« Prétendue deuxième vague » : une dérive autoritariste pour 250 scientifiques (censurés par le JDD)
Parmi les signataires de cette tribune subitement déprogrammée par le Journal du dimanche (JDD) – nous y reviendrons -, nombre de ces 250 scientifiques sont des professionnels de santé compétents et reconnus, à haut niveau de responsabilité, rien moins que des olibrius. Citons par exemple les premiers signataires : Laurent Toubiana, chercheur épidémiologiste à l’Inserm, directeur de l’Irsan, Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à l’Université de Paris, ancien président des États Généraux de la Prévention, Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS, Jean Roudier, professeur de médecine, rhumatologue, directeur d’une unité Inserm… Leur propos est limpide et interroge : « l’idée d’une «deuxième vague» reproduisant le pic de mars-avril 2020 n’est pas un constat empirique. C’est une théorie catastrophiste issue de modélisations fondées sur des hypothèses non vérifiées, annoncée dès le mois de mars et ressortie des cartons à chaque étape de l’épidémie : en avril lors du soi-disant «relâchement» des Français, en mai avant le déconfinement, en juin pour la Fête de la musique, en été pour les «clusters» de Mayenne ou les matchs de foot, et à nouveau cet automne face à une augmentation des cas certes significative, mais lente et grevée d’incertitudes diagnostiques. Au final, cette prétendue «deuxième vague» est une aberration épidémiologique et l’on ne voit rien venir qui puisse être sérieusement comparé à ce que nous avons vécu au printemps dernier. »

Mais alors, que dire des mesures gouvernementales ? La tribune répond : « le ministère de la Santé a encore annoncé mercredi 23 septembre des mesures restrictives des libertés individuelles et collectives qu’il prétend fondées scientifiquement sur l’analyse de l’épidémie de coronavirus. Cette prétention est contestable. Nous pensons au contraire que la peur et l’aveuglement gouvernent la réflexion, qu’ils conduisent à des interprétations erronées des données statistiques et à des décisions administratives disproportionnées, souvent inutiles voire contre-productives. (…) une partie des sujets classifiés parmi les personnes «décédées de la Covid» sont en réalité mortes en raison d’une autre pathologie mais classifiées Covid parce qu’elles étaient également porteuses du virus. Or des études récentes montrent que ce groupe pourrait constituer jusqu’à 30% des décès au Royaume-Uni ces dernières semaines. Cette façon de compter de plus en plus comme «morts du Covid» des personnes en réalité atteintes avant tout d’autres maladies est probablement l’explication principale du fait que, comme cela est écrit en toutes lettres sur le site de l’Insee : «depuis le 1ᵉʳ mai, on ne constate plus en France d’excédent de mortalité par rapport à 2019». Il découle de tout ceci qu’il n’y a pas de sens à paralyser tout ou partie de la vie de la société en suivant des raisonnements qui sont parfois erronés dans leurs prémisses mêmes. Il est urgent d’arrêter l’escalade, d’accepter de remettre à plat nos connaissances scientifiques et médicales, pour redéfinir démocratiquement une stratégie sanitaire actuellement en pleine dérive autoritariste. »

Cela, vous auriez dû le lire dans le JDD du 27 septembre : « Acceptée le samedi matin par le journaliste en charge de la rubrique « Tribune/Opinions », elle devait paraître intégralement sur le site Internet du journal et faire l’objet d’un article dans la version papier du lendemain. Le journaliste nous disait s’en féliciter car cela allait permettre un débat contradictoire avec d’autres opinions très alarmistes exprimées ce jour dans ce journal. À 16h, ce journaliste nous a pourtant prévenu que sa rédaction en chef interdisait la publication. Certitude de détenir soi-même la vérité ? Couardise ? Volonté de ne pas déplaire au gouvernement ? Nous ignorons les raisons de cette censure que personne n’a jugé utile (ou tout simplement courtois) de nous expliquer. » Complément d’information dans France Soir : « à la place, le choix éditorial du JDD fut de publier une tribune d’un collectif de 7 médecins qui mettaient en garde contre une éventuelle seconde vague et demandait des mesures sanitaires radicales dès ce week-end pour des vacances de la Toussaint sereines. Ces médecins sont parmi ceux que l’on retrouve sur les plateaux de télevision depuis le début de la pandémie : Karine Lacombe, Gilbert Deray, Bruno Megarbane. Un choix éditorial aux connotations politiques et sanitaires, perpétuant ainsi le discours anxiogène du gouvernement qui depuis plusieurs semaines est à la recherche d’une hypothétique seconde vague. »
Plus de 250 scientifiques qui dénoncent une « dérive autoritariste » d’un côté, 7 médecins qui volent au secours de mesures toujours plus restrictives de l’autre : le média de Jean-Luc Lagardère a fait son choix.