En soutien au mouvement pour les retraites, la grève du zèle continue, avec deux éditions quotidiennes au cœur des mobilisations.
Notre rubrique Ferme ta gueule !* vous manquait ? Vous êtes gâté : deux lauréats d’un coup à la « Une » fiévreuse de plumedepresse-Nuit ! Parce qu’il est toujours motivant de prendre conscience d’à quel point nos gouvernants persistent à se foutre de notre gueule se moquer du monde, histoire d’être gonflé à bloc, en cette veillée d’arme avant la manifestation de demain. Mais trêve de suspense, les heureux élus sont Valérie Pécresse, en amuse-bouche, et Nicolas Sarkozy lui-même, dans toute sa grandiose maîtrise de l’art du foutage de gueule.
Nous l’avions déjà distinguée en mai dernier mais Valérie Pécresse, ministre des Universités et de la Recherche, mérite d’à nouveau figurer au palmarès de notre prestigieuse distinction pour la déclaration suivante, puisée dans la page En direct couvrant pour Le Parisien la chronologie du conflit : « Manifester, s’exprimer, oui, bloquer et faire des actes de violence, non. La violence n’a pas sa place aux portes de nos lycées (…) Les manifestations que nous avons vues hier ont dégénéré, et moi je condamne ces actes de violence. Je veux dire tout mon soutien aux forces de l’ordre, parce qu’il n’y a rien de plus difficile que d’intervenir lorsqu’il y a des violences qui se passent aux portes d’un lycée. » Geoffrey, 16 ans, élève au lycée Condorcet de Montreuil (Seine-Saint-Denis) a été blessé jeudi matin par un tir de flash-ball au visage et l’on ne sait pas encore s’il gardera son œil, comme nous le racontions dans notre précédente édition. « Aux portes d’un lycée », justement, le sien. Alors qu’il participait à un blocage sans violence, celle-ci est venue des forces de l’ordre à qui Pécresse veut « dire tout son soutien » : tiré comme un lapin sans sommation alors que, preuve vidéo à l’appui, il n’a rien fait d’autre que de passer dans la ligne de mire d’un cowboy de la gâchette en bleu. Quand il se produit une telle bavure, loin d’être la première, et que s’en produit le même jour une autre – un jeune grièvement blessé par un tir tendu de grenade lacrymogène (pratique interdite) -, on ne commet pas une déclaration comme celle de la Pécresse, à moins d’être complètement… comment disent-ils, déjà ? Ah oui, « irresponsable ». Ou sotte. Ou cynique et jusqu’au-boutiste de la répression. Et si elle était les trois ?
A tout seigneur tout honneur, il appartient au président de la République lui-même de s’illustrer pour terminer cette livraison de notre petit journal des luttes. Lisez plutôt ce chef d’œuvre de mauvaise foi et d’hypocrisie : « J’ai entendu les inquiétudes qu’a pu susciter le projet de réforme des retraites auprès des mères de famille », a affirmé Nicolas Sarkozy, lors d’une cérémonie de remise de médailles de la famille à l’Elysée. Selon le chef de l’Etat, qui veut «rassurer», cette réforme a «un objectif de justice sociale, notamment pour les petites retraites et les petits retraités. Que deviendraient-ils si demain il n’y avait pas d’argent pour payer les retraites ? Que deviendrions-nous dans ce cas-là ? Je demande à chacun d’y réfléchir et de se poser la question. » Qu’a-t-il fait pour les mères de famille ? Il a daigné leur accorder la possibilité de prendre leur retraite à taux plein à 65 ans, mais uniquement à celles ayant élevé 3 enfants ou ayant la charge d’enfants « lourdement handicapés » , et uniquement pour 5 ans. « C’est une mesure forte, qui répond à une iniquité réelle et constatée », s’enthousiasme ce bon ministre du Travail, Eric Woerth. L’excellente revue Démocratie & socialisme lui répond : « Pourtant, cette «iniquité réelle et constatée» n’est que suspendue pendant 5 ans. Dans 5 ans, la mesure sera toujours aussi «inique» mais les mères de famille ayant élevé plus de trois enfants ou ayant à charge des enfants «lourdement handicapés» ne pourront bénéficier d’une retraite à taux plein qu’à l’âge de 67 ans. »
Sarkozy nous demande « si demain il n’y avait pas d’argent pour payer les retraites ? Que deviendrions-nous dans ce cas-là ? » Mais pourquoi donc n’y aurait-il plus d’argent ? Là encore, l’argumentaire de Démocratie & socialisme est imparable, toujours à propos de la mesurette lâchée pour « les mères de famille » : « En finançant cette concession par une «majoration du prélèvement social sur le capital», le gouvernement reconnaît qu’il y avait bien une autre réforme possible, mettant à contribution le capital plutôt que les salariés et les retraités. Pourtant, là encore, cette «majoration du prélèvement social sur le capital» ne durera que 5 ans. Les mesures prises contre les salariés et les retraités constituent l’essentiel (85%) de la contre-réforme de Sarkozy. Les «concessions» qui leur sont faites ne sont que temporaires. Le financement demandé au capital n’est que marginal (15%) et le plus souvent temporaire. » Alors il n’y a pas à se demander ce que nous deviendrions s’il n’y avait plus d’argent, misérable tartuffe qui s’apprête à fourguer une belle part du gâteau des retraites complémentaires à son frère. De l’argent il y en a ! Du côté du Medef. « A l’exception du patronat marseillais qui n’a pu s’empêcher d’éructer contre les dockers et les ouvriers des raffineries, le Medef prend garde de jeter de l’huile sur le feu. Le commanditaire et profiteur de la contre-réforme des retraites veut faire oublier que dans les 6 premiers mois de l’année, les entreprises du CAC 40 ont engrangé 41,6 milliards d’euros de profits, en hausse de 86% sur 2009, presque le triple du « déficit » fabriqué de la Sécurité sociale », rappelle fort à propos le PCF de Saint-Quentin (Aisne). Pas d’argent, Sarkozy ? Un « objectif de justice sociale », hein, avec 85% de l’effort pesant sur les salariés ? Demain, dans la rue, le peuple va te dire ce qu’il en pense. Et ça pourrait ressembler à l’illustration de La mèche ci-contre, journal de salubrité publique que nous en profitons pour chaudement recommander aux plumonautes.
A demain dans la rue. Grève générale jusqu’au retrait total !
*Retrouvez les archives de la rubrique Ferme ta gueule ! sur l’ancienne version de plumedepresse.
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[…] This post was mentioned on Twitter by Olivier Bonnet, Olivier Bonnet, Olivier Bonnet, CorinnePerpinya, CorinnePerpinya and others. CorinnePerpinya said: RT @OlivierBonnet: Sarkozy : "cette réforme a un objectif de justice sociale" http://alturl.com/a3b9p Ferme ta gueule ! #retraites Tous dans la rue ! […]
Pourquoi n’y a-t-il pas un journaliste TV pour leurs parler comme toi quand ils les ont en face ? Merci Olivier
Pécresse est une traîtresse ! Elle saccage l’université et la recherche publiques au profit de structures privées ! En plus, elle ne sait pas s’exprimer (cf. ses meetings lors des élections régionales en Ile-de-France où elle s’est fait ratatiner !). Quant à Sarkozy, je vais allumer la mèche qui l’enverra en orbite autour de la Terre. Et, si par hasard, un satellite (peu importe la nationalité) pouvait l’aplatir définitivement et l’expédier en mille morceaux aux confins de l’univers, ce serait l’apothéose !
Préparez vos baskets, badges, banderoles, bières, bananes, barres vitaminées ! Et hop, tous à la manif de votre coin de Terre natal, même si vous êtes confinés sur l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Vous avez lu ? C’est un ordre : exécution ! 😀
Oui, Olivier, c’est un ordre ;-). Bonne manif !
@ Patricia : Bon, elle déjà un peu ratatinée d’origine … 😀
Si elle réagit comme ça, il faut juste se demander quelles sont ses origines, où elle est née, que fait son père dans la vie, son mari…
Dans ces milieux-là on ne demande pas de compétences particulières, seulement d’occuper le terrain en profitant de l’argent public, en faisant la leçon aux autres.
Les deux distinctions sont tout à fait justifiées, les deux récipiendaires ne ménageant pas leurs efforts. Quoique ça m’à l’air d’être une nature chez eux.
@yan : je connais (indirectement, pas de relations privilégiées avec Pécresse, vue et entendue, pas dans ses meetings, mais dans une fac parisienne où elle est venue et repartie en courant poursuivie par des salades, tomates, étudiants, enseignants, personnels BIATOSS)son parcours de formation, ses origines familiales bourgeoises, son domicile de Versailles, etc.).
D’accord avec toi, elle est déjà ratatinée d’origine. A sa décharge, on ne choisit pas sa famille 😉
Le Gouvernement ne cesse de communiquer sur les « concessions » qu’il daigne accorder en mettant notamment en avant un amendement sur « la retraite des mères de trois enfants ». J’imagine que beaucoup de femmes se sentent concernées voire soulagées sauf que ça ne concerne que 130.000 mères de familles. Car on oublie trop souvent de dire qu’il s’agit de faire bénéficier d’une retraite sans décote à 65 ans uniquement aux mères de familles « nées entre 1951 et 1955 » !
« Justice sociale » en effet dans la bouche de Pinocchio cela sonne la vulgarité, c’est prendre les gens pour des imbéciles au plus haut point .
A quoi on reconnait un con c’est qu’il se permet tout, comment peut-il, « justice » et « social » c’est l’inverse opposé de Sarkozy-land…
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[…] Doublé dans notre rubrique « Ferme ta gueule ! » : Pécresse et Sarkozy […]