Août 192020
 

Une pandémie de licenciements… « 43 343 suppressions de postes envisagées, auxquelles s’ajoutent 2 023 «petits licenciements collectifs» (de 2 à 9 salariés licenciés) », comptabilise Le Monde. Plus de 45 000 salariés sur le carreau : la Covid a bon dos.

CGT TUIFRANCE on Twitter: "La distanciation physique en Macronie ...

« Les PSE alibis : ils ne sont pas du tout concernés par le Covid mais sont lancés en espérant être noyés dans la vague » : notre Phrase du jour est signée Olivier Laviolette, membre du comité de direction de Syndex, cabinet d’expertise auprès des comités économiques et sociaux. Pour ceux qui l’ignorent, PSE signifie Plan de sauvegarde de l’emploi, dans la novlangue orwellienne des libéraux. Il énumère deux autres types de PSE qui tombent actuellement comme à Gravelotte : « les PSE d’opportunité : ils sont “habillés” Covid mais étaient déjà envisagés avant » et, tout de même, « ceux directement liés au Covid-19, comme dans le tourisme, le commerce, avec Camaïeu, ou encore dans l’aéronautique ». L’expert donne un exemple de « PSE alibi » : « l’emblématique PSE de Nokia ». Marianne y consacre un article : « Ce projet de PSE ne vise qu’à booster la productivité mondiale du groupe sur le dos des salariés », s’indigne Philippe Mulot, délégué central CGT de Nokia. » Même son de cloche du côté du syndicat des cadres CFE-CGC : « Dans cette période de sortie de crise sanitaire liée au Covid-19, tous les plans sociaux qui nous sont annoncés sont opportunistes car ils visent à satisfaire des objectifs financiers », déplore François Hommeril, le président du syndicat. 1233 licenciements en tout, qui font tousser même la CFDT, par la bouche du délégué central Pascal Guihéneuf : « Alors que grâce à la 5G, nous avons plusieurs années d’activité devant nous ! ». Marianne précise : « Cruauté du business, Nokia vient en effet d’engranger notamment sur ce marché… des contrats avec la quasi-totalité des opérateurs français ! »

Nokia : plus de 1200 suppressions de postes. – MELTING POT ASSOC
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Lannion, « ce site de télécom historique inauguré en 1962 par le Général de Gaulle », va perdre la moitié de ses effectifs, de 800 salariés à 402. Il n’appartient plus à Alcatel-Lucent depuis 2016, racheté par Nokia avec la bénédiction d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Depuis 2016, c’est le quatrième PSE chez Nokia. « C’est un dossier sur lequel le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, et derrière lui Emmanuel Macron à l’Élysée, vont devoir démontrer leur savoir faire afin de limiter la casse sociale », commente Laurence Dequay, journaliste de Marianne autrice de l’article, qui ironise : « Dans cette période charnière, l’Exécutif ne pourra se contenter de répéter qu’il se montrera « inflexible » à l’endroit de Nokia…comme en 2017, 2019… » On sait ce que vaut leur inflexibilité.

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Août 172020
 

Après avoir accueilli 12 000 personnes (!) un soir de juillet, le parc d’attractions du Puy-du-Fou, création du vicomte de Villiers, a obtenu une dérogation du préfet pour en recevoir 9000 le 15 août. Pour les autres événements, on reste à 5000 personnes maximum. Mais pour Bachelot, « aucun passe-droit ». Vraiment ?

Vendredi, la préfecture de Vendée a pris un arrêté autorisant le Puy du Fou à accueillir jusqu'à 9.000 personnes pour son spectacle nocturne, la Cinéscénie, le samedi 15 août.
Ca vous donne envie, à vous ?
Photo Franck Dubray

Roselyne Bachelot, ministre de la Culture (eh oui, il faut bien s’y habituer !) a été interrogée par Le Parisien à propos de la dérogation obtenue par le parc d’attractions du Puy-du-Fou d’accueillir 9000 spectateurs le 15 août, alors que la jauge maximale est de 5000 pour tous les événements. L’article étant article réservé aux abonnés, ouvrons Ouest France : « Le Puy du Fou, autorisé à accueillir jusqu’à 9000 personnes pour un spectacle en dépit des restrictions liée à l’épidémie de Covid«n’a bénéficié d’aucun passe-droit», assure dimanche la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. » Une précision, Madame la ministre ? « Il n’y a aucun fait du prince. Le préfet de la Vendée a examiné les dispositions du protocole sanitaire présenté par les organisateurs et fait en lien avec l’Agence régionale de santé. »

On attend donc d’autres dérogations pour d’autre événements. Pas seulement pour les bien en cour !

Philippe de Villiers, « conseiller » de l'ombre d'Emmanuel Macron ...
« Sans déconner, 9000 personnes ? »
Macron avait personnellement prévenu Villiers fin mai qu’il avait ordonné au préfet la réouverture du Puy-du-Fou…
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Août 062020
 

Flagrant délit de reniement de promesse : « Il n’y aura pas de suppression de France Ô », jurait Emmanuel Macron en 2017. La chaîne généraliste de France Télévisions consacrée à la diversité culturelle et à l’Outremer cessera d’émettre le 23 août.

https://twitter.com/GMeurice/status/1290969344306970624

À tout seigneur, tout honneur, un autre Guillaume avait réagi avant Meurice, notre confrère local Guillaume Blardone.

« Parce que j’ai changé notre projeeeet ! »

Voter Macron, finalement, c’était aussi faire barrage à France Ô !

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Juil 172020
 

« Moi je crois à la République exemplaire. La République exemplaire n’est pas la République qui fait zéro faute, ça n’existe pas de faire zéro faute, on en fait tous. » Emmanuel Macron avait concédé cela le 25 juillet 2018, rattrapé par la patrouille de l’affaire Benalla. Heureusement qu’il ne visait pas le zéro faute ! Parce qu’où en est-on aujourd’hui ? La liste des hauts personnages de la Macronie mis en cause pour des faits graves est longue comme le bras. Douze, déjà, avant les deux petits nouveaux de la bande, Olivier Dussopt et Gérald Darmanin, ministres respectivement coupables – ils reconnaissent les faits – de « corruption » et « prise illégale d’intérêts » pour le premier, et de « trafic d’influence » et « abus de faiblesse » pour l’autre – la qualification de « viol » n’ayant que très peu de chance d’être reconnue (lire notre article-fleuve, « Viol » ou pas, Darmanin est coupable : l’ignominie en marche.

De la « moralisation » à la « confiance »

Béligh Nabli : biographie, actualités et émissions France Culture

Avant d’en venir à l’impressionnante liste des mis en cause depuis le début du mandat jupitérien, prenons de la hauteur en nous interrogeant sur le concept d’exemplarité en politique. Beligh Nabli, maître de conférences Habilité à diriger des recherches (HDR) en droit public à l’Université Paris-Est Créteil et auteur de l’ouvrage La République du soupçon. La vie politique au risque de la transparence (Cerf, 2018), nous éclaire : « L’un des faits nouveaux dans le processus de nomination sous la Ve République, c’est le lien direct avec la question de l’exemplarité, analyse le juriste. Depuis la mi-mandat de François Hollande, il existe un contrôle prudentiel et préalable sur des candidats potentiels à la nomination. C’est totalement nouveau et c’est lié précisément à la montée en puissance des questions liées à l’exemplarité. Le plus intéressant, c’est que ce qui est apparu en pratique a été formalisé et a été consacré par la loi, notamment la première loi adoptée sous le quinquennat Macron, qu’il voulait d’abord appeler les « Lois sur la moralisation de la vie politique », et qu’il a finalement nommée « Lois pour la confiance dans la vie politique ». Ces lois prévoient que le président de la République peut demander, avant la nomination des membres du gouvernement, des contrôles préalables sur leur situation patrimoniale et sur d’éventuels conflits d’intérêts. Ce qui est intéressant, c’est que Macron a fait sauter le mot « moralisation » pour le remplacer par le mot « confiance », précisément ! Et si c’est une question de confiance, ça ne peut pas être une question de respect des règles. Sinon, on l’aurait appelée la « Loi sur le respect de l’Etat de droit par les responsables politiques ». En fait, l’exécutif actuel n’a pas du tout intégré dans sa plénitude les implications de l’exemplarité en politique. (…) Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que le président Macron ne pourra plus mobiliser la thématique de l’exemplarité lors de la prochaine présidentielle. C’est le prix à payer, car la barque commence à être un peu chargée. » Chiche ?

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est big-fan-macron-53.jpg.

Comment la Macronie flatte le « tous pourris »

En fait de « barque un peu chargée », un article du Monde de juillet 2019 énumère les ennuis judiciaires de douze personnalités macronistes : un président de l’Assemblée nationale, quatrième personnage de l’État (Richard Ferran), sept ministres (François Bayrou, Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez, François de Rugy, Françoise Nyssen, Laura Flessel, Muriel Pénicaud), un Haut-commissaire (Jean-Paul Delevoye), un secrétaire général de l’Élysée (Alexis Kohler), un conseiller spécial de Macron (Ismaël Émelien) et un chargé de sécurité à l’Élysée (Alexandre Benalla). La palette offerte explore toutes les nuances de l’infamie politique : conflits d’intérêts, prise illégale d’intérêts, abus de confiance, escroquerie, détournement de fonds publics, trafic d’influence, corruption passive, faux et usage de faux, infraction aux règles d’urbanisme, fraude fiscale, délit de favoritisme et violence par personne chargée d’une mission de service public. Ajoutons désormais Gérald Darmanin et Olivier Dussopt, ce qui nous donne neuf ministres. Chiraquie, Sarkozie, Hollandie, Macronie : le trait d’union est tracé et le « nouveau monde » promis par l’imposteur de l’Élysée cumule toutes les tares de l’ancien.

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Juil 162020
 

Dans l’affaire Darmanin, la défense macroniste qui consiste à invoquer la présomption d’innocence revient à créer un rideau de fumée : derrière la querelle juridique de la qualification ou pas de « viol », reste la gravité des faits – monnayer un service contre des faveurs sexuelles -, non contestés par le désormais ministre de l’Intérieur.
Attention, article-fleuve !

AFP / GEORGES GOBET

Vendredi 10 juillet, des milliers de manifestants un peu partout en France, « en majorité des femmes », précise France 24, « ont répondu à l’appel national lancé par le collectif féministe Nous Toutes pour dénoncer « La culture du viol En Marche ». En cause, « la présence au gouvernement de Gérald Darmanin, accusé de viol, et d’Éric Dupond-Moretti, très critique envers le mouvement #MeToo ». Laissons de côté le cas de l’avocat pénaliste, qui n’est pas notre sujet du jour, pour nous pencher sur celui du désormais ex-maire de Tourcoing (démissionnaire le 14 juillet, nous annonce-t-on). Que reproche-t-on à Gérald Darmanin et, partant, à Macron qui l’a nommé « premier flic de France » ? Et le défend de façon pitoyable en expliquant benoîtement : «Il y a aussi une relation de confiance d’homme à homme » ?

Ah ah ah !

« Tout d’un coup, aux yeux des partisans comme des pourfendeurs de Gérald Darmanin, il n’est plus question de présomption d’innocence et encore moins de «grande cause du quinquennat», traduit Laure Bretton, cheffe du service Politique à Libération et autrice de cet excellent «D’homme à homme» : la double offense de Macron. On parle de solidarité masculine, de cet entre-soi qui est au cœur du combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes. » La consœur poursuit : « Emmanuel Macron, déroulant le même argumentaire juridique que tout le gouvernement depuis le remaniement, rappelle que cette affaire a fait l’objet de décisions de justice favorables à Gérald Darmanin. C’est vrai. Il y a eu classements sans suite mais uniquement parce que la procédure judiciaire n’avait pas été respectée. En l’occurrence, aucune confrontation n’avait été organisée entre son accusatrice et Gérald Darmanin, dont on peut raisonnablement penser que son statut de ministre avait pesé dans cette décision. Faussée, la procédure reprend. Politiquement et symboliquement, quand on se veut le héraut de la cause des femmes, il eût été raisonnable d’en attendre l’issue. » Et Laure Bretton d’enfoncer le clou, implacable : « La violence des mots présidentiels ne s’arrête pas là : décrédibilisant la victime présumée du désormais ministre de l’Intérieur (elle aurait tardé à faire éclater l’affaire, ce qui prouverait l’instrumentalisation politique), Emmanuel Macron confie que Gérald Darmanin a été «blessé» par les attaques de celles et ceux qui contestent sa promotion. C’est l’inversion du fardeau de la preuve, la victimisation de l’accusé, la confiance accordée sur le genre. »

Les faits, rien que les faits

Revenons à ce stade au fond de l’affaire, qui rend si insupportable cette réaction de Macron : mi-janvier 2018, Sophie Spatz dépose plainte pour viol contre Darmanin, alors ministre de l’Action et des Comptes publics, pour des faits survenus en 2009. « Sophie Spatz – une ex-call girl (et ex militante UMP, NdA) – avait pris contact avec Gérald Darmanin, alors chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP, dans l’espoir de faire réviser une vieille condamnation en justice, résume Marianne. L’élu, alors âgé de 26 ans, aurait promis d’appuyer sa demande auprès de la ministre de la Justice… non sans adresser lui aussi une requête. «Il va falloir m’aider vous aussi», aurait-il annoncé, selon la plaignante [en posant sa main sur la sienne, NdA]. Se serait ensuivie une soirée à Paris, un détour par un club libertin, puis une nuit dans un hôtel où a eu lieu ce rapport sexuel, qui n’est pas contesté par les conseils du ministre. Plus tard, celui-ci a envoyé une lettre d’intervention à la garde des Sceaux, ce qu’il ne nie pas non plus. »

La défense se bat exclusivement sur le terrain juridique, afin de faire jouer la prescription. Un « trafic d’influence » et un « abus de faiblesse » sont prescrits (faits trop anciens pour être poursuivis), pas un « viol ». Mais sans contester les faits. C’est du reste ce qu’indique le long titre de l’article : Les avocats de Gérald Darmanin ne nient pas les faits qui lui sont reprochés… mais n’y voient pas un viol. Il est donc acquis que Darmanin a réclamé – et obtenu – des faveurs sexuelles en échange d’un service. Il a ainsi utilisé son pouvoir, en tant que chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP, pour imposer à la plaignante des rapports sexuels, commettant ainsi « trafic d’influence » et « abus de faiblesse ». « Ces faits ne sont pas niés par l’entourage de l’ancien député. Dans la foulée, il aurait bien envoyé une demande d’intervention au ministre de la Justice pour qu’il soutienne la demande de Sophie Spatz », appuient Les Inrocks. Est dévoilé le contenu des SMS échangés par Darmanin et Sophie Spatz, qui « témoignent que du côté de la plaignante, cette nuit fut un cauchemar, qu’elle n’a répondu aux avances de M. Darmanin qu’en raison de sa promesse ». Marianne, taquine, conclut ainsi : « Dans ce dossier et au vu des faits, l’extinction de l’action en justice pourrait ne pas suffire à dissiper les débats sur le comportement de Gérald Darmanin. L’appartenance du ministre à La République en Marche, par exemple, ne pourrait-elle pas être questionnée ? Selon la charte des valeurs du parti macroniste, chaque membre doit respecter «les règles élémentaires de la courtoisie, du respect d’autrui, de l’honnêteté et de la probité.» En conséquence, «chacun de nos adhérents s’engage donc à ne pas commettre de discrimination ou d’abus de pouvoir et à être vigilant sur toute situation de conflit d’intérêt», assure LREM. » Exactement l’inverse des agissements de Darmanin.

Le rideau de fumée de la présomption d’innocence

Pour tenter de défendre l’indéfendable, les macronistes dégainent la présomption d’innocence. Tous l’invoquent : le Premier ministre Jean Castex, Darmanin lui-même, qui franchit désormais toutes les bornes de l’obscénité en se plaignant d’être victime d’une « chasse à l’homme », Macron en personne et désormais 167 députés LREM: « Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, nous sommes toutes et tous engagés au sein de la majorité présidentielle pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes et pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes, osent ces tartuffes. C’est une grande cause nationale du quinquennat, nous la portons avec force, détermination et constance, et nous en sommes fiers. (…) En France, seule l’institution judiciaire peut dire qui est coupable ou non, et c’est un garde-fou contre l’arbitraire. (…) Dans les pays où la présomption d’innocence est bafouée, les victimes de violences sexuelles, et plus généralement les femmes, ne sont jamais mieux protégées. Au contraire. » Fort bien. Donc, pour « faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes et pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes », on absout un homme qui a monnayé son intervention contre des faveurs sexuelles, en s’abritant derrière le fait qu’il n’ait pas été condamné et qu’il ne le sera vraisemblablement pas, si la qualification de « viol » n’est pas retenue. On vous voit, hypocrites ! La seule question qui vaille, à poser par exemple à Anne-Laurence Pétel et Alexandra Louis, députées marcheuses des Bouches-du-Rhône à l’origine de cette tribune collective et naturellement féministes autoproclamées, est simple : « Acceptez-vous qu’un homme demande et obtienne des faveurs sexuelles en échange d’un service ? »

– N’hésite pas Marlène, dans ton nouveau ministère, si tu as besoin que je te rende un service…
– Non merci, Gérald.

Marlène Schiappa, ancienne secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et désormais ministre à la Citoyenneté déléguée auprès du… ministre de l’Intérieur Darmanin, mérite dans cette affaire son petit paragraphe personnel. Invitée ce matin de La Matinale LCI, elle a prétendu : « Il y a eu trois décisions de justice et sur ces trois décisions de justice – on est en fait au-delà de la présomption d’innocence, hein -, on est là face à un homme qui est passé en jugement et il y a eu deux non-lieux et un classement sans suite. (…) Moi, je regarde la justice. Là, on n’est même pas dans la présomption d’innocence, on n’est pas en train de se dire : on attend de voir ce que va dire la justice. La justice s’est déjà prononcée. Et ensuite le dossier a été rouvert pour une question de procédure. »
Le classement sans suite dont elle parle concerne la plainte pour « abus de faiblesse » d’une habitante de Tourcoing, dont Darmanin était le maire, « déclarant s’être « sentie obligée » de coucher avec Gérald Darmanin pour obtenir un logement et un emploi ». Plainte classée sans suite par le parquet de Paris, qui n’est pas indépendant, le parquet en général étant placé hiérarchiquement sous la tutelle du ministre de la Justice. Donc le parquet, aux ordres du gouvernement, a classé sans suite une plainte visant un ministre : quelle surprise !
Et les deux non-lieux ? C’est l’affaire Spatz. Le Monde explique : « Un juge d’instruction avait refusé, le 16 août 2018, de relancer les investigations après un classement sans suite par le parquet de Paris (encore, NdA) de la plainte initiale de Sophie Patterson-Spatz. Cette dernière avait fait appel de cette décision, mais son recours avait été jugé hors délai par la cour d’appel de Paris. » L’affaire est remontée jusqu’à la Cour de cassation, qui a jugé que l’appel n’était pas hors délai et ordonné à la chambre de l’instruction de le réexaminer. Donc le premier non-lieu a été rendu, suivant la réquisition du parquet (aux ordres du gouvernement ; la pédagogie, c’est la répétition), par un juge qui n’a même pas jugé utile de recevoir la plaignante ! Sophie Spatz avait fait appel, réclamant son audition par le juge et une confrontation avec le ministre et on lui avait répondu, deuxième non-lieu : « C’est trop tard, ma bonne dame ». Réponse que la plus haute juridiction française a jugé fallacieuse. Et jamais Darmanin n’est passé en jugement, contrairement à ce que prétend Schiappa-l’arracheuse-de-dents. Son « la justice s’est déjà prononcée » est en réalité à traduire par « le parquet s’est ingénié à empêcher que les plaintes ne soient instruites ». Évidemment, dit comme ça, c’est moins convaincant.

Une indignation internationale

Shirin Ebadi, juge et avocate iranienne en exil, Prix Nobel de la Paix et féministe hystérique qui ne respecte même pas la présomption d’innocence !

Un collectif de 91 intellectuelles et militantes féministes de plus de 35 pays, dont Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, et Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de littérature, se charge de répondre à nos macronistes bêlant à la présomption d’innocence et à la justice-qui-s’est-déjà-prononcée : « Nous, militantes, intellectuelles, femmes politiques féministes, issues de plus de trente-cinq pays du monde, avons appris avec sidération, le 6 juillet, les nominations au poste de ministre de l’intérieur de la France de M. Gérald Darmanin et à celui de ministre de la justice de M. Eric Dupond-Moretti. Ce remaniement du gouvernement français représente un virage politique antiféministe, dont la portée dépasse largement les frontières de la France. Il vient renforcer le backlash [« retour de bâton »] contre les femmes, dont nous sommes victimes sur tous les continents, en violation de nos droits fondamentaux. En effet, M. Darmanin fait l’objet d’une procédure judiciaire pour viol, harcèlement sexuel et abus de confiance, qu’il aurait commis à l’encontre de Sophie Patterson-Spatz en 2009. Bien qu’il soit légalement présumé innocent, nous considérons comme politiquement impensable et inacceptable une telle promotion, compte tenu de l’instruction en cours. Nous alertons sur le risque que la nomination de M. Darmanin au poste de ministre de l’Intérieur, autorité hiérarchique des policiers chargés de l’enquête sur ses agissements, pourrait faire peser sur l’indépendance de la procédure. » Croyez-vous ?

Éthique politique, confiance démocratique

« L’argument qui consiste à dire « Il est présumé innocent » est finalement complètement faussé, analyse Beligh Nabli, maître de conférences Habilité à diriger des recherches (HDR) en droit public à l’Université Paris-Est Créteil et auteur de l’ouvrage La République du soupçon. La vie politique au risque de la transparence (Cerf, 2018). Certes, c’est le cas devant la loi, mais ce n’est pas la question. La question, c’est de savoir si cela sape ou non la confiance dans nos représentants. On a des représentants politiques accusés de viol, d’autres accusés de recel…  Mais l’exemplarité n’est pas une thématique proprement juridique, c’est une question à la fois d’éthique politique et de confiance démocratique. (…) Lorsque l’on interroge les Français sur leur représentation des politiques, les deux mots qui arrivent en premier sont « méfiance » et « dégoût ». Exactement ce qui fait grimper le Rassemblement national dans l’opinion, contre lequel les castors d’électeurs ont cru « faire barrage » en votant Macron…

Poignée de mains entre coupables, avec Darmanin et Olivier Dussopt, sous le coup d’une enquête pour « corruption » et « prise illégale d’intérêts », qui ne nie pas non plus les faits mais a tout de même été nommé, tenez-vous bien, ministre chargé des Comptes publics !

Concluons en citant L’Obs, qui n’écrit pas au conditionnel puisque les faits ne sont pas contestés : « En 2009, Gérald Darmanin a demandé à une femme des rapports sexuels, lui promettant d’intervenir auprès du ministère de la Justice pour faire effacer le casier judiciaire de celle-ci. » Ce qu’elle a fait et qu’il a fait. (Et une deuxième femme l’a accusé de pareille demande contre un logement et un emploi.) Tout le reste est littérature. Et la Macronie est ce pays où l’on peut avoir ce comportement ignoble et être nommé ministre de l’Intérieur, patron de la police nationale. What else ?

Mise à jour du 31 juillet : Darmanin, l’acculé, interdit les manifestations contre lui-même.

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Juil 142020
 
Partagé sur Facebook par Christian Lehmann, le message d’un médecin en colère.

« Une cérémonie militaire réduite, qui rend hommage à ceux qui ont lutté contre le coronavirus », résume Le Monde : ainsi Emmanuel Macron a-t-il choisi de célébrer la fête nationale 2020. « En ce 14-Juillet (…) je souhaite, avec tous les Français, avec les armées elles-mêmes, rendre un vibrant hommage aux personnels de santé et à celles et ceux qui, dans tous les secteurs, ont permis à la vie publique, sociale et économique de continuer », a annoncé le président. Poudre aux yeux ! Le Collectif inter-urgences ne s’y est du reste pas trompé, qui explique dans son communiqué pourquoi il a fait déployer au-dessus de la place de la Concorde une superbe banderole disant son fait à l’homme aux promesses jamais tenues. Magnifiquement bien joué ! FranceTVinfo précise : « Accrochée à des ballons gonflés à l’hélium, la banderole n’a pas été filmée par les caméras retransmettant l’événement ». Comme dans une dictature, en fait : les chaînes de télévision – en tout cas le responsable de la réalisation de la retransmission – ont fait le choix délibéré d’occulter ce qui gêne le pouvoir.

Thomas SAMSON / AFP

C’est justement du « Ségur de la santé » dont nous entendons parler : alors que le nouveau Premier ministre, Jean Castex, a claironné que l’accord signé à son terme était « historique », pour 8,1 milliards d’euros, le compte n’y est certes pas du tout ! Les trois syndicats signataires ont ainsi parfaitement rempli leur sale besogne de « jaunes ».

« Six organisations syndicales, dont la CGT, SUD-Santé, Amuf, pour les urgentistes, et la SNPI, qui représente les infirmiers, appellent à un rassemblement place de la République à Paris ce mardi pour porter les revendications du personnel soignant », résume LCI. « Estimant que le gouvernement « méprise leurs demandes et leurs revendications », six organisations syndicales considèrent que « le Ségur de la santé est une imposture ». Si la concertation vient d’aboutir à un projet d’accord sur la revalorisation des personnels non médicaux, avec une augmentation générale de 183 euros net par mois, certains syndicats en attendent plus et comptent le faire savoir. » En effet, les soignants français perçoivent des salaires de 15 à 20% inférieurs à la moyenne européenne, selon les gauchistes échevelés des Échos. « Les 300 euros nets pour tous les personnels ne sont pas atteints, pas d’enveloppe spécifique pour un plan massif de formation de professionnels et de recrutement de personnel alors qu’il s’agit d’une priorité pour améliorer les conditions d’exercice des personnels, écrit la CGT. Par ailleurs il n’y aucun engagement de pris à ce stade sur l’arrêt des restructurations en cours et la réouverture de lits, services et établissements dont nous avons tant besoin pour préserver notre système de santé et d’action sociale. »

On le voit, le « monde d’après » promis n’est qu’un mirage – y aviez-vous réellement cru ? – et la réinvention de lui-même annoncée par le manipulateur de l’Élysée n’est qu’un nuage de poudre de perlimpinpin.

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