Nov 232020
 

Cuisinée à propos de la diffusion d’images de policiers commettant « une faute » par Jean-Jacques Bourdin, le célèbre journaliste de BFM/RMC, qui lui demande « le journaliste ne sera pas poursuivi ? », Marlène Schiappa, ci-devant supplétive de Gérald Darmanin, répond exactement : « Maintenant il y a une loi et il appartient au magistrat de dire si le journaliste sera condamné ; chacun peut poursuivre qui il veut poursuivre sur la base des lois. » (Rappelons tout de même au passage à la pressée macroniste que la loi n’est pas encore adoptée et que l’Union européenne s’est invitée dans le débat, exprimant sa défiance : lire La pression ne retombe pas pour l’exécutif.)

Arié Alimi, avocat membre de la Ligue des droits de l’Homme et le défenseur des familles de Rémi Fraisse et Cédric Chouviat, de Taha Bouhafs, d’une vingtaine de Gilets jaunes…

À la suite du commentaire d’Arié Alimi, le journaliste Jean-Marie Leforestier, de l’excellent Marsactu, petit frère marseillais de Mediapart, complète. Il dénonce par avance « les procédures-bâillons à je sais pas combien pour les petits médias qui galèrent à boucler leur budget ». Ajoutons aussi la menace pesant sur les journalistes indépendants. Mais revenons à la déclaration de Schiappa : on le savait mais la ministre déléguée à la Citoyenneté au sein du ministère de l’Intérieur l’énonce clairement. C’est le juge qui décidera si le journaliste sera condamné. Rappelons dès lors la question à laquelle le magistrat devra répondre : le journaliste a-t-il eu « l’intention manifeste de porter atteinte à l’intégrité physique ou psychique » du policier ? L’intégrité psychique ! Pour le coup, ne pas admettre qu’une qualification aussi floue du délit ouvre la porte aux condamnations les plus abusives, porte puissamment atteinte à notre intégrité psychique personnelle !

Les macronistes nous prennent de plus en plus pour des buses que c’en devient vraiment insupportable. Le délit si vague créé par l’article 24 de la loi Sécurité globale poursuit évidemment le but d’intimider la presse et les citoyens pour dissuader de filmer les violences policières, dont ce régime fait systématiquement usage – pour dissuader de manifester, cette fois. Il suffit de voir le comportement des forces de l’ordre sur le terrain, ci-dessous brillamment mis en parallèle avec les hypocrites promesses de Darmanin devant les députés, dans ce clip de RT France.

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Nov 232020
 

Ce qui s’est passé lors des manifestations contre la loi Sécurité globale est grave. Des journalistes, clairement identifiés (brassard, carte de presse…), ont été molestés, interpelés, placés une nuit en garde à vue. Sans avoir commis la moindre infraction, juste en faisant leur métier. Mais la police de Darmanin veut les en empêcher. Les forces de l’ordre françaises ne sont plus républicaines. L’on s’attendait dès lors à une levée de boucliers médiatique. Mais une extrême discrétion fut de mise. La France va mal : le régime macroniste s’affiche désormais clairement illibéral et policier et les grandes radios et chaînes de télévision le taisent.

« Le journaliste du Média Filippo Ortona, qui couvrait ce 21 novembre la manifestation à Paris contre le projet de loi Sécurité globale, a été projeté au sol par le croche-pied d’un policier », précise RT France.

Tangi Kermarrec est journaliste de la chaîne France 3 Paris. Il « rentrait chez lui lorsqu’il a assisté à des opérations de dispersion des manifestants dans la soirée, a sorti son téléphone pour filmer, carte de presse à la main, raconte L’Obs.com. Un policier lui a demandé de partir mais il n’a pas obtempéré. Résultat : arrestation et nuit passée en garde-à-vue. Le confrère proteste : « De quel droit peut-on nous empêcher de faire notre métier, d’être témoin de ce qu’il se passe ? On ne prend pas parti ! On est juste témoins. Il n’y a pas besoin de filtre pour travestir la réalité. » Oui, de quel droit ? Pas le droit français. Interpelée elle aussi, « La journaliste Hannah Nelson a été libérée un peu avant 15 heures, ce mercredi 18 novembre, soit un peu avant l’heure prévue pour le rassemblement annoncé par les réseaux sociaux devant un commissariat du 10e arrondissement de Paris pour… demander sa libération », relaie encore L’Obs. « On se bat pour pouvoir travailler, c’est devenu compliqué de pouvoir exercer un métier qui nous plaît, qu’on aime, qui nous fait vivre. On aimerait pouvoir faire ça sans avoir de blessures, sans finir en garde à vue pendant 15 heures. Il faut se battre… » Que lui est-il arrivé ? Reporterre raconte : « Nassée à l’entrée du métro Solférino avec une centaine de personnes, elle a été violemment attrapée par un CRS lors d’une charge, puis trainée au sol avant d’être menottée et maintenue face contre terre, un genou contre le bas de son dos. » « Sécurité globale » : comment des journalistes ont été interpellés à Paris en marge de la manifestation contre la proposition de loi, titre francetvinfo. Il faudra prévenir leurs confrères des journaux télévisés que c’est important. « Mardi soir, près de l’Assemblée nationale, les policiers ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, sans distinguer les médias présents sur place », annonce le chapeau de l’article. Clairement, la liberté de la presse est piétinée. « Aux alentours de 20h30, alors que des CRS repoussent des manifestants encerclés, un policier assène à Simon Louvet un coup de matraque dans le dos, selon lui. « Il se dirige vers moi, je me tourne pour montrer ma carte de presse. Je dis que je suis journaliste. Des confrères, comme Remy Buisine, crient : ‘C’est la presse !’« , rapporte Simon Louvet [journaliste pour le site Actu Paris.]. « Le fait que je sois journaliste n’a pas changé grand-chose », soupire ce reporter qui couvre régulièrement les mouvements sociaux. » Euphémisme. « Notre reporter [Meriem Laribi, de RT France], qui portait son brassard «presse» de manière visible, était en train de filmer l’interpellation d’une jeune femme à proximité de la place du Trocadéro, quand plusieurs policiers se sont dirigés vers elle. «Si dans 30 secondes vous n’êtes pas partie vous êtes interpellée», lui a alors intimé l’un des policiers, alors que celle-ci filmait à bonne distance, sans entraver l’action des forces de l’ordre. «C’est des ordres !», a encore lancé le policier, alors que celle-ci soulignait son bon droit et son statut de journaliste. » On interdit donc à la presse de faire son travail. Et qu’en dit par exemple France Info, la chaîne de radio d’information continue du service public ?

On en est là.

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Nov 212020
 

La Macronie se moque ouvertement du monde et les médias mainstream ne remplissent pas leur tâche démocratique d’éclairer l’opinion par les faits. Combien de policiers harcelés suite à la diffusion de vidéos en intervention ? Nous avons cherché et trouvé… un cas. Et on en fait une loi ?

https://twitter.com/gdarmanin/status/1328962052292009984
« Tout en garantissant la liberté d’informer » : mais Ferme ta gueule!

Regardez ce reportage extrait du 20h de TF1 du 17 novembre dernier, à partir de 22 minutes et 20 secondes. On y apprend le calvaire vécu par un policier : « Filmée en intervention, l’image de son visage a été partagée plus de 100 000 fois, son identité et son adresse rendus publics ». Menaces de mort, de « s’occuper de [ses] enfants », de « violer [sa] femme » tant et si bien que cette dernière, « terrorisée », est partie avec les enfants se réfugier chez son père pendant six mois ! Le reportage ne précise pas ce que la vidéo à l’origine de ce harcèlement ignoble, inacceptable quoi qu’il en soit, montrait de l’intervention du policier. Notons au passage que, sans la loi Sécurité globale, ce type de cyberharcèlement est déjà lourdement puni par le droit français : deux ans de prison et 30 000 € d’amende. Et que la peine s’aggrave, article 433-3 du Code pénal, pour protéger une personne dépositaire de l’autorité publique (la liste est longue) : « Est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende la menace de commettre un crime ou un délit contre les personnes ou les biens proférée à l’encontre d’une personne investie d’un mandat électif public, d’un magistrat, d’un juré, d’un avocat, d’un officier public ou ministériel, d’un militaire de la gendarmerie nationale, d’un fonctionnaire de la police nationale, des douanes, de l’inspection du travail, de l’administration pénitentiaire ou de toute autre personne dépositaire de l’autorité publique, d’un sapeur-pompier professionnel ou volontaire, d’un gardien assermenté d’immeubles ou de groupes d’immeubles ou d’un agent exerçant pour le compte d’un bailleur des fonctions de gardiennage ou de surveillance des immeubles à usage d’habitation ». Pour autant, la Macronie a cru bon d’inclure dans la loi susmentionnée un tristement célèbre article 24 qui prévoit, « sans préjudice du droit d’informer », de pénaliser d’un an de prison et 45 000 euros d’amende la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » d’un policier ou d’un gendarme en intervention quand ladite diffusion poursuit l’objectif de porter « atteinte à son intégrité physique ou psychique ». Ce texte a été voté hier soir à l’Assemblée nationale par 146 votes contre 24. Et puisqu’il est censé « protéger les policiers et les gendarmes souvent jetés en pâture sur les réseaux sociaux », selon la justification tweetée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, alors que nous venons de voir que le droit les protège déjà d’abondance, c’est donc que ce phénomène doit avoir une certaine ampleur. Nous avons par conséquent cherché des exemples. Le premier, celui du 20h de TF1 détaillé plus haut, nous n’avons pas eu trop de mal à le dégotter, bien que le message qui le relayait sur Twitter ne mentionnait pas sa date de diffusion, vite retrouvée. Devinez l’émetteur dudit message ? Le compte officiel de La République en marche.

Il est évidemment logique que les macronistes dégainent des exemples pour justifier leur texte. Or là, en réalité, ils n’en ont qu’un. Darmanin lui-même n’en donne pas d’autre. Il mentionne seulement, à plusieurs reprises ainsi que le précise 20 minutes, l’attentat de Magnanville : « Je rappelle d’ailleurs que les attentats, c’est aussi ceux de Magnanville où un policier et sa compagne qui était policière ont été égorgés dans leur domicile, devant leur enfant de quelques années, par quelqu’un qui a eu leur adresse personnelle et qui a commis un attentat », a ainsi déclaré Gérald Darmanin en guise d’exemple justifiant l’intérêt protecteur, pour les forces de l’ordre, de la loi sur la « sécurité globale ». Or de quoi s’est-il s’agi concernant ce drame ? « Gérald Darmanin dit vrai en indiquant que Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider ont été assassinés par un terroriste disposant de leur adresse personnelle. Mais l’enquête s’oriente plutôt sur la piste d’une fuite de cette information cruciale au sein de la police. » Strictement rien à voir avec la diffusion de vidéos sur les réseaux, donc : et Darmanin n’a trouvé que ça ! Il sait pertinemment du reste qu’il n’existe aucun rapport entre Magnanville et ce fichu article 24, puisqu’il s’est fendu devant la Commission des lois de l’Assemblée nationale d’un piteux « on ne sait pas si ce sont les images des réseaux sociaux qui ont fait naître cet attentat, m’enfin… » Évidemment qu’on ne le sait pas, puisqu’il n’existe strictement aucun élément en ce sens !
Alors pour en avoir le cœur net, nous avons longuement cherché la trace d’autres cas, que n’auraient pas manqué de partager les hérauts de #JeSoutiensLaPolice et autres macrono-fascistoïdes, a fortiori la fachosphère proprement dite. Et ? Rien. Ou presque : un « jeune influenceur auteur de vidéos humoristiques » qui s’était moqué d’un policier de Clermont-Ferrand a été condamné à quatre mois de prison avec sursis, 210 heures de travaux d’intérêt général et 1 500 € de dommages et intérêts au policier harcelé.

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Ugo Bernalicis, député France insoumise et membre du Parti de gauche

Voilà donc que cette majorité fait voter un texte (inutile) pour protéger les forces de l’ordre d’un danger théorique dont la survenue n’est pas documentée. Il y a donc bien une autre raison, énoncée par le député France insoumise Ugo Bernalicis : « L’article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale est celui qui retient le plus l’attention médiatique, car il vise à dissuader de filmer et photographier les policiers. Il n’était pas prévu dans la version initiale du texte proposé par Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot, députés LREM. C’est un ajout sur commande de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Cette proposition est à la base faite par Alliance police, corporation policière radicalisée, qui ne supporte pas que les journalistes et les manifestants puissent filmer et diffuser les violences policières de plus en plus nombreuses, notamment sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Le 26 mai 2020, Eric Ciotti avait déposé une proposition de loi allant dans ce sens. Elle avait suscité un tollé dans les médias. En revanche, le député Ciotti avait eu les honneurs dans un tract d’Alliance. Puis c’est maintenant au tour de LREM de le mettre cette fois-ci à l’ordre du jour. » Le choses sont claires : l’extrême droitisation de la Macronie est en marche et ce régime confirme de plus en plus ses dérives dictatoriales.

Plus de 2 400 blessés, une femme tuée, 23 éborgnés, 5 amputés : j’y suis pas allé de main morte avec les Gilets jaunes !
– T’inquiète, on va continuer, mais ça sera plus filmé…

Photo: Gonzalo Fuentes/Reuters

Mise à jour du 1er décembre : nouveaux mensonges macronistes sur cette mystification.

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Oct 102020
 
Institut Pasteur de Lille - Avec votre don, accélérez les avancées de nos  chercheurs dans la lutte contre le cancer et bénéficiez d'une déduction  fiscale pouvant atteindre jusqu'à 75 %.

Imaginez qu’un établissement de recherche médicale sérieux et renommé – l’Institut Pasteur de Lille (IPL) – annonce avoir vraisemblablement trouvé un médicament contre la Covid : en étudiant les effets produits sur ce satané virus par quelques 2000 molécules déjà présentes dans la pharmacopée, les chercheurs en ont décelée une « active contre le coronavirus. Nous l’avons testée sur des cellules humaines du poumon et les résultats se sont révélés très prometteurs », annonce le Pr Benoît Déprez, directeur scientifique de l’IPL, à La Voix du Nord le 29 septembre dernier. C’était notre billet du 2 octobre, où nous nous insurgions que l’État ne verse pas les cinq millions d’euros qui manquaient pour valider définitivement le traitement par un essai clinique. Pensez donc : on pourrait disposer dès cet été, non d’un vaccin, mais d’un médicament capable de soigner les malades de la Covid, qui a déjà tué 32 690 personnes en France, dont 62 hier (109 la veille). Mentionnons au passage que ces chiffres sont sans doute gonflés en attribuant systématiquement les décès à la Covid à partir du moment où feu le patient y est positif (même s’il est en fait mort d’autre chose), comme l’expliquent 250 chercheurs, ce qui pourrait augmenter le total de jusqu’à 30%. Mais tout de même ! Veut-on sauver des vies, oui ou non ? Cinq millions d’euros, c’est trop quand on prétend s’engager contre la pandémie « quoi qu’il en coûte » ?

COVID-19 - Les chiffres clés en France au 09/10/2020
Santé publique France, chiffres du 9 octobre 2020

« Face à la pandémie mondiale, la découverte scientifique des chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille suscite un espoir de traitement énorme. Il est vital que ces recherches puissent se poursuivre et c’est dans ce but, que j’ai décidé d’apporter un soutien pour cette phase capitale d’essais cliniques. Je suis fier que cette découverte ait été réalisée par des équipes de ma région d’origine, et espère vivement que leurs travaux aboutiront dans les meilleurs délais. » Enfin ! Emmanuel Macron a pris la mesure du défi. Mais c’est étrange, il est originaire de Picardie, pas du Nord, c’est différent… Donc ce n’est pas lui. Qui alors va verser les cinq millions d’euros manquants, en majesté ? Bernard Arnault, Monsieur LVMH, troisième homme le plus riche du monde avec une fortune personnelle de 76 milliards de dollars. Rassurez-vous, les cinq millions ne seront pas prélevés sur ses propres deniers, c’est le groupe qui paye. Enfin, la Fondation d’entreprise Louis Vuitton, créée pour ses actions de mécénat.

Le château de Versailles acquiert un trésor national grâce au mécénat de  LVMH - Presse - Château de Versailles
Louis Vuitton Mwait and see ce que ça rapporte

Une affaire qui roule, le mécénat. « La France s’est dotée en 2003 d’un dispositif fiscal en faveur du mécénat des entreprises «parmi les plus généreux sur le plan international», selon la Cour [des comptes], qui appelle à «mieux encadrer» ce dispositif, écrit Libération en novembre 2018. Il « permet de déduire directement 60% des dons de l’impôt sur les sociétés » et, grâce à lui, « LVMH a économisé 518 millions d’euros d’impôts sur dix ans », de 2007 à 2017. In fine donc, c’est bien l’État qui paye (à 60%), ce qui semble légitime en l’occurrence s’agissant de la recherche médicale. Sauf que c’est au prix d’un appauvrissement de ses recettes fiscales, nouvelle offrande aux entreprises – aux très grandes essentiellement, « 24 entreprises ont représenté 44% de la dépense fiscale en 2016 », celles qui n’en finissent plus de se gaver (et de gaver leurs dirigeants et actionnaires). Sauf, surtout, que le mécénat se pratique par définition à la discrétion du mécène, suivant ses propres choix le portant vers telle cause ou tel projet que son arbitraire aura désigné. C’est institutionnaliser la charité. Les progressistes – les vrais ! – préfèrent l’impôt qui redistribue suivant les décisions politiques de dirigeants élus du peuple que le bon vouloir des riches.

« Je sais que vous êtes expert en optimisation fiscale, Monsieur Trump… Je ne me défends pas mal non plus. »

On marche sur la tête. C’est la Fondation d’entreprise Louis Vuitton qui va payer 40% de ces cinq millions, mais ça n’empêche pas Bernard Arnault d’écrire, dans un communiqué – chaque mot y est soigneusement pesé, foi de communicant -, « J’ai décidé d’apporter un soutien ». L’IPL a peut-être découvert un médicament contre la Covid mais sa mise au point dépend de l’initiative privée d’un milliardaire. Monsieur est trop bon. Et la puissance publique dans tout ça ? L’intérêt général en pleine catastrophe sanitaire inédite dans l’histoire de l’humanité ? Est-ce à l’État ou à Bernard-la-magouille, comme on ne l’appelle pas dans les milieux chics de l’oligarchie, de protéger la population française ? On en est là. L’Assistance publique/Hôpitaux de Paris (AP-HP) a créé son fonds d’urgence Coronavirus Covid-19, expliquant en mai dernier : « Le volume considérable de patients que les équipes de l’AP-HP sont amenées à suivre, mais également l’excellence de sa recherche clinique, en font un acteur crucial de la lutte contre l’épidémie. Depuis la prise en charge des premiers cas en France à l’AP-HPune véritable course contre la montre est engagée. Les équipes sont entièrement mobilisées pour la prise en charge de tous les patients, mais elles doivent mener de front le soin et la recherche. Des renforts sont nécessairesdans l’immédiat pour le soutien aux équipes en première ligne et comme pour le lancement des projets de recherche mais aussi dans les semaines à venir, pour continuer à soutenir toutes les initiatives qui auront émergé et les besoins qui resteront non couverts. Pour cela, nous avons besoin de votre soutien, exceptionnel et immédiat. » L’Assistance publique ! Est-ce aux Français de venir à son secours ou à l’État de lui procurer les moyens dont elle a besoin ? L’institut Pasteur lance un appel aux dons pour la mise au point d’un vaccin. « Gérald Darmanin lance un appel aux dons pour les entreprises en difficulté », alors ministre de l’Action et des Comptes publics et pas encore fascistoïde ministre de l’Intérieur. La Macronie ne fait pas encore assez de cadeaux aux entreprises, le quidam est appelé à mettre la main à la poche.

« Plutôt qu’organiser un «Téléthon de la honte», rétablissez l’ISF, Monsieur Darmanin !, l’interpelle vigoureusement Maxime Combes le 3 avril dernier. L’appel aux dons plutôt que lever l’impôt est-il la nouvelle doctrine de l’exécutif ? En annonçant une plateforme de dons en ligne pour que les « particuliers ou entreprises apportent leur contribution à l’effort de solidarité de la nation envers les plus touchés », Gérald Darmanin illustre à nouveau l’incurie d’un gouvernement qui se refuse à prendre des mesures à la hauteur des enjeux. Il y a des appels à la «solidarité nationale» qui sonnent comme une invitation à l’indignation collective », proteste l’économiste membre d’Attac et contributeur de l’excellent webzine Basta!, jugeant le procédé « à la fois extravagant et indigne » : « Extravagant parce qu’on attend de l’exécutif qu’il prenne des décisions courageuses et visionnaires à la hauteur des difficultés que nous traversons. (…) les pouvoirs publics doivent débloquer des financements pérennes, prévisibles et suffisants. Pas que le gouvernement se lance dans l’organisation hasardeuse d’un Téléthon géant, aussi gênant qu’inapproprié. Indigne parce que les personnels soignants, et, plus largement, toutes celles et tous ceux qui prennent soin de nous, risquent leur vie quotidiennement en raison de l’incurie d’un gouvernement défaillant incapable d’assurer à chacun.e le matériel nécessaire pour se protéger. Pourvoir aux besoins des hôpitaux et amortir les conséquences sociales et économiques de la crise sanitaire nécessitent immédiatement des financements publics et pérennes, pas un appel à dons ponctuel et incertain. (…) Les appels au don ? Quelle honte ! Pour la 6e puissance mondiale, dans un pays où l’évasion fiscale est évaluée entre 60 et 100 milliards d’euros par an et où les entreprises du CAC40 prévoient de verser près de 50 milliards d’euros de dividendes. (…) Non, on ne financera pas les hôpitaux par des appels à dons. Mais en s’assurant que chacun.e, entreprises multinationales comprises, paient leur juste part d’impôt. Lutte implacable contre l’évasion fiscale, rétablissement de l’impôt sur la fortune et de la progressivité de l’imposition sur les revenus du capital, suppression du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), voilà les mesures que l’exécutif devrait prendre s’il était un tantinet conséquent. Si la crise économique qui s’annonce est plus dure qu’en 1929, comme l’affirme Bruno Le Maire, on n’organise pas un Téléthon. On met à contribution les millionnaires et les milliardaires de ce pays : les taux supérieurs de l’impôt sur le revenu ont atteint 70% à 94% entre les années 30 et le début des années 80 aux États-Unis. Et près de 80% en France, sous la présidence du général de Gaulle au milieu des années 1960. Chiche ? »

Il nous est avis qu’on peut toujours attendre.

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Sep 302020
 

Extension du « secret des affaires » et journalistes sommés de déguerpir durant les manifestations : au secours, la Macronie mène une attaque frontale contre la liberté d’informer, pilier de la démocratie ! « Essayez la dictature » ?

Épinglé sur Police
Manifestation contre la loi Travail en 2016 : la dérive autoritaire du pouvoir avec son escalade répressive date de Hollande-Valls. Le nouveau Schéma national du maintien de l’ordre vise entre autres à interdire de tels témoignages des violences.

Nous avons vu comment la Macronie a voulu porter atteinte à la liberté de manifester, empêchée par le Conseil d’État, et à la liberté d’expression et de communication, contrecarrée cette fois par le Conseil constitutionnel. Ce qui confirme une dérive autoritaire et son escalade répressive incontestable au vu des violences policières ayant entre autres accablé le mouvement des Gilets jaunes. Eh bien un nouveau cran est haussé avec une double attaque contre la liberté d’informer. C’est d’abord le nouveau Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) paru le 16 septembre dernier, ainsi résumé par Libération en titre : Maintien de l’ordre: journalistes et observateurs pourront être interpellés en couvrant des manifs. Explication : « Le nouveau Schéma national du maintien de l’ordre souligne que les ordres de dispersions de manifestations ne connaissent nulle exception, au risque d’empêcher la presse et les ONG de témoigner d’éventuelles violences. Journalistes et observateurs pourront être interpellés en couvrant des manifs. » Textuellement : « le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception, y compris au profit des journalistes ou de membres d’associations, annonce tout-de-go le ministère de l’Intérieur. Dès lors qu’ils sont au cœur d’un attroupement, ils doivent comme n’importe quel citoyen obtempérer aux injonctions des représentants des forces de l’ordre en se positionnant en dehors des manifestants appelés à se disperser.»

 Vanessa Codaccioni : « La répression politique est une double criminalisation »
« Et si les violences policières n’étaient que la pointe, tranchante, d’un iceberg étonnamment bien sculpté, qui endigue tout courant d’eau tentant de s’y frayer un chemin ?  Dans sa « petite encyclopédie critique », Répression, l’État face aux contestations politiques, l’historienne et politologue Vanessa Codaccioni démonte, pièce par pièce, la mécanique actuelle de la répression étatique face au militantisme et à l’activisme. »

Réaction au SNMO de Dominique Pradalié, secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ) : « Je pense que le ministre [Gérald Darmanin, ndlr] méconnaît la liberté de la presse, il est dans le déni. Notre confrère David Dufresne a effectué un travail très sérieux en documentant 117 cas de journalistes empêchés de travailler par les forces de l’ordre depuis un an et demi. Pour le SNJ, c’est 200 journalistes qui sont concernés. Ce texte n’essaie pas de comprendre notre métier, il est fait pour restreindre la liberté d’informer. On veut transformer les journalistes en propagandistes (…). Nous allons donc réaffirmer la liberté des journalistes, qui est de pouvoir être témoin de tout, partout et en tout moment La syndicaliste parle de journalistes « empêchés de travailler », mais c’est en fait pire, comme l’analyse l’historienne et politologue Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférences en science politique à l’Université Paris VIII et autrice de Répression – L’État face aux contestations politiques, dans les colonnes des Inrockuptibles : « On observe un ciblage des journalistes depuis au moins la ZAD (Zone à défendre, ndlr) de Notre-Dame-des-Landes en 2014, où de très nombreux journalistes avaient déjà été blessés. Depuis ce moment, beaucoup de journalistes sont victimes de la répression : soit ils sont blessés, soit leur matériel est saisi, soit ils sont inculpés et parfois jugés, comme dans le cas de Gaspard Glanz. Cela témoigne d’une volonté de cibler les journalistes qui sont sur le terrain et qui rendent visible la brutalité de la police et de l’État. »

Schéma national du maintien de l'ordre
Pour les distraits, il n’est nullement question ici du Syndicat national des médecins ostéopathes.

Mais revenons à nos moutons : le SNMO dispose que si les policiers ordonnent la dispersion, journalistes et observateurs doivent obtempérer. C’est-à-dire quitter le théâtre d’opérations et ainsi ne plus être en mesure de témoigner de la suite des événements, bref empêchés d’exercer leur métier d’information des citoyens. Quand on nie les violences policières, il est gênant qu’elles soient exposées au grand jour dans les gazettes et sur les réseaux. « L’emploi de la force par les forces de sécurité intérieure doit être absolument nécessaire, strictement proportionné et gradué, avec des moyens adaptés », proclame le document ministériel page 25. Qui pourra le dire si ce n’est pas le cas ? Notons au passage que cette décision d’obliger journalistes et observateurs à déguerpir sous peine d’être embarqués lors des manifestations et de restreindre aussi manifestement leurs droits ne passe pas par une loi, débattue et votée au parlement. Non, juste le ministère de l’Intérieur qui pond un texte. La police qui fait la loi, en fait, tranquille. Et une police très politique. Ainsi va la démocratie en Macronie.
Sauf que ce n’est finalement peut-être pas aussi simple : « Un recours au Conseil d’État contre le nouveau Schéma national du maintien de l’ordre est engagé, nous apprend Reporterre. Car syndicats, sociétés de journalistes et ONG des droits humains ne décolèrent pas face à des mesures qui les empêcheront de couvrir correctement les manifestations. »

La riposte concentre d’abord ses feux sur une autre phrase de l’exposé de la nouvelle doctrine macronienne du maintien de l’ordre : « Seuls les journalistes dont l’«identification est confirmée et leur comportement exempt de toute infraction ou provocation (sic)» pourront porter des protections, indispensables aujourd’hui comme l’atteste le nombre de blessés lors des manifestations de 2019 et 2020. Mais qui jugera de leur supposée provocation? », interroge le communiqué de la Société civile des auteurs multimédia. Les mêmes qui vous collent de l’outrage et de la rébellion. Et le diable se nichant dans les détails, que signifie cette « identification confirmée » ? « Autoriser seulement les journalistes dont «l’identification est confirmée» et donc détenteurs d’une carte de presse, exclut de fait ceux et celles qui n’en ont pas et qui pourtant informent, soit sur les médias indépendants du net, soit en réalisant des documentaires. » Reporterre souligne également ce point : « pour couvrir une manifestation, un journaliste devra désormais être accrédité et posséder une carte de presse. Une disposition inadmissible pour une quarantaine de société de journalistes qui ont publié le 22 septembre un communiqué, demandant au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de corriger ce nouveau schéma qui porte atteinte à la liberté d’informer. Cette tribune rappelle que l’exercice de la profession de journaliste, telle que définie dans le code du travail, ne nécessite pas la possession d’une carte de presse. (…) Un constat partagé par l’ONG Reporters sans frontières«La profession s’est précarisée et un grand nombre de journalistes ne peuvent pas détenir la carte de presse. Il est d’autant plus difficile pour eux de s’enregistrer car ils sont souvent prévenus au dernier moment qu’ils vont couvrir une manifestation», explique à Reporterre Pauline Ades Mevel, porte-parole de RSF. »

Et si on interdisait la présence des journalistes quand les flics commettent des violences ?
– Pas con.

Suite à la levée de boucliers, Gérald Darmanin a tenté un rétropédalage, le 23 septembre au micro de France Inter, plaidant un «malentendu» avec les journalistes : «On n’a jamais demandé une carte de presse pour être journaliste sur une manifestation. Je suis bien conscient qu’il y a des journalistes qui n’ont pas de carte de presse. […] Par ailleurs ils ont le droit de rester dans la manifestation même s’il y a une question de sécurité lorsque les manifestations deviennent violentes.» Faut-il le croire, ou croire ce qui est inscrit noir sur blanc dans le SNMO ? Affaire à suivre.

Les risques industriels désormais classés secrets des affaires

Une atteinte macroniste aux libertés fondamentales chassant l’autre, voici revenir le sinistre « secret des affaires ». Rappel : la loi relative à la protection du secret des affaires du 30 juillet 2018, adoptée en plein été donc et selon une procédure accélérée – c’est ça aussi, la démocratie macronienne – « met sérieusement en danger l’équilibre démocratique et constitutionnel de notre pays. Elle érige le secret des affaires en un principe général et relègue la liberté d’information au rang de simple exception, sans poser de cadre précis. » Conséquence : « Les lanceurs d’alerte seront systématiquement traînés en justice, avant même de pouvoir faire la preuve de leur bonne foi. Les représentants du personnel pourront être poursuivis pour avoir diffusé des informations aux salariés. (…) Désormais, la loi donnera aux entreprises le pouvoir de poursuivre tous ceux qui oseront révéler des informations sensibles dans l’intérêt général. (…) Nous refusons qu’une loi votée au nom du peuple soit instrumentalisée afin de bâillonner les citoyens. Nous ne pouvons accepter que des lobbys, quels qu’ils soient, dictent l’information. » Qui parle ? Qui donc a eu beau ainsi vilipender solennellement cette loi, sans ralentir le moins du monde le bulldozer libéral aux ordres patronaux ?

La journaliste Elise Lucet défend sa pétition contre la directive \"secret des affaires\", à Paris, le 15 juin 2015.
Élise Lucet, fer de lance médiatique de la résistance au secret des affaires

Le collectif Stop secrets des affaires, signataire de cette tribune titrée Secret des affaires : monsieur le Président, en marche vers la censure? et dont la pétition a réuni la signature de 550 000 citoyens et qui rassemble 52 organisations et syndicats : Anticor, les Amis de la Terre, CCFD-Terre solidaire, Greenpeace, Ligue des droits de l’Homme, Syndicat des avocats de France, Syndicat national des journalistes et SNJ-CGT, Snesup-FSU, Syndicat national des chercheurs scientifiques, Solidaires, plus 38 sociétés des journalistes, des rédacteurs et organes de presse (entre autres Radio France, France télévisions, Libération, L’Obs, Mediapart, Bastamag, Fakir, mais même aussi BFM TV, Les Echos, Europe 1, TF1, Le Point, Le Parisien, Le Journal du dimanche)… Avec les prestigieuses signatures individuelles d’Élise Lucet, Paul Moreira, Fabrice Arfi, Laurent Mauduit, Hervé Kempf…

Pourquoi vous reparler aujourd’hui du secret des affaires ? Parce que son champ vient d’être étendu, par la grâce d’un amendement gouvernemental glissé dans la loi Asap, pour Accélération et simplification de l’action publique. Ce texte mérite un billet à lui tout seul ; en attendant, concernant notre sujet du jour, son article 25 bis A « précise que les citoyens ont droit à l’information concernant les risques [industriels] auxquels ils sont soumis… mais dans la limite du secret des affaires », synthétise Reporterre. Tout l’art du « en même temps » dans ce texte : « Toute personne a un droit à l’information sur les risques majeurs auxquels elle est soumise dans certaines zones du territoire et sur les mesures de sauvegarde qui la concernent. Ce droit s’applique aux risques technologiques et aux risques naturels prévisibles », mais en même temps « Dans ce cadre, ne peuvent être ni communiqués, ni mis à disposition du public des éléments (…) dont la divulgation serait de nature à porter atteinte à des secrets de fabrication ou au secret des affaires ». Pour fêter le premier anniversaire de la catastrophe industrielle de Lubrizol, il fallait oser. Mais c’est à ça qu’on les reconnaît.

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Sep 062020
 

Découvrez les incroyables déclarations de ces ministres macronistes, qui semblent ne plus même se rendre compte de l’énormité de leurs propos. Au point de convoquer le grand penseur italien Aldo Maccione pour leur intimer : « Tais-toi quand tu parles » !

Commençons notre distribution de gifles par le champion des champions de ce jour, Olivier Véran, ministre de la Santé, déjà distingué pour ses perles sur plumedepresse le mois dernier, un habitué ! De quoi s’agit-il cette fois ? Le foutage de gueule à propos des masques continue de plus belle :

Tellement énorme que ça tient de la provocation

Relisez posément : « Je ne voudrais pas que les Français pensent qu’on leur a caché l’utilité du masque parce qu’on en aurait manqué ». Véran possède l’esprit de synthèse : il a parfaitement résumé la situation. Tout en la niant, contre l’évidence, quitte à insulter collectivement l’intelligence des Français. Ou voulait-il dire : il ne faudrait pas que les Français aient compris qu’on a prétendu que les masques ne servaient à rien parce qu’il n’y en avait pas. Mais c’est trop tard, pauvre docteur Véran ! L’ancien élu local Christophe Grébert, journaliste blogueur (ex PS puis ex Modem, désormais cadre d’Anticor) rétorque fort à propos :

Les faits sont têtus

La gestion de l’affaire des masques par le gouvernement suscitait déjà la risée générale (on se souvient par exemple des sketchs de Sibeth Ndiaye) ; Véran ajoute simplement une dose de ridicule supplémentaire. En parlant de ridicule, il est un autre ministre qui s’en couvre lui aussi joyeusement, l’inénarrable Gérald Darmanin.

On salue le niveau

Le ministre de l’Intérieur avait à nouveau parlé d’ensauvagement et aussitôt ordonné une opération de police à Grenoble à la vue d’images qui étaient en réalité celles du tournage d’un clip de rap. Après cet épisode des plus grotesques, il enchaîne avec cette déclaration sur le sujet des stupéfiants : « S’il n’y avait pas de consommation, CQFD, il n’y aurait pas de trafics ». Oh bien sûr, s’il n’existait pas de fumeurs de cannabis pour en acheter, il ne s’en vendrait pas. Cette lapalissade vaut à Gérald-la-flèche la moquerie de méchantes langues, mais ne nous y arrêtons pas : ce n’est nullement la consommation qui crée les trafics mais bien la prohibition. Légaliser la consommation de cannabis, comme dans des pays de plus en plus nombreux, voilà qui mettrait fin aux trafics (de cannabis). Quant à la prohibition, que Darmanin-le-cowboy dit vouloir durcir – avec des déclarations de matamore au petit pied du style « Ce sont les trafiquants qui vont arrêter de dormir » -, elle représente « un échec complet », comme le résume cet article de L’Humanité : « La répression a totalement échoué, il faut désormais légaliser. Voilà la position très claire avancée par le Conseil d’analyse économique (CAE) qui conseille le premier ministre dans une note intitulée Cannabis : comment reprendre le contrôle ? «En dépit d’une des politiques les plus répressives d’Europe, les Français, et en particulier les mineurs, figurent parmi les plus gros consommateurs de cannabis de l’UE. Le système actuel de prohibition ne fonctionne pas : il est inapte à protéger les plus fragiles, il pèse lourdement sur les dépenses publiques et il profite au crime organisé !» proclament, dans un verdict sans appel, les auteurs de cette étude, les économistes Emmanuelle Auriol et Pierre-Yves Geoffard, qui estiment qu’«on ne peut pas faire pire qu’aujourd’hui». Qu’ils sont défaitistes ! Comptons sur Darmanin pour y parvenir.

Notre troisième ministre du jour à conquérir de haute lutte sa place dans notre rubrique Ferme ta gueule! est celle du Travail, Élisabeth Borne, citée par FranceTVInfo : « École ou classe fermée pour cause de Covid-19 : « La priorité c’est que les parents puissent continuer à travailler ».

À ce degré de cynisme…

L’urgence sanitaire, le devoir de protéger les enfants, potentielles victimes de contaminations ? L’éducation, cette noble mission de la République que d’instruire les jeunes générations, de former les citoyens de demain ? Non, « que les parents puissent continuer à travailler », voilà la priorité pour Borne, qui les dépasse en l’occurrence allègrement. Tellement prioritaire que le gouvernement, est-ce ballot, n’a pas pensé à ce qu’il adviendrait des parents qui ne pourront tout de même pas aller travailler. Parce qu’il y avait vendredi 22 établissements et une centaine de classes fermées, d’après le décompte du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui a préparé cette rentrée de façon totalement indigente. Pensez-vous que nous exagérons en affirmant que le gouvernement n’y avait pas songé ? « Au micro de France Info, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du logement, a promis «une solution rapide» pour les parents qui ne peuvent plus mettre leurs enfants à l’école à la suite de la fermeture de classes, où des cas de coronavirus ont été détectés. «Une solution rapide» sera trouvée «dans quelques jours», a-t-elle affirmé ce samedi 5 septembre. » Rappel, la rentrée s’est déroulée mardi. «Cette solution sera soit un mode de garde qui permet quand même aux parents d’aller travailler, soit évidemment le télétravail si c’est possible, c’est la solution la plus simple, soit, sinon une forme d’indemnisation», a détaillé la ministre. «Elle n’est pas complètement dessinée aujourd’hui mais on y travaille», a-t-elle précisé. » Il serait temps : ce n’est pas comme si on n’avait pas pu prévoir qu’il y aurait immanquablement des classes et des établissements fermés ! Impréparation, improvisation, incompétence… La marque de fabrique macroniste.

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