Une pandémie de licenciements… « 43 343 suppressions de postes envisagées, auxquelles s’ajoutent 2 023 «petits licenciements collectifs» (de 2 à 9 salariés licenciés) », comptabilise Le Monde. Plus de 45 000 salariés sur le carreau : la Covid a bon dos.
« Les PSE alibis : ils ne sont pas du tout concernés par le Covid mais sont lancés en espérant être noyés dans la vague » : notre Phrase du jour est signée Olivier Laviolette, membre du comité de direction de Syndex, cabinet d’expertise auprès des comités économiques et sociaux. Pour ceux qui l’ignorent, PSE signifie Plan de sauvegarde de l’emploi, dans la novlangue orwellienne des libéraux. Il énumère deux autres types de PSE qui tombent actuellement comme à Gravelotte : « les PSE d’opportunité : ils sont “habillés” Covid mais étaient déjà envisagés avant » et, tout de même, « ceux directement liés au Covid-19, comme dans le tourisme, le commerce, avec Camaïeu, ou encore dans l’aéronautique ». L’expert donne un exemple de « PSE alibi » : « l’emblématique PSE de Nokia ». Marianne y consacre un article : « Ce projet de PSE ne vise qu’à booster la productivité mondiale du groupe sur le dos des salariés », s’indigne Philippe Mulot, délégué central CGT de Nokia. » Même son de cloche du côté du syndicat des cadres CFE-CGC : « Dans cette période de sortie de crise sanitaire liée au Covid-19, tous les plans sociaux qui nous sont annoncés sont opportunistes car ils visent à satisfaire des objectifs financiers », déplore François Hommeril, le président du syndicat. 1233 licenciements en tout, qui font tousser même la CFDT, par la bouche du délégué central Pascal Guihéneuf : « Alors que grâce à la 5G, nous avons plusieurs années d’activité devant nous ! ». Marianne précise : « Cruauté du business, Nokia vient en effet d’engranger notamment sur ce marché… des contrats avec la quasi-totalité des opérateurs français ! »
Lannion, « ce site de télécom historique inauguré en 1962 par le Général de Gaulle », va perdre la moitié de ses effectifs, de 800 salariés à 402. Il n’appartient plus à Alcatel-Lucent depuis 2016, racheté par Nokia avec la bénédiction d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Depuis 2016, c’est le quatrième PSE chez Nokia. « C’est un dossier sur lequel le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, et derrière lui Emmanuel Macron à l’Élysée, vont devoir démontrer leur savoir faire afin de limiter la casse sociale », commente Laurence Dequay, journaliste de Marianne autrice de l’article, qui ironise : « Dans cette période charnière, l’Exécutif ne pourra se contenter de répéter qu’il se montrera « inflexible » à l’endroit de Nokia…comme en 2017, 2019… » On sait ce que vaut leur inflexibilité.