Fév 192013
 

kb_opt« Ce sera sans doute la perle de la crise. Karine Berger, députée socialiste, rapporteure du projet de loi dit de « séparation » et de « régulation » des activités bancaires, reprenant la parole en commission des finances après les exposés de MM. Chifflet, Oudéa et Bonnafé, respectivement président de la Fédération bancaire française, président de la Société générale et directeur-général de BNP-Paribas : « Vos trois exposés laissent paraître que vous n’êtes pas réellement gênés par ce projet de loi ; j’en suis à la fois étonnée et ravie » [1]… Qu’elle en fût uniquement étonnée n’aurait trahi qu’une charmante simplicité d’esprit. Qu’elle en soit au surplus ravie ne laisse plus le moindre doute quant au côté où elle se tient. Pour notre part, plus rien ne nous étonne dans les rapports du socialisme de gouvernement et de la finance — quant au ravissement, évidemment… « I am not dangerous », s’était empressé de préciser François Hollande à l’adresse de la City qu’il était venu rassurer après l’avoir nommée « l’ennemi sans visage », sans doute dans un moment d’égarement, caractéristique du contact avec la foule des meetings. Heureusement vite rattrapé. La députée Berger et le ministre de l’Économie et des Finances Moscovici, eux aussi, poursuivent le minotaure au pistolet à bouchon — inutile de rentrer les enfants, on ne prévoit pas de bain de sang.

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Ce sera donc du gâteau pour les historiens d’ici quelques décennies de se livrer à l’analyse comparée des réactions respectives à la crise financière des années trente et à celle de 2007, et l’on saura à quoi s’en tenir quant à la tenue des élites des deux époques, leur degré de compromission avec les forces de la finance et de servilité vis-à-vis des puissances d’argent. »

Cet implacable constat est signé Frédéric Lordon, en ouverture de son billet titré La régulation bancaire au pistolet à bouchon, dont nous vous invitons à lire la suite ici.

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  7 commentaires à “La régulation des activités bancaires version « socialiste » ? Compromission et servilité.”

  1. Mécréant ! Homme de peu de foi !

    Mais puisqu’on te dit que demain ça ira mieux ! Nos ministres en sont convaincus et nous l’ont dit : dès la fin de cette année — qui sera noire — ça ira mieux grâce aux mesures qui vont libérer les forces vives. Le redressement commencera dès la fin de cette année.

    Allons, répète après moi : le redressement commencera dès la fin de l’année 2013. Comme dans la méthode Coué, l’important c’est d’y croire.

    Et comme je te sens toujours rétif à la Vraie Foi malgré mon prêche, je suis peiné de devoir te dire que ce sera de ta faute si la croassance n’est pas au rendez-vous de Noël 2013. Les hérétiques ont toujours porté la responsabilité des invasions de sauterelles, des sécheresses, des grands froids et autres calamités…

  2. Ravi… ce n’est pas comme cela qu’on appelle l’idiot du village dans le sud ? Le parlement a donc sa « ravi »…

  3. Je suis en train de lire un bouquin sur le gangstérisme US des années 20 aux années 60.
    Non seulement les choses n’ont pas changé, mais les voyous ont simplement acquis quelques « lettres » de noblesse : quand la loi n’était pas de leur côté les patrons embauchaient des membres du « Syndicat » pour faire avancer leurs affaires.
    Ce qui a permis aux gangsters autrefois immigrés et donc pauvres, de se hisser, de s’intégrer à la société.
    Le système politique américain est directement lié à cette ascension et ne peut plus être modifié par les lois : ces dernières protègent ce qu’on appelle les élites.
    En France, on s’inspire des US sans avoir tout à fait la même histoire. Il n’empêche qu’au final les lois sont là pour maintenir un carcan pour les gueux, leur brouiller l’esprit, en permettant l’ultra-libéralisme.

    Tout ça pour dire que je doute que les historiens se penchent vraiment sur la compromission de nos élus : avoir du recul sur ces années 20, ou même sur l’origine de la première Guerre Mondiale par exemple est encore un peu « chaud » et il est vulgaire de parler d’origine financière.
    L’historien qui se penchera dessus aura du courage et de la chance s’il arrive à se faire rémunérer pour ses recherches et se faire publier.
    Il y a des Chiens de garde partout !

  4. quelle honte cette personne,

  5. « L’Abandon De l’Intérêt Général»

    Il faudrait remonter loin dans le temps, sans doute à l’époque où les organisations syndicales et politiques n’étaient pas encore formées, pour trouver un État aussi complaisant aux riches et aux puissants, aussi dur aux faibles et aux isolés.

    (…) Dans sa quête du «marché parfait», le libéralisme économique présuppose que le seul moteur de la vie économique et sociale demeure le profit; ce qui est bon pour l’entreprise serait nécessairement bénéfique pour la société.

    Dans cet univers, la reconnaissance du droit à la différence n’est plus que la reconnaissance des différences fondées sur l’argent; le système est fondé sur quelques idées simples: les plus riches sont les plus dynamiques; la puissance revient aux plus habiles; les inégalités sociales résultant du profit sont légitimes.

    Un tel retour au capitalisme sauvage et à l’individualisme bourgeois se traduit, dans la politique gouvernementale, par la réduction du rôle protecteur et redistributeur de l’État et des institutions collectives.

    Dans les administrations, le critère de «rentabilité» remplace celui de «service public».

    Elles-mêmes sont de moins en moins au service du citoyen: elles deviennent une entité économique pourvoyeuse de services rentables, au détriment des plus démunis.

    Le détournement de leur rôle entraine de graves conséquences économiques et sociales pour la collectivité nationale.

    (…) L’intérêt général (…) est à son tour battu en brèche.

    (…) L’Histoire nous enseigne qu’il n’est d’acquis démocratique que ceux qui fortifient une dynamique sociale et des institutions légitimes.

    (…) De plus en plus, les intérêts particuliers interviennent et se substituent à ceux de l’État par la participation de capitaux privés aux entreprises nationales.

    La recherche scientifique s’oriente vers des objectifs exploitables par l’industrie privée.

    On néglige la recherche dite fondamentale, pourtant indispensable à l’avenir de la collectivité nationale.

    La politique économique de l’État devrait être offensive et active ; elle n’est que passive et timorée.

    Des secteurs entiers de l’économie sont sacrifiés pour satisfaire aux lois de la division internationale du travail, voulue par le capitalisme multinational.

    Cette politique de renoncement et d’insertion accélérée dans le capitalisme mondial accroît la dépendance du pays à l’égard de l’étranger sans garantir l’apport d’une plus grande richesse pour tous.

    L’abandon de l’intérêt général caractérise également le nouveau cours de la planification et de l’aménagement du territoire.

    (…) La spéculation foncière l’emporte sur la volonté d’un développement équilibré et harmonieux dans diverses régions.

    Le déclin de l’État républicain favorise le reflux de la solidarité nationale et l’abandon des hautes ambitions collectives.

    L’État, instrument de la bourgeoisie d’affaires et facteur d’inégalités, asservit les Français qui ne peuvent vivre sans un dessein à la mesure de leur passé et riche d’espoirs pour l’avenir.

    Ce constat – en forme d’avertissement – fortifie notre volonté d’emprunter un autre cours – celui de l’autogestion – et de le mener à son terme.

    (Vous venez de lire des extraits d’un texte rédigé en 1980 par François Mitterrand, pour dénoncer «l’agression» de «l’État-Giscard contre le service public»: il est recommandé de ne pas le communiquer à des «socialistes» sans avoir préalablement vérifié qu’ils ne présentent pas de vulnérabilité particulière à la honte absolue.

    Merci, bonsoir.)

    http://www.bakchich.info/blogs/sebastien-fontenelle/labandon-de-linteret-general

  6. Mazerolle chez Tapie, ça me rappel qqchose lorsqu’il était sur fr2 directeur, il avait caché une info capital sur le nb de morts lors de la canicule  » pour ne pas effrayer les gueux ».

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