Nov 232020
 

Ce qui s’est passé lors des manifestations contre la loi Sécurité globale est grave. Des journalistes, clairement identifiés (brassard, carte de presse…), ont été molestés, interpelés, placés une nuit en garde à vue. Sans avoir commis la moindre infraction, juste en faisant leur métier. Mais la police de Darmanin veut les en empêcher. Les forces de l’ordre françaises ne sont plus républicaines. L’on s’attendait dès lors à une levée de boucliers médiatique. Mais une extrême discrétion fut de mise. La France va mal : le régime macroniste s’affiche désormais clairement illibéral et policier et les grandes radios et chaînes de télévision le taisent.

« Le journaliste du Média Filippo Ortona, qui couvrait ce 21 novembre la manifestation à Paris contre le projet de loi Sécurité globale, a été projeté au sol par le croche-pied d’un policier », précise RT France.

Tangi Kermarrec est journaliste de la chaîne France 3 Paris. Il « rentrait chez lui lorsqu’il a assisté à des opérations de dispersion des manifestants dans la soirée, a sorti son téléphone pour filmer, carte de presse à la main, raconte L’Obs.com. Un policier lui a demandé de partir mais il n’a pas obtempéré. Résultat : arrestation et nuit passée en garde-à-vue. Le confrère proteste : « De quel droit peut-on nous empêcher de faire notre métier, d’être témoin de ce qu’il se passe ? On ne prend pas parti ! On est juste témoins. Il n’y a pas besoin de filtre pour travestir la réalité. » Oui, de quel droit ? Pas le droit français. Interpelée elle aussi, « La journaliste Hannah Nelson a été libérée un peu avant 15 heures, ce mercredi 18 novembre, soit un peu avant l’heure prévue pour le rassemblement annoncé par les réseaux sociaux devant un commissariat du 10e arrondissement de Paris pour… demander sa libération », relaie encore L’Obs. « On se bat pour pouvoir travailler, c’est devenu compliqué de pouvoir exercer un métier qui nous plaît, qu’on aime, qui nous fait vivre. On aimerait pouvoir faire ça sans avoir de blessures, sans finir en garde à vue pendant 15 heures. Il faut se battre… » Que lui est-il arrivé ? Reporterre raconte : « Nassée à l’entrée du métro Solférino avec une centaine de personnes, elle a été violemment attrapée par un CRS lors d’une charge, puis trainée au sol avant d’être menottée et maintenue face contre terre, un genou contre le bas de son dos. » « Sécurité globale » : comment des journalistes ont été interpellés à Paris en marge de la manifestation contre la proposition de loi, titre francetvinfo. Il faudra prévenir leurs confrères des journaux télévisés que c’est important. « Mardi soir, près de l’Assemblée nationale, les policiers ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, sans distinguer les médias présents sur place », annonce le chapeau de l’article. Clairement, la liberté de la presse est piétinée. « Aux alentours de 20h30, alors que des CRS repoussent des manifestants encerclés, un policier assène à Simon Louvet un coup de matraque dans le dos, selon lui. « Il se dirige vers moi, je me tourne pour montrer ma carte de presse. Je dis que je suis journaliste. Des confrères, comme Remy Buisine, crient : ‘C’est la presse !’« , rapporte Simon Louvet [journaliste pour le site Actu Paris.]. « Le fait que je sois journaliste n’a pas changé grand-chose », soupire ce reporter qui couvre régulièrement les mouvements sociaux. » Euphémisme. « Notre reporter [Meriem Laribi, de RT France], qui portait son brassard «presse» de manière visible, était en train de filmer l’interpellation d’une jeune femme à proximité de la place du Trocadéro, quand plusieurs policiers se sont dirigés vers elle. «Si dans 30 secondes vous n’êtes pas partie vous êtes interpellée», lui a alors intimé l’un des policiers, alors que celle-ci filmait à bonne distance, sans entraver l’action des forces de l’ordre. «C’est des ordres !», a encore lancé le policier, alors que celle-ci soulignait son bon droit et son statut de journaliste. » On interdit donc à la presse de faire son travail. Et qu’en dit par exemple France Info, la chaîne de radio d’information continue du service public ?

On en est là.

Partagez cet article