Tout est dans le titre. Le ministre de l’Intérieur, déjà objectivement convaincu tout récemment d’affabulation, se conduit en parfait négationniste dès lors qu’est abordé une critique chiffrée et approfondie de l’escroquerie sarkozyste. « Furieux » du rapport de la Cour des comptes éreintant la politique sécuritaire menée depuis 2002, il conteste avec la dernière énergie… des évidences ! D’où cette grande première sur plumedepresse, un Bonnet d’âne doublé d’un Ferme ta gueule !
On avait laissé Claude Guéant dans la posture grotesque du ministre de l’Intérieur réitérant avec insistance un gros mensonge établissant un lien (inexistant) entre immigration et échec scolaire, ce qui lui a valu finalement le camouflet d’être officiellement démenti par l’Insee : « C’est officiel, Guéant ne sait pas compter, résume Libération. Sous la pression de ses syndicats, l‘Insee a été contraint lundi de publier un communiqué infirmant les déclarations de Claude Guéant sur l’échec scolaire des enfants d’immigrés. Affaire Guéant, suite et fin. C’est désormais officiel, le ministre de l’Intérieur dit n’importe quoi. Après un mois d’une bataille de chiffres assez surréaliste, l’Insee a enfin délivré un communiqué de presse en forme de mise au point. On y lit que contrairement à ce que Guéant avait affirmé le 22 mai, en se basant sur une étude de l’Insee datant de 2005, les enfants d’immigrés ne représentent pas deux tiers des élèves sortant sans qualification du système scolaire, mais environ 16%. Nombreux médias (dont Libération à plusieurs reprises) avaient déjà corrigé le mauvais élève Guéant… qui ne voulait rien entendre. L’Insee se refusant curieusement à corriger cette lecture grossière d’une de ses publications, le ministre de l’Intérieur avait persisté, et s’était même fendu de deux droits de réponse à Libération. Dans le dernier courrier, daté du 9 juin, Guéant y qualifiait notre raisonnement (aboutissant à la conclusion que la proportion exacte était de 16%) d’«exotique». Les agents et les syndicats de l’Insee avaient commencé à trouver ce running gag peu drôle. Dans une déclaration le 21 juin, ils avaient exigé lors d’une réunion que l’Insee corrige Guéant, estimant que cette affaire mettait en cause l’indépendance et la réputation de l’institution. (...) Lundi en fin de matinée, la direction a finalement cédé. L’Insee écrit donc noir sur blanc que Guéant s’est trompé. On le savait déjà. Mais au moins, on est sûr qu’il ne dira plus le contraire. » Peut-être, oui. Mais seulement sur ce sujet-là, hélas !
Notre ministre de l’Intérieur, irrémédiablement discrédité, n’en pique pas moins une nouvelle crise pour s’insurger contre la Cour des comptes, dont son grand homme le petit président avait cru malin de confier la présidence à l’opposition. L’arroseur est de ce fait arrosé et le sujet du jour la sécurité : « La Cour des comptes éreinte dans un rapport publié jeudi la gestion des forces de sécurité et met en doute la baisse de la délinquance depuis 2002, date de l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Intérieur, s’attirant une réponse cinglante de la place Beauvau », écrit l’AFP. Extraits : « Le rapport fustige l’état statistique des deux forces, notant au passage qu’ « en 2009 la reprise à la hausse de la délinquance a été évitée en grande partie par le refus des services d’enregistrer des plaintes » de victimes d’escroqueries. (…) Au final, la Cour comptabilise une baisse de 5,3% depuis le 1er janvier 2003 du nombre de policiers, de 25% pour leurs budgets de fonctionnement (hors rémunérations) en 2010. La Cour pointe la « coûteuse et complexe organisation du temps de travail dans la police » et le « peu de latitude pour (…) l’accumulation des heures à récupérer ». En 2009, 30% du « potentiel théorique » de la SP étaient « indisponibles pour cause de congés, repos, maladies et autres absences ». Elle stigmatise encore le « rôle grandissant des polices municipales », en développement de +35% sur la période analysée, beaucoup plus que les forces de l’Etat. » Il s’est ainsi creusé un fossé entre les villes qui ont les moyens et celles qui ne les ont pas. Le grand classique UMPiste inlassablement décliné de la société à deux vitesses, ici appliqué à l’ordre public comme au reste : la sécurité pour les riches, l’insécurité pour les pauvres, déjà frappés d’insécurité économique ! « Elle met aussi en cause le « développement rapide mais coûteux » de la vidéosurveillance – mesure phare de l’Intérieur (…). » Ah, la vidéosurveillance, ce cheval de bataille sarkozyste, que la novlangue officielle persiste à nommer mensongèrement vidéo « protection »… Que répond Guéant sur ce sujet sensible, tant l’UMP a fait de la chose l’alpha et l’oméga de sa politique sécuritaire ? Il regrette que les rapporteurs mettent « en doute l’efficacité des systèmes de vidéoprotection, qui sont pourtant très largement utilisés avec succès en France et à l’étranger ». Pardon ?
Quand le mensonge incantatoire prétend se substituer à la réalité… Piqûre de rappel : « un rapport officiel du ministère de l’Intérieur prouve l’inefficacité de la vidéo-surveillance, comme nous l’enseignait en novembre dernier Bug Brother. (…) « Le rapport nous apprend ainsi (…) qu’ « en dessous d’une caméra pour 2000 habitants, les agressions contre les personnes progressent plus vite (+44,8%) que dans les villes qui n’ont aucun équipement (+40,5%)“. Le nombre d’agressions progresse donc plus vite dans les villes modérément vidéosurveillées que dans celles qui ne le sont pas : on voudrait démontrer l’inefficacité de la vidéosurveillance qu’on ne s’y prendrait pas autrement. On y découvre aussi que la délinquance générale baisse moins quand il y a plus d’une caméra pour 1000 habitants que lorsqu’il y a une caméra pour 1000 à 2000 habitants. Autrement dit : plus il y a de caméras, moins la délinquance baisse… (…) Quant à l’effet dissuasif, « pour ce qui concerne la délinquance générale, les taux d’élucidation progressent aussi bien dans les zones avec ou sans vidéoprotection »… mais restent inférieurs dans les villes vidéosurveillées que dans celles qui ne le sont pas (…) le taux d’élucidation des atteintes volontaires à l’intégrité physique (Avip) est de 54,4% dans les villes vidéosurveillées, mais de 60,6% dans celles qui n’ont pas de caméras. » Un récent rapport de la Cour des comptes de la région Rhone-Alpes sur la sécurité publique à Lyon depuis 2003 enfonce le clou, cité sur l’excellent blog Numéro Lambda : « Ainsi, en l’état actuel des données, relier directement l’installation de la vidéosurveillance et la baisse de la délinquance est pour le moins hasardeux. Si l’on compare, par exemple, l’évolution de la délinquance de voie publique entre Lyon, qui a fortement investi dans ce domaine, et Villeurbanne, où la commune n’a pas souhaité s’y engager, on observe que la baisse est la plus forte dans la commune qui ne bénéficie d’aucune caméra de voie publique ». (…) Donc, les caméras ne font pas baisser la délinquance, c’est un constat objectif. »
Voilà pour la France, mais Guéant a parlé aussi de « succès » à l’étranger. Qu’en est-il ? « Avec plus de 4 millions de caméras installées — une caméra pour 14 Britanniques — la Grande-Bretagne est le pays le plus équipé dans le domaine de la vidéosurveillance. Mais la police l’avoue : leur utilisation n’a permis de résoudre que 3% des vols commis sur la voie publique à Londres », comme le note la LDH Toulon. (…) « le responsable du bureau des images de Scotland Yard, Mike Neville, qualifiant même l’utilisation de cette technologie « de véritable fiasco ». Depuis, Boston ou Miami ont même abandonné la vidéosurveillance, jugé trop coûteuse au regard des résultats obtenus », complète le Journal du dimanche. Non Guéant, la vidéo « protection », pas plus que la vidéosurveillance, n’est absolument pas un « succès », ni en France, ni à l’étranger. Et puisque le rôle de la presse est d’éclairer le débat en rappelant les faits, gageons que nos confrères ne le laisseront pas ainsi désinformer une fois de plus sans le contredire fermement. Même si pour l’instant, personne n’a relevé…
Ce sera difficile de clouer sur la porte la chouette sarkozyste menteuse et frileuse mieux que ne le fait là Olivier.
Lorsque la Cour des Comptes se contente d' »épingler » personne, ou presque, ne relève..mais lorsqu’elle cogne vraiment et éreinte …la politique dite sécuritaire de NS et ses sbires…ceux ci peuvent avoir la trouille…à leur tour.
Sarkosy qui se prend pour Napoléon, n’a plus qu’à se terrer à l’île d’Elbe, ce qu’il ne fera pas, hélàs!!!
Et heureusement : il reviendrait… Non, faut lui trouver son Sainte-Hélène.