Nov 232020
 

Cuisinée à propos de la diffusion d’images de policiers commettant « une faute » par Jean-Jacques Bourdin, le célèbre journaliste de BFM/RMC, qui lui demande « le journaliste ne sera pas poursuivi ? », Marlène Schiappa, ci-devant supplétive de Gérald Darmanin, répond exactement : « Maintenant il y a une loi et il appartient au magistrat de dire si le journaliste sera condamné ; chacun peut poursuivre qui il veut poursuivre sur la base des lois. » (Rappelons tout de même au passage à la pressée macroniste que la loi n’est pas encore adoptée et que l’Union européenne s’est invitée dans le débat, exprimant sa défiance : lire La pression ne retombe pas pour l’exécutif.)

Arié Alimi, avocat membre de la Ligue des droits de l’Homme et le défenseur des familles de Rémi Fraisse et Cédric Chouviat, de Taha Bouhafs, d’une vingtaine de Gilets jaunes…

À la suite du commentaire d’Arié Alimi, le journaliste Jean-Marie Leforestier, de l’excellent Marsactu, petit frère marseillais de Mediapart, complète. Il dénonce par avance « les procédures-bâillons à je sais pas combien pour les petits médias qui galèrent à boucler leur budget ». Ajoutons aussi la menace pesant sur les journalistes indépendants. Mais revenons à la déclaration de Schiappa : on le savait mais la ministre déléguée à la Citoyenneté au sein du ministère de l’Intérieur l’énonce clairement. C’est le juge qui décidera si le journaliste sera condamné. Rappelons dès lors la question à laquelle le magistrat devra répondre : le journaliste a-t-il eu « l’intention manifeste de porter atteinte à l’intégrité physique ou psychique » du policier ? L’intégrité psychique ! Pour le coup, ne pas admettre qu’une qualification aussi floue du délit ouvre la porte aux condamnations les plus abusives, porte puissamment atteinte à notre intégrité psychique personnelle !

Les macronistes nous prennent de plus en plus pour des buses que c’en devient vraiment insupportable. Le délit si vague créé par l’article 24 de la loi Sécurité globale poursuit évidemment le but d’intimider la presse et les citoyens pour dissuader de filmer les violences policières, dont ce régime fait systématiquement usage – pour dissuader de manifester, cette fois. Il suffit de voir le comportement des forces de l’ordre sur le terrain, ci-dessous brillamment mis en parallèle avec les hypocrites promesses de Darmanin devant les députés, dans ce clip de RT France.

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Août 312020
 

Norvège, Nouvelle-Zélande,  États-Unis… Bientôt Paris ? Exaltés par le discours de l’extrême droite désignant les ennemis à éliminer pour « sauver la patrie » – étrangers de préférence racisés, musulmans ou « gauchistes » accusés d’être « collabos » -, ces terroristes suprémacistes sautent le pas entre théorie et pratique. Des crimes à la fois encouragés et suscités par les paroles d’intellectuels ou de politiciens pyromanes, qui gangrènent la société. Avec la complicité de certains médias, de la police et parfois des pouvoirs en place, comme avec Trump ou les macrono-sarkozystes, engagés dans une course à l’échalote avec le Rassemblement national. Le torchon Valeurs actuelles déversant sa haine raciste sur la députée Danièle Obono exprime la même violence, fût-elle encore symbolique. Jusqu’à quand ?

L'adolescent de 17 ans armé d'un fusil d'assaut a tué deux manifestants à Kenosha le 25 août 2020
Capture d’écran : cet homme vient d’en tuer deux autres.

Très bon papier de France Culture : « Mardi soir, nous explique The Guardian, Kyle Rittenhouse était venu à Kenosha avec son fusil d’assaut, répondant à un appel lancé sur Facebook, demandant s’il y avait « des patriotes prêts à prendre les armes pour défendre la ville contre les voyous diaboliques qui y sèment le chaos ». Il s’agissait donc, selon ces groupes d’extrême droite, de former des milices citoyennes pour protéger les commerces et les habitations des honnêtes Américains menacés. Or l’écho est assez saisissant entre ce discours et ceux que l’on entend depuis trois soirs à la Convention d’investiture du Parti républicain. C’est bien en cela que Philip Bump du Washington Post évoque cet « écho que l’on ne peut plus faire mine d’ignorer » entre la mort des manifestants de Kenosha et la rhétorique de campagne de Donald Trump. (…) comment ne pas remarquer que la veille même de ce passage à l’acte, à la convention républicaine, « pas moins de 5 orateurs dont l’un des fils du président avaient dans leur discours brandi la menace de soi-disant hordes violentes et incontrôlées qui selon eux étaient en train de gagner les rues des cités américaines ».

Dessin de Hachfeld, paru dans Neues Deutschland, Berlin.
Dessin de Hachfeld, paru dans Neues Deutschland, Berlin, publié par Courrier international.

« Nous ne tolérerons pas les pillages, les incendies criminels, la violence et l’anarchie dans les rues américaines », affirmait, martial, le (grotesque et terrifiant) président des États-Unis, Donald Trump himself (cité par Le Monde), à propos de ce qui se passait à Kenosha. C’était avant les deux crimes perpétrés par Rittenhouse, très jeune (17 ans) supémaciste, soutien affiché de Donald Trump et fervent militant du mouvement #BlueLivesMatter, qui détourne le slogan Les vies noires comptent, protestant contre les assassinats racistes de la police américaine, en Les vies bleues (couleur de l’uniforme de la police) comptent. En France, voici ce que ça donne.

https://twitter.com/LivesFrance/status/1298990082091651077?s=20
Éternelle et pathologique obsession de l’extrême droite à propos de l’immigration et de l’islam, cause de tous les mots pour ces esprits haineux et simplistes.

Mais revenons à Kenosha. On a donc le président et ses soutiens préparant les esprits avec un discours qui légitime l’auto-défense et leurs adeptes qui passent à l’acte. Ce qui est très loin d’être la première fois : « ABC News compile 54 cas où des personnes reconnues coupables de meurtres, crimes de haine, violences ou menaces racistes ont expliqué leur geste en invoquant la personnalité et la politique de Donald Trump… dont ils étaient tous de fervents supporters », rappelle France Culture. Dans l’affaire Rittenhouse, notons aussi la bénédiction de la police : « Dans une vidéo tournée après ces événements, on voit Kyle Rittenhouse s’avancer vers quatre voitures de police, les bras levés, relate FranceTVInfo. Des témoins crient aux agents qu’il vient de tirer sur quelqu’un, mais les véhicules passent devant le jeune homme sans s’arrêter. » Une autre vidéo montre les policiers féliciter les miliciens« Nous apprécions que vous soyez là » – et leur distribuer des bouteilles d’eau. Quant aux médias, sur Fox news, l’éditorialiste vedette, Tucker Carlson, proche de Trump, s’est distingué en formulant« la défense d’un meurtrier et un appel assez clair à d’autres actes de haine et de violence », juge The Guardian : « Faut-il vraiment s’étonner du fait que les pillages et les incendies criminels débouchent in fine sur des meurtres ? Est-il vraiment choquant que des jeunes de 17 ans armés de fusils décident de ramener l’ordre, quand personne d’autre ne le fait ? », a-t-il déclaré. « Ramener l’ordre », c’est donc tuer, suivant la conception humaniste de Carlson ; c’est abattre qui passait par là et a voulu désarmer le jeune extrémiste. Et est-ce vraiment choquant ? Il pose la question. Vous nous direz : d’accord, mais c’est l’Amérique. Pas que.

Le terroriste d’extrême droite Brenton Tarrant, avant de s’en aller gaiement occire 51 personnes coupables de s’être rendues dans des mosquées de Christchurch (Nouvelle-Zélande), s’est dit inspiré par la théorie complotiste du « Grand Remplacement » formulée par l’essayiste français Renaud Camus (remplacement des autochtones par des étrangers majoritairement noirs, arabes et musulmans). Parenthèse amusante : Philippe de Villiers, le grand ami d’Emmanuel Macron, y souscrit ! Le supémaciste néo-zélandais s’est aussi revendiqué d’Anders Behring Breivik, assassin de sang-froid de 77 jeunes socio-démocrates norvégiens. Qui, lui aussi, a avoué que le même Camus, condamné par la justice française en 2014 pour provocation à la haine et à la violence contre les musulmans, a motivé son passage à l’acte. Voilà ainsi comment les mots tuent. Aussi est-il révoltant d’entendre les macronistes reprendre le langage et les thèmes de l’extrême droite, Darmanin en tête, les banalisant et les popularisant, en en faisant la promotion. Marlène Schiappa, et ce n’est pas la première fois, en a rajouté une louche récemment: « Il existe maintenant une gauche identitaire qui porte une culture de l’excuse », déclare-t-elle le 26 août dernier. Un calendrier taquin veut que le même jour, Marion Maréchal-Le Pen, sur l’antenne de la chaîne locale Azur TV, « dénonce l’ensauvagement, conséquence de l’immigration, de la culture de l’excuse et de l’effondrement de la chaîne pénale ». Peu avant, l’ancien éminent magistrat Philippe Bilger accusait tout bonnement et tel quel Noirs et Arabes d’être responsable de ce fameux ensauvagement de la France.

Dessin Pascal Garnier, Valeurs actuelles, 27/08/2020.
La députée Danièle Obono représentée en esclave par le journal Valeurs actuelles

C’est dans ce climat délétère que l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles inflige à la députée France insoumise Danièle Obono l’humiliation de la représenter en esclave dans une fiction la projetant en Tchadienne du XVIIIe siècle. Obono, cible idéale des racistes de tous poils : pensez donc, une féministe antiraciste et noire députée ! Comme en son temps Christiane Taubira, l’élue de la 17e circonscription de Paris fait office de chiffon rouge, d’exutoire, et sur elle se déversent quolibets, injures et anathèmes. Elle est ainsi qualifiée de communautariste, d’indigéniste, de racialiste et, naturellement, d’islamo-gauchiste. Ne manque que la qualification de judéo-bolchévique, qui fait il est vrai de nos jours mauvais genre. Le hic, c’est que les crachats ne viennent pas que de la droite radicale, dans laquelle nous englobons naturellement Les républicains, dont les positions sont identiques à celles du Rassemblement national sur la plupart des sujets depuis Sarkozy. La République en marche, on l’a vu dans le paragraphe précédent, lui emboîte désormais résolument le pas (de l’oie), à présent qu’elle ne peut plus faire croire à personne qu’elle n’est « ni de droite, ni de gauche », imposture originelle de Macron. Vous avez peut-être noté que Schiappa parle plus haut, en même temps qu’elle enfourche la monture idéologique de l’extrême droite, de « gauche identitaire ». C’est Obono qui est visée. Une Obono également vilipendée par les cercles valssistes, hollandistes, Charlie-Hebdoïstes, Mariannistes (pas lepénistes, polonistes !) et Caroline Fourestistes. Elle ne défendrait pas assez la laïcité. Mais de quelle laïcité parle-t-on ? De sa version dévoyée pour porter l’islamophobie ? Elle-même se défend de toute complaisance envers ceux qui contestent la laïcité telle que la définit la République et met les points sur les i : « Mon seul programme est celui de la France insoumise, L’Avenir en commun ». Qui soutient absolument toute la laïcité. Mais rien que la laïcité.

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« Je ne suis pas et n’ai jamais été membre du PIR [Parti des indigènes de la République]. Je suis en profond désaccord avec leur thèses. »

Que le tollé soit unanime pour dénoncer la saloperie l’article de Valeurs actuelles a certes quelque chose de rassurant. Mais il est des soutiens de façade qui ressemblent à des poignards plantés dans le dos. Les messages « républicains » de ceux qui continuent de la qualifier de communautaristeindigénisteracialisteislamo-gauchiste lui dessinent dans le dos la cible de la femme à abattre. Un peu comme certains disent en parlant de femmes violées qu’elles l’ont tout de même un peu cherché. Notre solidarité pleine et entière est acquise à notre camarade Danièle Obono, ainsi victime d’une chasse aux sorcières. Un cocktail de trois ingrédients : le masculinisme, le racisme et… la politique. De l’extrême droite aux macronistes en passant par les sociaux démocrates, on s’entend pour tenter de la discréditer. Mais on est insoumis ou on ne l’est pas. En attendant, puisque les mots tuent, craignons qu’un extrémiste fanatisé ne décide un jour d’abattre celle dont on lui répète sans cesse sur tous les tons qu’elle incarne la menace mortelle qu’il croit peser sur son pays. Parce qu’au fond, l’accusation de ses adversaires, formulée de façon brutale et plus clairement qu’ils ne l’osent en général, est celle-ci : d’être une collabo des islamistes. Prions que ne naisse pas en France, nourri de propagande haineuse, un « nouveau Chevalier Templier » (« reborn Knights Templar »), mystérieuse organisation – il n’est pas prouvé qu’elle existe – dont se réclament les suprémacistes auteurs des massacres de masse en Norvège et en Nouvelle-Zélande. Explication de TV5 monde : « un réseau de militants nationalistes chargés de commettre des « actes héroïques ». D’après les déclarations durant l’audience du terroriste Breivik, l’organisation visait à « unifier tous les militants nationalistes d’Europe » en mettant en place des « cellules individuelles et autonomes » (…) pour diffuser l’idéologie nationaliste et inciter d’autres militants à l’action. » Sommes-nous tellement à l’abri qu’un terroriste ne vienne, un jour, mitrailler un meeting politique, une mosquée ou un rassemblement du collectif Justice pour Adama ? On saura alors quels intellectuels et politiciens auront armé son bras.

Neonazi: las similitudes entre Brenton Tarrant y Anders Breivik
Signe suprémaciste pour l’un, salut nazi pour l’autre.
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Juil 202020
 

Une interview accordée par la nouvelle ministre déléguée à la Citoyenneté a fait bondir une trentaine de féministes au cœur des mobilisations actuelles, qui l’accusent de « diversions xénophobes » et recherche de « boucs émissaires ».

« Nous, féministes, dénonçons un gouvernement qui cherche des boucs émissaires et des diversions xénophobes. » De qui, ce cri de colère ? Une trentaine de militantes associatives et politiques, de la fondatrice de la Newsletter Les Glorieuses, Rebecca Amsellem, à Caroline de Haas (#NousToutes), Fatima Benomar (Les effronté-es), ou encore aux deux historiennes Mathilde Larrère et Laurence de Cock, signent une tribune dans le Journal du dimanche titrée Le discours fémonationaliste indigne de Marlène Schiappa. En cause, l’interview accordée au même média par l’ancienne secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes et désormais ministre déléguée à la Citoyenneté. Nous ignorons si cet élément a été validé par la macroniste ou s’il marque un choix éditorial indépendant (et putassier) du journal d’Arnaud Lagardère, mais toujours est-il que l’entretien est publié sous le titre de « Il faut des opérations de reconquête républicaine ».

Commençons donc par cette déclaration. Schiappa est interrogée à propos du « plan contre le communautarisme et les séparatismes«  annoncé par Macron en février et devenu priorité de Jean Castex, avec une loi annoncée dès la rentrée, « visant notamment l’islam politique », précise FranceTVInfo. « Que proposez-vous pour lutter contre ces phénomènes ? », lui demandent donc les deux consoeurs du JDD, ce à quoi elle répond : « D’abord, l’affirmation du principe de laïcité lors des parcours de naturalisation – je souhaite mettre en lumière ces cérémonies, moments solennels, émouvants pour ceux qui deviennent citoyens français ! Ensuite, des opérations de reconquête républicaine de terrain comme lorsque Gérald Darmanin et moi allons, de nuit, Porte de la Chapelle à Paris, aux côtés des forces de l’ordre. Sans prévenir, parce que la République est chez elle partout. »

« Gérald Darmanin et moi allons, de nuit, Porte de la Chapelle à Paris, aux côtés des forces de l’ordre. Sans prévenir, parce que la République est chez elle partout. »

Réaction de nos féministes en colère : « Questionnée sur la laïcité, Mme Schiappa répond aussitôt en évoquant les parcours de naturalisation, comme si les étrangers constituaient aujourd’hui la plus grande menace contre la laïcité en France. » Avec un logiciel buggé d’extrême droite dans la tête, c’est le cas : l’islam, les noirs, les Arabes, au secours ! Pas pour les signataires de la tribune : « Comme si les réseaux qui s’organisent aujourd’hui contre le droit à l’avortement, les programmes antisexistes à l’école, le mariage pour tous et la PMA pour toutes, étaient les étrangers et non les identitaires et autres chantres des racines chrétiennes de la France. Elle cite ensuite les « opérations de reconquête (sic) républicaine de terrain, (…) Porte de la Chapelle à Paris, aux côtés des forces de l’ordre » (un quartier parisien connu pour avoir une population particulièrement racisée), « parce que la République est chez elle partout » ajoute-t-elle, faisant un clin d’œil abject aux « On n’est plus chez nous » et autres « territoires perdus de la République ».

Non à la double peine

Les militantes féministes se hérissent particulièrement lorsque la ministre aborde à nouveau le thème des étrangers, cette fois comme auteurs de violences sexuelles : « Mme Schiappa se vante également d’avoir obtenu la double peine pour les étrangers qui ont commis des violences sexistes et sexuelles, afin qu’ils soient expulsés du territoire français, au lieu qu’ils puissent tout simplement purger leur peine. L’expression « violences sexistes et sexuelles » comprendrait donc les crimes, les délits et les actes sanctionnés par une contravention, comme le harcèlement de rue ? Cette expression, « violences sexistes et sexuelles », que nous utilisons pour souligner le continuum de ces violences, leur caractère banal et quotidien, devient donc un instrument au service d’une politique xénophobe visant les étrangers et leur distribuant des expulsions du territoire en notre nom. Nous, féministes, n’avons jamais revendiqué une quelconque double peine pour les étrangers. Les coupables doivent être jugés et condamnés, payer leur dette à la société comme tout justiciable, et la société doit se mobiliser pour comprendre les racines des violences qui sont commises en son sein. La Ministre de la citoyenneté, censée défendre l’État de droit, les principes républicains, la « présomption d’innocence » comme elle la réclame dans le même entretien pour M. Darmanin, ne peut réclamer « en même temps » un traitement différencié selon la nationalité. »

© Pascal Pochard-Casabianca Source : AFP
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« Si la maison de votre voisin s’effondre, vous l’accueillez. Mais s’il se met à tabasser votre sœur, vous le virez ! » Cette citation non plus, dans la bouche de Marine Le Pen Marlène Schiappa, ne passe pas, mais alors pas du tout. Qualifiée d’ « odieuse métaphore », « rappelant la vieille propagande des identitaires racistes de l’étranger s’immisçant dans leur domicile pour y agresser leurs compagnes. » Donc, dans le discours de la ministre de la Citoyenneté, les étrangers sont présentés à la fois comme une menace pour la laïcité, présumés indécrottables islamistes, et un danger pour nos mères, nos filles et nos femmes, à la merci de hordes d’agresseurs sexuels halal ! Bien-sûr qu’il ne s’agit pas de sa formulation, mais c’est bien le pré-supposé qui sous-tend ce discours, effectivement typique de l’extrême droite. Quoi d’autre que l’obsession xénophobe, qui fait des étrangers les responsables de tous les maux de la société, justifierait de les évoquer lorsqu’on parle de violences sexuelles ? Or cette problématique est bien plutôt franco-française, chiffres à l’appui que ne manquent pas de rappeler les signataires : « 90% des viols sont commis par une personne connue de la victime. 50% par un conjoint ou un membre de leur famille. Comme l’a dit Adèle Haenel, ces hommes, ce sont nos pères, nos frères, nos collègues, nos amis. Ce ne sont pas des monstres, et ce ne sont pas structurellement des hommes d’origine étrangère, loin de là. »

Que signifie donc, in fine, le message véhiculé par Schiappa (et Castex, qui ne voit ne pleine crise sociale qu’une urgence absolue : lutter contre les « séparatismes »!) ? C’est la conclusion de la tribune : « Nous, féministes, dénonçons un gouvernement qui cherche des boucs émissaires et des diversions xénophobes. Nous ne nous inscrirons jamais dans les stratégies d’instrumentalisation de nos luttes, que ce soit au service de politiques impérialistes pour aller soit-disant libérer les femmes dans les pays de « l’axe du mal », ou des politiques répressives et racistes à l’encontre des étrangers. Nous refusons que Mme Schiappa aille sur ce terrain en notre nom. »

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Mai 122020
 

La phrase du jour qui vaut à son auteur notre distinction du Bonnet d’âne eût pu être signée Marlène Schiappa,  Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, déclarant : « Sibeth Ndiaye est en train de devenir un rôle modèle pour plein de jeunes filles ». Alors que la France entière se moque de la porte-parole du gouvernement, il fallait oser. Mais on le sait, Schiappa ose tout – comme Ndiaye du reste. C’est donc certainement partie remise pour la bouillante corse, parce qu’elle est cette fois tombée sur plus fort qu’elle.

Nous nommons Jean-Michel Blanquer, qui goûtera tout le sel de se voir décerner un Bonnet d’âne pour un ministre de l’Éducation nationale.

Via le compte Twitter du camarade Fontenelle

C’était sur Europe 1, lisez lentement pour mieux déguster le nectar.

« Il y a plus de risques à rester chez soi que d’aller à l’école ».

Affirmation précédée de l’amusant « Beaucoup de pédiatres le disent ». Bon sang, mais ça fait huit semaines qu’on nous serine « Sauvez des vies, restez chez vous » ! Pour commenter cette sortie revigorante de Jean-Michel Blanquer, nous pensons d’abord à l’absurde et au surréalisme. Puis très vite au mépris immense pour son auditoire de la tête d’œuf : faut-il prendre les gens à ce point pour des abrutis quand on manie à un tel niveau le foutage de gueule ? Bonnet d’âne mérité donc pour l’idole du Point, doublé du 89e Ferme ta gueule !, bien senti, de l’histoire de plumedepresse.

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