en état neuf pour l’anniversaire de la gamine, trente euros en librairie, que j’ai payés un euro cinquante.
Pour les fringues, les jouets, le multimédia, outre les vide-greniers, il y a aussi une tapée de dealers qui ont pignon sur rue comme le Secours catholique, l’ APF (paralysés de France) ou le Secours populaire. Fringues à un euro le kilo. Là aussi, il suffit de savoir trier.
Les DVD et les CD se négocient à un euro dans les vide-greniers comme dans les ventes des caritatifs. Ces jours-ci un magazine me proposait un ordinateur portable assez puissant… en cadeau d’abonnement. Les articles du secteur multimédia ne valent décidément plus grand chose.
Quand on est pauvre, ou simplement quand on ne veut pas mettre trop d’argent, on trouve très vite les circuits. Et pas la peine de fantasmer sur le « tombé du camion », le « black » ou que sais-je, je donne les vêtements devenus trop petits à l’association caritative qui me vend le remplacement pour des quetsches ou des mirabelles.
Et si on arrêtait de délirer sur des trafics dont la simple observation montre l’impossibilité économique ?
La gauche présente sur ce site, à laquelle j’appartiens, se permet de mettre en garde le grossier doigt que tu te fourres dans ton oeil statistique branché café du commerce.
Je ne suis pas bien-pensant pour cause de vie zarbie qui m’a collé dans des sentiers peu battus et abonné aux revenus peu rêveurs. Qu’en est-il des autres de gauche ici, je n’en sais rien. Mais, pour ton éducation, je te dirais simplement d’ouvrir les yeux.
La gauche est une denrée de plus en plus absente dans les rayons médiatiques et dans les partis ou les pouvoirs qui dépècent la société. Voilà donc une « rémanence » qui s’accorde avec rare et te permets donc de balancer un oxymore sans le savoir.
Concernant le post brunâtre de Clarabelle, on peut constater qu’il circonscrit la mesure de suppression des allocs à des modalités, dont d’ailleurs elle accepte la réalité en tentant de les rogner à la marge, ce que tu t’escrimes à faire idem.
Ce contre quoi je m’insurge – et faut-il être de gauche ou déraisonnable pour le faire ? – est le fait de supprimer les allocations à des gens. C’est dégeulasse, quelles que soient les circonstances, car le fond de l’affaire est que des gens n’empêchent leurs enfants d’aller à l’école ni par plaisir, ni par idéologie.
Donc, il y a des raisons et ces raisons Olivier les évoque, comme les personnalités qu’il cite et d’autres qui les ont amplifiées, systématisées. Ainsi quelques sociologues hors-plateau média, qui ont dit le pourquoi et le comment de la déshérence des pauvres, de l’absence d’autorité corrélative et de la fin de l’avenir pour les classes populaires, études ou pas. Fin ressentie sans aucun doute par l’esprit acéré de l’enfant comme de l’adolescent, s’absentant alors de l’école, de la norme, de l’autorité et de l’obéissance.
Voilà une réalité, de fait.
L’autre versant est le travestissement, le retournement abject qu’opère le cadre passé ministre. D’une sanction terrible pour une famille désargentée, d’une humiliation publique, il fait un dialogue. Il n’y a pas de dialogue, il y a des coups et leur déni face à l’opinion.
Au risque d’ennuyer tes neurones profilés de prof à projets, je te livre la seule interprétation réelle de la situation construite par le l’Oréal boy, pistonné ministre :
« Le mot « guerre », lui-même, est devenu erroné. Il serait probablement plus exact de dire qu’en devenant continue, la guerre a cessé d’exister. […] Une paix qui serait vraiment permanente serait exactement comme une guerre permanente. [C’est] la signification profonde du slogan du parti: La guerre, c’est la Paix.
Après, naturellement, on peut alléger le bâton, lui donner des horaires de frappe, remplacer l’acier par du plastique extra-dur, se convaincre que les dents crachées après les coup reçus sont l’amorce d’un dialogue, ou mettre de la musique classique et raconter de belles histoires aux victimes. Un coup est un coup.
« Ce contre quoi je m’insurge – et faut-il être de gauche ou déraisonnable pour le faire ? – est le fait de supprimer les allocations à des gens. C’est dégeulasse, quelles que soient les circonstances, car le fond de l’affaire est que des gens n’empêchent leurs enfants d’aller à l’école ni par plaisir, ni par idéologie ».
Relis-moi stp ! Les gamins absentéïstes font ce qu’ils veulent. Le(s) parent(s) est débordé et ne ne peut plus rien imposer à sa progéniture. Supprimer les allocations ne servira donc à rien et évidemment pas à refaire revenir le gamin en classe (ce qui est tout de mème l’objectif, non ?)
« Mais, pour ton éducation, je te dirais simplement d’ouvrir les yeux ».
« Au risque d’ennuyer tes neurones profilés de ……………….., »
je te retourne le compliment !
@ François (je suis prof en ZEP)
Vous regardez trop de feuilletons américains, votre honneur ! 😉
Trafic ne prend qu’un f.
Excuse moi, je suis prof de physique ! ça s’explique (lol)
je te mets un trait d’union en prime –
Et puis j’ai oublié un r à « pourtant » en bas de l’article. je te mets ici : r
je te le mets…Pardon !
On va peut-être se calmer là, non ? 😀
Les Rased concernent le primaire ? Justement ! Elles peuvent éviter le décrochage qui entraînera plus tard l’absentéisme. Donc pour moi, on ne peut prétendre lutter contre ledit décrochage en supprimant – hypocritement, en disant le contraire – la structure chargée de prévenir et remédier aux difficultés scolaires rencontrées par certains élèves (socialement défavorisés).
Le Rased peut faire raccrocher ou soutenir quelques élèves mais ne peut pas tout, loin de là, surtout à raison de 1 ou 2h par semaine pendant les heures de classe d’où l’élève est retiré (donc il manque la leçon des autres, qu’il s’agisse de la progression en français et maths ou d’une activité plus « cool » comme l’EPS ou la musique). En CM1, c’est fini et à 12 ans, quoiqu’il arrive, l’élève passe en 6ème (il ne peut redoubler qu’une seule fois même si son niveau est insuffisant – et pour aller en Segpa, il faut vraiment que le cas soit « lourd »). Ensuite « grâce » au collège unique et au fait que « le redoublement ne sert à rien », cet élève, largué en 6ème, malgré les innombrables heures de soutien ou de remédiation qu’on lui proposera, ira jusqu’en 3ème en redoublant une fois peut-être (s’il s’accroche et donc sans absentéisme) ou pas du tout (surtout s’il est décrocheur ou perturbateur et s’absente -« pas motivé, inutile de le faire redoubler »), fera un choix par défaut en CAP ou 2nde pro voire se retrouvera en 2nde (car même les CAP et 2nde pro « trient » les dossiers et évitent les jeunes « à problèmes ») et (re)décrochera.
Supprimer le Rased pour le remplacer par 2 heures de soutien par les instits pour les élèves en difficulté a nécessité de supprimer 2h pour toute la classe. Cela évite de retirer l’élève de la classe, en cela c’est mieux et permet aussi d’agir jusqu’en CM2, mais c’est tout, car boucler le programme avec 2h de moins nécessite aussi d’aller plus vite (pas simple pour les moins bons).
Alors réclamer des postes et des moyens (bref des sous) ne sert à rien si on ne s’attaque pas à ce qui pose problème et accentue les difficultés des élèves: refus des redoublements (CP à 6 ans, 6ème à 12 ans au plus tard), programmes ou pédagogies inadéquats, dogme du collège unique, impossibilité de l’apprentissage précoce etc.
[Par contre, plus que la suppression du Rased, c’est l’intégration d’un certain nombre d’enfants handicapés qui pose problème surtout quand les AVS manquent et là, je vous l’accorde, c’est bien un pb de moyens.]
Le manque de moyen pour les postes AVS [auxiliaires de vie scolaire, accompagnant d’enfant handicapé] découle de la même volonté politique élitiste .
Je comprends mieux cette volonté d’enterrer les RASED s’ il s’ agit de récupérer les enveloppes pour l’ accompagnement . 🙂
C’est une prise de position qui s’entend que de dire que les deux heures de soutien instaurées il y a maintenant trois ans sont préférables à l’action des RASED, mais elle me semble procéder d’une opposition qui n’a pas lieu d’être, ainsi que de certaines omissions et réductions que ne plaisent guère, sauf votre respect.
Tout d’abord, omissions et réductions de l’action des RASED : s’il est sans doute majoritaire comme pratique spécialisée d’extraire les enfants de la classe, il existe aussi des pratiques à l’intérieur de la classe. Mais au-delà de cette remarque, considérer par principe qu’un court temps en dehors de la classe pénalise l’élève concerné me semble réducteur (pour euphémiser) : l’action de l’enseignant spécialisé doit être basée sur une prise en compte du moment de son intervention avec un élève – et c’est justement la réduction drastique de leurs effectifs qui rend difficile voire impossible de continuer à le faire… évidemment, puisqu’ils ont énormément de demande de la part des enseignants des classes « banales » quant à un suivi de leur part, ils croulent sous les accompagnements et ne peuvent plus guère travailler avec les élèves que quand c’est possible… et ne peuvent plus ou beaucoup moins travailler à rendre le plus possible cohérent le choix du moment de leur intervention. Bref, vos critiques sont semblables à celles de contempteurs du service public : après l’avoir affaibli, il est très facile de pointer les dysfonctionnement les plus criants… (je ne dis pas que l’action des RASED et leur organisation est exempte de critiques : tout est perfectible, et rien n’est parfait, mais à ce niveau de critiques ça confine à la malhonnêteté ou au mieux à la généralisation d’expériences personnelles, ce qui est TOUJOURS foireux).
Ensuite, fausse opposition. Pourquoi mettre face à face « action des RASED » et « deux heures de soutien », en rendant l’existence de l’un conditionnel à la disparition de l’autre ? En voilà un raisonnement qui ne tient pas la route, Claribelle. Il est de mon point de vue évident qu’il est possible d’envisager une action spécialisée telle que celle des RASED ainsi qu’un dispositif qui viserait à aider les élèves en difficulté.
J’ajoute que les élèves concernés par l’action des RASED et ceux concernés par l’aide personnalisés ne sont pas forcément deux groupes qui se confondent.
Pour reprendre la distinction de Philippe Meirieu (si vous êtes allergiques, épargnez-moi s’il vous plaît la disqualification générale de mes propos pour la seule raison d’avoir cité cet homme), il y a les élèves en difficulté et les élèves en échec – et croyez-moi (mais je crois comprendre en vous lisant que vous êtes à l’intérieur des écoles), cette distinction a tout à fait lieu d’être.
Les élèves en échec relèvent clairement d’action de maître E et G (bien que les maîtres G voient leurs effectifs quasiment disparaître depuis quelques années, c’est une volonté politique), les élèves en difficulté non. Par contre on les retrouve tous en heure d’AP.
Résultat de votre raisonnement consistant à dire « les heures d’AP sont préférable à l’action des RASED parce qu’elles permettent de ne pas extraire les élèves de la classe » : les élèves en échec ont moins de soutien. Ils se retrouvent en AP avec leur propre enseignant, qui n’est pas formé en spécialisé (oseriez-vous dire que les maîtres E et G n’ont pas de plus-value professionnelle par rapport à leur collègues des classes ordinaires ?), qui plus est avec un groupe qui peut aller jusqu’à 4, 5 ou 6 élèves, là où une heure de RASED peut être individuelle, ou en groupe mais avec des élèves qui ont des difficultés similaires qu’ils peuvent travailler ensemble. CEs heures d’AP sont en plus du temps de classe, contrairement aux interventions de RASED, et il me semble largement une erreur que de ne pas s’interroger sur le caractère de « punition » que peut parfois constituer le fait de devoir travailler alors que les copains et les copines jouent sur la cour, ou rentrent chez eux, selon l’organisation des heures adoptée par l’école (le midi ou le soir après la sortie).
Ce qu’il faut, au lieu de sombrer dans une justification pénible comme celle qui vous portez, Claribelle, et qui consiste à justifier à la fois la mesure de l’aide pédagogique et celle de la suppression progressive des RASED (quel exploit), c’est maintenir et développer une aide spécialisée telle que la délivre les RASED – et, je le crois, développer aussi les conditions de possibilités pour que ce dispositif puisse progresser dans ses objectifs, notamment au travers des pratiques à l’intérieur de la classe et au travers des modalités de coopération avec les enseignants des classes ordinaires. Plus de poste de maître E et G (et de psychologues scolaires, qui font aussi partie des RASED), c’est plus d’heures d’intervention spécialisé, ce sont des interventions mieux pensées puisque chaque maître E ou G a moins d’élèves à accompagner, donc plus de temps pour mieux travailler avec eux… logique inatteignable pour tous les tarés psychopathe de la « rentabilité » qui l’importent et l’imposent jusque dans les sphères de l’humain (soins, social, enseignement, éducation, aide, soutien, accompagnement…), par nature incertaines, instables, plastiques, à forte possibilité d’évolution, nécessitant du temps, du recul, de l’analyse, de la préparation, de l’échange horizontal entre professionnel, résistant aux mises en procédure et aux standardisations…
Il faut aussi réfléchir la question du soutien aux élèves en difficultés (à laquelle il a été répondu par l’aide personnalisée, dite l’AP) non pas en marge du temps de classe, au travers de deux misérables heures qui sont en plus pour les élèves en difficultés et en échec, mais à l’intérieur même du temps de classe, et en permanence… Comment ? Eh bien déjà en professionnalisant les AVS pour l’accompagnement des élèves en situation de handicap (qui concerne aussi tous les « dys », aujourd’hui considérés comme « handicapés »), et en augmentant aussi le nombre de postes d’enseignants jusqu’à avoir au moins un poste surnuméraire par école, afin que ce maître ou cette maîtresse puisse organiser son emploi du temps pour naviguer de classe en classe et soutenir ses collègues pour avoir quelques heures par semaine deux enseignants dans la classe (ce qui ne peut que bénéficier aux élèves les plus en difficultés). Il est aussi envisageable de rendre le poste d’assistant pédagogique professionnel, ou semi professionnel, et de multiplier ces postes dans les écoles pour que chaque classe ait la possibilité d’avoir, sur au moins la moitié de son temps hebdomadaire, deux adultes formés dans la classe.
Dans ces conditions, même sans réduire le nombre d’élèves par classe, on augmente les chances de ceux qui en ont moins. J’ai été AVS pendant cinq ans, à travailler à des accompagnements qui ne nécessitait pas une présence permanente (d’ailleurs, sauf rares exceptions, aucun accompagnement ne nécessite une présence permanente auprès de l’élève accompagné, ce qui fonde le poste d’AVS a être aussi, secondairement, une ressource pour la classe ou il ou elle travaille, ainsi que pour l’école), et je peux vous dire tout le bénéfice qu’ont eu les élèves des classes les plus en difficulté à ma présence… les coopérations avec les enseignantes ont le plus souvent été très fructueuses, et de fait, avoir un adulte en renfort qui navigue dans la classe, qui participe à l’encouragement à l’écoute et à l’attention, qui répond aux interrogations et fourni des éclaircissements sur la leçon lors des exercices, tout ça vaut beaucoup plus qu’une misérable « aide personnalisée » présentée comme un progrès alors qu’elle externalise hors de la classe le soutien aux plus fragiles, qui en ont un besoin directement en situation de classe.
Bref, vos propos me dégoûtent, proprement, et à moins d’une méprise de ma part, ce qui est toujours possible, me navrent au plus haut point. Désolé d’être aussi abrupt.
de mémoire je cite un document « éducation nationale » : l’aide personnalisée équivaut à la création de 16000 postes à temps plein dédiés à la prise en charge de la difficulté scolaire… en fait à la suppression de 10000 postes RASED…magnifique usage du verbe équivaloir…
Bonjour Olivier
La seconde couche est donc passée….laissons sécher !
Le ministre Luc Chatel répond, point par point, au micro France Info de Raphaëlle Duchemin, et confirme la signature d’un accord avec les syndicats de principaux et de proviseurs : les salaires des chefs d’établissement intègreront une part variable.
Primes sur objectifs :
Le ministre de l’Education confirme sur France Info la signature d’un accord avec les syndicats de chefs d’établissements (proviseurs de lycées et principaux de collèges). Accord qui met en place une prime sur objectifs pouvant aller jusqu’à 6.000 euros tous les trois ans. « Le gouvernement a décidé de développer une rémunération variable liée aux performances de nos cadres, comme cela existe dans l’immense majorité des entreprises de notre pays ».
http://www.france-info.com/chroniques-les-invites-de-france-info-2011-01-25-des-primes-au-merite-versees-aux-chefs-d-etablissement-confirme-511258-81-188.html
Cette phrase de Luc Chatel sera la phrase la plus importante de l’année 2011 :
« Le gouvernement a décidé de développer une rémunération variable liée aux performances de nos cadres, comme cela existe dans l’immense majorité des entreprises de notre pays ».
Cette phrase de Luc Chatel résume la « philosophie » de l’UMP : tout doit être privatisé.
Tout doit devenir une entreprise privée (sauf la Justice, la Police et l’Armée car il faudra réprimer les émeutes).
Ce gouvernement donne la gerbe. Ni plus, ni moins.
Quel est le châtiment pour haute trahison envers la patrie?
Je ne sais pas exactement, mais j’ai en tête des trucs particulièrement vicieux.
J’ai trouvé depuis longtemps, et je rêve de pouvoir l’appliquer un jour :
Leur accorder l’énoooome chance d’être « assisté », de « profiter du système », « de vivre aux dépends de ceux qui travaillent », et donc
– leur donner le RSA, les allocs en cas de progéniture, l’aaloc logement, puis les assigner à résidence dans un appart HLM en leur prendre 400 euro pour loyer, chauffage et électiricté (c’est cadeau !) en leur laissant le reste pour vivre en grands seigneurs.
Un privilège, car le citoyen lambda lui, doit attendre plus de trois ans pour l’avoir l’appart de rêve !
Pascal, dois-je te rappeler que la peine capitale a été abolie ?
Pour nos nantis, tu ne proposes qu’une mort quelque peu différée…
[…] This post was mentioned on Twitter by cpolitic, romainsantiago, Roland Michel, GROCK, Kimaali and others. Kimaali said: RT @blogcpolitic: Suppression des allocations familiales et… des RASED : le cynisme écoeurant du gouvernement http://bit.ly/emTRxP […]
[…] > l’ami de Plume de Presse, Olivier Bonnet, évoque le sujet de la suppression des allocations familiales, qui me scandalise tout autant et que je trouve particulièrement écœurant, d’un cynisme et d’une violence sociale sans précédents, ainsi que de la suppression des Rased. Vous en saurez plus, détails à l’appui, ici. […]
Ne pas oublier que Luc Chatel a comme profession DRH qu’il a exercée chez … l’Oréal !! Alors, quand il dit que la prime au mérite des proviseurs n’est une prime à celui qui supprimera le plus de postes, il ne convainc et ne faire rire personne !
Une remarque, en passant, au sujet des allocations familiales, je parle donc de la somme mensuelle versée dès lors que vous avez DEUX enfants à charge.
Cette allocation est versée SANS CONDITIONS DE RESSOURCES : je trouve donc tout aussi inadmissible de prétendre solutionner un certain absentéisme scolaire par une suspension ou une suppression qui pénalise une fratrie dans sa globalité, que de verser des allocations sans prendre en compte les revenus de la famille concernée. Pendant ce temps, et passé l’âge de 3 ans, il semble donc « logique » de n’accorder AUCUNE allocation familiale aux familles avec un seul enfant, y compris si cette famille vit en dessous du seuil de pauvreté, au juste au dessus, ce qui revient quasi au même.
Idem pour les familles avec deux enfants, ou dès lors que l’aîné a atteint l’âge limite, le petit dernier n’ouvre plus droit à allocation. Il y a donc bien du « grain à moudre » sur le sujet, mais certainement pas avec cette réforme démago, qui n’est qu’une déclinaison de ce qui existait déjà.