Mar 212011
 

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8 mars 2011

Le Pen monte et ils vont vouloir nous interdire d’être de gauche !

17 h 52 – L’éditorialiste de La voix du Nord, Jean-Michel Bretonnier, commente le nouveau statut de la présidente du Front national, sacrée candidate du deuxième tour par un sondage avarié relayé comme l’information de l’année par les médias : « Comme son père, Marine Le Pen retourne la démocratie contre elle-même. Elle n’est certes pas fasciste, mais populiste jusqu’au bout des ongles. Elle repère, avec le flair de son père, les peurs et les angoisses de ceux qui souffrent le plus, et avec le même talent oratoire, elle enfile les formules qui font croire à des millions de Français qu’il suffit de refuser la mondialisation et l’immigration pour régler les problèmes économiques et sociaux, culturels et moraux que traverse le pays. » C’est assez juste. « En «droitisant» depuis l’été son discours, en lançant un débat sur l’islam après celui sur l’identité française, en tenant des propos ambigus sur les indéniables racines chrétiennes de la France, en favorisant le clivage plutôt que le rassemblement, Nicolas Sarkozy joue les apprentis sorciers, et c’est la tempête Marine Le Pen qu’il déchaîne. Sur ces sujets, comme disait son père, les Français préfèrent l’original à la copie. » Entièrement d’accord ! Mais voyons la suite : « En se lançant dans le concours du «plus antimondialiste, plus antieuropéen, plus antilibéral, plus près du peuple que moi, ça n’existe pas», Olivier Besancenot, Jean-Luc Mélenchon, mais aussi les animateurs de l’aile gauche du Parti socialiste libèrent des forces qu’ils ne contrôlent plus. » Ah mais plus d’accord du tout, excusez-nous ! C’est parti, ça commence : pour ne pas « faire le jeu du Front national », ils vont vouloir nous interdire d’être de gauche les cons ! A lire Bretonnier, la seule solution (surtout pas la gauche !) ne saurait alors venir que du… centre ? On pouffe. Plutôt Morin ou Bayrou ? Sérieusement, si les socialistes se sont éloignés des classes populaires, ce n’est certainement pas la faute de leur aile gauche, mais parce qu’elle n’a pas su peser assez pour empêcher la dérive sociale-libérale du parti, qui vote avec l’UMP à Bruxelles et ne compte pas chatouiller de trop près la libre concurrence (non faussée), les multinationales, le patronat ni les financiers. Ni remettre en cause la contre-réforme des retraites, puisqu’elle nous accordait à peine… six mois de moins à trimer ! Le PS trahit le peuple, ce dernier se détourne d’elle, voilà la logique. Et c’est seulement en brandissant bien haut l’étendard rouge et vert que la gauche retrouvera sa vocation – protéger le faible – et démasquera toute l’imposture de la virago du FN. qui défend les pauvres comme, heu… nous soutenons Sarkozy !

La sortie pour Kadhafi ?

11 h 40 – Vers une issue pour la Libye ? Nos confrères belges de L’Express/Le Vif relaient en tout cas l’information suivante : « Selon deux journaux en langue arabe et selon la chaîne de télévision Al Djazira, le dirigeant libyen aurait proposé aux insurgés une réunion du Congrès général du peuple, instance qui fait office de parlement, afin d’examiner les conditions de son départ assorties de garanties. Al Djazira précise que cette main a été tendue en direction du Conseil national installé par l’opposition à Benghazi et qui représente la majorité des régions contrôlées par les rebelles dans l’Est. » A suivre.

7 mars 2011

Longuet sent le gaz

18 h 33 – Mais quelle idée d’aller nous chercher un Gérard Longuet pour se le coller au gouvernement ! Enfin débarrassé des nuisances conjuguées de Woerth, Hortefeux et Alliot-Marie, Sarkozy se remet de lui-même dans le pétrin en s’accrochant pareil boulet. Bon sang, mais trop d’irréprochabilité tue l’irréprochabilité ! Outre les casseroles passées du bonhomme, voilà que deux nouvelles affaires le rattrapent : Karachi, mais nous y reviendrons, et une toute récente accusation qui fait bien désordre. « Un actionnaire minoritaire de GDF Suez a annoncé vendredi déposer une plainte contre X pour prise illégale d’intérêts qui vise le nouveau ministre de la Défense, Gérard Longuet, annonce l’agence Reuters. L’auteur de la plainte, Jean-Marie Kuhn, qui a transmis à Reuters une copie de ses griefs, lui reproche une mission de consultant pour GDF Suez alors que Gérard Longuet était membre du groupe d’études sur l’énergie au Sénat, qui a débattu en 2009 et 2010 d’une série de textes sur la libéralisation de l’énergie et des tarifs (Nome). » Donc on participe à l’élaboration des lois encadrant le secteur tout en se faisant payer par une entreprise désormais privatisée – par les soins de ses amis UMPistes : corruption ? A suivre.

La guerre d’Irak pour le pétrole : ça alors !

13 h 47 – Alan Greenspan, l’ancien président de la banque centrale américaine, républicain convaincu aux ordres des financiers bien comme il sied à quelqu’un de son rang, vient de l’avouer, dans l’édition anglaise du Times : « I am saddened that it is politically inconvenient to acknowledge what everyone knows : the Iraq war is largely about oil ». Comment traduire ? Allez, en gros : « Je suis attristé que ce soit politiquement impossible de reconnaître ce que tout le monde sait : la guerre d’Irak est en grande partie liée au pétrole ». Mais les armes de destruction massive ? Mais la mission d’apporter la démocratie ? Ça alors. On nous aurait menti. Vous allez voir qu’un jour on finira par s’apercevoir qu’on nous cache des choses même sur le 11 septembre, un truc de dingue !

Le problème Le Pen et celui des sondages

11 h 51 – Dans l’exercice obligé du commentaire du sondage-qui-donne-Le-Pen-au-deuxième-tour, Daniel Schneidermann joue la maëstria : « Le plus étonnant, c’est qu’on s’étonne. Comment donc ? Marine Le Pen serait en tête ? Quelle surprise ! Alors que Guéant arme nos frontières contre le déferlement des sarrazins, que la moitié du gouvernement traque les burqas, et l’autre moitié commande des messes à la chrétienté éternelle, alors qu’un trésorier de Balladur-95 raconte les valises de billets qu’il fallait aller porter sans poser de questions, que le procès Chirac pourrait être reporté, ou même annulé par l’ami Jean-Louis Debré, que le PS se déchire pour savoir si Guérini est, ou non, un maffieux, et comment rassembler les preuves, comment donc ? Qu’apprenons-nous ? Marine Le Pen serait en tête ? Quelle surprise ! » Le chroniqueur et fondateur d’@rrêt sur images aborde ensuite la problématique du sondage lui-même, avec l’illustration en photo de la mine déconfite de son responsable chez Harris Interactive. Pour Schneidermann, ce sondage « sent un peu fort le coup monté, au point que son maître cuisinier, Jean-Daniel Lévy (ci-contre, sur notre plateau, un jour où l’Ifop était sur la sellette…), sous la mitraille de ses collègues, a dû promettre de « le refaire », en y incluant cette fois Hollande et DSK. Résultats mardi dans Le Parisien. Tout bénéf pour le journal. Fromage et dessert. Comme disait Lazareff (je crois) : « une information, et un démenti, ça fait deux informations ». Accessoirement, on imagine l’effet de cette annonce sur l’électeur lepéniste de base : dès qu’un sondage nous donne vainqueurs, on le refait ! » « Et pourquoi pas Royal ? », s’offusqueront les ségolistes. « Ou Juppé ? », risquera le politologue, constatant la déconfiture totale de la droite au pouvoir, dont le président n’est même pas sûr de figurer au second tour ! On observera aussi bien sûr qu’il est absurde d’interroger les gens sur l’hypothèse Aubry alors que, hormis Gérard Filoche et 1000 élus socialistes ayant signé un appel à la Première secrétaire, personne ne pense qu’elle sera candidate. Si investiture socialiste d’Aubry il y avait, elle pèserait d’un tout autre poids en tant que candidate officielle de l’appareil médiatique et des armées de militants du PS. Dans l’immédiat, l’hypothèse DSK pollue de fait toute prédiction.

Hormis certains enseignements politiques – il y a bien une frange d’un Français sur cinq sympathisant de thèses xénophobes, autoritaires et répressives, et les analyses doivent en tenir compte – que déduire alors de ce sondage ? Que ce type d’enquêtes en elles-mêmes, si facilement manipulables, avec bidouillage maison des chiffres au secret gardé aussi jalousement quand des formulations malhonnêtes n’orientent pas carrément les réponses, posent sans conteste un gros problème d’essence démocratique, en tant qu’ils matraquent véritablement l’opinion, avec la complicité des médias, d’une façon qui ne peut pas ne pas l’influencer. « Si seulement ça leur servait de leçon !, s’exclame Schneidermann. Si seulement la mise en vente libre de cet objet frelaté les conduisait à faire voter à l’Assemblée la proposition de loi adoptée à l’unanimité au Sénat, et qui vise à introduire quelque transparence dans les sondages (proposition actuellement en panne quelque part, forte récompense à ceux qui la retrouveront). Il n’est pas question de les interdire, notez bien, ce qui serait stupide, et les sénateurs ne sont pas stupides. Mais de rendre publiques les marges d’erreur (mesure qui aurait suffi à atténuer l’effet de souffle de l’annonce de la victoire de Le Pen, avec 23% sur Aubry-Sarkozy à 21%) et les données brutes. Mais non. A parier qu’ils en redemanderont. Pas seulement les politiques, mais aussi lémédias leurs complices. Pourquoi donc se priveraient-ils d’un si bel alambic à gros titres terrifiants, d’un si efficace assommoir ? Comment demander à des intoxiqués de renoncer à leur dope, sans sevrage forcé ? »

L’illustration Marine 2012 provient d’un blogueur du Post.

5 mars 2011

Nouveau record d’impopularité présidentielle

09 h 59 – Chaque fois, on croit qu’il a atteint le fond mais Sarkozy creuse encore ! Ces derniers mois, dès que sort un sondage s’établit un nouveau record d’impopularité. Comme là : « La cote de confiance de Nicolas Sarkozy a baissé de deux points en un mois pour atteindre 22%, soit son plus bas niveau depuis son élection à la présidence de la République en 2007, selon un sondage TNS Sofres à paraître dans Le Figaro Magazine. Le Premier ministre François Fillon perd un point à 33%, atteignant lui aussi son niveau le plus bas depuis son arrivée à Matignon. A l’inverse, 75% des sondés disent ne pas faire confiance au président de la République pour résoudre les problèmes qui se posent en France (+3 points) et 61% disent ne pas faire confiance au Premier ministre (+1). » On comprend que le président en soit réduit à s’en remettre… à Dieu !

4 mars 2011

Alliot-Marie, « vous m’avez rendu désirable l’insurrection qui vient »

17 h 31 – Gérard Coupat, le père du Julien embastillé sans preuves durant de longs mois, publie dans Libération une lettre ouverte à Michèle Alliot-Marie dont nous ne résistons pas à vous livrer de savoureux larges extraits : « Chère Michèle-Yvette-Marie-Thérèse Alliot-Marie, ce qui vous arrive est injuste. Rien n’est pire que de tomber pour une faute qu’on ne peut reconnaître. Car qu’avez-vous fait d’autre, dans cette excursion tunisienne, que ce que font depuis toujours tous vos petits camarades ? Et si l’on vous fait expier l’infamie cette fois trop visible de la politique étrangère de la France, que va-t-on faire de vos infamies passées, tellement plus notables ? (…) On vous reproche aujourd’hui votre compromission avec un dictateur tunisien. Quelle mauvaise foi ! Quel dictateur africain ou maghrébin ne s’est pas vu, un jour ou l’autre, offrir les services de la France ? Qui peut prétendre ignorer la collusion historique entre l’Etat français et à peu près toutes les autocraties véreuses issues de l’empire colonial ? Croit-on qu’un Claude Guéant ait des fréquentations plus honorables que vous ? Et qui peut ignorer que, depuis cinquante ans, l’argent des ventes d’armes ou celui de Dassault sert de diverses manières à financer les réseaux gaullistes ? (…) »

Les accointances avec l’extrême droite

« Dans les années 1940, Jacques Baumel s’occupait de financer le Rassemblement du peuple français (RPF). Le service d’ordre du RPF, principalement composé de truands militarisés, est l’ancêtre du Service action civique (Sac). Les tueurs du Sac furent toujours aux côtés de votre bon-papa, quand il faisait campagne à Biarritz pour les législatives ou les municipales. Votre compagnon Ollier a succédé à Baumel à la mairie de Rueil-Malmaison. Quant à vous, vous honorez les héritiers du Sac, devenu le Mouvement initiative liberté (Mil), de votre participation à leurs conventions. La boucle est bouclée. En février 2009, vous y faisiez un discours intitulé Français toujours et fier de l’être. Quand je le lis, j’ai l’impression d’entendre Raymond Marcellin. Comme celui-ci demandait au Sac, après 68, de l’aider à casser du gauchiste, vous demandez au Mil de «créer de la part de l’opinion publique un rejet de ces groupes» afin d’ «isoler et lutter contre ceux qui attaqueraient l’Etat» puisque «nous sommes à l’heure où l’ultra-gauche voudrait remettre en cause l’autorité et le pouvoir de l’Etat». Dans la droite ligne hallucinée de Raymond Marcellin, qui soutenait les groupuscules d’extrême droite pour y recruter des hommes de main, vous avez pris comme porte-parole du ministère de l’Intérieur un ancien d’Occident, Gérard Gachet, dont on a fait opportunément détruire la fiche RG. Ils sont loin d’être rares les anciens de ces groupuscules dans l’actuelle majorité. De la même façon, avoir affaire depuis trois ans à l’antiterrorisme m’a projeté un demi-siècle en arrière, en Algérie, où l’antiterrorisme désignait la Main rouge, ces barbouzes qui faisaient sauter des bombes à la casbah pour provoquer les «musulmans». Je tenais à vous dire que je trouve particulièrement injuste que l’on vous fasse à présent grief de mentir, car de mentir, depuis que je vous écoute, vous n’avez jamais cessé de le faire. Vous êtes allée jusqu’à déclarer à la radio, l’affaire s’étant retournée, que vous n’aviez jamais traité les gens de Tarnac de «terroristes», que c’était une invention des journalistes. Il est vrai que vous n’étiez que ministre de l’Intérieur quand vous les avez fait arrêter par la police antiterroriste. (…) Pour tout vous dire, à voir tous ces vieux dictateurs tomber, et à vous voir les suivre dans leur chute, j’en viens à souhaiter que vous ne soyez pas la seule à disparaître. Nous sommes lassés de voir depuis quarante ans les mêmes visages et les mêmes noms jouer au jeu des chaises musicales à la tête de l’Etat tandis que la souffrance sociale croit d’année en année. En attaquant les gens de Tarnac, vous m’avez rendu désirable l’insurrection qui vient, vous m’avez offert une vraie conscience politique. Soyez-en remerciée. »

« La meute UMP, ramassis de tarés ayant confié les clefs du pays à un incapable »

14 h 11 – Extrait d’un roboratif billet de l’ami Christian Lehmann : « A commencé en léchant les pompes de PPDA, a descendu un à un les échelons de la bassesse, fournissant au marchand d’armes Dassault des chroniques roboratives sur la mort de l’Occident aux mains de hordes mahométanes (…). A mis au point un amusant numéro de mâle viril incapable de changer les couches d’un môme, pour étaler ses phéromones de mâle suprémaciste, ce qui est quand même un exploit quand on a le sex-appeal d’un accident de passage à niveau. Finit condamné par la justice pour incitation à la discrimination raciale, ce qui suffit à le faire adouber et acclamer par la meute UMP, ramassis de tarés ayant confié les clefs du pays à un incapable. » Avez-vous deviné de qui il s’agit, chers plumonautes ? Indice : son nom commence par un Z qui ne veut pas dire Zorro.

3 mars 2011

Gérard Collomb et le « tabou » de la retraite à 60 ans

23 h 59 – Et si la France s’éveillait, tel est le titre du livre publié par le maire « socialiste » de Lyon, Gérard Collomb. Il exprime dans Le Progrès « son courroux contre la Première secrétaire Martine Aubry : «Je n’ai pas de problème de personne» avec elle, insiste Gérard Collomb, «mais j’ai peur qu’elle ne soit encore enfermée dans la vision d’une social-démocratie classique, fondée sur l’intervention de l’Etat, par la redistribution et la réglementation (…). Ce n’est certainement pas le meilleur moyen de gagner en 2012». Ces idées sont aussi développées dans Libé Lyon : « A «la gauche qui gauchit» et fait son lit de l’horreur économique, Gérard Collomb oppose un vibrant plaidoyer en faveur de l’entreprise. En socialiste saint-simonien, le maire de Lyon, qui «se coltine» au quotidien les problématiques de développement économique de l’agglomération lyonnaise, «croit en l’entreprise parce que c’est là et là seulement que se crée la richesse». Là aussi qu’elle ne se redistribue pas forcément, rétorqueront sans doute ses camarades de la gauche radicale. » Tout juste : c’est peu dire qu’on a le poil qui se hérisse en entendant un homme soi-disant de gauche s’en remettre au patronat, comme si ce dernier, sans « l’intervention étatique » fustigée par Collomb, allait prendre en considération autre chose que les intérêts des actionnaires. Comme si le baron lyonnais ignorait le programme du Medef, ses constantes récriminations contre les cotisations sociales, le « carcan » du droit du travail… Et il faudrait lui faire confiance ? Foutaise ! « Autour de ce projet réformiste, Gérard Collomb souhaite rassembler largement, «toute la gauche et les écologistes bien sûr» mais aussi «centristes et gaullistes» et encore «tous ceux qui ne se reconnaissent ni dans la droite ni dans la gauche», poursuit l’article. Les choses sont claires : puisque la raison d’être de la gauche est de protéger le faible et d’instaurer la justice sociale, le « ni droite ni gauche », qui revient à renoncer à cet idéal propre à la gauche, c’est forcément… la droite ! « Gérard Collomb exhorte le PS à ne pas faire de la retraite à 60 ans un «tabou», ajoute 20 minutes. L’autre Gérard du PS, Filoche, leader du courant de gauche Démocratie & socialisme, l’exécute en une phrase sur sa page Facebook : « Que meurent donc 100 000 hommes et 50 000 femmes entre 60 et 62 ans sans un seul jour de retraite ». Tout est dit.

Il refuse d’être décoré par Sarkozy

18 h 45 – « Mon parcours professionnel s’est partagé à parts égales entre l’enseignement de l’histoire, la diplomatie et la culture. Trois domaines qui, de mon point de vue, sont aujourd’hui maltraités. C’est pourquoi, me passer de la distinction qui m’a été accordée et dont, sans fausse modestie, je peux présumer que, puisqu’on me la donne, il se peut que j’aie effectivement pu la mériter, est beaucoup moins pénible que de la détenir de celui qui, par fonction, est seul à même de me l’octroyer car, pour le dire avec Montesquieu : « Je ne demande à ma patrie ni pensions, ni honneurs, ni distinctions ; je me trouve amplement récompensé par l’air que j’y respire ; je voudrais seulement qu’on ne l’y corrompît point » : Patrick Talbot, le directeur de l’École nationale de photographie d’Arles, au moment de son départ à la retraite, devait être décoré de l’ordre national du mérite par Nicolas Sarkozy, relate La Provence. Retour à l’envoyeur.

2 mars 2011

A la tête du département Europe du FMI, un ancien dirigeant de Goldman Sachs, la banque américaine prédatrice
DSK le fait-il exprès ?

23 h 59 – Dominique Strauss-Kahn voudrait-il torpiller l’éventualité de sa candidature à la présidentielle qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Alors que des voix de gauche s’élèvent toujours plus nombreuses pour dénoncer son libéralisme débridé et ses conséquences désastreuses sur les peuples européens, « Le Fonds monétaire international reste sourd à la colère des électeurs irlandais ou des manifestants grecs, et continue de prôner des recettes économiques inspirées par la réussite de l’Allemagne comme la rigueur salariale, au nom de la stabilité du système financier, annonce une dépêche de l’agence Reuters : « La semaine a été marquée en Grèce par une grève générale et de violents heurts entre police et manifestants mercredi, et en Irlande par le vote sanction contre le gouvernement sortant vendredi. Pour autant le FMI n’en démord pas : ces deux pays doivent suivre le programme économique d’austérité qui accompagne des prêts de 30 milliards et 22,5 milliards d’euros respectivement. (…) Le FMI désigne concrètement par ces termes l’arrêt de la progression des salaires, la réduction des dépenses de l’Etat, et la priorité au redressement des comptes des banques européennes sans demander de sacrifices à leurs créanciers. » Pour incarner cette politique profondément injuste et entièrement tournée vers les intérêts de la finance, DSK a soigné son casting, comme une énorme provocation : il a nommé en tant que directeur du département Europe du FMI un certain Antonio Borges. Qui est-il ?« De 2000 à 2008, ce Portugais était l’un des cadres dirigeants de la filiale londonienne de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs. » Autant dire le grand Satan ! « En 2001, Goldman Sachs avait discrètement conclu avec la Grèce un accord qui allait faire scandale neuf ans plus tard, rappelle Reuters. Sous le couvert d’une transaction de produits dérivés de devises, Athènes avait reçu des liquidités immédiatement en cédant des recettes budgétaires futures. Le montage avait opportunément réduit la dette publique de la Grèce juste au moment où elle rejoignait la zone euro. » Résumons : la banque Goldman Sachs s’est grassement enrichie en mettant au point une espèce de magouille avec l’Etat grec – qui vaudra à ce dernier quand éclatera la crise l’accusation de tricherie. Et une fois venu le temps des difficultés budgétaires, le FMI exige de pressurer la population pour renflouer les banques, responsables au premier chef, par la voix d’un ex dirigeant de la plus coupable d’entre elles ! Osons une conclusion positive : au moins, les choses sont claires.

Mariani en flagrant délit de stigmatisation des musulmans

13 h 52 – Attention : entre ces oreilles se cache un membre du gouvernement d’extrême droite, saurez-vous le reconnaître ? Indice : il est pour, non pas un débat sur la laïcité, mais un débat sur l’islam. Et lorsque Le Post lui objecte que « Dans la majorité, beaucoup craignent des dérapages et une stigmatisation des musulmans, comme cela s’est produit lors du débat sur l’identité nationale… », il noie consciencieusement le poisson : « Le plus important, c’est de bien gérer la sortie de ce débat. J’espère qu’à son issue, il y aura une réaffirmation de la laïcité, qui est nécessaire. Le débat sur l’identité nationale s’était plutôt bien passé (sic). Le problème, c’est qu’il a donné un goût d’inachevé car plusieurs mesures annoncées par François Fillon n’ont pas vraiment été mises en place. » Mais que répond-il à la question suivante, à savoir « Pourquoi lancer un débat centré uniquement sur l’islam » ? Accrochez-vous, c’est brut de décoffrage, à l’image de la « pensée » de ce triste sire : « Pourquoi l’islam ? Cela relève d’une politique de clarté. Les autres religions ne posent pas de problèmes. Ce ne sont pas le catholicisme, le protestantisme ou le judaïsme qui posent des problèmes ». La définition que donne le dictionnaire Larousse de « stigmatiser » est intéressante : « Littéraire : imprimer sur le corps de quelqu’un une marque indélébile à titre de châtiment. Jadis, on stigmatisait au fer rouge les condamnés. Dénoncer, critiquer quelqu’un ou un acte que l’on juge moralement condamnable et répréhensible. »Thierry Mariani, secrétaire d’Etat aux Transports et à l’Islamophobie, puisque c’est de lui qu’il s’agit, estime donc que l’islam pose un problème, au contraire des autres religions. Comment, si les mots ont un sens, ne pas en conclure qu’il estime que les musulmans posent un problème ? L’article premier de la Constitution proclame pourtant que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. »

Voilà donc un membre du gouvernement qui méconnaît la loi fondamentale de notre République, en dénonçant et critiquant publiquement des personnes en raison de leur religion – il les stigmatise à proprement parler – et en ne respectant pas leur croyance à l’identique des autres, puisque ce sont eux et eux seuls qui posent un problème. Récidiviste en plus : quand le journaliste Eric Zemmour est condamné par la justice pour avoir entre autres publiquement affirmé que les employeurs avaient le droit de refuser des candidats noirs et Arabes en raison de leur origine, il hurle à la « chasse aux sorcières ». Alors que le tribunal n’a fait qu’appliquer le principe constitutionnel de non discrimination, qui interdit justement à des employeurs de sélectionner des candidats en fonction de leur origine. Voilà la France rance et raciste de Mariani, qui est celle de Sarkozy puisqu’il l’a appelé en toute connaissance de cause à des responsabilités gouvernementales. Comme il vient de nommer ministre Gérard Longuet, qui s’est également distingué il y a quelques mois par son racisme – entre autres turpitudes -, comme nous le rappellerons prochainement dans un billet consacré à l’ancien manieur de barre de fer du parti d’extrême droite Occident. Est-il utile d’aborder le cas Hortefeux, resté il y a peu ministre de l’Intérieur bien que condamné par la justice pour injure raciale ? Mais tout est bon pour racoler les voix de l’électorat xénophobe, y compris déshonorer la France en faisant la promotion de personnalités pronant ouvertement la discrimination raciale. Honte !

Illustration : Tropic@lBoy

1er mars 2011

Commençons ce mois de mars en beauté avec un billet exclusif, réservé à nos abonnés.

Le Stade de France, cadeau au privé au détriment de l’intérêt général : 15 ans après, la loi Chirac-Juppé déclarée inconstitutionnelle et abrogée

23 h 59 – « Les bons comptes font les bons amis », dit le proverbe populaire. Mais avec la droite, les bons amis en question sont constamment privilégiés au bien public et à l’intérêt général, ce qui en fait objectivement une ennemie de la nation ! Enième illustration avec la loi de 1996 « relative au contrat de concession du Stade de France ». Quinze ans après, le Conseil constitutionnel vient de l’abroger, sa décision du 11 février dernier la jugeant inconstitutionnelle. Les coupables sont Jacques Chirac, président de la République, Alain Juppé, Premier ministre, Bernard Pons et Guy Drut, respectivement ministres de l’Equipement et des Sports. Pourquoi si longtemps après ? C’est qu’on n’avait jamais demandé son avis au Conseil constitutionnel, ce qui fait de l’opposition socialiste de l’époque la complice du forfait. Mais « Depuis que le simple citoyen peut saisir le Conseil constitutionnel pour vérifier la conformité d’anciennes lois avec la Constitution – procédure dite «QPC» [Questions prioritaires de constitutionnalité, NdA] -, les vieux sages du Palais royal se convertissent en contrôleurs des travaux finis », explique l’excellent blog Numéro Lambda. « A l’origine de la procédure, Starlight, un site de revente de billets », complète Rue89. Numéro Lambda résume les points clef de la plaidoirie de son avocat : « Le texte de loi soumis au parlement n’a «jamais publié intégralement», «annexes indisponibles», si bien que le contrat qu’était censé valider la loi était «inconnu» au moment de la signature ; «absence totale d’intérêt général» : la Cour des comptes, en 2000, dira qu’il n’a pas été pris dans l’intérêt de l’Etat mais dans le seul intérêt du concessionnaire ; la loi n’a servi que «d’immunité juridique» à des intérêts privés ; un contrat qui continue de «plomber le budget du ministère de la Jeunesse et des sports», car il prévoyait que «tout déficit soit pris en charge par l’Etat» alors que ses profits restaient dans les caisses du consortium. » On est là dans le grand classique de la droite, qui privatise les bénéfices et collectivise les pertes : une véritable spoliation du peuple !

La Cour des comptes, mentionnée plus haut, l’avait déjà clairement pointé du doigt : « L’ensemble des investissements liés à la réalisation du Stade de France se sont élevés à environ 5,7 milliards de francs [850 millions d’euros]. Sur ce total, le coût du stade proprement dit a atteint 2 550 millions de francs TTC, selon les informations en possession de la Cour qui n’ont pu être recoupées avec le bilan de l’opération relevant de la seule responsabilité du consortium chargé de la construction. L’État a contribué à son financement à hauteur de 1 254 millions de francs. Il a en outre pris en charge des frais de dépollution du site pour un montant de 145 millions de francs.«  Inutile de préciser que le contribuable ne reverra jamais son argent. « Au total, le contrat de concession garantit la quasi-totalité des risques liés à l’exploitation, en contradiction avec les intentions affichées dès l’origine et réaffirmées dans son préambule, selon lesquelles la concession est consentie «aux risques et périls du concessionnaire». Après prise en compte de ces redevances et de provisions pour impôt sur les bénéfices de 16,7 millions de francs et de 7,6 millions de francs, le résultat net du consortium a atteint 20 millions de francs au 30 juin 1999 et 15,8 millions de francs au 30 juin 2000. Mais ces résultats tiennent également compte des indemnités dues par l’État du fait de l’absence de club résident, soit 76,2 millions de francs au titre du premier exercice, et 78,8 millions de francs au titre du deuxième. Il faut rappeler à cet égard que cette indemnité est due en toute hypothèse, aussi longtemps qu’un club de football de haut niveau ne s’installera pas au stade de France. (…) «le contrat de concession a été également critiqué par la Commission européenne», car il «transférait le risque d’exploitation du concessionnaire au concédant» (l’Etat). Cerise sur le gâteau, « le gouvernement a dû signer deux chèques à l’architecte arrivé premier au concours, mais finalement évincé : 1 million de francs pour lui et 23,6 millions de francs pour son agence », ajoute Numéro Lambda. Quant à Rue89, il détaille les étapes du passage en force de l’Etat-RPR : « La concession accordée au consortium du Stade de France, filiale à 67% de Vinci et à 33% de Bouygues, avait été contestée bien avant l’inauguration : en avril 1995, le Premier ministre Edouard Balladur signe le contrat avec le consortium, chargé de financer, de construire puis d’exploiter le stade ; en juillet 1996, le tribunal administratif de Paris, saisi par des concurrents évincés, annule la décision d’Edouard Balladur : il conteste les conditions de passation du contrat, mais ne remet pas celui-ci en cause pour autant ; en décembre 1996, le gouvernement d’Alain Juppé fait voter une loi validant le contrat, et empêchant de facto sa contestation. » Voilà ainsi comment Vinci et Bouygues font de bonnes affaires sur le dos de nos impôts. Et pour la suite ? « Selon la jurisprudence du Conseil constitutionnel, le gouvernement doit maintenant résilier le contrat. S’il n’en prend pas l’initiative, nous le demanderons dès la semaine prochaine », annonce l’avocat de Starlight. Mais le consortium du Stade de France n’est pas d’accord : « La décision du Conseil constitutionnel n’a pas d’effet rétroactif, elle n’a d’effet que pour l’avenir. Elle ne concerne que la loi, le contrat lui-même n’a pas été annulé. Et si le législateur considère qu’il faut corriger ce vice de forme, il peut toujours préciser le motif de la validation du contrat« . Soit voter une nouvelle loi. Le scandale risque donc bien de perdurer. Merci Chirac, Balladur, Juppé.

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  2 commentaires à “Le « Kiosque permanent » du 1er au 8 mars 2011 (gratuit)”

  1. Les enjeux, l’argent et le pouvoir : OK mais pour comprendre comment les trafics de tout ce cirque se boutiquent, il faut être devin. Leur monde est une pétaudière.

  2. […] h 21 – Nous nous en faisions l’écho dans le Kiosque permanent du 7 mars : Gérard Longuet, actuel ministre de la Défense, était visé par une plainte contre X pour prise […]

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