La Macronie se moque ouvertement du monde et les médias mainstream ne remplissent pas leur tâche démocratique d’éclairer l’opinion par les faits. Combien de policiers harcelés suite à la diffusion de vidéos en intervention ? Nous avons cherché et trouvé… un cas. Et on en fait une loi ?
Regardez ce reportage extrait du 20h de TF1 du 17 novembre dernier, à partir de 22 minutes et 20 secondes. On y apprend le calvaire vécu par un policier : « Filmée en intervention, l’image de son visage a été partagée plus de 100 000 fois, son identité et son adresse rendus publics ». Menaces de mort, de « s’occuper de [ses] enfants », de « violer [sa] femme » tant et si bien que cette dernière, « terrorisée », est partie avec les enfants se réfugier chez son père pendant six mois ! Le reportage ne précise pas ce que la vidéo à l’origine de ce harcèlement ignoble, inacceptable quoi qu’il en soit, montrait de l’intervention du policier. Notons au passage que, sans la loi Sécurité globale, ce type de cyberharcèlement est déjà lourdement puni par le droit français : deux ans de prison et 30 000 € d’amende. Et que la peine s’aggrave, article 433-3 du Code pénal, pour protéger une personne dépositaire de l’autorité publique (la liste est longue) : « Est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende la menace de commettre un crime ou un délit contre les personnes ou les biens proférée à l’encontre d’une personne investie d’un mandat électif public, d’un magistrat, d’un juré, d’un avocat, d’un officier public ou ministériel, d’un militaire de la gendarmerie nationale, d’un fonctionnaire de la police nationale, des douanes, de l’inspection du travail, de l’administration pénitentiaire ou de toute autre personne dépositaire de l’autorité publique, d’un sapeur-pompier professionnel ou volontaire, d’un gardien assermenté d’immeubles ou de groupes d’immeubles ou d’un agent exerçant pour le compte d’un bailleur des fonctions de gardiennage ou de surveillance des immeubles à usage d’habitation ». Pour autant, la Macronie a cru bon d’inclure dans la loi susmentionnée un tristement célèbre article 24 qui prévoit, « sans préjudice du droit d’informer », de pénaliser d’un an de prison et 45 000 euros d’amende la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » d’un policier ou d’un gendarme en intervention quand ladite diffusion poursuit l’objectif de porter « atteinte à son intégrité physique ou psychique ». Ce texte a été voté hier soir à l’Assemblée nationale par 146 votes contre 24. Et puisqu’il est censé « protéger les policiers et les gendarmes souvent jetés en pâture sur les réseaux sociaux », selon la justification tweetée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, alors que nous venons de voir que le droit les protège déjà d’abondance, c’est donc que ce phénomène doit avoir une certaine ampleur. Nous avons par conséquent cherché des exemples. Le premier, celui du 20h de TF1 détaillé plus haut, nous n’avons pas eu trop de mal à le dégotter, bien que le message qui le relayait sur Twitter ne mentionnait pas sa date de diffusion, vite retrouvée. Devinez l’émetteur dudit message ? Le compte officiel de La République en marche.
Il est évidemment logique que les macronistes dégainent des exemples pour justifier leur texte. Or là, en réalité, ils n’en ont qu’un. Darmanin lui-même n’en donne pas d’autre. Il mentionne seulement, à plusieurs reprises ainsi que le précise 20 minutes, l’attentat de Magnanville : « Je rappelle d’ailleurs que les attentats, c’est aussi ceux de Magnanville où un policier et sa compagne qui était policière ont été égorgés dans leur domicile, devant leur enfant de quelques années, par quelqu’un qui a eu leur adresse personnelle et qui a commis un attentat », a ainsi déclaré Gérald Darmanin en guise d’exemple justifiant l’intérêt protecteur, pour les forces de l’ordre, de la loi sur la « sécurité globale ». Or de quoi s’est-il s’agi concernant ce drame ? « Gérald Darmanin dit vrai en indiquant que Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider ont été assassinés par un terroriste disposant de leur adresse personnelle. Mais l’enquête s’oriente plutôt sur la piste d’une fuite de cette information cruciale au sein de la police. » Strictement rien à voir avec la diffusion de vidéos sur les réseaux, donc : et Darmanin n’a trouvé que ça ! Il sait pertinemment du reste qu’il n’existe aucun rapport entre Magnanville et ce fichu article 24, puisqu’il s’est fendu devant la Commission des lois de l’Assemblée nationale d’un piteux « on ne sait pas si ce sont les images des réseaux sociaux qui ont fait naître cet attentat, m’enfin… » Évidemment qu’on ne le sait pas, puisqu’il n’existe strictement aucun élément en ce sens !
Alors pour en avoir le cœur net, nous avons longuement cherché la trace d’autres cas, que n’auraient pas manqué de partager les hérauts de #JeSoutiensLaPolice et autres macrono-fascistoïdes, a fortiori la fachosphère proprement dite. Et ? Rien. Ou presque : un « jeune influenceur auteur de vidéos humoristiques » qui s’était moqué d’un policier de Clermont-Ferrand a été condamné à quatre mois de prison avec sursis, 210 heures de travaux d’intérêt général et 1 500 € de dommages et intérêts au policier harcelé.

Voilà donc que cette majorité fait voter un texte (inutile) pour protéger les forces de l’ordre d’un danger théorique dont la survenue n’est pas documentée. Il y a donc bien une autre raison, énoncée par le député France insoumise Ugo Bernalicis : « L’article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale est celui qui retient le plus l’attention médiatique, car il vise à dissuader de filmer et photographier les policiers. Il n’était pas prévu dans la version initiale du texte proposé par Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot, députés LREM. C’est un ajout sur commande de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Cette proposition est à la base faite par Alliance police, corporation policière radicalisée, qui ne supporte pas que les journalistes et les manifestants puissent filmer et diffuser les violences policières de plus en plus nombreuses, notamment sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. Le 26 mai 2020, Eric Ciotti avait déposé une proposition de loi allant dans ce sens. Elle avait suscité un tollé dans les médias. En revanche, le député Ciotti avait eu les honneurs dans un tract d’Alliance. Puis c’est maintenant au tour de LREM de le mettre cette fois-ci à l’ordre du jour. » Le choses sont claires : l’extrême droitisation de la Macronie est en marche et ce régime confirme de plus en plus ses dérives dictatoriales.

– T’inquiète, on va continuer, mais ça sera plus filmé…
Photo: Gonzalo Fuentes/Reuters
Mise à jour du 1er décembre : nouveaux mensonges macronistes sur cette mystification.