Cet homme, Emmanuel Macron, avec son armée de robots playmobil, vit dans un univers parallèle où le régime des retraites ne serait pas aujourd’hui excédentaire, avec peut-être ensuite quelques milliards manquants, selon certaines prévisions hypothétiques parce qu’il est impossible de prédire ne serait-ce que le moyen terme (pandémies, dérèglement et réchauffement climatique, guerres…). Milliards qu’on distribue par ailleurs et par centaines aux entreprises et à l’oligarchie. Trimez, les pauvres.
« Il faut sauver le système par répartition. » Il n’ont que cette phrase à la bouche et nous devrions les remercier, et avec nous nos enfants, d’agir en sauveurs de ce système qu’il est vital de préserver. Mais l’opinion et le petit monde médiatique ont une mémoire de poisson rouge : est-il plausible que la volonté de sauver à tout prix la répartition vienne de ceux-là même qui, jusqu’en novembre 2020 et l’abandon de ce projet, il y a quelques mois à peine, voulaient supprimer ledit système pour lui substituer la retraite à points ? Que personne ne le leur objecte jamais ne laisse pas que d’étonner, comme l’eût écrit Marivaux.
Allez visiter les quartiers où des petites filles de 3 ou 4 ans portent le voile intégral, sont séparées des garçons et, dès le plus jeune âge, sont mises à part du reste de la société, élevées dans un projet de haine des valeurs de la France. » De qui, cette ignoble bouffée délirante dans les colonnes du très prestigieux Financial Times, en novembre 2020 ? D’Emmanuel Macron. En propageant ainsi de tels fantasmes, le président faisait donc très ouvertement une campagne d’extrême droite il y a déjà plusieurs mois. Rien de surprenant donc à entendre les Darmanin, Schiappa, Blanquer ou Vidal reprendre tranquillement le discours d’extrême droite pur sucre – avec notamment la dénonciation du drolatique autant qu’imaginaire « islamo-gauchisme », variante 2021 du « judéo-bolchévisme ». Quels quartiers exactement ? Combien de petites filles concernées ? Quel « projet de haine des valeurs de la France », par qui exactement ?
« Dans les faits, le port de la burqa (un voile intégral qui couvre le corps et le visage d’une femme, y compris ses yeux) et du niqab (qui ne couvre pas les yeux) est interdit en France et tout individu obligeant une mineure à porter ces vêtements s’expose à une peine de prison, rétablit la journaliste Nabila Ramdani. Il n’a jamais été fait état d’incidents impliquant des enfants en burqa, et encore moins de poursuites ou de condamnations. » Une fake news digne (et indigne) d’un Donald Trump, en somme.
L’immense régression environnementale d’une loi conçue sur mesure pour les industriels et le Medef (et tant pis pour la pollution !), qui ouvre en outre une voie royale à la corruption, s’applique désormais, validée par le Conseil constitutionnel. La loi Asap, pour « Accélération et simplification de l’action publique », « poursuit à marche forcée le démantèlement du droit de l’environnement », résume Reporterre, avec force cris de joie macronistes, alors que les médias dominants regardent ailleurs. Le rôle des hypocrites en chef est ici tenu par les ministres Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher : « Ces évolutions (…) démontrent qu’il est possible de conjuguer protection de l’environnement et attractivité économique de notre territoire », se rengorgent-elles. Le toupet ! « Conjuguer protection de l’environnement » en lançant des travaux avant que l’autorisation environnementale ne soit délivrée ? C’est ce que permet par exemple cette loi.
Le docteur en droit de l’environnement Gabriel Ullmann remet les pendules à l’heure : « Si la loi comporte d’indéniables avantages pour les opérateurs économiques (…), elle comporte de graves atteintes pour les droits des citoyens et de la société. Loin d’être une loi de simplification, elle complexifie le droit en instituant des régimes différents selon les activités, les objets ou les circonstances, tout en étant elle-même une loi bavarde et fourre-tout ». Sur ce dernier point, le Conseil constitutionnel a sévi, censurant pas moins de 26 articles, dénoncés comme « cavaliers législatifs » – c’est-à-dire introduits dans la loi alors qu’ils n’ont aucun rapport avec son objet, pratique interdite. Légère satisfaction que de voir ainsi taper sur les doigts de nos législateurs indélicats. Restent les principaux points négatifs de cette loi, chroniques de catastrophes environnementales et de scandales de corruption annoncés.
PS : puisque nous vous tenons et qu’il est question plus haut d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de l’Industrie, ne résistons pas à citer sa déclaration de dimanche dernier, qui vaut son pesant de cacahouètes.
« La gauche, c’est de ne pas sacrifier les classes populaires (…) leur donner les moyens de prendre leur destin en main et de se réaliser ». Prends ton destin en main, feignant, traverse la rue pour trouver du travail – ou enfourche le tigre avec des sandwichs jambon fromage ! Le macronisme est décidément orwellien : « La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force » et donc le libéralisme c’est la meilleure façon d’être de gauche.
Il n’y aurait pas de « violences policières » mais des « violences de policiers », tortille du popotin Emmanuel Macron sur Brut. Et que fait-on quand elles se produisent ? On prononce « des sanctions très claires », comme le président l’a ordonné à Darmanin pour les agresseurs de Michel Zecler. Problème : le préfet de police vient de leur accorder le bénéfice de « la solidarité nationale » en payant leurs frais de justice avec vos impôts !
Photo réalisée par l’avocate de Michel Zecler
Les femmes et hommes de bonne volonté de la France entière, y compris de droite, ont été révulsés par les images de la caméra de vidéo-surveillance montrant trois policiers s’acharner pendant quinze minutes à coups de pieds, de poings et de matraque sur Michel Zecler, coupable d’être rentré chez lui pour éviter une amende pour non-port du masque sanitaire. Un déchaînement de violence qui soulève le cœur. Or qu’apprenons-nous par Libération? « Le 26 novembre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, annonçait vouloir demander la «révocation» des agents du commissariat du XVIIe arrondissement de Paris mis en cause dans le tabassage du producteur de musique noir. Dans le même temps, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a octroyé le bénéfice de la protection fonctionnelle aux quatre policiers mis en examen, selon un tract du syndicat Unsa Police, dont les informations ont été confirmées à Libération par le cabinet du ministre de l’Intérieur et la préfecture. Cette décision assure aux agents une prise en charge de leurs frais de justice par la collectivité publique et symbolise l’expression de la solidarité nationale. Gérald Darmanin a été «avisé» de cette mesure, ajoute son entourage. » Ainsi donc Lallement considère qu’il faut venir en aide à des brutes racistes et menteuses sous serment. Or cette « protection fonctionnelle » ne peut être octroyée si la personne concernée à commis une « faute personnelle », à savoir «un comportement incompatible avec les obligations qui s’imposent dans l’exercice des fonctions publiques» ou qui «eu égard à leur nature et aux conditions dans lesquelles ils ont été commis, revêtent une particulière gravité» (Conseil d’État, 30 décembre 2015). Alors pour les agresseurs de Zecler ? Les deux, mon général préfet ! Mais non, pour Lallement, tabasser sans raison pendant 15 minutes un citoyen n’est pas « un comportement incompatible avec les obligations qui s’imposent dans l’exercice des fonctions publiques», sans « particulière gravité ». Bienvenue dans la police de Macron. Et Darmanin a été « avisé », donc il couvre.
Macron a personnellement nommé Lallement préfet de police de Paris malgré (ou grâce à ?) ses mensonges avérés à Bordeaux pour couvrir les violences contre les Gilets jaunes.
« Ensuite, quand il y a des violences policières sur le terrain, on doit donner tout éclaircissement à ces violences, déclarait en 2017 le bonimenteur suprême en campagne. Quand il y a des violences, il y a une responsabilité hiérarchique. Il y a des commissaires, des directeurs départementaux de la sécurité publique, des préfets, des ministres. Il n’y aura pas d’incident sans réponse. Moi je suis pour un système de responsabilité. » On va t’aider Manu : Lallement, Darmanin. Démissions ?
Les dévots d’Emmanuel Macron et tout le ban et l’arrière ban de la droite continueront sans doute, les éditocrates à l’unisson, de nier toute dérive autoritaire. Pourtant, la réalité, têtue, indique que les gendarmes pourront désormais inscrire dans un fichier des informations relatives «à la prétendue origine raciale ou ethnique, aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, à l’appartenance syndicale, à la santé ou à la vie sexuelle ou l’orientation sexuelle» (article 2 du décret n°2020 151 publié du 22 février dernier).
Il y a certes des garde-fous : ces collectes de données sensibles «ne sont possibles qu’en cas de nécessité absolue pour les seules fins et dans le strict respect des conditions définies au présent décret, dans les limites des nécessités de la mission au titre de laquelle elles sont collectées» et «le traitement de telles données n’est possible qu’en cas de nécessité absolue, sous réserve des garanties appropriées pour les droits et libertés de la personne concernée». Mais Checknews de Libération donne la parole à la pénaliste Virginie Gautron : « Certes, le texte limite l’enregistrement aux informations « nécessaires, adéquates et proportionnées », mais comme aucune cible n’est précisée, les gendarmes sont totalement maîtres de la décision et de l’interprétation des critères de nécessité. Un cadre plus précis éviterait les collectes de précaution, « au cas où cela pourrait servir », une tentation qu’on retrouve dans toutes les institutions.»
PS : pour rendre à César ce qui lui appartientNext INpact a débusqué le lièvre dès le 4 décembre, directement dans le terrier du Journal officiel.
Ne pas oublier de le lui souhaiter à minuit le 1er janvier : « Et surtout la Santé ! »
Nous signalions dans notre billet d’hier que Gérald Darmanin, incroyablement toujours ministre de l’Intérieur, avait commis un parjure lors de son audition devant l’Assemblée nationale. « Premier mensonge lorsque le ministre de l’Intérieur parle de l’agression de Michel Zecler par des policiers, résume Libération. Darmanin assure que les policiers et la préfecture n’avaient pas d’images de l’agression avant leur diffusion par Loopsider, jeudi 26 novembre. «Le ministre de l’Intérieur, le préfet de police, le directeur général de la police nationale, n’ont pas eu accès à des images. Ces images, elles ont été mises en ligne par le site informatif», indique-t-il. Une version contredite par le journaliste de Loopsidermais également par le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. Dimanche, lors d’un point presse, ce dernier avait indiqué que les vidéos de l’agression avaient été saisies et exploitées par les policiers dès le lundi 23 novembre, soit deux jours après les faits et trois jours avant la mise en ligne par Loopsider. » Vous avez noté l’expression « premier mensonge », c’est donc qu’il y en a un autre : « Deuxième mensonge lorsque Gérald Darmanin évoque le cas d’un autre policier pas franchement raccord avec les valeurs de la République. «L’un de mes premiers gestes en tant que ministre de l’Intérieur a été de ne pas garder dans la police un agent qui avait porté un écusson qui rappelait le IIIe Reich», assure-t-il. Sauf que non. Comme l’a souligné une journaliste de Mediapart, Darmanin avait simplement suspendu la promotion de ce CRS qui, avant l’intervention du ministre, devait être promu brigadier-chef. Le ministre s’en était d’ailleurs vanté sur Twitter. «Conformément à ce que j’ai demandé au Directeur général de la police nationale, cet agent ne sera pas promu», avait-il indiqué le 30 juillet. Une légère différence, donc. Le CRS avait en revanche été suspendu 15 jours en 2015 pour avoir porté l’insigne de la 12e Panzer SS – un blason qui fait un peu plus que «rappeler le IIIe Reich».
Zéro pointé en droit constitutionnel : le législatif fait les lois, l’exécutif les applique. Mais quand la police viole la loi, elle fait certes la sienne, par la force.
Alors ? L’ article 434-13 du code pénal prévoit que « le témoignage mensonger fait sous serment devant toute juridiction (…) est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende ». Dans le contexte de l’affaire Cahuzac, célèbre mensonge d’un ministre devant la représentation nationale, une doublette UMP voulait en 2013 créer un délit de parjure. Le Monde rétorquait alors : « Un responsable politique est déjà passible de poursuites s’il est avéré qu’il a menti en témoignant, sous serment, devant une commission d’enquête parlementaire, à l’Assemblée comme au Sénat. » Renvoyant à cet article 434-13. Cinq ans d’emprisonnement donc pour Gérald Darmanin ? Chiche !