« Au secours, la deuxième vague arrive ! », catastrophise le Conseil scientifique Covid-19. « Pas du tout, d’ailleurs on va autoriser le 15 août les concerts de plus de 5000 personnes », répond Bachelot. « Ah ben non, finalement, pas avant le 30 octobre », rectifie Castex. Quant à Blanquer, il assouplit en douce les règles sanitaires pour la rentrée scolaire : plus de distance physique ! Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?
Signé du préfet de la Haute-Savoie le 10 août.
« Une seconde vague de l’épidémie est « hautement probable » selon le Conseil scientifique, lisons-nous le 5 août sur BFM TV. Un retour en force de l’épidémie, prévu par le comité en « novembre, ou plus tard dans l’hiver », dans un avis remis au gouvernement la semaine dernière et rendu public mardi. » On ne peut faire plus alarmiste. Peut-être que si, finalement : «Nous restons à la merci d’un gros événement de supercontamination», avertissait la veille dans Le Figaro le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19. Bref, nous sommes dans de beaux draps.
Roselyne Lagaffe
Mais que donc lisons-nous aussi en ce même 4 août dans Le Parisien ? « Un concert avec plus de 10 000 personnes ? Ce sera bientôt possible. Les rassemblements culturels (spectacles, concerts, etc.) de plus de 5000 personnes pourront en effet être autorisés, à compter du 15 août, par les préfets en respectant «certaines conditions» sanitaires, a indiqué mardi le ministère de la Culture dans un communiqué. » Les bras nous en sont tombés. Avant que de découvrir, dans Le Figaro d’aujourd’hui : « Dans la confusion, le ministère de la Culture avait annoncé la semaine dernière une levée de la mesure, sous conditions, à partir du 15 août. Jean Castex a finalement décidé de proroger l’interdiction. » Dans la confusion, c’est cela. Quelle mouche a bien pu piquer Roselyne « J’accumule-les-conneries-bêtises » Bachelot, ministre de la Culture, au solide palmarès en la matière lorsqu’elle détenait les portefeuilles de l’Environnement puis de la Santé ? Quoi qu’il en soit, le maintien de l’interdiction de rassemblements culturels de plus de 5000 personnes est cohérent avec la position du Conseil scientifique qui crie « Au loup ! ». Mais quid de la rentrée scolaire ?
Pendant ce temps-là, en catimini…
Avaler son chapeau ne fait pas peur à Jean-Michel Blanquer.
« Sans aucune communication officielle auprès du grand public, le ministère de l’Éducation nationale a publié en catimini, mercredi 5 août, le nouveau protocole sanitaire applicable dans les écoles et établissements scolaires à la rentrée prochaine », constate Sud Ouest. « Conformément, à l’avis du Haut Conseil de la santé publique rendu plus tôt, les règles sanitaires ont été assouplies, afin de pouvoir accueillir la totalité des élèves. » Nous proposons que ce Haut Conseil, qui aborde ainsi la rentrée de façon si zen, se concerte avec le Conseil scientifique Covid-19, qui tire une assourdissante sonnette d’alarme ! « Dans toute l’enceinte de l’établissement, cour comme espaces clos, la distanciation sociale ne sera donc plus obligatoire, si elle n’est « pas matériellement possible ou qu’elle ne permet pas d’accueillir la totalité des élèves », explique le protocole. (…) Autre différence majeure : l’accès aux aires de jeux, et autres espaces collectifs ainsi que la « mise à disposition d’objets partagés au sein d’une même classe ou d’un même groupe constitué » sera également autorisée. » Mais c’est open bar dans les écoles ! « Le protocole sanitaire pour la rentrée scolaire a été bouclé le 9 juillet et transmis aux recteurs d’académie et aux personnels de direction des établissements le 20 juillet, récapitule l’éditorialiste Laurent Bodin dans L’Alsace. Avant d’être rendu public ce vendredi 6 août, non par le ministère de l’Éducation nationale mais par nos confrères du Monde. Jean-Michel Blanquer serait-il devenu un petit cachottier ? Le ministre n’a pas manqué beaucoup de rendez-vous médiatiques ces dernières semaines. Mais jamais il n’a fait état de cette note. Bien sûr, sa mise en application est encore très hypothétique. Elle dépendra, évidemment, de l’évolution de la pandémie. La méthode est cependant maladroite. Elle traduit un manque de transparence sur un sujet hypersensible. Agir en catimini, surtout sur une question publique, n’est véritablement pas de nature à retisser les liens déjà distendus entre le ministre et les membres de la communauté éducative. » Pas sûr en effet que ce genre d’agissements restaure la confiance…

Les enfants seraient moins contaminants, nous explique-t-on. Les vérités du jour ne sont pas celles du lendemain, depuis le début de la crise sanitaire, mais si on nous le dit… Mais les plus grands ? « Les universités rouvriont elles aussi, avec des règles plus souples« , répond Sud Ouest. Mais on n’y comprend décidément plus rien ! Dans ce contexte, vous imaginez bien les syndicats enseignants vent debout. « Le 9 juillet, le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports a produit un quatrième protocole sanitaire réduit à peau de chagrin, communique ainsi Sud Éducation. L’objectif avoué est d’assurer l’accueil de tou-te-s les élèves dans tous les établissements scolaires, sans aucune anticipation du risque sanitaire que tout indique à la hausse. Ainsi, la distanciation physique n’est plus obligatoire alors qu’il est toujours recommandé de respecter les gestes barrière qui demeurent «les mesures de prévention individuelles les plus efficaces contre la propagation du virus». De même, toutes les mesures permettant de limiter le brassage dans les salles de classes n’ont désormais vocation à s’appliquer que «dans la mesure du possible». Le port du masque n’est plus obligatoire dans le cas où la distance d’au moins un mètre est respectée, ce qui est pratiquement impossible à mettre en place avec l’accueil de tou-te-s les élèves. Tous les personnels auront à leur disposition deux masques pour chaque jour de présence dans les établissements mais les parents devront fournir des masques à leurs enfants [à partir de 11 ans, NdA], ce qui est parfaitement scandaleux. Alors qu’ailleurs d’autres choix ont été effectués (en Italie par exemple, création de 84 000 postes et réduction des effectifs par classe), en France le ministère préfère maintenir les effectifs par classe très élevés en continuant à supprimer des postes. Six mois après le début de la crise sanitaire, l’Éducation nationale ne s’est toujours pas donné les moyens de préparer au mieux la rentrée : Sud Éducation dénonce l’irresponsabilité du gouvernement qui ne prend toujours pas les mesures nécessaires afin d’assurer une rentrée sereine pour tous et toutes. »
Pour résumer, les alertes du Conseil scientifique à propos d’une deuxième vague « hautement probable » entraînent une surenchère dans l’exigence du port des masques en extérieur – sans aucun discernement pour les zones concernées par l’obligation, comme à Paris où une rue se parcourra masqué et celle d’à côté, à la même fréquentation, pourra pourtant s’arpenter à visage découvert. Mais dans le même temps, on lâche complètement l’affaire dans l’Éducation nationale ! Déboussolés, les Français ne savent plus que croire. Certains sont inquiets, voire terrorisés (les chaînes d’info continue sont d’hystériques amplificateurs de panique !) et d’autres – les « anti-masques » – propagent les sornettes les plus idiotes et se prennent pour des rebelles en refusant de se masquer. Mais tous en ont assez des injonctions paradoxales, des incohérences, de l’amateurisme et de l’improvisation permanente macroniste.