L’immense régression environnementale d’une loi conçue sur mesure pour les industriels et le Medef (et tant pis pour la pollution !), qui ouvre en outre une voie royale à la corruption, s’applique désormais, validée par le Conseil constitutionnel. La loi Asap, pour « Accélération et simplification de l’action publique », « poursuit à marche forcée le démantèlement du droit de l’environnement », résume Reporterre, avec force cris de joie macronistes, alors que les médias dominants regardent ailleurs. Le rôle des hypocrites en chef est ici tenu par les ministres Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher : « Ces évolutions (…) démontrent qu’il est possible de conjuguer protection de l’environnement et attractivité économique de notre territoire », se rengorgent-elles. Le toupet ! « Conjuguer protection de l’environnement » en lançant des travaux avant que l’autorisation environnementale ne soit délivrée ? C’est ce que permet par exemple cette loi.

Le docteur en droit de l’environnement Gabriel Ullmann remet les pendules à l’heure : « Si la loi comporte d’indéniables avantages pour les opérateurs économiques (…), elle comporte de graves atteintes pour les droits des citoyens et de la société. Loin d’être une loi de simplification, elle complexifie le droit en instituant des régimes différents selon les activités, les objets ou les circonstances, tout en étant elle-même une loi bavarde et fourre-tout ». Sur ce dernier point, le Conseil constitutionnel a sévi, censurant pas moins de 26 articles, dénoncés comme « cavaliers législatifs » – c’est-à-dire introduits dans la loi alors qu’ils n’ont aucun rapport avec son objet, pratique interdite. Légère satisfaction que de voir ainsi taper sur les doigts de nos législateurs indélicats. Restent les principaux points négatifs de cette loi, chroniques de catastrophes environnementales et de scandales de corruption annoncés.
PS : puisque nous vous tenons et qu’il est question plus haut d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de l’Industrie, ne résistons pas à citer sa déclaration de dimanche dernier, qui vaut son pesant de cacahouètes.
« La gauche, c’est de ne pas sacrifier les classes populaires (…) leur donner les moyens de prendre leur destin en main et de se réaliser ». Prends ton destin en main, feignant, traverse la rue pour trouver du travail – ou enfourche le tigre avec des sandwichs jambon fromage ! Le macronisme est décidément orwellien : « La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force » et donc le libéralisme c’est la meilleure façon d’être de gauche.