La Macronie se moque ouvertement du monde et les médias mainstream ne remplissent pas leur tâche démocratique d’éclairer l’opinion par les faits. Combien de policiers harcelés suite à la diffusion de vidéos en intervention ? Nous avons cherché et trouvé… un cas », écrivions-nous le 21 novembre (« Protéger ceux qui nous protègent » : foutaise !). Le billet d’aujourd’hui creuse ce sillon du droit de suite. Continuant à travailler sur ce sujet – trouver des cas qui justifieraient, comme le prétend la majorité playmobil, la nécessité de cet article 24 -, nous nous devons de mentionner deux autres tentatives infructueuses signées du menteur en chef Gérald Darmanin (excepté Macron bien-sûr). En passant, le ministre de l’Intérieur vient de commettre un parjure hier lors de son audition à l’Assemblée nationale, ce dont ne souffle mot ce matin, une nouvelle fois, France Inter, radio de service public.
Mais revenons donc à ces fameux cas de policier harcelés qui exigeraient qu’on légifère : « Invité à justifier le bien-fondé de cet article, le ministre a multiplié les exemples trompeurs, dénonce Mediapart. Ou, plus précisément, deux exemples martelés tout au long du débat. Il a mentionné à plusieurs reprises le site Copwatch, invitant même les députés à «regarder sur [leurs] portables» ce site destiné à «surveiller» la police… oubliant de préciser qu’il est bloqué par la justice française depuis plusieurs années. Son deuxième exemple n’était pas plus efficace : Gérald Darmanin a cité le cas d’une militante qui avait écrit sur les réseaux sociaux «si vous avez besoin d’infos sur un flic (nom, adresse…) venez en MP j’ai un fichier», ajoutant même qu’elle y accolait un smiley. Pourtant, comme l’a relevé le socialiste Hervé Saulignac, cette militante a été condamnée à 17 mois de prison ferme en décembre 2019. » Toujours rien qui rendrait donc nécessaire l’article 24.

Mais Yaël Braun-Pivet, présidente LREM de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, remet une pièce dans le jukebox-à-sornettes : « L’objectif de cet article 24, nous sommes tous d’accord : il faut que l’on protège nos forces de l’ordre de vindictes sur les réseaux sociaux. Moi, dans ma circonscription, il y a encore quelques jours, à Sartrouville, j’ai un policier qui a reçu des tirs de mortier sur sa maison [le mot maison martelé] parce qu’il était mis en cause dans l’exercice de son activité professionnelle. Donc il faut garder nos forces de l’ordre de ce type d’agissements et il faut donc les protéger. » Allons bon. De quoi parle la députée des Yvelines? Elle seule le sait. Ces faits sont censés s’être déroulés à Sartrouville « il y a quelques jours ». Nous vous engageons à faire votre propre recherche : personne n’en a parlé. Ni la presse locale (imagine-t-on par exemple Le Parisien passer à côté, connaissant sa ligne éditoriale?), ni l’AFP, ni les bots macronistes de Twitter, ni la fachosphère en mode #JeSoutiensLaPolice. Personne. Dans le contexte actuel de très vive contestation de l’article 24 ? Mais c’est une véritable armée, de Darmanin à Castaner en passant par Attal, Guérini (Stanislas, le patron de LREM que personne ne connaît), Pécresse, Jacob et tous les souteneurs de cette loi (liberticide) qui se serait ruée sur ce faits-divers : « Vous voyez bien qu’il faut les protéger ! », auraient-ils à coup sûr triomphé. Mais là ? Rien. Alors nous mesurons toute la gravité de l’accusation : Yaël Braun-Pivet a menti. Elle a inventé l’agression contre le domicile d’un policier. Il y eut bien à Sartrouville des tirs de mortier contre les forces de l’ordre, mais dans une embuscade (Le Parisien, évidemment, le narre). Un autobus incendié, aussi. Ce qu’on peut lire, à nouveau, dans Le Parisien. Mais pas plus de tir de mortier sur la maison d’un policier que de beurre en broche. Yaël Braun-Pivet elle-même n’a écrit aucun message à ce sujet. Il faut dès lors réécouter la présidente LREM de la commission des Lois de l’Assemblée nationale lorsqu’elle appuie sur le mot « maison », signifiant explicitement « Vous vous rendez compte de la gravité de cette agression ! », savoir qu’elle affabule et vomir.
Voilà donc ainsi que, décidément, la justification même de cet article de loi est totalement fallacieuse. Et qu’il vise par conséquent un autre but : satisfaire les syndicats d’extrême droite des policiers et dissuader de filmer les violences policières, pour qu’elles perdurent, de même que l’impunité qui leur est nécessaire. Oui, c’est effroyable. Et c’est la Macronie, aujourd’hui. Il est d’autant plus désespérant que les médias dominants ne l’expliquent pas clairement aux citoyens, appelés à réélire l’apprenti dictateur de l’Élysée en 2022. La grande manipulation du peuple est en marche, Darmanin ment, Lalle-ment, le gouverne-ment, mais se tait Demorand. Il prend pour la rime, la liste est longue que nous vous laissons le soin de compléter (Apathie, Calvi, Barbier, Giesbert, Pujadas, Delahousse, Bouleau, Salamé, Lapix…). Encore hier est sortie l’affaire du préfet de Paris qui couvre depuis plus d’un an un cowboy du Bois de Boulogne, mais Darmanin lui renouvelle sa confiance et les grands médias se taisent. Jean-Michel Blanquer, couvert d’opprobre par l’affaire du syndicat qu’il a fait créer de toutes pièces, immense scandale, est toujours ministre, et les grands médias ne s’émeuvent pas. Que pèsent dans l’opinion les voix de Politis, du Monde diplomatique, de Basta, d’Alternatives économiques, de Reporterre, de Streetpress, de Mediapart et d’autres face aux groupes détenus par neuf milliardaires et l’audiovisuel public verrouillé en haut lieu ? La différence avec un régime totalitaire, c’est que les médias alternatifs peuvent s’exprimer. Mais il est néanmoins incontestable que le rouleau compresseur de « l’information officielle » – outre qu’il insulte la déontologie journalistique – pose à la France un vrai problème de démocratie.